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LES LANGUES ANGLAISE ET FRANÇAISE

2. LA NOTION D’EMPRUNT

Il existe plusieurs manières d’enrichir le vocabulaire d’une langue : on connaît bien la dérivation, qui consiste à ajouter un préfixe ou un suffixe à une base existante, comme c’est le cas pour le mot émerveillement en français, ou partnering en anglais, ou encore la composition qui joint deux termes, on peut penser notamment au portemanteau ou au pèse-lettre, post-office en est un exemple anglais. Dans ces deux cas, la langue peut créer à partir de ses propres ressources. Il est cependant fréquent, comme nous avons pu le constater précédemment, de puiser de nouveaux termes dans d’autres langues, et l’emprunt fait partie des moyens usuels qui permettent d’augmenter et parfois de préciser notre fonds lexical. Selon Josette Rey-Debove, « l’emprunt lexical au sens strict du terme [est] le processus par lequel une langue L1 dont le lexique est fini et déterminé dans l’instant T, acquiert un mot M2 (expression et contenu) qu’elle n’avait pas et qui appartient au lexique d’une langue L2 (également fixe et déterminé) ».46 Sur les quelque 7 000 langues parlées dans le monde, dont une centaine sont également écrites, combien ont influencé le français et l’anglais, et à quel point ?

Il est toujours très hasardeux de donner des chiffres, surtout dans le domaine du lexique qui varie à chaque instant. Toutefois, si l’on se fie à une étude de 1991,47

on trouve un peu plus de 8 600 mots d’origine étrangère en français, dont 4 200 environ sont d’emploi courant. Parmi ces derniers, 25 % nous viennent de l’anglais, 16,8 % de l’italien, 13 % du germanique ancien, 11,5 % des dialectes gallo-romans, 5,1 % de l’arabe, 3,9 % de l’allemand, 3,8 % des langues celtiques, 3,7 % de l’espagnol, 3,6 % du néerlandais, 2,6 % du persan et du sanskrit, 2,4 % des langues amérindiennes, 2 % des langues d’Asie, 1,3 % des langues chamito-sémitiques, 1,2 % des langues slaves et baltes et 3,4 % d’autres langues au rang

46 Josette Rey-Debove, « La Sémiotique de l’emprunt lexical » in Tralili XI, 1973, p.109.

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desquelles on peut compter les langues pré-indo-européennes, l’hébreu, les langues de l’Océan Indien, le portugais, le turc, les langues scandinaves modernes, les langues africaines et d’autres langues telles que le hongrois, le finnois, le basque, l’arménien...48

Pour ce qui est de l’anglais, les emprunts les plus récents proviennent majoritairement du français (25%), suivi de l’espagnol et du japonais (8% pour chaque langue), de l’italien et du latin (7%), des langues africaines, de l’allemand et du grec (6%), du russe et du yiddish (4%), du chinois (3%), et en beaucoup plus faible proportion, de l’arabe, du portugais, de l’hindi, du sanskrit, de l’hébreu, de l’afrikaans, de langues malayo-polynésiennes, du vietnamien, de langues amérindiennes, du suédois, du bengali, du danois, de l’indonésien, du coréen, du persan, de l’amharique, de langues eskimo-aléoutes, de l’irlandais, du norvégien et d’une trentaine d’autres langues.49

Si les emprunts son inhérents à toute langue, comme on peut le constater, c’est majoritairement à l’anglais que le français a emprunté, et le contingent le plus important des emprunts en anglais provient du français. Quelles motivations sous-tendent ces emprunts ? Nous nous interrogerons ici sur les raisons de l’emprunt, avant d’en repérer les différentes étapes, de préciser la nature des éléments empruntés, et finalement d’en étudier la typologie.

2. 1. Pourquoi emprunter ?

