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Un objectif central : se donner des objectifs ambitieux de diplomation

Préparer au monde de demain, qui aura de plus en plus recours à des connaissances et  compétences importantes, ne peut se faire sans élever le niveau de qualification.

L’objectif de formation supérieure, actuellement fondé sur l’indicateur européen de proportion d’une classe d’âge accédant au diplôme, doit donc être décliné par niveau de formation. Si nous voulons rester dans les premiers pays de l’OCDE en termes de diplômés du supérieur, nous devons reprendre le mouvement d’élévation du niveau de qualification et fixer des objectifs de diplomation au niveau Licence et Master à la fois ambitieux et réalistes. Le travail mené par le comité StraNES montre que les leviers d’évolution existent. Des outils de suivi de ces évolutions devront être mis en place.

L’évolution du marché du travail ces dernières années montre que 52 % des jeunes diplômés en emploi en 2010 étaient titulaires d’un diplôme du supérieur. Cette proportion ne cesse d’augmenter, ce qui indique que l’obtention d’un diplôme du supérieur est une nécessité pour accéder à l’emploi pour une partie de plus en plus importante de la population. La tendance est encore plus marquée pour les diplômes les plus élevés : entre 2004 et 2010, les titulaires d’un diplôme de niveau bac + 5 ou plus parmi les jeunes débutants sont passés de 12,6 % à 17,6 %20. Les projections de France Stratégie portent ce taux à 21,5 % en 2020. La politique de montée en gamme de l’économie, le développement de l’industrie de la transition énergétique et écologique, l’expansion des activités numériques, conduisent à anticiper des besoins peut-être encore supérieurs de diplômés de haut niveau. Ainsi, dans le domaine de l’ingénierie, la CDEFI identifie un besoin de formation de 13 000  diplômés supplémentaires par an.

L’augmentation du nombre de diplômés au niveau Master devient une priorité afin de pouvoir suivre les besoins de la société. Des objectifs en termes de formation des docteurs et de déve-loppement de la formation tout au long de la vie sont aussi nécessaires pour donner un cap à la stratégie nationale de l’enseignement supérieur.

20 Cf. doc Perspectives des métiers et des qualifications, de France Stratégie, page 13.

Encadré 7 – Les leviers de l’élévation du niveau de qualification et l’impact sur le nombre d’étudiants

Le SIES (service statistique commun à la DGESIP et à la DGRI) a apporté une contribution importante au travail de la StraNES, qui est jointe en annexe21. Au-delà d’une présentation des principales caractéristiques de la réussite dans le supérieur, cette sous-direction a élaboré, à partir d’informations relatives aux taux de réussite observés par filière, y com-pris s’agissant de la réussite après réorientation, un modèle de simulation de la réussite.

Ce modèle est évidemment théorique et non-prédictif, mais il permet d’explorer les leviers les plus importants pour l’augmentation du taux de diplômés du  supérieur et l’impact en termes d’effectifs étudiants.

« Une approche de nature quantitative de la réussite montre que trois leviers existent pour accroître la proportion de diplômés dans le supérieur :

„

„l’amélioration de la réussite des étudiants poursuivant des études supérieures, naturellement ;

„

„mais aussi, en amont, l’accroissement du taux de poursuite des bacheliers dans l’ensei-gnement supérieur ;

„

„et plus en amont encore, la progression de la proportion du nombre de bacheliers d’une classe d’âge. »

Un quatrième levier existe, lié à la formation continue, mais il ne relève pas du champ de cette étude du SIES.

« La modélisation pratiquée vise précisément à articuler ces leviers entre eux. À partir de trois séries de données – les taux de bacheliers, les taux de poursuite et les taux de diplômés par filière et bac, il est possible de modifier n’importe laquelle de ces valeurs et d’en déduire – toutes choses égales par ailleurs – l’impact sur le taux de diplomation global. »

L’impact de la progression de la proportion du nombre de bacheliers d’une classe d’âge est très différent suivant le type de baccalauréat. Surtout, si on veut augmenter la proportion de diplômés au niveau bac + 5, l’augmentation doit essentiellement se faire au niveau des bacheliers généraux, dans une moindre mesure des bacheliers technologiques. Toutes choses égales par ailleurs22, c’est le levier le plus efficace.

L’accroissement du taux de poursuite des bacheliers dans l’enseignement supé-rieur a un  impact beaucoup plus limité, car la réussite est maximale chez ceux qui, déjà, poursuivent le plus fréquemment leurs études. Une augmentation de 15 points de  la  poursuite d’études des bacheliers professionnels n’induirait qu’une augmentation de 1 point du taux de diplômés du supérieur, si les taux de réussite restent au niveau actuel.

21 22

21 Les citations qui suivent dans cet encadré sont toutes extraites de la contribution du SIES, cf. annexe 6.

22 C’est­à­dire dans l’hypothèse où les bacs resteraient ce qu’ils sont aujourd’hui, ce qui n’est sans doute pas souhaitable si l’on veut donner une vision plus claire des compétences acquises et des points forts des élèves à l’issue de leur scolarité dans le secondaire (cf. axe 3).

Enfin, l’impact du taux de réussite des étudiants poursuivant des études supérieures est également limité dans son effet en masse, puisque la réussite est globalement importante : 80 % de ceux qui entrent dans l’enseignement supérieur en sortent avec  un  diplôme, éventuellement après des réorientations.

La combinaison des différents leviers est étudiée et montre comment atteindre une  élévation de 15 points du taux de diplômés du supérieur. L’étude relève qu’il s’agit d’un effort très conséquent.

Dans une seconde partie, l’étude évalue l’impact de ces évolutions potentielles sur le nombre d’étudiants, en prenant en compte la démographie. Une augmentation de 30 à 35 % du nombre d’étudiants résulte des calculs à l’intérieur de ce modèle.

C’est donc un travail approfondi des différents leviers de l’innovation économique et sociétale qui nous a conduits à proposer – au­delà du développement de la FTLV et des compétences nécessaires à une sécurisation des parcours professionnels – une élévation des cibles d’accès à l’enseignement supérieur : atteindre 60 % d’une classe d’âge diplômés de l’enseignement supé-rieur, – 50 % au niveau Licence et 25 % au niveau Master. Cet objectif ne pourra être atteint s’il n’est accompagné d’une stratégie de développement de l’accès au baccalauréat général et au bacca-lauréat technologique ou d’une évolution des formes de validation des acquis de l’enseignement secondaire (cf. axe 3). Cela exigera donc une vraie réflexion stratégique sur le positionnement et le développement des filières du baccalauréat et la mise en place d’actions adaptées pour valoriser toutes les formes de réussite (cf. axe 3).