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Au niveau sous-régional

Dans le document Les Economies de l'Afrique centrale. (Page 123-130)

L’analyse de l’évolution économique de l’Afrique centrale en 2007 et 2008 a révélé l’exposition de la sous-région aux multiples chocs exogènes, notamment la crise financière internationale, la crise alimen-taire et l’envolée puis l’effondrement du prix des matières premières.

La crise économique actuelle semble remettre en question les progrès considérables accomplis par les pays de la sous-région au cours de la décennie écoulée. Ces derniers avaient rehaussé leur croissance

écono-mique suite aux progrès constants dans la stabilisation économique et dans la mise en œuvre de réformes et étaient parvenus à une relative stabilité politi-que. Dans ce contexte, il est impératif pour les pays de l’Afrique centrale de mettre en place des conditions visant à limiter les effets négatifs de la crise sur la croissance économique et la lutte contre la pauvreté, tout en préservant les progrès accomplis ces dernières

années, notamment la stabilité macroéconomique. Les stratégies recommandées sont les suivantes :

a) Protéger les catégories vulnérables

Il est essentiel de préserver les modestes acquis en matière de réduc-tion de la pauvreté et d’accès aux services sociaux de base, obtenus avant la crise. À cet égard, il est recommandé aux partenaires au développe-ment et aux gouvernedéveloppe-ments de :

– Maintenir à des niveaux suffisants les dépenses publiques consacrées à la santé, à

l’édu-cation ainsi qu’à la nutrition et à l’assainissement, pour ré-pondre aux engagements pris dans le cadre des OMD et du NEPAD. Il s’agit notamment d’allouer 20% de leur budget à

l’éducation, 15% à la santé et 10% à l’agriculture, tout en veillant à maintenir les grands équilibres macroéconomiques, comme par exemple les critères de convergence dans l’espace CEMAC.

– Adopter des politiques fiscales incitatives en vue de fournir/

renforcer les filets de sécurité sociale pour protéger les pauvres et sauvegarder les emplois. Ceci pourrait se faire par le biais d’une défiscalisation de certains produits pharmaceutiques ou la gratuité de certains services de santé et d’éducation. On peut ajouter à ces mesures des programmes de transfert

condition-Il est essentiel de préserver les modestes acquis en matière de réduction de la pauvreté et d’accès aux services sociaux de base, obte-nus avant la crise.

La crise économique actuelle semble remettre en question les progrès considérables accomplis par les pays de la sous-région au cours de la décennie écoulée. Ces derniers avaient rehaussé leur croissance économique suite aux progrès constants dans la stabili-sation économique et dans la mise en ouvre de réformes.

nels d’argent afin que les enfants défavorisés puissent continuer à aller à l’école, comme cela fut le cas en Indonésie pendant la crise asiatique de 1997-98 ou bien des subventions ciblées pour la consommation de biens de première nécessité.

– Prévoir des mesures de soutien, notamment par l’allégement des charges fiscales et sociales des entreprises opérant dans les filières sinistrées (bois, coton et mines notamment) en vue de limiter les licenciements et/ou de favoriser la réinsertion de ceux qui ont perdu leur emploi.

De telles mesures constituent des réponses appropriées pour cer-tains des pays pétroliers de la sous-région qui disposent d’importantes réserves, ou qui ont un compte courant excédentaire. En revanche, pour les pays de la sous-région notamment ceux qui sont en situation post-conflit et qui ont donc nettement moins de marge de manœuvre budgétaire, ces programmes doivent être une priorité de l’assistance des bailleurs de fonds.

b) Maintenir la stabilité macroéconomique et les objectifs de moyen et long terme

La plupart des pays de l’Afrique centrale traversent cette crise éco-nomique et financière dans de meileures conditions que lors des chocs précédents. Les réformes engagées au cours des dernières années pour le renforcement de la politique macro-économique les ont rendus relative-ment moins vulnérables.

Bien que la sous-région soit relative-ment mieux préparée pour affronter les chocs exogènes grâce à une meilleure mise en œuvre de la politique économique, elle demeure encore vulné-rable en raison de son niveau de pauvreté et de sa dépendance à l’égard des produits de base qui representent 85% du total de ses exportations.

Dans ces conditions, les pays de la CEEAC doivent : La plupart des pays de l’Afrique

centrale traversent la crise écono-mique et financière dans de meil-leures conditions que lors des chocs précédents.

