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Section 2 Le rôle de la Communauté internationale dans l’aide aux petits États insulaires

A. Au niveau local

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Si les PEID doivent lutter efficacement contre le changement climatique et préserver leurs ressources halieutiques, on remarque assez rapidement que ces derniers n’ont pas les moyens suffisants pour une conservation effective.

Toutefois, le Chapitre 29 du deuxième volume du cinquième rapport du GIEC tente de démontrer l’importance fondamentale de la prise de mesures à l’échelle locale dans l’adaptation « in terms of maintaining sustainable agriculture and in disaster risk management »398. En effet, la meilleure option pour les PEID dans la conservation de leurs ressources halieutiques en cas de changement climatique est l’adaptation. Les États doivent essayer par leurs propres moyens de

Cinquième rapport du GIEC, « Climate Change 2014: Impacts, Adaptation and Vulnerability » (IPCC WGII AR5),

398

préserver leurs ressources halieutiques - ce qui semble logique du fait qu’ils sont sur les lieux où se localisent ces problèmes.

Ces ressources permettent à ces pays non seulement de gagner de l’argent - où l’agriculture joue un rôle moteur dans l’économie nationale -, mais est aussi une ressource de consommation première dans les PEID. Dans les Kiribati ou à Tuvalu, le poisson est la base principale de leur alimentation. Une préservation est donc souhaitable.

Les PEID essayent ainsi de gagner de l’argent en octroyant à des États tiers des licences de pêche, afin que ces derniers puissent profiter des ressources se localisant dans la ZEE; il s’agit par ailleurs du revenu principal des Kiribati comme l’a fait remarquer G. Stone, où 5% des revenus de la vente seront alloués à l’État, ce qui est disproportionné au regard des « récoltes ». Après plusieurs lectures, il est possible de constater que les PEID octroyant des licences de pêche sont clairement perdants; on note que les États pêchant dans ces zones tirent largement profit de leurs prises, au détriment des PEID.

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J. Veitayaki donne le meilleur moyen de conservation pour les PEID à l’échelle locale: « utilise their traditional knowledge and customs to organize themselves and be prepared for the impacts of sea level rise due to climate change »399. En effet, une des solutions d’adaptation serait d’utiliser leur méthodes ancestrales de conservation et de préservation des ressources halieutiques, en invoquant des coutumes locales. Cela pourrait notamment passer par la technique des « tabous », bien que celle-ci soit en soi insuffisante voire inadaptée en cas de changement climatique.

Défini par Maria Chapman comme « une loi ou un décret non écrit qui interdit l’utilisation d’une ressource particulière à une époque donnée, généralement afin de prévenir le déclin de cette ressource »400, le système des tabous permet de suspendre pendant une certaine période la pêche de poissons, dans le but que ces derniers puissent se régénérer. Ce système provient de coutumes locales ancestrales dont il a été fait référence dans divers instruments internationaux relatifs à l’environnement. Un respect de ces traditions en droit interne est alors nécessaire401.

Présent à Tuvalu, mais aussi aux Îles Marshall402, ce procédé permet donc une restriction des pêches. Cependant, concernant le lien entre les « tabous » et la conservation des ressources

VEITAYAKI (J.), « Pacific Islands and the Problems of Sea Level Rise… op cit p.62.

399

CHAPMAN (M.), « Environmental Influences on the Development of Traditional Conservation in the South Pacific

400

Region », Environmental Conservation, vol.12, n°3, Autumn 1985, p.220 cité par GIRAUD-KINLEY (C.), « L’avenir du droit coutumier local et la protection des ressources marines dans la région du Pacifique Sud », Paris, Annuaire du droit de la mer, INDEMER, Pedone, Tome 4, 1999, p.145.

GIRAUD-KINLEY (C.), « L’avenir du droit coutumier local… op cit pp.148-149.

401

Aux Îles Marshall cette technique se nomme « wetos ».

halieutiques en cas de changement climatique, on remarque que celui-ci est très faible, bien que cette technique apparaît comme une solution souhaitable dans le sens où elle permet non-seulement une régénération des poissons, mais aussi une préservation « en cas de coups durs »403.

Par ailleurs, le droit international tend à accepter les coutumes locales « qui sont

compatibles avec l’objectif de protection de la diversité biologique »404 405. En effet, certaines techniques de pêche utilisées par les PEID ne sont pas en adéquation avec la protection du milieu marin. On peut donner l’exemple de l’usage d’explosifs406 comme technique de pêche, qui bien qu’elle soit efficace par son effet dévastatrice, n’est pour autant aucunement respectueuse de l’environnement marin. Ainsi, cette technique de ne sera pas tolérée par le droit international puisqu’elle contribue à la destruction des ressources halieutiques.

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On peut aussi affirmer que ces PEID ne disposent pas d’experts en matière de changement climatique, qui pourraient leur transmettre les informations adéquates pour préserver leurs ressources et s’adapter efficacement. Mme Powers a pu noter cela, tout comme le fait que les connaissances locales ne sont parfois pas prises en considération407. Le GIEC a notifié cela dans son rapport. Selon ce Groupe, cette culture d’adaptation a aussi pu s’estomper par divers évènements tels que la mondialisation408. De ce fait, et comme l’a mentionné Ann Powers, l’aide internationale « is necessary not only in the form of financial resources, but also human capital »409.

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Si cette aide internationale doit se réaliser par une prise de conscience de la Communauté internationale, les PEID peuvent eux-aussi tenter de jouer un rôle de sensibilisation.

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