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CHAPITRE 1- Contexte théorique

1.2 Obésité

1.2.3 Étiologie de l’obésité

1.2.3.3 Niveau d’activité physique

La dépense énergétique totale quotidienne varie considérablement selon le niveau d’activité physique (variation de la dépense énergétique liée à l’activité physique) ce qui pourrait avoir un impact sur la composition corporelle (Van Zant, 1992). Toutefois, les résultats des études longitudinales investiguant l’association entre les changements dans le niveau d’activité physique, la prise de poids et le développement de l’obésité ne sont pas concluants (Bak, Petersen, & Sorensen, 2004; Ekelund, Brage, Besson, Sharp, & Wareham, 2008; Petersen, Schnohr, & Sorensen, 2004; Preiss et al., 2015). En fait, la majorité de ces études ont suggéré qu’il y avait une association entre le niveau d’activité physique et le poids corporel au début de l’étude, mais les changements de niveau d’activité physique n’étaient pas associés à la prise de poids et le développement de l’obésité ultérieur (Ekelund, Brage, Besson, Sharp, & Wareham, 2008; Preiss et al., 2015).

Des données indiquent que le niveau d’activité physique aurait diminué drastiquement depuis les 50 dernières années (Dong et al., 2016; Hayes et al., 2005). Les changements de notre environnement pourraient être la cause de cette diminution (Hill & Melanson, 1999). Les progrès technologiques et des modes de transport ont réduit la nécessité d’une activité physique dans la vie quotidienne. De même, dans notre milieu de travail, une grande partie de la population n’a plus à dépenser d’énergie pour accomplir les tâches. En effet, des données scientifiques ont suggéré que la dépense énergétique liée au travail a diminué de 100 kcal/jour chez les hommes et les femmes dans les cinq dernières décennies (Church et al., 2011).

D’autre part, l’utilisation des ordinateurs, des jeux vidéo et de la télévision ont augmenté le temps passé à des activités sédentaires. Comparativement à d’autres groupes d’âge, les personnes âgées sont les plus sédentaires (Harvey, Chastin, & Skelton, 2013). Certaines études ont démontré que les personnes âgées de 60 ans et plus passe environ 80 % de leur temps d’éveil à des activités sédentaires, soit entre 8 et 12 heures par jour (Matthews et al.,

2008). Dans une revue systématique, Harvey et al. (2013) ont rapporté qu’environ 60 % des adultes âgés de 60 ans et plus passent plus de 4 h par jour assis, 65 % passent plus de 3 h par jour devant un écran et 55 % regardent plus de 2 h par jour la télévision (Harvey et al., 2013).

D’un autre côté, certaines études ont démontré que le temps consacré aux activités physiques de loisir est demeuré stable ou a même un peu augmenté depuis les 50 dernières années aux États-Unis (Brownson, Boehmer, & Luke, 2005; Mielke, Hallal, Malta, & Lee, 2014). Cependant, cette augmentation n’a pas été en mesure de compenser la diminution importante de la dépense énergétique liée au travail, au transport et aux tâches de la vie quotidienne (Brownson et al., 2005; Hill & Melanson, 1999; Mielke et al., 2014). Ces comportements sédentaires ont été fortement associés au développement de l’obésité (Fulton et al., 2009; Kautiainen, Koivusilta, Lintonen, Virtanen, & Rimpela, 2005). Ces observations ont été confirmées par d’autres études longitudinales (Brownson et al., 2005; Golubic et al., 2015; Hankinson et al., 2010).

Le volume d’activité physique nécessaire pour prévenir un gain de poids est difficile à quantifier. Selon Di Pietro et coll. (2004), un niveau d’activité physique de 1,46 à 1,60 fois le métabolisme de repos quotidien serait suffisant afin de prévenir un gain de poids (Di Pietro, Dziura, & Blair, 2004). D’autre part, les recommandations actuelles suggèrent que ≥ 150 min/semaine (7,5 MET-h/semaine) d’activité physique d’intensité modérée pourrait induire des avantages substantiels pour le poids corporel et pour la santé générale (Haskell et al., 2007). D’autres données suggèrent que 60 min/jour, l’équivalent de 420 min/semaine d’activité physique d’intensité modérée serait nécessaire pour éviter le gain de poids et le développement d’obésité (Swift, Johannsen, Lavie, Earnest, & Church, 2014). Le manque d’évidences scientifiques ne nous permet pas d’avoir de réponse claire. Selon une revue publiée en 2010 par Lee et coll., les groupes moins actifs (<7,5 MET-h / semaine et entre 7,5 et 21 MET-h / semaine) avaient un gain de poids moyen ≥2,3 kg (5 lbs) sur une période de 3 ans comparativement au groupe le plus actif (21 MET-h / semaine, soit l’équivalent de ≥420

min / semaine d'activité d'intensité modérée). Les chercheurs ont également observé que les femmes qui avaient un IMC < 25 kg/m² au début de l’étude, et qui ont pu maintenir leur poids normal tout au long du suivi de 13 ans, ont rapporté une pratique d’activité physique modérée moyenne de 60 min/jour (Lee, Djousse, Sesso, Wang, & Buring, 2010). Dans une autre revue systématique, Fogelholm et coll., (2000) ont rapporté qu’entre 80 et 300 min/semaine d’activité physique seraient nécessaires pour maintenir un poids de santé (basé sur l’IMC) (Fogelholm & Kukkonen-Harjula, 2000). Les chercheurs ont aussi rapporté que les individus qui ont réussi à maintenir leur poids corporel dépensaient en moyenne 450 kcal/jour de plus d’énergie associée à l’activité physique comparativement à ceux qui rapportaient un regain de poids corporel (Fogelholm & Kukkonen-Harjula, 2000). D’autres études ont examiné l’effet du volume d’activité physique par semaine sur le poids corporel suite à un programme de perte de poids (Ewbank, Darga, & Lucas, 1995; Hartman, Stroud, Sweet, & Saxton, 1993; Schoeller, Shay, & Kushner, 1997). Les résultats de ces études ont démontré que les individus ayant un faible volume d’activité physique rapportaient un regain (après une perte de poids significative) de poids corporel annuel entre 5 et 8 kg comparativement à ceux qui avait un haut niveau d’activité physique. Finalement, les chercheurs ont conclu qu’une augmentation de la dépense énergétique liée à l’activité physique entre 1500 et 2000 kcal/semaine pourrait favoriser un meilleur maintien de poids (Fogelholm & Kukkonen-Harjula, 2000).

Sur la base des résultats des études motionnés ci-dessus, il est difficile de quantifier avec précision le volume d’activité physique nécessaire pour prévenir le gain de poids corporel. En effet, le volume d’activité physique nécessaire doit être prescrit en fonction des caractéristiques et des besoins spécifiques des individus. Il existe une très grande variabilité interindividuelle, laquelle fait en sorte que les besoins changent grandement d’un individu à un autre. De nombreuses données scientifiques ont démontré que de changements de l’activité physique et de l’alimentation serait une stratégie intéressante pour prévenir le gain de poids corporel et le développement d’obésité (Balk et al., 2015; Johns, Hartmann-Boyce,

Jebb, & Aveyard, 2014; Li et al., 2015). Hill et coll. (1998) ont démontré que les individus qui suivent un programme d’intervention combinant des niveaux élevés d’activité physique avec une restriction calorique avaient un très faible risque de développer l’obésité (Figure 8).

Figure 8. Interaction entre le niveau d’activité physique, l’alimentation et le risque de développer l’obésité

Tiré de Hill et coll. (1998)

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