– Maintenir la dynamique de croissance et de réformes de ces dernières années, en vue de préserver un degré suffisant de sta-bilité macroéconomique et d’amortir suffisamment les effets des chocs sur les catégories les plus vulnérables. Par exemple, dans le cadre de l’espace CEMAC, les critères de convergence doivent rester une référence, notamment en termes d’inflation, de solde budgétaire, de taux d’endettement public et de non accumulation d’arriérés de paiement.

– Améliorer la gouvernance et le climat des affaires. En ce qui concerne l’environnement des affaires et la bonne gouvernance, tous les indicateurs disponibles montrent que l’Afrique centrale demeure la sous-région du monde la moins attractive. Or réfor-mer le climat des affaires est aujourd’hui une priorité pour les pays de la sous-région du fait de l’influence significative de ce climat sur l’essor du secteur privé et, par conséquent, sur la croissance économique et la génération d’emplois et de moyens de subsistance. Dans cette perspective, plusieurs domaines d’in-tervention peuvent être identifiés : la réforme de la législation de l’emploi et du marché du travail afin d’introduire la flexibi-lité du travail et en même temps favoriser le passage du secteur informel vers le secteur formel. Ceci pourrait se faire par un renforcement du cadre de protection des droits de propriété et des droits économiques (y compris le respect des contrats et les droits des créanciers) ; la simplification du cadre adminis-tratif pour la création et la fermeture des entreprises ; le renfor-cement de la mise en application des dispositions légales concernant les activités économiques et les relations entre sec-teur privé et secsec-teur public.

– Promouvoir les investissements dans la transformation des pro-duits sous-régionaux dans le cadre de la poursuite des reformes structurelles. En effet, cette crise financière et économique pose le défi du développement d’un tissu industriel diversifié orienté vers la transformation de matières premières locales (produits d’origine agricole, bois, mines, etc.). Les pays exportatuers de pétrole de la sous-région notamment ceux qui ont accumulé d’importantes réserves doivent jouer un rôle actif dans la défi-nition et l’impulsion de la dynamique de diversification.Ils peuvent contribuer à accélerer le développment de pôles

indus-triels de spécialisation sous-régionaux grâce notamment aux renforcement des infrastructures et des interconnexions phy-siques (énergie, transport, télécommunications etc.).

– Renforcer la productivité agricole. La crise alimentaire que les pays de l’Afrique centrale ont vécue récemment constitue un paradoxe économique majeur. La sous-région se caractérise en effet par un environnement très favorable au développement d’une agriculture riche et variée. Les pays de la CEEAC doi-vent redonner à l’agriculture sa place prioritaire dans leurs éco-nomies afin d’assurer la sécurité alimentaire. Il faut organiser le secteur de la production des produits vivriers pour augmen-ter la production et assurer un marché à ces produits.

– L’augmentation de la productivité agricole exige de bonnes in-frastructures rurales. Ces dernières constituent des moyens pour atteindre les objectifs plus larges de réduction de la pau-vreté et de croissance économique. Elles contribuent à l’at-teinte de ces buts en assurant les services essentiels tels l’eau et l’assainissement, l’énergie pour la cuisine, le chauffage, l’éclai-rage ainsi que les activités commerciales génératrices d’em-plois, le transport des biens et des personnes, la transmission et la communication du savoir et des informations.

– Mobiliser les ressources internes pour la viabilité à long terme des efforts de développement de l’Afrique centrale. Les straté-gies de développment de la sous-région ne peuvent être soute-nues indéfiniment par les flux financiers externes. Les pays d’Afrique centrale doivent fournir davantage d’efforts dans la mise en place d’un processus dynamique et national d’accumu-lation de capitaux, d’intermédiation et de mobilisation.

