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nomie, répond en sub- sub-stance Francis Scherly,

Dans le document mm cef (Page 25-29)

professeur de tourisme à

l'Université de Lau-sanne. Reste que, pour se relancer, le tourisme suisse d'hiver a bien besoin d'idées.

Franc'u Scherly

A L L E Z S A V O I R ! / № 7 J A N V I E R 9 7 4 1

É C O N O M I E : F a u t - i l r e n o n c e r a u t o u r i s m e d u s k i ?

P

arce que la neige s'est faite plutôt rare ces der-nières années, et que le franc suisse était de plus en plus fort, le tourisme suisse a affiché une soudaine fai-blesse. Une quantité de sta-tions de moyenne monta-gne, dont de nombreuses vaudoises, se trouvent gra-vement menacées par cette crise. A la croisée des che-mins, elles hésitent entre plusieurs issues: faut-il réin-vestir dans des installations de ski fort coûteuses? Réin-venter un dynamisme tou-ristique qui a fait défaut?

Diversifier son offre au ris-que de perdre son identité?

Francis Scherly,

profes-seur de tourisme à l'Ecole des H E C de l'Université de Lausanne et responsable d'un bureau de conseil touristique à Montreux, est convaincu que l'espoir subsiste. Même si l'embellie demandera une volonté et une inventivité qui n'ont pas été l'apanage des responsables hel-vétiques ces dernières décennies...

Allez savoirl':D'après les statistiques, on a l'impression que le tourisme suisse se trouve plongé dans un marasme sané issue...

F r a n c i s S c h e r l y : Les chiffres sont mauvais, c'est évident. Mais si nous

crions au loup aujourd'hui, c'est parce que le tourisme a pris une place pré-pondérante dans notre économie, place qu'il n'occupait pas il y a 30 ou 40 ans. Actuellement, la moindre baisse de nuitées porte beaucoup plus à consé-quence qu'à l'époque. N o u s la vivons donc d'autant plus durement.

Les stations de moyenne montagne souffrent-elles vraiment d'un manque de neige ?

Sur un long laps de temps, on ne remarque pas vraiment un grand défi-cit en neige (lire encore l'article en page 46). Tout au plus peut-on mettre en avant cinq ou six dernières années peu enneigées, mais cette période est trop courte pour permettre de tirer une

conclusion définitive du type: «Nous aurons chaque année moins de neige».

N o t r e siècle a déjà connu plusieurs déficits d'ennei-gement comme celui que nous traversons actuelle-ment. Il n'y a donc aucune raison de renoncer au tou-risme du ski. Par contre, le réchauffement qui fait que l'enneigement, à quantité constante, a tendance à se limiter a u x s t a t i o n s à champs de ski élevés (plus de 2'000 mètres) est plus inquiétant.

Un éventuel manque de neige ne serait donc pas le seul facteur de difficultés pour les régions de moyenne montagne ?

Bien sûr que non. Concernant la baisse des nuitées étrangères, il faut bien montrer du doigt la hausse constante du franc suisse, hausse qui pourrait faire davantage de ravages encore en cas de balbutiements soute-nus des mécanismes conduisant à la monnaie unique européenne.

P o u r ce qui est de la baisse de nui-tées des touristes suisses, il faut mettre en exergue deux phénomènes qui sont liés l'un à l'autre. D ' a b o r d , l'Helvète notre boîte aux lettres est q u o t i d i e n n e m e n t remplie de publicités nous promet-tant la plage et le soleil à des prix très bas. Toujours plus de gens préfèrent avoir la chaleur assurée a u x Cana-ries dès 600 francs (avion, hôtel et demi-pension plus cher. Et dans le rapport qualité-prix, la notion de prix est souvent d e v e n u e p r é d o m i n a n t e .

Pourtant, voiui ne préconisez pas de moratoire aux investisse-ments dans les remontées mécaniques ?

N o n . Cesser d'investir, c'est mourir à petit feu. Aujourd'hui, p o u r être concurrentiel, il faut rester à la pointe de la technologie. Surtout en Suisse où le client s'attend à trouver une infra-structure de qualité. N o u s devons absolument entretenir et améliorer notre parc touristique. Se désengager reviendrait à faire écrouler un pan entier de notre économie. Les effets

induits seraient alors catastrophiques dans de multiples domaines allant de l'hôtellerie à l'emploi, du commerce à l'animation de stations qui se verraient extrêmement fragilisées du jour au len-demain. O n ne se rend souvent pas compte des ramifications importantes qu'a le tourisme dans l'ensemble de notre économie, de notre vie culturelle et sociale. L'investissement bien ciblé doit être poursuivi, comme c'est la cas en Gruyère où Moléson-Village et Charmey viennent de débloquer un crédit de 20 millions pour transformer les remontées mécaniques. Mais le seul effort financier n'est pas suffisant: on doit encore agir sur l'ensemble de l'offre pour créer des conditions-cadres différentes.

Qu 'entendez-vous par là ?

