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Impact économique et valeur professionnelle du séjour Erasmus

Le programme d’échange universitaire Erasmus a pour objectif de contribuer à la réalisation d'un espace européen de l'enseignement supérieur (EEES), en améliorant la qualité et l'accroissement la mobilité étudiante et enseignante en Europe et de la coopération multilatérale entre établissements d'enseignement supérieur (EES). Depuis 2007, il vise également à faire davantage coopérer les établissements d'enseignement supérieur et les entreprises et à favoriser la transparence et la compatibilité des qualifications acquises dans l'enseignement supérieur et la formation professionnelle supérieure en Europe. Ces objectifs s’inscrivent dans la stratégie de l’Union européenne de faire de l’Europe l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde.

Des études orientées sur la plus-value professionnelle d’un séjour Erasmus

Les études sur le programme Erasmus n’ont pas (encore ?) porté sur la modélisation et la quantification de l’apport des programmes de mobilité et l’impact de l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur sur l’économie européenne. Les recherches qui existent portent sur l’internationalisation des établissements et de la compétitivité des Etablissements de l’Enseignement Supérieur43.

43Sur ce dernier point, se reporter à l’article de Gabrielle DEMANGE et Robert FENGE, Competition in the quality of higher education : the impact of students' mobility, 2010).

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Les deux grandes études (Bracht et al., « The professional value of ERAMUS MOBILITY », 2006, et

« The Flexible Professionnal in the Knowledge Society : General results from the REFLEX project », 2007) menées à l’échelle européenne ont souligné l’impact des mobilités Erasmus sur le marché du travail.

Les compétences et les savoir-être que requiert l’expérience Erasmus sont des atouts reconnus comme utiles pour les entreprises : les compétences en langues, la flexibilité, la mobilité sont autant de traits prisés dans le monde du travail.

Les anciens étudiants ainsi que les employeurs interrogés dans le cadre du projet VALERA (Bracht et al. 2006) ont souligné l’importance des résultats académiques et de la personnalité lors du recrutement. Environ un ancien étudiant sur deux et un employeur sur trois mentionnent l’expérience internationale comme un critère important lors du recrutement. Pour 70 % des employeurs, les compétences en langues figurent parmi les critères importants.

Figure 12 La place de l’expérience à l’étranger

Importance relative des différents critères lors d’un recrutement du point de vue des employeurs. Source : Bracht (2006), p. 90.

Cette étude montre que les employeurs considèrent que les compétences des diplômés ayant vécu une expérience internationale sont supérieures à celles des autres diplômés. L’expérience internationale semble renforcer la capacité d’adaptation, l’esprit d’initiative, la capacité à planifier et la confiance en soi. Beaucoup sont d’avis qu’à long terme, les étudiants mobiles auront plus de succès dans le déroulement de leurs carrières.

Centre international d’études pédagogiques| La mobilité étudiante Erasmus | Apports et limites des études existantes | Page 35 Figure 13 Evaluation des compétences des étudiants mobiles par les employeurs

Source : Bracht (2006), p. 98

Une étude menée en Suède (Jonsson, 2010) par l’agence IPK en collaboration avec l’organisation patronale suédoise SN montre que l'expérience internationale (études ou stage) joue un rôle positif pour les employeurs, notamment lors de l’entretien d’embauche. Les entreprises suédoises ne font pas de l’expérience à l’étranger une condition pour l’embauche d’un nouveau collaborateur, mais cette expérience est considérée comme un plus lorsqu’il s’agit de départager deux candidats aux profils similaires. Les compétences « internationales », telles que la compétence interculturelle et les compétences linguistiques, ne constituent toutefois pas les compétences recherchées en priorité par les employeurs. Ces derniers recherchent davantage des candidats motivés, responsables ayant de

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bonnes compétences communicationnelles, qualités et compétences que les employeurs associent davantage aux candidats mobiles qu’aux autres candidats. Les études et notamment un stage ou un emploi à l’étranger ont ainsi aux yeux des employeurs une valeur sur le marché du travail que les candidats doivent s’employer à valoriser. Les auteurs de l’étude montrent qu’il y a une convergence entre les compétences que les employeurs attendent de leurs employés et celles reconnues aux étudiants mobiles.

Une forte de demande d’employés hautement qualifiés et flexibles : l’expérience Erasmus à valoriser

On attend de plus en plus des diplômés de l’enseignement supérieur qu’ils possèdent un haut niveau de qualification, mais aussi qu’ils fassent preuve de flexibilité, qu’ils soient capables de s’adapter, et également qu’ils soient prêts à relever des défis pour lesquels ils n’ont pas été directement formés.

L'internationalisation des compétences et des exigences de l'emploi se sont accrues dans ce domaine. Une large proportion de diplômés dit réaliser des tâches pour lesquelles une très bonne maîtrise des langues étrangères est nécessaire. Les informations fournies par l'étude REFLEX (Allen et al., 2007) et d’autres études suggèrent que les personnes possédant une expérience internationale avant l'obtention de leur diplôme ou peu après sont clairement plus susceptibles d'être internationalement mobiles et d’occuper des fonctions dans leur pays qui requièrent des compétences internationales. Cela confirme une relation « horizontale » forte entre les expériences à l’étranger (étude et stage) et le fait de travailler à l’étranger ou dans un contexte international.