« Il n’est pas plus possible de prévoir la naissance ou le destin d’un mot que ceux d’un individu »50 écrit Pierre Guiraud. Parfois, des mots venus d’ailleurs abordent les rivages d’une langue et s’y installent, ou bien ils disparaissent avec la même fugacité qu’ils sont arrivés. Pour quelles raisons ces mots migrent-ils ? Quel accueil leur réserve-t-on de part et d’autre de

48 Ces statistiques sont données par Henriette Walter dans L’Aventure des mots français venus d’ailleurs, Le Livre de Poche, Paris, 1999, p. 17 à 22.

49 Cf. John Algeo et Carmen Acevedo Butcher, The Origins and Development of the English Language, 7th edition based on the original work of Thomas Pyles, Wadsworth, Stamford, 2013, p. 296.

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la Manche ? Comment les identifie-t-on ? Ces trois questions devraient permettre d’éclairer les différentes facettes de l’apparition de ces mots nouveaux que sont les emprunts.

2. 1. 1. Principales causes

Pourquoi aller puiser dans le patrimoine lexical d’autres langues ? Les raisons sont multiples, et peuvent être simplement liées aux différences culturelles évidentes entre pays. Il arrive en effet qu’une langue prenne connaissance de réalités étrangères et qu’elle se les approprie. Elle adopte alors par la même occasion le mot qui renvoie à cette réalité : c’est le cas pour le méchoui, que le français a pris à l’arabe, la corrida, empruntée à l’espagnol aussi bien par le français que par l’anglais, ou encore le kimono, du japonais.

Les motivations qui poussent à emprunter peuvent aussi être plus pratiques et refléter le savoir-faire d’une civilisation. On découvre ainsi qu’en français la plupart des termes du sport empruntés au XIXe siècle, le football, le green, ou encore le fair-play, proviennent de l’anglais. En anglais, le vocabulaire gastronomique doit beaucoup au français : galantine, orangeade, petit-four, vinaigrette. Un certain nombre de termes scientifiques, aussi bien en anglais qu’en français ont été légués par l’arabe : l’algèbre ou algebra, l’alchimie (alchemy en anglais) en sont quelques exemples. Le néerlandais a été prodigue de termes maritimes, dune, yacht, et a amené la harengaison, le hareng saur en anglais s’est aussi dit sore avant d’être obsolète et qu’on lui substitue le terme de red herring... Nombreux sont les domaines qui révèlent l’origine de telle ou telle connaissance, de tel ou tel savoir-faire.

Par ailleurs, l’emprunt est également indissociable de données historiques, voire politiques, et reflète alors le rayonnement économique et culturel d’une civilisation. La domination normande en Angleterre à partir du XIe siècle a permis l’introduction de termes en lien avec le domaine légal et social ou politique (abjure, adjournment, govern, judge, marriage, resign, warrant). De la même manière, la vague des italianismes au XVIe siècle en

France s’explique par l’alliance du trône avec la famille des Médicis (en 1533), et surtout par la régence de Catherine de Médicis (à partir de 1560) qui fait vivre la France à l’heure italienne. Le français doit à cette période l’opéra, la cadence, le concert, mais aussi la douche, la fourchette ou encore l’intrigue. Et c’est parce que les intellectuels français de la fin du XVIIIe siècle sont à la recherche d’une société idéale qu’ils s’inspirent du modèle anglais, lui empruntent des idées et les mots qui les véhiculent. Apparaissent alors le vote, la session parlementaire, mais aussi le libre penseur ou les vertus sociales, traductions de free thinker et social virtues. Les emprunts sont donc aussi liés aux changements sociétaux et aux évolutions du mode de vie : en français, la tranche de bœuf n’avait aucune raison de devenir un beefsteak puis un steak, ces termes sont nés avec l’apparition des viandes grillées.