– S’approprier et poursuivre les recommandations formulées par le comité des ministres des Finances africains et des gouver-neurs des Banques centrales dans son rapport soumis au som-met du G20 du mois de mars 2009.

c) Renforcer les mécanismes de surveillance des systèmes bancaires et financiers mondiaux L’ Afrique centrale n’a pas eu à faire

face à la présente crise financière systé-mique, ses banques commerciales ayant peu de liens directs avec les actifs toxi-ques qui ont touché les grandes places financières. Cependant, en raison du ralentissement de l’économie mondiale, les autorités monétaires sous-régionales doivent surveiller les vulnérabilités

financières, comme la montée des risques de crédit et une éventuelle contagion transfrontalière, et se protéger contre elles, étant donné que de nombreuses institutions financières d’Afrique centrale sont sous contrôle étranger.

d) Protéger le secteur de la microfinance

La microfinance est devenue au fil des années un acteur de premier ordre dans le financement du secteur privé d’Afrique centrale. Le contexte financier actuel pourrait apporter un frein à cette évolution positive. Les États devraient prendre les

mesures ci-après :

– garantir le remboursement des crédits accordés dans les secteurs touchés par la crise

(États, BEAC, BDEAC) à travers des subventions et le rachat des crédits à risque (titrisation sous-régionale) ;

– favoriser la création de filiales rurales d’Entreprises de Micro-finance (EMF) grâce à des législations ou alors des incitations des états sous-régionaux ;

– faire profiter les EMF de la récente baisse des taux d’intérêts de la BEAC dans l’espace CEMAC ;

L’ Afrique centrale n’a pas eu à faire face à la présente crise fi-nancière systémique, ses banques commerciales ayant peu de liens directs avec les actifs toxiques qui ont touché les grandes places financières.

La microfinance est devenue au fil des années un acteur de premier ordre dans le financement du secteur privé d’Afrique centrale.

– encourager la collaboration entre le système bancaire en surli-quidité et la microfinance à travers le linkage banking(qui est une forme de partenariat où les EMF possèderaient des comptes dans des banques et utiliseraient la liquidité de ces banques pour la mettre à la disposition de leur propre clientèle) ; – éviter la pratique des taux variables dans la microfinance pour

réduire la vulnérabilité des emprunteurs ;

– renforcer les rapports entre les EMF et sa clientèle par l’in-sertion des TIC dans les services proposés par les EMF, par exemple par le biais de la téléphonie mobile.

e) Maintenir le niveau des investissements

dans les infrastructures nationales et sous-régionales

L’ Afrique centrale fait d’ores et déjà face un déficit important sur le plan des infrastructures, tant au niveau sous-régional que national. Si aucune réponse adaptée à ce déficit n’est apportée d’une part, et que l’on ne fasse pas la promotion de l’intégration économique d’autre part, l’Afrique centrale ne sera pas en mesure de bénéficier du redressement à l’échelle mondiale. Pour réaliser cet objectif, les États devraient :

– Développer des plaidoyers pour un engagement plus subs-tantiel des bailleurs de fonds pour le financement des infra-structures sous-régionales.

– Promouvoir davantage le partenariat public-privé pour le finan-cement, la réalisation et la gestion des infrastructures.

f) Accélérer les mesures de dynamisation du marché sous-régional La crise actuelle présente une opportunité pour le marché sous-régional qui peut servir d’alternative à la baisse de la demande mondiale.

Pour tirer pleinement profit de cet avantage potentiel, les États devraient : – Renforcer la cohésion et la performance de l’espace

sous-régional comme catalyseur du développement ;

– Mettre en œuvre les dispositions communautaires de libre cir-culation des personnes et des biens ;

– Réviser/renégocier le TEC/CEMAC pour corriger les multiples distorsions répertoriées, concomitamment avec l’ouverture des négociations sur le projet de TEC/CEEAC.

g)Tirer profit des facilités mises en place

par les institutions multilatérales de financement

Le FMI, la BAD et la Banque mondiale, entre autres, se sont dotés d’instruments d’assistance visant à mobiliser les ressources qui seront mises à la disposition des États fortement affectés par la crise. Les États d’Afrique centrale devraient exploiter cette opportunité pour faire face aux effets négatifs de la crise.

h) Mettre en place un mécanisme de suivi de la crise

La crise n’étant pas encore passée, ses effets pouvant se faire ressen-tir plus longtemps que prévu et les données actuelles étant susceptibles d’évoluer, il est indiqué de mettre en

place sous la présidence d’un ministre de la sous-région, une cellule de veille qui assurerait un suivi régulier de l’évo-lution économique d’une part, et d’autre part prônerait des recomman-dations aux décideurs et acteurs écono-miques de la sous-région. Cette cellule

pourra contribuer aux travaux des comités et mécanismes de suivi ré-gionaux existants ou qui seront mis en place ultérieurement par des instituions africaines.

2.6.2.2. Au niveau national

Dans le document Les Economies de l'Afrique centrale. (Page 123-130)

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