L’objectif principal de l’étude est d’évaluer les connaissances des patients sur les infections sexuellement transmissibles et de voir s’il y a des différences de connaissance en fonction du mode de consultation (CDAG ou MG).
A partir de la grille d’évaluation des connaissances (Annexe 1), une note moyenne sur 10 a été calculée à partir des réponses aux 20 questions. Lorsque des valeurs étaient manquantes, il leur était imputé la moyenne des réponses aux autres questions. Lorsque plus de 4 valeurs étaient manquantes, le questionnaire n’était pas utilisé.
1.Note moyenne dans les 2 populations
Dans les deux groupes, la note globale est supérieure à 7,5/10.
Dans le groupe CDAG, la note globale est meilleure de manière statistiquement significative par rapport au groupe MG (cf. tableau 4), avec une moyenne de 8,14/10 contre une moyenne de 7,6/10 en MG (p=0,0011).
Tableau 4 : Moyenne de la note globale au questionnaire selon le groupe CDAG et MG
Moyenne Ecart type p
CDAG 8,14 0,90
MG 7,6 1,24 0,0011
2.Pourcentage de bonne réponse par question
Les pourcentages de bonnes réponses par question et en fonction du groupe CDAG ou MG sont présentés dans le tableau 6.
a)Connaissances sur les moyens de protection contre le VIH lors d’un rapport sexuel
Dans l’ensemble de la population interrogée, 84% des répondants savent que le préservatif est le moyen le plus efficace pour se protéger contre le VIH lors d’un rapport sexuel. Ce pourcentage augmente lorsque l’on ne prend que les patients du groupe CDAG pour atteindre 88% alors qu’il n’est que de 79% en médecine générale. Cependant l’analyse statistique ne retrouve pas de différence significative entre les deux groupes mais seulement une tendance (p = 0,074).
b)Connaissances sur la transmission des IST
Plus de 97% des répondants savent qu’un seul rapport sexuel non protégé peut suffire à être contaminé par une IST, sans différence significative entre les deux groupes (98% en CDAG contre 97% en MG ; p= 0,403).
Par contre, seulement 77% savent qu’ils peuvent avoir une infection même en absence de symptôme alors que leur partenaire présente des symptômes, sans différence significative entre les deux groupes (78% en CDAG contre 75% en MG ; p = 0,442).
Pour le VIH, huit modes de contamination ont été testés auprès des participants.
Les deux modes de contaminations les mieux connus sont le rapport vaginal (98% de bonnes réponses) et la piqure par une aiguille usagée (86% de bonnes réponses), sans différence significative entre les groupes CDAG et MG.
Pour le risque de transmission lors d’une pénétration anale et lors d’un rapport bouche-‐ sexe, les patients consultant en CDAG sont mieux informés que les patients en MG, de manière statistiquement significative. Pour la pénétration anale, il y a 82% de bonnes réponses dans le groupe CDAG contre 62% dans le groupe MG (p = 0,001). Pour le rapport bouche sexe, il y a 70% de bonnes réponses dans le groupe CDAG contre 38% de bonnes réponses dans le groupe MG (p < 0,001).
La quasi-‐totalité des répondants sait qu’on ne peut pas être contaminé par le VIH en étant en contact avec la sueur d’une personne ayant le VIH (97%).
Par contre 12% des répondants pensent qu’il y a un risque de contamination en cas de piqure de moustique et 11% pensent qu’il existe un risque en utilisant les toilettes publiques, sans différence significative entre les deux groupes.
Bien que la connaissance sur l’absence de risque de transmission en buvant dans le même verre qu’une personne ayant le VIH soit bonne, il existe une différence significative entre les deux groupes avec un pourcentage plus élevé de bonnes réponses dans le groupe CDAG (97% contre 91% ; p = 0,036).
c)Connaissances sur les vaccinations
71% des répondants savent qu’il existe un vaccin contre l’hépatite B sans différence significative entres les deux groupe.
La vaccination contre papillomavirus n’est pas bien connue dans notre population, avec seulement 41% de répondants sachant qu’elle existe, sans différence significative entre les 2 groupes.
Par contre, plus de 93% des répondants savent qu’il n’existe pas de vaccin contre le VIH, sans différence significative entre les 2 groupes.
d)Connaissance sur les traitements
Un peu moins de 20% des patients interrogés pensent à tort qu’il est possible de guérir du VIH aujourd’hui, sans différence significative entre les 2 groupes.
85% des répondants savent qu’il existe un traitement pour guérir de la syphilis, sans différence entre les 2 groupes.
Tableau 5 : Pourcentage de bonnes réponses par question et selon le groupe CDAG et MG
QUESTIONS
Pourcentage de bonne réponse
(nombre de répondants)
Total (N = 212) CDAG (N = 111) MG (N = 101) p 1. Quels sont les moyens les plus efficaces pour se
protéger contre le VIH lors d’un rapport sexuel ?