Enfin, l’emprunt peut permettre d’enrichir et de préciser le vocabulaire. Les linguistes le savent, il n’y a pas de création linguistique ex nihilo et tout nouveau signe dans une langue prend appui sur d’autres signes. Or la création lexicale est une condition sine qua non lorsqu’il s’agit de combler ce que l’on appelle communément les lacunes lexicales, c’est-à-dire, en quelque sorte, les « trous » du lexique : en français, il n’existe pas, par exemple, de substantif exprimant le fait de boire. Parfois cependant, d’autres langues possèdent, dans leur fonds lexical, des signifiants recouvrant des signifiés qui ne sont pas encore lexicalisés dans la langue cible. Ainsi, on ne peut pas trouver, en français, d’équivalent exact au grec logos ou encore au bluff anglais, tout comme l’anglais a dû s’inspirer du français gentilhomme pour créer gentleman et répondre ainsi au besoin de la désignation. Le français comme l’anglais empruntent donc les termes qu’ils ne sauraient traduire et qui leur font défaut. Au fil du temps, les contacts entre civilisations ont favorisé les emprunts, qu’ils soient guidés par la recherche de nouvelles terres à conquérir et à exploiter, ou par le commerce international. Et la nécessité de ces mots se fait plus pressante encore à une époque où les réalités des autres

s’approchent des nôtres à l’aide de moyens de communication et de transport qui ont permis de rendre la planète plus petite.

Pour ce qui est du cas particulier du français et de l’anglais, les emprunts obéissent aussi à des raisons tant géographiques qu’historiques. D’une part, la proximité des deux territoires explique la facilité des contacts ainsi que des échanges importants, toutes époques confondues, que ces derniers soient d’ordre commercial ou intellectuel. D’autre part, l’histoire des deux nations n’a fait que renforcer les liens géographiques préexistants, que l’on pense à la conquête normande en 1066 et à ses conséquences sur le lexique, au modèle anglais de monarchie éclairée en vogue chez les intellectuels du XVIIIe siècle, ou encore à la domination américaine, étendue non seulement sur la France mais bien sur une bonne partie du monde, de l’après Seconde Guerre mondiale. Tous ces événements, évoqués plus en détail lors du chapitre précédent, éclairent les causes des va-et-vient lexicaux de part et d’autre de la Manche.

Qu’elles soient justifiées par l’histoire ou la géographie, menées par la volonté d’enrichir le lexique, de combler une lacune, ou bien qu’elles représentent un phénomène de mode, multiples sont les explications qui justifient l’emprunt et prouvent sa nécessité pour la vitalité de la langue, nécessité qu’illustre Alain Rey lorsqu’il écrit, dans Mille ans de langue française : histoire d’une passion, « les linguistes et les historiens savent qu’aucune langue vivante ne peut répondre aux besoins de la désignation dans un monde qui évolue vite sans recourir à l’emprunt. »51

2. 1. 2. Accueil réservé à l’emprunt

Bien que nécessaires, les emprunts ne connaissent pas tous un accueil des plus chaleureux en France où ils sont souvent perçus comme des envahisseurs, alors qu’ils ont

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généralement été mieux acceptés au Royaume-Uni. Inévitablement, tout dépend du prestige dont jouit la langue source et ceux qui la parlent, ou au contraire du mépris dans lequel ils sont tenus. Les mots empruntés peuvent alors se colorer en fonction de connotations péjoratives ou mélioratives : le bicot ou le crouille arabes arrivés en français à l’époque de la colonisation sont évidemment moins favorables que le clergyman ou le gentleman anglais adoptés au XIXe siècle. Comme le signale Henri Cottez, « les mots sont des instruments non seulement de désignation, mais aussi d’appréciation des réalités. Les signes sont rarement neutres »52 et la valeur prise par les termes empruntés est tout à fait révélatrice de l’image que l’on a de l’autre à une époque donnée.

Il en va de même pour l’accueil réservé aux emprunts, et de l’enthousiasme ou des récriminations qu’ils suscitent. Les réactions ont ainsi toujours oscillé entre engouement et protestation : les langues anciennes, le latin et le grec, par exemple, sont très en vogue chez les intellectuels des XVIe et XVIIe siècles, signe de la révérence ressentie pour les « géants » sur les épaules desquels se juchent les penseurs de l’époque. À l’inverse, on lutte beaucoup en France, à la même période, contre l’ « italianomanie » et l’Académie française répugne à admettre dans son célèbre dictionnaire des mots qu’elle juge inutiles pour le lexique français, attitude que critique sévèrement Fénelon :

J’entends dire que les Anglais ne se refusent aucun des mots qui leur sont commodes ; ils les prennent partout où ils les trouvent chez leurs voisins. De telles usurpations sont permises. [...] Les paroles ne sont que des sons dont on fait arbitrairement les signes de nos pensées. Ces sons n’ont en eux-mêmes aucun prix. Ils sont autant au peuple qui les emprunte qu’à celui qui les a prêtés.

