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II- HISTOIRE NATURELLE DE L’INFECTION PAR LE VIRUS HBV

II.2 Les traitements des hépatites B chroniques

II.2.3 Les nouvelles stratégies antivirales

Du fait des résistances virales face aux traitements (IFN, analogue de nucléos(t)ides) et de la persistance de l’ADNccc dans les hépatocytes, il apparait comme urgent de développer de nouvelles molécules et/ou stratégies antivirales pour compléter l’arsenal thérapeutique des praticiens.

Ainsi, l’inhibition de l’étape d’entrée, de l’assemblage des capsides et de la morphogénèse virale ainsi que l’éradication de l’ADNccc peuvent être des stratégies permettant d’inhiber la réplication virale et de s’affranchir des résistances. De plus, de récentes découvertes sur le contrôle de l’infection HBV par le système immunitaire inné et

Données Bibliographiques Page 67 adaptatif permettent d’imaginer de nouvelles stratégies immunomodulatrices suscitant l’exacerbation des réponses immunitaires afin d’éradiquer l’infection.

II.2.3.1 La vaccination génétique en thérapie

La vaccination thérapeutique pourrait être une autre alternative pour les patients non répondeurs au vaccin classique. Elle est basée sur l’injection intra-épidermique ou intramusculaire d’un ADN nu codant un gène viral qui sera exprimé par la cellule ayant captée le transgène (Saade, Buronfosse et al. 2008). Ainsi, l’antigène pourra être exprimé sur le long terme et, de part sa synthèse intracellulaire, présenté directement par les CMH de classe I afin d’activer les lymphocytes T cytotoxiques.

L’efficacité thérapeutique d’un vaccin à ADN codant les protéines d’enveloppe du virus HBV a été démontré pour la première fois dans un modèle murin exprimant constitutivement l’AgHBs (Mancini, Hadchouel et al. 1996). La clairance virale observée était non lytique et dépendante de la production d’IFN-γ par les lymphocytes T activés. En 2004, une première étude clinique de phase I, utilisant un vecteur codant les protéines S et M, a été menée sur des patients porteurs chroniques non répondeurs aux traitements antiviraux classiques (Mancini-Bourgine, Fontaine et al. 2004). Une baisse transitoire de la virémie chez 60% des patients ainsi qu’une séroconversion AgHBe/AcHBe chez 20% d’entre eux ont pu être observées. Cette réponse pourrait être le résultat de l’activation des lymphocytes T CD8+ mais aussi des cellules NKs. Plus tard, une seconde étude clinique utilisant des vecteurs codant la majorité des antigènes viraux (AgHBs, AgHBe, AgHBc et Pol), ainsi que l’IL-12, a été réalisée sur 12 porteurs chroniques du HBV sous traitement lamivudine. Une baisse de la virémie associée à une réponse T CD4+, spécifique et productrice d’IFN-γ, a pu être maintenue pendant un an après le traitement. L’infection a même été résolue chez deux patients (Im, Yang et al. 2009). Plus récemment, une étude utilisant une thérapie combinée associant des analogues de nucléosides et la vaccination génétique, réalisée en France, n’a pas pu confirmer l’efficacité de la vaccination thérapeutique. En effet, après arrêt du traitement antiviral, un rebond de l’infection a pu être observé chez 97% des patients.

Même si cette stratégie reste prometteuse en permettant l’activation d’une réponse T spécifique des antigènes HBV, l’efficacité chez l’homme demeure faible. D’autres stratégies d’administration du vecteur ADN permettant d’améliorer l’immunogénicité du vaccin restent encore à évaluer.

II.2.3.2 Une nouvelle classe d’antiviraux…

A l’heure actuelle, quelques molécules ciblant les étapes de réplication sont en cours de développement. Parmi celles-ci, il existe des antiviraux non nucléos(t)idiques ciblant

Données Bibliographiques Page 68 l’assemblage des capsides : les hétéroaryldihydropyrimidines (HAP) et les phénylpropenamides (AT).

x Les molécules HAP sont capables d’inhiber la réplication virale par interaction directe avec la protéine Core (Weber, Schlemmer et al. 2002; Deres, Schroder et al. 2003). Les principaux représentants de cette famille sont les composés BAYER-41 4109 et HAP-1. A faible dose, ces molécules accélèrent l’assemblage des protéines Core induisant la formation de capsides anormales. A partir d’un certain seuil (1 HAP pour 5 capsides), ces molécules induisent une malformation de la structure quaternaire de la protéine Core, accélérant ainsi sa dégradation par le protéasome (Bourne, Lee et al. 2008). Le composé BAY-41 4109 a prouvé plusieurs fois son efficacité chez la souris et peut représenter un espoir dans l’établissement de vraies thérapies combinatoires (Brezillon, Brunelle et al. 2011). En effet, aucune résistance croisée n’a été démontrée entre les molécules anticapsides et les souches HBV résistantes aux traitements Lamivudine et Adéfovir (Billioud, Pichoud et al. 2011).

x Les phénylpropénamides, représentés par les composés AT-61 et AT-130, peuvent également inhiber la morphogénèse des capsides en ciblant spécifiquement l’étape d’encapsidation de l’ARNpg (Katen, Chirapu et al. 2010). Pour se faire, ils initient l’assemblage de la capside sans la présence du complexe d’initiation ARNpg/polymérase ce qui promeut la morphogénèse de capsides immatures. Ceci aura pour conséquence la diminution du taux d’ADNccc dans les hépatocytes traités. En plus d’une action synergique observée avec la Lamivudine, ces molécules ne présentent pas non plus de résistance croisée in vitro avec les souches résistantes circulantes et représentent ainsi des thérapies prometteuses (Billioud, Pichoud et al. 2011).