Insertion professionnelle

Statistiquement, les étudiants Erasmus ne rencontrent pas de grandes difficultés à s’insérer sur le marché du travail : les études montrent qu’ils restent peu de temps au chômage et occupent des positions souvent mieux rémunérées que les autres étudiants. L’étude de la mobilité sur les diplômés nordiques montre toutefois que les étudiants ayant passé leur diplôme à l’étranger ont parfois plus de mal à se réinsérer sur le marché du travail national, faute de réseaux suffisants et d’une certaine méconnaissance des diplômes étrangers chez les employeurs. L’étude menée au Danemark montre toutefois que les étudiants Erasmus ne semblent pas concernés par ce phénomène.

Les liens verticaux entre l'expérience internationale et la réussite d’une carrière (type de poste, rémunérations) sont plus difficiles à montrer, car s’il existe bien une corrélation entre l’expérience à l’étranger, l’occupation d’un poste fortement internationalisé et une rémunération plus élevée, plusieurs bais existent qui invitent à nuancer les relations de causalité systématique. En effet les postes occupés sont souvent liés au management, à la vente ou à la finance, fonctions souvent mieux rémunérées. D’autre part, les étudiants qui ont participé au programme Erasmus sont souvent issus de familles plus aisées, avec un niveau d’éducation plus élevé (HFCE 2009) et ont un niveau de diplôme plus élevé.

Les étudiants Erasmus et l’international

Les études menées dans les différents pays européens montrent qu’il y a une corrélation forte entre emploi à l’étranger ou emploi fortement internationalisé et la participation à une expérience à l’étranger, comme dans le cas d’Erasmus. Mathias Parey et Fabian Waldinger l’ont montré à partir d’une modélisation mathématique, que les études à l'étranger augmentent la probabilité de travailler dans un pays étranger d'environ 15 à 20 points, suggérant que les périodes d’études à l'étranger constituent un important canal pour la migration ultérieure. Les études à l'étranger ont un impact plus important chez les étudiants dont les revenus financiers sont plus limités (Parey, 2008).

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Au Royaume-Uni (HEFCE, 2009), l’étude du HEFCE (Higher education funding council for England) issue des statistiques collectées par l’HESA (Higher Education Statistics Agency) montre que parmi les diplômés actifs ayant participé au programme Erasmus, 15 % travaillent à l’étranger (dont les deux tiers en Europe), un pourcentage cinq fois supérieur à la moyenne des étudiants du Royaume-Uni (3

%), un chiffre même légèrement supérieur à ceux qui ont fait un autre type de séjour d’études à l’étranger (13 %, dont la moitié travaille en dehors d’Europe).

Dans les pays scandinaves (Saarikallio-Top et al., 2010 ; Wiers-Jenssen, 2008) les effets de la mobilité diplômante se font davantage sentir : ainsi, 42 % des étudiants finlandais qui ont obtenu leur diplôme à l’étranger y résident (contre 5 % chez les étudiants non-mobiles). Les étudiants qui ont étudié à l'étranger sont plus susceptibles d'occuper des emplois internationaux, notamment dans des entreprises étrangères implantées dans leur pays d’origine. Ainsi la part des diplômés mobiles qui occupe un poste dans une entreprise étrangère est de 20 % en Finlande ; elle n’est que de 11 % parmi les étudiants non mobiles. A titre de comparaison, elle est de 26 % en Norvège pour les étudiants mobiles et de 16 % pour les étudiants non mobiles.

En France, Cathy Perret montre que les étudiants français qui travaillent à l’étranger ont un passé mobile, mais que l’expatriation des diplômés reste un phénomène numériquement peu important et surtout mal connu. En effet, seule la mobilité internationale des titulaires d’un doctorat a fait l’objet d’une étude ; la composition des statistiques françaises limite la capacité à appréhender le phénomène de l’emploi des diplômés français à l’étranger (cf. supra). A l’exception des données de l’étude européenne REFLEX, les études portant sur la France sont limitées et le plus souvent non axées sur la relation mobilité à l’étranger et fonctions internationales.

Déclin de la valeur professionnelle : vers davantage de qualité

Les auteurs du projet VALERA ont noté que la comparaison avec les enquêtes précédentes montre que l’effet positif d’Erasmus sur l’emploi et la situation professionnelle ainsi que sur des activités apparemment plus internationales des anciens étudiants Erasmus va progressivement en diminuant par rapport aux étudiants non mobiles. Plus l’internationalisation de l’emploi et du travail se normalise, plus les étudiants acquièrent des compétences internationales, plus la valeur professionnelle ajoutée d’Erasmus s’efface.

La valeur professionnelle d’Erasmus pour les anciens étudiants – ainsi que pour les anciens enseignants – originaires d’Europe Centrale et d’Europe de l’Est est nettement plus élevée que pour les personnes originaires d’Europe de l’Ouest. 54 % des anciens étudiants Erasmus sont d’avis que leur séjour à l’étranger les a aidés à obtenir leur premier emploi (contre 66 % en 1994/95). Les auteurs dans leurs recommandations soulignent la nécessité d’accroître l’assurance-qualité dans la mobilité des étudiants mais également la valorisation des compétences. Le recours à une période de stage à l’étranger peut constituer le chaînon manquant dans la perception du programme Erasmus, comme une valeur ajoutée pour l’entrée sur le monde du travail.

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