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novembre 19 74 Jean R ob ert Simon nous a quittés Si nous saluons aujourd’hui sa m ém oire, nous

THE LANGUAGE LABORATORY

Le 20 novembre 19 74 Jean R ob ert Simon nous a quittés Si nous saluons aujourd’hui sa m ém oire, nous

n’en mesurons pas moins notre incapacité à lu i rendre pleine justice, à l ’évoquer dans toute sa vivante com plex­ ité.

Au lendemain de la lib ératio n, comm e la plupart d’entre nous, ses camarades, il m o n tait à Paris de sa N orm andie natale, à un âge, en des temps qu i semblaient porteurs de tous les espoirs. Elèves de l ’E N S E T , de la section lettres langues, pro m o tio n 1 9 4 6 -1 9 4 8 , nous étions encore bien neufs d’expérience. Parmi nous. Simon se distingua aussitôt par son aisance d’esprit e t de manières, une agilité souveraine de l’intelligence, et des moyens d’expression où s’alliaient la rigueur e t l’élégan­ ce. D ’emblée, dès qu’il p arlait, to u t s’organisait, se m e tta it en perspective. La précision et la clarté de l ’analyse n’étaient q u ’une prem ière étape ; déjà se laissait pressentir ce don d’u n ificatio n, de synthèse, qui allait s’ affirm er to u t au long des années. Aussi fu t-il l’ennem i im placable des illusions, des confusions, le m aître d’une ironie aiguë au service de cette indépendance de la pensée q u ’il prisa plus que tout.

C’est alors que nous eûmes avec l’Angleterre notre prem ier contact. C ’étaient des années difficiles. Ce pays subissait les exigences d’une po litiq ue d ’austérité do n t nous pensions, d’ailleurs, qu ’elle s’accordait bien au génie puritain de son peuple. C ette austérité m ême faisait vibrer en Simon quelque corde secrète, sans q u ’elle l’ait jam ais bridé ou co ntrain t à restreindre son in finie curiosité de to u t e t de tous. Il n ’en est pas moins vrai qu’il m ’ap paraît dans la brum e de novembre 1947, à O x fo rd , un O xfo rd vert et gris, claustral, en quête d’un art qui lui perm ette de concilier le savoir théorique e t la préhension du m onde, en même temps qu’à la recherche d ’une trad itio n qu’il observait avec une narquoise tendresse mais à laqueUe il s’appuiera po ur m ieux en franchir les limites.

Dès lors, chaque année m arqua une nouvelle étape. Son D .E .S . sur “ Sir Gauvin et le chevalier ve rt” tém oignait déjà de son goût pour les problèmes philologiques et de son attachem ent à l’univers médiéval et à quelques-unes des valeurs les plus précieuses qu ’il incarna. L ’agrégation obtenue en 1 9 51, préparée parallèlem ent aux exigences d ’un m étier de professeur exercé à Sens, e t dans laquelle d’autres que lui auraient vu leur “ bâton de m aréchal” ne fu t que le succès qui lui p e rm ettait en fin de s’engager dans la carrière de chercheur pour laquelle il é tait si évidem m ent fait.

Il ne m ’appartient pas de décrire ici le chem inem ent de sa pensée ni l ’au to rité croissante avec laquelle elle s’affirm a. Jusqu’en 1965, d ’abord parallèlem ent à ses fonctions de profes­ seur de lycée, puis à p a rtir de 19 62 au C N R S , l’essentiel de son e ffo rt se p o rta sur la thèse qu’il consacra à R ob ert Burton. Ce choix ne nous p a ra ît pas relever seulement du domaine de l’érudition. Il y avait nous semble-t-il, en Simon quelque parenté d’âme avec l ’auteur de “ L ’anatom ie de la mélancolie” ; une soif de connaissance proprem ent encyclopédique, une ouverture à tous les aspects de notre co ndition, une aptitude à concilier les apports de la science et ceux de la sagesse humaniste, une totale liberté d’esprit propre à secouer toutes les routines, e t une indéniable sensibilité voilée aisément froissée toujours présente.