II.2.3.3 Les agonistes de PRRs

Les PRRs (pour « Pathogen Recognition Receptor ») sont des récepteurs membranaires (TLRs) ou cytoplasmiques (RLRs) capables de détecter des motifs microbiens redondants ou PAMPs (pour « Pathogen Associated Molecular Pattern »), et d’activer une cascade de signalisation intracellulaire aboutissant à la mise en place d’un programme de défense antimicrobien dans les cellules spécialisées (NKs, DCs..) ou non (Hépatocytes). La stimulation de la réponse innée, par activation d’un PRR donné, pourrait ainsi permettre d’endiguer l’infection HBV en induisant un état antiviral au sein de l’hépatocyte infecté et/ou en activant les cellules immunitaires innées résidentes du foie (cf. partie « Réponse immunitaire innée »).

Ainsi, il semblerait que l’activation des TLRs puissent contrôler l’infection HBV, comme démontré dans un modèle murin transgénique in vivo (Uprichard, Wieland et al.

Données Bibliographiques Page 69 2003; Isogawa, Robek et al. 2005; Wu, Lu et al. 2007). Dans des hépatocytes primaires de marmotte infectés par le WHV, il est également établie que la stimulation de TLR4 par un ligand de type LPS permettait d’inhiber la réplication virale via l’activation de l’immunité innée, mais de façon indépendante à la voie IFN de type I (Zhang, Meng et al. 2009). De la même façon, la stimulation de TLR2 par un ligand de type Pam2CSK4 diminuerait le taux d’ADN viral et la formation des nucléocapsides dans des cellules d’hépatome, via l’activation de la voie NFkB dépendante de Myd88. Cette activation induirait en effet la sécrétion des cytokines proinflammatoires IL-8 et TNF-α capables de contenir l’infection dans les cellules HepG2 et HuH7 transfectées/transduites avec un vecteur codant le génome HBV (Thompson, Colledge et al. 2009). A l’inverse, des données ont montré que les agonistes des TLR3, 4, 5, 7 et 9 injectés en intraveineuse dans un modèle murin transgénique induisaient un effet antiviral dépendant de l’activation de la voie IFN de type I (Isogawa, Robek et al. 2005). La stimulation par les cytokines IFN-α et IFN-β permettrait en effet d’inhiber la réplication virale en dégradant l’ARN viral et en déstabilisant les capsides comme démontré dans un modèle murin transgénique HBV (McClary, Koch et al. 2000). Plus particulièrement, il semblerait que l’effet antiviral observé après stimulation par les ligands prototypiques de TLR3 et TLR4 puisse principalement être médié par l’activation des NKs et des KCs, alors que l’effet antiviral observé lors des stimulations de type TLR5, TLR7 et TLR9 serait plutôt la conséquence de l’activation des DCs in vivo (Wu, Lu et al. 2007). L’effet antiviral de TLR7 a également été observé chez la marmotte et le chimpanzé respectivement infectés par les virus WHV et HBV. En effet, la diminution de la charge virale et du taux d’AgHBs (ou WHsAg pour la marmotte) ont pu être corrélés avec la détection d’IFN-α dans les sera et l’induction des ISGs (pour « Interferon Stimulated Gene ») dans les PBMC et les hépatocytes (Lanford, Guerra et al. 2013).

Par ailleurs, l’activation de l’immunité innée, par la surexpression d’adaptateurs cellulaires impliqués dans la cascade de signalisation en aval des TLRs, pourrait également inhiber la réplication du virus HBV. En effet, la surexpression des adaptateurs TRIF, IPS-1 et Myd88 permettrait d’abolir la transcription des gènes viraux en cellules d’hépatome (Guo, Jiang et al. 2009).

L’activation des senseurs RLRs pourrait également induire un état antiviral dans la cellule infectée. En effet, l’impact de l’activation de RIG-I sur la réplication virale a également été observé in vivo dans un modèle murin (Ebert, Poeck et al. 2011).

Finalement, en plus de leur effet antiviral direct sur la réplication et de leur capacité à activer les NPC (pour « Non Parenchymal Cells ») pour endiguer l’infection, les agonistes de TLRs pourraient également jouer un rôle dans la formulation de nouveaux vaccins thérapeutiques en tant qu’adjuvants. Ils seraient en effet moins toxiques et plus immunogènes que les adjuvants utilisés classiquement en vaccination (Romagne 2007). L’utilisation d’un ligand spécifique de TLR4 a d’ailleurs été approuvée dans la formulation de

Données Bibliographiques Page 70 deux vaccins anti-HBV : Fendrix et Supervax. Des ligands synthétiques de type ODN, contenant des motifs CpG activant la signalisation TLR9, pourraient également être utilisés pour exacerber la réponse immunitaire (Gupta and Cooper 2008). Actuellement, et ceci en combinaison avec de l’AgHBs recombinant, l’ODN CpG de type B appelé 1018 ISS est en essais clinique de phase III. Les premiers résultats semblent montrer une efficacité vaccinale proche de 100% pour le groupe ayant reçu l’injection du vaccin AgHBs-1018 ISS contre 64% pour l’injection conventionnelle d’AgHBs recombinant (Sablan, Kim et al. 2012).

Ces résultats mettent ainsi en évidence le potentiel thérapeutique prometteur des agonistes de PRRs dans le contrôle de l’infection HBV in vitro et in vivo, et soulignent l’intérêt de développer de nouvelles approches antivirales basées sur la stimulation de l’immunité innée. Une meilleure compréhension du mécanisme d’action des voies PRRs et de l’interaction du système immunitaire innée avec le virus HBV reste cependant nécessaire avant de pouvoir imaginer de réelles stratégies immuno-thérapeutiques en clinique.

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III-LA REPONSE IMMUNITAIRE DE L’HOTE ET