Il n'existe p a s de recette miracle, mais les solutions se t r o u v e n t à m o n a v i s d a n s u n e refonte conceptuelle et s t r u c t u r e l l e . C o n c e p -tuellement, les stations les mieux loties sont celles qui p a r v i e n n e n t à se créer une identité forte grâce à u n a t o u t t o u r i s -tique u n i q u e . Toutes ne p e u v e n t p a s se t a r g u e r d'être au pied du Cervin.

Il faut dont trouver, créer autre chose. O v r o n n a z et ses bains, S a i n t - L u c et son sentier planétaire, C h â t e a u - d ' O e x et ses ballons: voilà des idées p o r t e u s e s . Il faut aussi être souple et avoir du flair, savoir s'adapter a u x g r a n d e s modes:

Leysin frappe fort a u p r è s des s n o w -b o a r d e r s grâce à des installations spé-cifiques. U n e des solutions passe aussi p a r u n e diversification saisonnière.

A u j o u r d ' h u i , le tourisme estival des stations hivernales est un des plus sûrs espoirs p o u r la m o y e n n e m o n t a g n e . D e s stations y ont été créées p o u r l'hiver; m a i n t e n a n t , elles se s a u v e n t s o u v e n t grâce à l'été!

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É C O N O M I E : F a u t - i l r e n o n c e r a u t o u r i s m e d u s k i ?

TELEFERIQUE PUNACHAUX VALAIS SUISS

Et Jtructurellement ? Il faut revoir notre orga-nisation. Fini le temps où le r e s p o n s a b l e t o u r i s t i q u e pouvait faire n'importe quoi sans tenir compte de l'avis de la population. Fini le temps où chaque desti-nation agissait seule dans son coin. Fini le temps où le directeur de l'Office du tourisme devait être à la fois un gestionnaire, un administrateur, un anima-teur, un visionnaire et un vendeur. D a n s un monde à lamondialisationaccrue, la p r o m o t i o n t o u r i s t i q u e devrait se faire en grande partie à l'échelle d'offices régionaux ou cantonaux, et non plus à la seule échelle

communale. Surtout p o u r les petites et moyennes stations! Heureusement, les choses bougent, entre communes, entre régions, entre pays aussi. La création récente d'une Association des profes-sionnels du tourisme dans le Chablais franco-suisse ou l'association des trois restaurants tournants du pays (Leysin, Miirren et Saas-Fee) sont encoura-geantes. Il faudrait jeter un pont, au sens propre comme figuré, au-dessus du Léman, et au-dessus de la barrière des langues. Parvenir à relier de manière satisfaisante Lucerne à

Inter-laken par le rail serait un énorme atout (via le M o n -t r e u x - O b e r l a n d Bernois, en photo ci-dessous) pour les stations de Suisse occi-dentale et réciproquement.

On dtigmatùfc àouvent L'accueil helvétique.

L'accueil doit c e r t e s redevenir plus chaleureux.

Mais plus que l'accueil, c'est un front commun qui devrait être recréé au sein des destinations. Parvenir à unir tous les intervenants touristiques pour d o n n e r une identité forte à la sta-tion. Bannir les querelles de clocher débouchant sur

u n e c o n c u r r e n c e parfois malsaine.

C h a m p é r y (VS) vient

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de franchir un pas important: désor-mais, tous les hôteliers et para-hôteliers offrent des prix identiques par caté-gorie. Réserver un hôtel en pension complète permet d'aller dîner dans un autre établissement aux mêmes condi-tions financières. Et tous jouent le jeu d'accueillir le deuxième couple à moi-tié prix selon le nouveau slogan «Invi-tez vos amis à demi prix à Champéry ».

L'idée est excellente, l'image de la sta-tion s'en trouve renforcée. Et ça va dans le sens voulu par le public moderne qui cherche constamment la nouveauté.

Les stations de ski étrangères (françaises notamment) n 'ont-elles pas été plus dynamiques que les suisses ?

Pas forcément. La Suisse a inventé le tourisme moderne à la fin du X I Xe siècle et s'est un peu reposée sur ses lauriers. La France n'est arrivée sur ce marché qu'après coup et a donc appris immédiatement à se battre. Mais aujourd'hui, nous savons retrousser nos manches, comme eux. L'impression que vous décrivez vient surtout des taux de change: nos concitoyens ne vont pas forcément en Savoie parce que le tourisme y est mieux géré, mieux vendu et plus innovateur, mais surtout parce qu'il y est meilleur marché.

Finalement, vous êtes assez optimis-te pour notre tourisme hivernal ? Ce qui m'inquiète, ce sont les élé-ments sur lesquels nous n'avons pas prise, tel le cours de change ou la mul-tiplication croissante d'offres étrangères à prix croisés et de court terme. Mais mon optimisme naturel se base sur notre spécificité: notre cadre naturel fantas-tique constitue un atout extraordinaire, et l'arrivée de décideurs touristiques de qualité, jeunes professionnels curieux, créatifs et volontaires, beaucoup mieux formés que par le passé. Puissions-nous les comprendre et les encourager... La formation? Il n'y a que ça de vrai! Ce n'est pas un professeur d'université qui allait prétendre le contraire.

Propos recueillu par Nicolas Imhof

:

REGION MONTREUX-VEVEY

S o n l o u p - L e s A v a n t s

o u v e r t e

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