84% (207) 88,29% (111) 79.17% (96) 0,074
2. Un seul rapport non protégé peut suffire à être contaminé par une IST.
97,57% (206) 98,18% (110) 96.88% (96) 0,403
3. Si mon/ma partenaire présente des sécrétions anormales au niveau du sexe, j’ai probablement moi aussi une infection même si je n’ai pas de symptôme.
76,53% (196) 77,78% (108) 75% (88) 0,442
4. Si mon/ma partenaire a fait les TESTS de dépistage et qu’ils sont NEGATIFS, je suis rassuré(e) et je n’ai pas besoin de faire le dépistage.
89,80% (206) 90,99% (111) 88.42% (95) 0,543
5. Je peux être contaminé(e) par le VIH lors d’un rapport vaginal ? 98,10% (211) 99,10% (111) 97% (100) 0,251
6. Je peux être contaminé(e) par le VIH lors d’une pénétration anale ? 72,51% (211) 81,98% (111) 62% (100) 0,001
7. Je peux être contaminé(e) par le VIH lors d’un rapport bouche sexe ?
54,5 % (211) 70,00% (110) 38% (100) < 0,001
8. Je peux être contaminé(e) par le VIH en buvant dans le même verre qu’une personne ayant le VIH ?
94,31% (211) 97,30% (111) 91% (100) 0,036
9. Je peux être contaminé(e) par le VIH en me piquant avec une aiguille usagée ?
86,26% (211) 86,49% (111) 86% (100) 0,918
10. Je peux être contaminé(e) par le VIH par une piqûre de moustique ? 88,62% (211) 88,29% (111) 89% (100) 0,871
11. Je peux être contaminé(e) par le VIH en étant en contact avec la sueur d’une personne ayant le VIH ?
97,16% (211) 97,30% (111) 97% (100) 0,707
12. Je peux être contaminé(e) par le VIH en utilisant les toilettes publiques ? 89,57% (211) 92,79% (111) 86% (100) 0,107
13. Suite à un rapport sexuel non protégé, je peux me procurer le ttt d’urgence aux urgences de l’hôpital ?
53,35% (170) 52,69% (93) 51.95% (77) 0,923
14. Peut-‐on guérir du VIH aujourd’hui ? 81,63%
(196)
82,24% (107)
80.90%
(89) 0,809
15. Existe-‐il un traitement pour guérir de la syphilis ? 85,71%
(154)
83,91% (87)
88.06%
(67) 0,465
16. Existe-‐t’il des risques pour la femme en cas d’infection à chlamydia ? 98,39% (127) 98,61% (72) 98.08% (52) 0,9
17. Existe-‐t’il un vaccin contre le VIH ? 93,71%
(175)
93,62% (94)
93.83%
(81) 0,708
18. Existe-‐t’il un vaccin contre l’hépatite B ? 70,86%
(175)
68,09% (94)
74.07%
(81) 0,385
19. Existe-‐t’il un vaccin contre la syphilis ? 77,84%
(176)
69,15% (94)
87.80%
(82) 0,003
20. Existe-‐t’il un vaccin contre le papillomavirus ? 40,91%
(176)
42,11% (95)
39.51%
C.Facteurs influençant les connaissances
L’objectif secondaire de cette étude est d’identifier les facteurs influençant ces connaissances. Pour cela, nous avons comparé les notes moyennes des patients selon leurs caractéristiques sociodémographiques, dans les groupes CDAG et MG.
1.Dans le groupe CDAG
a)Selon le sexe
La note globale n’est pas différente entre les hommes et les femme dans le groupe CDAG (cf. tableau 5), avec une moyenne de 8,07/10 pour les hommes et 8,19 pour les femmes (p=0,4920).
b)Selon l’âge
L’âge n’est pas un facteur influençant le taux de bonnes réponses avec des notes globales non différentes de manière statistiquement significative.
c)Selon le pays de naissance
Il n’y a pas de différence significative dans la note globale en fonction du pays d’origine.
d)Selon le niveau d’étude
Le niveau d’étude n’influence pas le niveau de connaissance.
e)Selon la pratique antérieure d’un dépistage
Dans la population CDAG, le fait d’avoir déjà pratiqué un dépistage dans le passé n’est pas un élément influençant les connaissances sur les IST.
f)Selon l’antécédent d’IST
Les patients ayant un antécédent d’IST ont une note moyenne plus élevée que les patients n’ayant pas d’antécédent d’IST (8,73 pour ceux ayant un antécédent d’IST contre 8,04 pour ceux n’en ayant pas ; p = 0,0076).