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Deuxième partie : concepts et conditions météorologiques

I. Au niveau national :

Situé au nord-ouest du continent Africain, le Maroc s’ouvre à la fois sur l’océan Atlantique et la mer Méditerranée, ce qui lui fait un total d’environ 3000 km de côte. Avec une extension latitudinale allant du 37ème au 21ème parallèle, il s’étend sur une superficie de 700 000 km2, du détroit de Gibraltar jusque pratiquement aux confins sud du grand Sahara Africain. Il se caractérise par une géographie bien diversifiée : les plaines, de hautes chaînes montagneuses où de nombreux massifs dépassent les 3000 mètres (chaînes du Rif et de l’Atlas) et le désert.

L’appartenance du Maroc au bassin méditerranéen fait qu’il bénéficie, à l’exclusion des régions sud et sud-est à climat plutôt saharien, d’un climat de type méditerranéen : doux et relativement humide en hiver et chaud et sec en été [116]. C’est une zone de transition dans laquelle les systèmes extratropicaux et tropicaux sont en concurrence influençant l’occurrence d'événements climatiques modulés par le voisinage de la mer Méditerranée. Les mois d’octobre à mars, avec les plus forts cumuls de précipitations, constituent la saison humide méditerranéenne [117]. Etant donné que le climat du Maroc est plus influencé par l’océan Atlantique à l’ouest, par la Méditerranée au nord et le désert (Sahara) au sud et qu'il est localement modulé par les différents reliefs montagneux, la durée de la saison pluvieuse présente de légères différences spatiales (notamment entre le nord et le sud). Les mois d’octobre à mars constituent, néanmoins,

la période la plus humide dans la majeure partie du pays, et les mois d’hiver (décembre-janvier-février) reçoivent le maximum de la pluviométrie. Les mois d’été ont une pluviométrie faible et à caractère orageux en général. Ainsi, les cumuls pluviométriques varient de moins de 200mm au sud à environ 900mm au nord (Tanger) [118]. La figure 18 met en exergue la décroissance du nord au sud et d’ouest en est des cumuls pluviométriques annuels moyennés sur la période 1971-2000. Seules les hautes montagnes et l’extrême nord-ouest reçoivent des cumuls annuels dépassant les 800mm. La majeure partie du pays n’excède pas 400mm en moyenne annuelle. La forte variabilité interannuelle est aussi une caractéristique des précipitations méditerranéennes. Le coefficient de variabilité (rapport de l’écart-type à la moyenne) varie sur le Maroc de 30% à 40% à l’ouest à plus de 70% dans les régions sud [119, 120].

Figure 19 : Pluviométrie annuelle au Maroc calculée sur la période 1971-2000, d’après la Direction de la Météorologie Nationale, Maroc.

Différentes études antérieures ont montré l’influence des modes de la circulation extratropicale sur la variabilité interannuelle des précipitations marocaines et nord africaines. En particulier, l’Oscillation Nord Atlantique (ONA) exerce une grande

corrélées. Durant la phase positive de l’ONA (creusement de la dépression d'Islande et gonflement/intensification de l'anticyclone des Açores), le renforcement du gradient de pression méridional contribue à l’intensification de la circulation d’ouest sur le nord-est atlantique et le continent européen. Dans cette configuration, l’axe du rail des dépressions est orienté sud-ouest – nord-est et migre vers le nord, déviant ainsi les perturbations se formant au-dessus de l’atlantique vers le nord-ouest du continent européen [121, 122] qui bénéficie de conditions humides et douces. Les précipitations se trouvent alors réduites sur le Maroc comme sur le sud de l’Europe. A l’inverse, la phase négative correspond à un affaiblissement du gradient de pression méridional dans l’Atlantique Nord induisant une diminution de l’intensité des vents d’ouest. L’axe du rail des dépressions est alors clairement zonal, permettant le passage des perturbations atlantiques vers le sud de l’Europe et le bassin méditerranéen. La phase négative de l’ONA se trouve ainsi en faveur des précipitations au Maroc et au nord-ouest de l’Afrique [119, 123].

Néanmoins, l’influence de l’ONA sur la pluviométrie au Maroc se trouve affaiblie par la barrière de l’Atlas qui la limite principalement aux régions situées à l’ouest de cette chaîne montagneuse [119] ont attribué la plus grande part de la variabilité des précipitations de la partie méditerranéenne du pays à la température de surface de la méditerranée et aux dépressions locales. Rappelons qu’en utilisant les données issues du GHCN (Global Historical Climatology Network) [119, 124] ont distingué trois régions homogènes du point de vue pluviométrique reflétant la grande influence de l’orographie sur les caractéristiques spatiales de la pluviométrie au Maroc (Figure 20). La région I appelée ATL et couvrant la zone à l’ouest des montagnes de l’Atlas a une pluviométrie hivernale, influencée, en plus de l’ONA, par le déplacement vers le sud de la trajectoire

des perturbations des moyennes latitudes, les dépressions locales et les advections d’ouest ramenant de l’air humide. Les précipitations hivernales de la région II, appelée MED et correspondant au nord-est marocain, sont renforcées par les dépressions ouest-méditerranéennes, et par les advections d’air humide du nord-ouest. La région 3, appelée SOA, couvre les zones situées au sud des montagnes de l’Atlas. Sa pluviométrie hivernale, plus complexe, résulte entre autres du transport d’humidité de l’Atlantique au long du flanc sud des montagnes Atlas via un flux de sud, de l’activité cyclonique renforcée sur les îles Canaries et de l’occurrence de cyclones au sud-ouest de la péninsule ibérique [119].

Figure 20 : Définition des régions selon l’index pluviométrique ; (I) : région atlantique

L’influence des tropiques sur la pluviométrie nord-africaine a été aussi examinée par différents auteurs à travers le phénomène ENSO (El Niño-Southern Oscillation). Certains auteurs ont mis en évidence une certaine influence de l’ENSO sur les précipitations du nord-ouest de l’Afrique. La phase chaude (positive) du phénomène ENSO favoriserait, au Maroc, une réduction des précipitations notamment printanières [125].

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