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Section 2 Le rôle de la Communauté internationale dans l’aide aux petits États insulaires

B. Au niveau international

Au niveau international, l’influence des PEID peut malgré toute attente se révéler assez efficace; en effet les PEID vont profiter de leur grand nombre pour se faire remarquer. Ainsi, ces

DAVID (G.), « Existe-t-il une spécificité insulaire face au changement climatique?… op cit p.259.

403

Passage en gras ajouté.

404

GIRAUD-KINLEY (C.), « L’avenir du droit coutumier local… op cit p.155.

405

Ibid p.156.

406

POWERS (A.), « Sea-level Rise… op cit p.170.

407

Cinquième rapport du GIEC, « Climate Change 2014: Impacts, Adaptation and Vulnerability » (IPCC WGII AR5),

408

Chapter 29, Small Islands, 31 mars 2014.

POWERS (A.), « Sea-level Rise… op cit p.170.

États que l’on peut considérer comme des Petits Poucet - pour reprendre le titre du conte de Charles Perrault -, pourront à certains moments disposer d’une force de géant.

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Cette « force » va se traduire dans un premier temps par la création du groupe nommé « Alliance des petits États insulaires » (AOSIS). Crée en 1990, sous l’influence notamment du premier Ministre tuvaluan, le groupe AOSIS est actuellement composé de 39 États membres répartis sur divers endroits géographiques, et de 5 États observateurs410; ce qui représente 20% des États membres de l’ONU, mais aussi 5% de la population mondiale, ce qui n’est pas à négliger411. Le géographe, Gilbert David a démontré que ce groupe - qualifié d’« a-régional » -, pouvait à juste titre être considéré comme une « Communauté de destin »412. En effet, il s’agit d’une alliance entre États qui sont liés par les mêmes préoccupations environnementales413 et qui souhaitent par l’intermédiaire de l’AOSIS revendiquer leur cause sur la scène internationale; l’AOSIS joue le rôle de tremplin pour ces petits États afin qu’ils puissent s’exprimer et être audibles devant des plus grandes puissances, qui tendent souvent à les négliger. Il s’agit d’une méthode audacieuse.

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De plus, l’AOSIS n’est pas seulement un « tremplin », il agit aussi en tant que porte-parole des PEID. En effet, l’AOSIS se revendique comme un « lobby ad hoc »414 qui sert de voix pour ces États au sein des différents organes de l’ONU415. Bien que cela puisse paraître surprenant de la part d’États qui ne disposent pas du même poids économique ou politique sur la scène internationale que les États-Unis ou encore la Chine; ce groupe arrive néanmoins à se faire entendre.

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L’AOSIS a notamment pu démontrer sa force dans différents forums internationaux, comme lors du Sommet de la Terre de 1992416, ou encore lors de l’établissement du Protocole de Kyoto où leur travail a servi de base pour l’adoption de cet instrument417. Natacha Bracq a insisté sur le fait que « pour la première fois dans l’histoire des Nations Unies, un groupe de petits États a développé un programme de négociations spécifique dans des secteurs qui le concernent directement et a réussi à voir ses préoccupations incorporées dans une Convention juridiquement contraignante,

http://aosis.org/about/members/

410

Ibid

411

DAVID (G.), « Existe-t-il une spécificité insulaire face au changement climatique?… op cit p.20.

412

BARNETT (J.), CAMPBELL (J.), Climate Change and Small Island States…op cit p.101.

413

http://aosis.org/

414

Ibid

415

LUCCHINI (L.), « L’État insulaire »… op cit. p. 337.

416

BRACQ (N.), Changement climatique et droit des États… op cit p.56.

d’importance historique »418. En 1999, lors de la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, « les représentants des PEID, dans leurs interventions, ont sans doute reconnu qu’ils étaient « gardiens » d’espaces océaniques étendus et qu’ils détenaient une part importante de la biodiversité, mais ils ont également insisté sur le fait que la gestion qu’ils faisaient de ces richesses était affectée dans l’intérêt de l’humanité et qu’elle était profitable à tous »419. Ils tentent ainsi de sensibiliser l’opinion par le fait que leur zone géographique est d’une grande importance vis-à-vis de la richesse biologique.

Par ailleurs, cette « force » des Petits Poucet a pu être visible lors du sommet de Copenhague de 2009 (COP 15) où Tuvalu « a réussi à faire suspendre la séance pendant plusieurs heures pour obtenir la création d’un groupe de travail qui aurait pour objectif d’amender le Protocole de Kyoto »420. On peut toutefois avoir un sentiment mitigé concernant ce Sommet. Si le COP 15 a réussi à démontrer l’audace de certains États, il a aussi démontré la faible coordination entre les États membres de l’AOSIS, comme ont pu le faire remarquer MM. Yamamoto et Esteban421. Néanmoins, lors du Sommet de Doha (COP 18), la voie a été ouverte pour que les populations victimes par la montée du niveau des eaux aient une meilleure protection422, ce qui peut être le début d’une prise en considération du cas des PEID.

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L’action internationale des PEID a aussi pu être effective par une intervention seule d’États. On peut mentionner brièvement Tuvalu qui a menacé de poursuivre l’Australie devant la CIJ pour « faire pression »423, pour une plus grande prise en considération de ses préoccupations. On peut tout de même mentionner que sur le plan national, des PEID ont pu prendre certaines mesures concernant la lutte contre le réchauffement climatique et la protection de leur ressources, mais que cela n’a pas été relayé par d’autres États424.

De plus il a pu être considéré que ce « lobby » international n’a pas été crée dans le but de lutter contre le changement climatique, mais au contraire pour tenter de se voir octroyer des aides financières. Il y aurait eu selon ces critiques une sorte d’instrumentalisation de la part des PEID, ce qui est tout de même peu vraisemblable dans la mesure où les PEID souhaitent être réellement

Ibid

418

LUCCHINI (L.), « L’État insulaire »… op cit. p. 360.

419

Ibid p.57.

420

YAMAMOTO (A.), ESTEBAN (M.), Atoll Island States and International Law… op cit p.115.

421

Ibid p.117.

422

BRACQ (N.), Changement climatique et droit des États… op cit p.58.

423

BARNETT (J.), CAMPBELL (J.), Climate Change and Small Island States…op cit p.112

sauvés de la montée du niveau des eaux, mais aussi avoir une collaboration dans la conservation des ressources halieutiques425.

On remarque alors, que la marge de manoeuvre des PEID à l’échelle internationale est assez limitée, malgré une audace du groupe AOSIS. L’aide extérieure est de plus en plus souhaitable; l’heure est comptée.

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§2 - Le rôle moteur externe

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L’aide sur le plan externe doit être effectuée à deux échelles conjointement: au niveau régional (A) et au niveau international (B).

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