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D. La stigmatisation chez les étudiants

III. Guidelines au niveau universitaire

Des études ont déjà réfléchi à la création de recommandations à destination des universités pour l’aide à la santé mentale des étudiants et au bon déroulement de leurs études.

Un rapport a compilé une revue systématique de littérature, de sondages en ligne, d'entretiens téléphoniques avec des représentants d'universités de médecine et

d'étudiants, ainsi que des points clefs du soutien aux étudiants de médecine souffrant de troubles mentaux.

Il semblerait que la création d'un environnement propice à la discussion ouverte des problématiques de santé mentale permette une réduction de la stigmatisation qui leur est associée.

L'assignation d'un tuteur à chaque étudiant et la réalisation en coopération de campagnes de sensibilisation aux problèmes de santé mentale permettent un meilleur accès au soin. Il a été décrit comme nécessaire de prendre des mesures visant à convaincre les

étudiants qu’ils ne devraient pas éviter de se faire soigner, par crainte de la présence de documentation dans leurs dossiers universitaires et de conséquences négatives pour leur future carrière.

Il est conseillé de développer des systèmes de surveillance pour identifier/détecter les personnes pouvant nécessiter de l'aide.

L'aide à la poursuite ou reprise des cours est un point important, avec la mise en place de plans concrets de retour aux études pour chaque étudiant en décrochage et ce le plus tôt possible.

En dernier lieu, il a semblé important de séparer les instances de soutien de celles qui décideraient de la poursuite des études.

Ce rapport a permis la création de guidelines et de recommandations pour les facultés de médecine :

- Proposer un système de soutien par des étudiants formés à fournir de l'aide et des conseils pour faire face au stress.

- Réaliser des conférences et des cours sur la santé mentale et les recours disponibles dès la première année d'étude.

- Former des tuteurs personnels afin qu’ils sachent reconnaître les difficultés mentales et la manière orienter les étudiants présentant des problèmes mentaux.

- Fournir des conseils et un soutien psychologique aux étudiants par l'université.

- Surveiller les progrès des étudiants dans leurs études, ce qui permet de discuter des difficultés potentielles des étudiants dont les performances suscitent des préoccupations5

Ces recommandations ont été appliquées à l'université de Cardiff au Royaume- Uni. Elles sembleraient diminuer les prévalences de troubles mentaux et augmenter l’accès au soin. Cependant, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Les études de médecine au Royaume-Uni et en France sont sensiblement similaires, que ce soit dans leur durée ou leur déroulement (avec un mélange entre théorie et pratique au cours du cursus).

L'adaptation de ces recommandations au monde universitaire français semble alors intéressant et pourrait être une des solutions à envisager.

Le service sanitaire des étudiants instauré depuis la rentrée 2018 dans la métropole française est une nouvelle initiative permettant de sensibiliser la jeunesse à différentes thématiques de santé publique. Les étudiants de santé sont formés à une thématique précise afin de délivrer des messages de prévention et de promotion de la santé dans des établissements scolaires. Dans les Hauts-de-France, le Docteur Charles- Édouard Notredame a coordonné le module de santé mentale et organisé la formation des étudiants ainsi que leur supervision. J’ai moi-même été un des internes référents des étudiants délivrant les messages de prévention. Les résultats préliminaires ont été très positifs, à la fois pour les étudiants impliqués dans l’action menée et pour les jeunes rencontrés au cours des interventions. Plusieurs étudiants et élèves ont pu souscrire au soin et signaler que le service sanitaire les avait aidés dans cette démarche.

IV.

Promotion du bien-être

Avant de pouvoir décrire les facteurs impliqués dans le bien-être il semble important de le différencier en deux sous-types :

- Le bien-être eudémonique, aussi appelé bien-être psychologique, lié à la réalisation de son propre potentiel, la présence de relations positives et l'acceptation de soi.

- Le bien-être subjectif, aussi appelé bien-être hédonique, lié à l'expérience de

satisfaction, avec une composante cognitive (reconnaissance de la satisfaction) et une autre affective (émotions positives)27

Ces deux dimensions montrent bien les valences sociales, professionnelles et

personnelles associées à des expériences concrètes venant les confirmer, permettant l’enracinement du bien-être.

Il est communément admis que mener un mode de vie sain est bénéfique au bien- être. Mais que veut dire un mode de vie sain ?

Selon l'OMS, cela comprendrait une activité physique régulière, l'absence de tabagisme, limiter la consommation d'alcool, manger de manière équilibrée.

Ces considérations sont étayées par la littérature. Il a été démontré un lien avec des effets positifs sur le bien-être et la diminution du risque de survenue de nombreuses pathologies somatiques.

Ainsi, l’activité physique et les activités culturelles seraient des facteurs protecteurs contre les troubles psychiques et auraient un effet bénéfique sur la santé mentale, ce sur le long terme.

De même, des études plus récentes ont montré qu'un mode de vie sain permettait une diminution des symptômes de dépression et d'anxiété, une plus grande satisfaction, et un ressenti d'un meilleur bien-être mental.

Concernant les facteurs nuisibles au bien-être, plusieurs études ont retrouvé que l’obésité, le tabagisme et un rythme de vie quotidien erratique (heures de coucher, heures des repas) sembleraient associés à un bien-être moins confortable ainsi qu'à un sur-risque d'apparition de troubles de la santé mentale.

Il est encore impossible de statuer sur certains comportements, par manque de données et du fait de nombreux biais dans les études déjà parues.

Ainsi l’impact de l’alcool est controversé, certaines études retrouvant un lien non linéaire (avec un risque élevé de dépression et d'anxiété pour les consommations excessives et un plus haut taux de symptômes d'anxiété et de dépression chez les abstinents) tandis que d'autres études ne retrouvent pas de corrélation significative. Les données semblent être indissociables d'autres paramètres sociodémographiques et la consommation d'alcool peut difficilement être étudiée de manière indépendante.

De même les régimes alimentaires végétariens sont liés à l'apparition de trouble de la santé mentale (principalement des symptômes de dépression, d'anxiété et d'insomnie), ainsi qu'un bien-être plus pauvre. Néanmoins la puissance de ces études semble trop faible pour tirer des conclusions, notamment au travers de biais de sélection.64

Ces différents points sont déjà largement repris par de nombreuses campagnes de santé publique, présentes pour les étudiants via des communications de sensibilisation. Les campagnes de prévention permettent d’informer efficacement les populations mais n’ont qu’un impact modéré sur les habitudes de vie néfastes.65

Peut-être seraient-elles à compléter par des cours sur les bienfaits des habitudes de vie saine afin de permettre une meilleure imprégnation de ces informations.

Il est aussi important que les universités et écoles permettent aux étudiants de disposer de suffisamment de temps pour la réalisation d’activités extra-scolaires, nécessaires à

l’épanouissement et facilement abandonnées au profit de la charge de travail académique.

Comme pour la santé mentale, le service sanitaire des étudiants a abordé la thématique des addictions auprès de la jeunesse afin de les sensibiliser aux risques que peuvent entraîner ces conduites, qu’elles soient liées aux substances ou aux

comportements. Au vu du déni associé à ces troubles il semble pertinent de réaliser des actions de prévention le plus tôt possible.

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