L ’enseignement supérieur lu i ou vrit alors ses portes d’abord à Poitiers et Limoges de 1965 à 19 69, puis à Paris I V (Sorbonne). 11 s’y consacra à une double tâche.

Fond ateur de l’ Association des Médiévistes anglicistes de l ’Enseignement supérieur, il entendait donner un élan nouveau aux études d’anglais médiéval en France ; et très a tte n tif aux développements les plus récents et les plus prom etteurs de la linguistique, préparer une grammaire m alheureusem ent restée à l’é ta t de projet. D u moins eu t-il le temps de m ener à bien son éd itio n du Livre du r o i e t celle de T ro ile e t Crisède. Chaucer et Jacques 1er d’Ecosse bénéficièrent du regard n e u f q u ’un érud it doublé d’un savant posait sur eux.

11 com m ençait à voir ses efforts po rter leurs fruits e t venait d’entam er une nouvelle année universitaire avec l’ardeur e t la puissance de travail qui lui étaien t coutumières, lorsque la m o rt est venue le surprendre, presque soudaine, absurde.

La trajectoire d’une existence si harm onieusem ent dessinée et si parfaitem en t accomplie jusqu’alors, ici se brise. L ’im m o b ilité dernière p o u rta n t ne saurait effacer n i le sens de sa vie, ni la leçon de son exem ple, ni la chaleur de sa présence.

P H IL A T E L IE

Il y a sans doute parmi les anciens élèves de l’ENSET un certain nombre de philatélistes.

A l’intention de ceux qui souhaitent développer leurs possibilités d’échanges, je signale l’existence d’un groupement “ corporatif’, l’Amicale Philatélique de l’Enseignement.

L ’APE est une association sans but lucratif, régie par la loi de 1901. Elle a été créée, il y a 20 ans, et elle est toujours animée, par des enseignants pour les enseignants philatélistes. Elle comporte actuellement plusieurs centaines de membres, répartis dans toute la France et appartenant aux divers ordres de l’enseignement.

Pour une cotisation annuelle modique*, l’APE procure à ses adhérents tous les services dont ils peuvent avoir besoin : circulations, échanges sur offre, fourniture des nouveautés et du matériel philatélique aux meilleures conditions.

Le service des circulations est particuUèrement intéressant, à un double point de vue. Les carnets, confectionnés par des adhérents uniquement, donnent à chacun l’occasion de prélèvements nombreux à des prix très raisonnables. Inversement, en “ montant” des carnets, tout adhérent a la possibilité de céder ses doubles dans de bonnes conditions.

En plus des circulations “ normales” (France et Union Française), l’APE organise des circuits spéciaUsés (anciennes colonies, vieux français...). Suivant le groupe régional auquel il est rattaché, chaque membre peut recevoir dans une année scolaire 6 à 10 circulations, de 6 à 8 carnets chacune, soit un choix portant sur plusieurs milliers de timbres.

Je dois cependant signaler un inconvénient : la dispersion des adhérents entraîne l’envoi des circulations par la poste, donc des frais... que peuvent seuls éviter les collègues d’une même ville en s’organisant pour se transmettre direc­ tement les carnets.

Pour tous renseignements complémentaires, et adhésions éventuelles, j ’invite les camarades intéressés à se mettre en rapport avec moi :

Christian C H A R R O N D IE R E A l 48-50 3, place Jacquard

42000 S A lN T -E T lE N N E

Est-il nécessaire de préciser que l’adhésion à l’APE n’exclut évidemment pas la possibilité d’appartenance à d’autres associations philatéliques ?

* Cotisation : sans doute 15 P' à partir de la saison 1 9 76-7 7. Plus un d ro it d’entrée dans la société de 7 F.

