• Aucun résultat trouvé

I L’héritage latin : la capacité référentielle de ende des débuts de l’espagnol jusqu’au milieu du XIVème siècle

B- Ende anaphorique d’un objet animé ou inanimé

2- objet du procès réactualisé par ende,

3- résultat de l’opération placé en fin de structure sous forme de substantif.

La tentation est grande de poser que ende joue le rôle de pronom dans ces exemples. La glose de ende conduit en effet à poser cette équivalence :

... fizieron ende (= de mucha madera) puentes et logares ... fiziessen ent (= del tesoro) guarniment

Présentée ainsi, l’équivalence pose que ende, remplaçant un syntagme nominal, est pronom.

En réalité, ce à quoi renvoie ende est étroitement lié dans les deux exemples à un lieu, même imprécis : yr a aquel mont, era en tiemple.

Comme nous l’avons annoncé plus haut, le rapport contenant / contenu a changé : le procès s’applique à un objet qui se trouve en un lieu. Le lieu est explicite, mais il pourra être implicite : ende ne renvoie pas au bois, mais au bois qui se trouve là, tout comme il ne renvoie pas au trésor, mais au trésor qui se trouve là. Le lieu est secondaire par rapport à ce qui s’y trouve et fait l’objet d’un usage particulier, mais il est bien présent pour contenir l’objet.

été posé un ensemble qui se trouve en un lieu et auquel s’applique le procès dit par fazer + substantif.

(89) « E esta razon de Noe, como se torno la tierra en su natura despues del diluvio, e la labro Noe, e planto su vinna, e levo e

fizo el ende vino, e bevio... » (General Estoria, I, p. 52)

A partir d’un même mot, su vinna, et selon le verbe, levar ou fazer, vinna sera tantôt un lieu d’où l’on extrait quelque chose -levar de alli-, tantôt une richesse ou un potentiel que l’on peut rentabiliser en le transformant (fazer vino de esto). Dans le premier cas, le lieu est au premier plan et favorise l’interprétation ende = adverbe. Dans le second cas, il glisse au second plan et favorise l’interprétation ende = pronom.

Ce glissement est la cause d’une soi-disant double capacité référentielle de l’anaphorique. Ce n’est pas l’anaphorique qui se modifie et devient autre, c’est la représentation et l’importance du lieu qui varient dans le discours. Ende s’adapte à cette modulation.

C’est donc bien le sémantisme des verbes, les deux gouvernés par la préposition de, qui incite à poser ende = adverbe dans un cas, ende = pronom dans l’autre. En réalité, ende renvoie à la même cible dans les deux cas, su vinna.

(90) «E pues que las aguas quedaron et se fueron los rios cogiendo en si, et vio Julio Cesar que farie ya tiempo de cometer los enemigos, fizo coier muchos vimbres que avie por las riberas daquellos rios, et

texer ende unos navios pequennos et muchos dellos, et crobiron

los de cueros de vacas.» (Primera Crónica, I, p. 71)

Dans ce passage, il s’agit de l’élaboration matérielle d’objets à partir d’un tout vague et imprécis mais localisé spatialement : muchos vimbres... por las riberas daquellos rios.

Ende rappelle cette matière, ce potentiel se trouvant à cet endroit-là et faisant l’objet du procès évoqué par texer.

A trois reprises, ende est intégré dans la structure ser ende + adjectif, les trois adjectifs admettant la préposition de : cubierto de, bannado de, lleno de.

(91) «E en el termino de Baruate... E a y tantas oliveras e tantas figueras que todo su termino es ende lleno. »

(Crónica de 1344, Ms. M, p. 78)

Comme dans les exemples précédents, ende rappelle aussitôt après le verbe copule la présence en mémoire d’un vaste ensemble d’oliviers et de figuiers (sans autre détermination que tantas), qui recouvre un lieu géographique très précis.

Enfin, font partie de cette classification les 2 seuls exemples alimentaires de l’ensemble du corpus : end comer, bever ende.

(92) «Oyd agora palabra del criador: cras a esta ora sera el cafiz del trigo a .i. dinero e .ii. de ordio a .i. dinero. Respuso un princeps del rey e dixo : «si fiziesse el Criador finyestras en los cielos, sera esta largeza.»

Dixo Helyseus ; veras con tos oios e non end combras.» (Fazienda, p.126)

(93) «... los encanto el e los trastorno los sentidos de guisa que los fizo saltar en la mar, e fueron ellos tornados en delfines, que non fue esto al si non que aquellos marineros que fallaron en la ribera muy buen vino escollecho, et que tomaron dello buena pieça, e que lo metieron en su nave por bever ellos ende

quanto quisiessen e de lo al venderle bien caro a los otros de

la nave, dont oviessen sus despensas ; et que ellos tanto

bevieron ende fasta que salieron de so sentido...» (General Estoria, II, p.190)

Le point commun à ces deux exemples n’a rien de surprenant puisqu’il s’agit d’une quantité impossible à déterminer sur laquelle porte le prélèvement alimentaire : boire, manger. Dans les deux cas, ende rappelle

une quantité indéterminée de blé et de vin sur laquelle opèrent les deux verbes.

De nouveau réapparaît le rapport de la partie au tout : tant du côté du tout que du côté de la partie, on reste dans l’indéterminé.

... el trigo non end combras ... muy buen vino quanto quisiessen

De nouveau réapparaît la tentation de prêter à ende une valeur qu’il n’a pas : la valeur partitive. En réalité, ende n’opère pas de prélèvement : il fonctionne toujours de la même façon, comme un anaphorique qui renvoie à du déjà pensé.

Cet effet particulier de prélèvement sur une quantité plus grande, ce n’est pas ende qui le produit à lui tout seul, mais sa combinaison avec les autres notions de la phrase.

Ce n’est pas un hasard si le plus grand nombre d’occurrences du de partitif est relevé dans ce contexte alimentaire. Au moment de l’observation du de partitif, nous rappellerons ces occurrences de ende.

2- Ende anaphorique d’un butin, d’un ensemble de

Documents relatifs