52

Henri Cottez, « Sur quelques problèmes de dénomination » in Cahiers de lexicologie vol. L, Didier Erudition, Paris, 1987 I, p. 77.

Qu’importe qu’un mot soit né dans notre pays, ou qu’il vienne d’un pays étranger ?53

À cette même période, c’est-à-dire au XVIIe

siècle, les défenseurs d’un anglais purifié souhaitent également la création d’une Académie anglaise, à l’image de celles qui existent déjà en Italie ou en France, c’est-à-dire d’une institution qui statue sur l’à-propos des termes utilisés et, en particulier, sur la pertinence des emprunts. Mais le mouvement, mené entre autres chefs de file par Jonathan Swift ne connaîtra finalement pas d’écho et l’Académie anglaise ne verra pas le jour. Peut-être peut-on expliquer, du fait de son absence, la plus grande tolérance de l’anglais à l’égard des mots venus d’ailleurs.

Pourquoi certaines langues sont-elles stigmatisées alors que d’autres paraissent plus acceptables ? Jean-Claude Boulanger et Anna Malkowska amènent quelques éléments de réponse :

Les causes de la stigmatisation sont historiques et elles reposent souvent sur des facteurs extra-linguistiques comme le pouvoir politique, le poids économique, les développements techniques et scientifiques, la domination culturelle, etc. Le prestige de la langue véhicule à la fois une image positive et l’idée d’intrusion qui vient perturber profondément la langue d’accueil. Comme l’italien au XVIe siècle, l’anglais est aujourd’hui senti comme une menace pour l’avenir du français, alors que toutes les autres langues ne sont pas perçues comme des forces perturbatrices. Le cortège des emprunts faits à ces langues n’entame pas la précellence du français, au contraire ils en constituent des ornements bien vus, des enrichissements bien reçus. Ces langues exercent peu d’influence et elles savent

53 Fénelon, Lettre sur les occupations de l’Académie française, cité par Frédéric Houbert dans « Les Emprunts dans les dictionnaires juridiques » in Dictionnaires et mots voyageurs, coll. « Actes de Colloque », éditions des Silves, 2008, p. 213.

garder leur place. Quant à lui, l’anglais est trop visible ; il agace et il attire sur lui la désapprobation. Et les jugements viennent souvent de ceux qui le maîtrisent le mieux.54

En réalité, cette stigmatisation dont l’anglais fait l’objet aujourd’hui comme l’italien hier est assez amusante : le lexique anglais comporte lui-même un grand nombre de termes provenant du français, importés à l’occasion des invasions normandes du XIe siècle puis de la domination de ces mêmes Normands à la cour d’Angleterre, et quelques-uns des mots actuellement frappés d’ostracisme ne sont ni plus ni moins que des termes français. C’est le cas du challenge, mais nous y reviendrons. D’autre part, il semble que les emprunts soient mieux acceptés lorsqu’ils « font » français. Les termes élaborés pour des raisons scientifiques, quel que soit le côté de la Manche où ils ont vu le jour, se sont en effet beaucoup appuyés sur les langues anciennes, et les désignations en latin moderne choisies par Harvey pour la circulation (sanguine) ou par Newton pour la gravitation n’ont jamais été remises en cause. De la même manière, les termes crédible ou visible n’ont jamais été sujets à controverse, et pourtant ce sont bien des anglicismes. Leur physionomie latine les rendrait-elle plus acceptables aux yeux des puristes ?