L’AUBERGINE

PARISIENNE

Nous possédons des aubergines A Paris en toute saison Une variété citadine

Qui pousse comme champignon Dans nos parcs - disons nos parcmètres Et facile à apercevoir

Mieux quel’autre espèce champêtre Dans les rues et sur les trottoirs. Comme toute aubergine, elle a — Trait particulier — la peau lisse Une peau d’un rouge grenat De particuhère saveur

Qui n’est pas cependant l’indice N i de tendresse de son cœur. Tatez-là un peu ; elle est dure, Et rien ne saurait l’attendrir Surtout si elle est un peu mûre... Ça, je puis vous le garantir ! On me dit que personne n’aime Ses feuilles blanches bien rayées Trop faciles à détacher

Mais... savez-vous par quel système Ses fleurs sont fort bien fécondées ? Evidemment la capitale

N ’a pas d’abeille, de frelons Portant pollen sur les pétales Mais... nous avons des papillons ! E t nous en avons à foison ! Abrités, ils s’immobilisent Derrière tous nos pare-brises.

Je vous vois tous fort intrigués... Pourquoi en a-t-on tant semé ? Eh bien — et cela seul importe — Pour les sommes qu’elles rapportent ! Vous pensez donc : les parisiens Tout compte fait, les aiment bien ! Pas tellement ; nos aubergines Ne sont pas cell’s des maraîchers Elles portent quelques épines Et... Vous risquez d’être piqués ! Et par suite ; douleur cuisante Sans conséquences alarmantes Mais... vous serez déshydratés... (Mis à sec, si vous préférez.) Vous êtes surpris, je présume Par la description du légume Que nous récoltons à Paris Vous voudrez le voir, mes amis ? Soit : dites-moi. Je vous prie Où est garée votre voiture. — Là-bas, devant la Préfecture ? Ailes la chercher... Allez-y !

D ’un seul coup... vous aurez compris ! André Fouillé

Extrait de

Le LIEVRE

Homme ou bête, elle est bien la même, la peur, lorsque approche la mort. Il somnolait paisiblement, entre deux mottes d’un labour. Le soleil assagi d’automne était doux comme une promesse...

Un groupe d’hommes et de chiens a surgi dans le paysage, puis s’est ouvert en demi-cercle.

Les fusils tenus en avant jettent, brèves, des lueurs blanches. 11 la connaît depuis toujours la puissance de ces engins, la distance où il faut s’enfuir. Mais il veut rester invisible, il le désire tellement qu’il demeure collé au sol et s’évertue à s’aplatir.

Il est maintenant pris au piège, au centre du cercle, et il sait. Dernier habi­ tant de ces champs, ü est celui que l’on recherche, il est celui que l’on veut tuer. Chiens fureteurs en éclaireurs, le cercle avance lentement, le cercle avance et se resserre, foulant les herbes et la terre.

Perverse, et plus redoutable qu’un couple affamé de renards, la harde va trouver sa joie.

Les yeux fixes et dilatés, illuminés par le soleü, le lièvre est transi, pétrifié, au point qu’il va falloir peut-être le ranimer d’un coup de pied.

Un gros chien a trouvé sa trace. Il arrive, souffle haletant, l’écume à la gueule entr’ouverte.

Le lièvre a jailli brusquement. Les cris, les aboiements se mêlent. Puis ce sont les détonations... une rumeur désappointée.

Il est passé, il est sauvé. Il n’ira pas crever au loin ni ne languira estropié. 11 est beau à voir à présent, les oreilles libres dressées, projeté svelte, élégant, par ses longues jambes arrières, augmentant sans cesse à sa guise son avance sur les chiens fous. Oriflamme qui semble voler au ras des chaumes ahgnés.

Une route qu’il connaît bien, qu’il traverse parfois la nuit, quand les autos l’ont désertée. Une voiture vient, rapide.

11 va très vite, il peut passer. Mais la voiture accélérant fait un écart pour le happer.

Le lièvre est mort, assassiné.

Georges C A L V A T EF 30-32

E x tra it des Histoires originales. Editions Saint-Germain-des-Près. Nous avions déjà

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