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D. La stigmatisation chez les étudiants

IX. Nouvelles technologies

Face à l’explosion récente de la technologie et de sa diffusion dans les

populations les plus jeunes, notamment grâce aux smartphones et à l’accès permanent à Internet, il serait envisageable de créer de nouvelles plateformes de soin plus en

adéquation avec les nouveaux modes d’abord de l’information et de la communication.

Les systèmes de soin étant parfois saturés ou situés physiquement proches des lieux d’études, ces nouvelles possibilités de soin pourraient permettre un accès facile et anonyme à tous les étudiants.

Internet et les réseaux sociaux ont ouvert un espace de parole sans précédent pour les jeunes adultes. Ils peuvent l'investir pour la recherche d'aide, ils se dirigent fréquemment sur Internet pour rechercher de l'information sur la santé mentale.

Selon certains auteurs, les jeunes en détresse utilisent les réseaux sociaux en quête de soutien de la part de leurs pairs, pour stopper l'isolement et rechercher une aide

émotionnelle.

De plus, de nombreux jeunes dévoilent leurs idées suicidaires via des messages publiques sur Internet.

Plusieurs caractéristiques du web expliquent un effondrement des barrières à la recherche d'aide.

L'accessibilité depuis tout lieu publique ou privé permet de contourner les contraintes de distance des structures de soin locales. Cela facilite la discrétion ce qui diminue les inhibitions à la recherche d'aide.

La gratuité des services permet d'éliminer la barrière du coût, et rend plus aisé l'accès aux soins pour les plus défavorisés.

Les ressources sont disponibles en permanence, y compris en dehors des heures de travail ou d'étude. Cette souplesse permet de s'adapter à la courte période au cours de laquelle la sévérité de l'idéation suicidaire et la motivation à rechercher de l'aide fluctuent. L'anonymat et l'intimité permettent des interactions moins conflictuelles et favorisent l'expression.75–78

En dépit de ses qualités, l'utilisation d'Internet n'est pas sans risque.

L’organisation britannique Royal Society For Public Health a pu soulevé une inquiétude concernant les nouvelles technologies de l’information et de la communication chez les jeunes, ces dernières pouvant exploiter la vulnérabilité des personnes en détresse psychique. Cet organisme a réalisé une étude montrant une exacerbation de l’anxiété et de la dépression chez les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux.79

Les recherches indiquent également que l'usager peut être exposé à des menaces nouvelles via des interactions ou contenus non régulés.

Les évolutions technologiques ont donné une visibilité aux sites web pro-suicides, ouvert la voie au cyber-harcèlement et à une diffusion accrue de contenus à haut risque de contagion suicidaire.

En conséquence, les personnes vulnérables explorant le web avec des intentions ambivalentes seraient plus susceptibles d'être exposés à des contenus nocifs qu'à des ressources aidantes.80–82

Face à cette épée à double tranchant75,83 il semble important d’utiliser les

Des preuves récentes suggèrent que la téléthérapie peut avoir un impact positif sur les symptômes de dépression et d'anxiété chez les jeunes à risque de les présenter ou ceux déjà porteurs de ces troubles.

Du fait de leur faible coût et de leur accessibilité, les nouveaux soins basés sur la

technologie sont de plus en plus recherchés pour cibler la population générale ainsi que la pathologie mentale.

Les téléphones mobiles sont de plus en plus utilisés par les jeunes pour recevoir et partager l'information.

92% des adolescents rapportent aller en ligne quotidiennement, avec 25% affirmant être connectés en permanence.

De plus les jeunes adultes décrivent les moyens en ligne et mobiles acceptables, discrets, peu énergivores et agréables à l'utilisation.

La littérature reste à alimenter sur ce sujet avant de pouvoir tirer des conclusions mais il semble que cette approche apporterait des bénéfices non négligeables tels qu'une

automatisation et standardisation des procédures de dépistage avec un coût réduit et une meilleure fidélité. Une mise en place à l'échelle globale permettrait une identification privée et efficace des jeunes à risque qui n'auraient autrement pas rencontré les soins de la pathologie mentale.

L'approche entre pairs étant une dimension très prometteuse dans la prévention du suicide, l'implémentation de média sociaux pourrait permettre une détection des individus à risque ainsi qu'un soutien à exploiter.84

Des alternatives en ligne ont déjà pu voir le jour pour pallier aux difficultés d’offre de soin traditionnelle, proposant des suivis avec un clinicien, des thérapies interactives en ligne, des fils de discussion avec des experts et des pairs, des réseaux sociaux privés et sécurisés.

Cinq applications de smartphone ont été développées en lien avec l’evidence- based medicine, avec pour cible la dépression, l'anxiété et l'abus de substance. Mais ce domaine reste à explorer plus largement avant de pouvoir proposer des

recommandations. Et il est à noter que la plupart des applications commerciales n'ont aucun lien avec la recherche scientifique.

Les technologies d'information et de communication sont des outils prometteurs pour la promotion de la santé et l'apprentissage de la santé mentale particulièrement dans les populations étudiantes.

Les recherches montrent des bénéfices sur la santé à l'utilisation de ces applications. Un sondage de 2013 par l'Association for University and College Counseling Center Directors retrouve 6% d'utilisation de téléthérapie dans 380 universités. Ce chiffre bien que faible est bien plus important que celui de 2012, retrouvé à 0,5%.33

Au niveau français une étude a mis au point une application de smartphone permettant l'évaluation et la prédiction du risque suicidaire.

Cette étude nommée EMMA a pour objectif de mettre en place un algorithme prédictif du risque de survenue d’un évènement suicidaire (suicide, TS, hospitalisation ou passage aux urgences pour idées suicidaires) dans une application destinée au grand public. Secondairement seront évaluées l'utilisabilité de l'application à travers son utilisation (par la fréquence de connexion), son acceptabilité et la satisfaction des utilisateurs

(recherchées par des questionnaires).

Cet algorithme prédictif pourrait permettre de détecter au plus tôt les signes de passage à l'acte, sans que ceux-ci soient explicitement formulés dans les questionnaires, et donc d'alerter rapidement les équipes soignantes en levant des alertes pertinentes.

Un autre projet nommé ELIOS a été élaboré en France. Il est constitué d'une équipe de cliniciens du web que les jeunes adultes peuvent joindre par différents réseaux sociaux en cas d'idéation suicidaire.

ELIOS a été imaginé comme une porte d'entrée dans le soin, c'est à dire un système en ligne qui permettrait d'améliorer l'accès au soin en apportant un premier soutien. Cela pourrait renforcer la motivation des jeunes en détresse recherchant de l'aide sur Internet et permettre leur orientation vers les services appropriés.

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