En tout état de cause, depuis le désormais célèbre Parlez-vous franglais ?55 de René Etiemble, nombreuses sont les commissions qui se sont réunies afin de proposer des solutions de remplacement pour ces anglicismes décidément très envahissants. C’est ainsi que la Commission générale de terminologie et de néologie a proposé, en 2000, une liste de termes, dont il a déjà été question, à employer de préférence. Mais peut-on réellement influer sur les habitudes de langage des usagers ? Si le baladeur a effectivement destitué le walkman (qui était à l’origine une marque), la planche à roulettes n’est jamais parvenue à supplanter le

54 Jean-Claude Boulanger et Anna Malkowska, « Itinéraires croisés des emprunts en alimentation : "Les années Petit Robert" » in Dictionnaires et mots voyageurs, op. cit., p. 124-125.

skate-board, ce qui donne raison à Vaugelas lorsqu’il assurait, au XVIIe siècle qu’ « il n’y a qu’un maître des langues qui en est le roi, c’est l’usage. »56

2. 1. 3. Identification des emprunts

L’une des premières difficultés qui se pose lorsque l’on parle des emprunts est de bien les identifier. Si le smoking, le bel canto, le ketchup ou la razzia qu’on rencontre en français sont immédiatement ressentis comme étant d’origine étrangère, tout comme les termes chiaroscuro, je ne sais quoi, sauerkraut en anglais. Il est en revanche plus difficile de déceler l’origine italienne de la biscotte ou le caractère anglais de la redingote ; quant aux chenapans, ils ne sont pas reconnus comme n’étant que de nationalité allemande, et l’on imagine mal en anglais l’origine bas-allemande de clock, chinoise de ketchup ou française d’oyster.

Le problème qui se pose est que l’on a tendance à attribuer une nationalité aux mots en fonction de leur apparence. Or, un certain nombre d’emprunts avérés n’ont pas du tout l’aspect exotique qui caractériserait, pour certains, les mots d’origine étrangère. On peut donc établir qu’il existe, au sein des emprunts deux grandes catégories bien distinctes : ceux qui ressemblent à la langue cible, et ceux qui, au contraire, s’en différencient par la prononciation (le jazz et la pizza faisant retrouver au français les affriquées du Moyen Âge, bas bleu ajoutant le phonème [ø] à l’anglais), la graphie (du zénith ou des lieder dans les deux langues) ou la structure. Ces derniers seront nommés, en reprenant la terminologie proposée par Pierre Lerat57 et par John Humbley,58 des allogènes.

Ce sont les allogènes qui produisent le sentiment d’emprunt, sentiment qui, d’ailleurs, peut être trompeur : le ketchup, en français, paraît anglais, ou plus exactement

56 Propos cité par Ana Goldis dans « "Calque linguistique" dans le cadre du contact entre deux langues apparentées : le français et le roumain in Cahiers de Lexicologie vol. XXVIII, Didier Érudition, Paris, 1976, I.

57 Pierre Lerat, « Le Traitement des emprunts en terminographie et en néographie » in Cahiers de Lexicologie vol. L, op. cit., p. 137-144.

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américain. N’en met-on pas dans les hamburgers ? Mais il est en réalité chinois. Un macho ou une marina semblent espagnols, ils ont été empruntés à l’anglais. Et qui penserait que le stockfish est d’origine néerlandaise ? De la même manière, des termes empruntés reposant sur des constructions savantes à base grecque ou latine seront moins considérés comme des « intrus » : qui remettrait en cause le chromosome, pourtant façonné en allemand, ou la gravitation forgée par Newton en anglais sous l’influence du latin ?

À cela, il convient d’ajouter le phénomène des faux-emprunts ou pseudo-emprunts. Là encore, il est question de ressenti. Le smoking paraît anglais, soit. Il est la contraction de la smoking jacket des Britanniques. En revanche, on leur attribue un peu hâtivement le footing, le parking ou l’aquaplaning qui sont des produits français créés à l’aide d’une dérivation en -ing qui apporte une touche anglaise à des termes forgés en France. De la même manière, on trouve en anglais double entendre ou bon viveur, qui n’existent en français que sous la forme double sens et bon vivant, mais que tout locuteur anglophone identifie immédiatement comme

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