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CHAPITRE 1- Contexte théorique

1.5 Obésité et complications cardiométaboliques : Stratégies de prise en charge

1.5.2 Interventions nutritionnelles

Des études ont démontré qu’une perte de poids de 5 à 10 % du poids initial permet d’amélioration la santé cardiométabolique et la santé générale (Lau et al., 2007). Afin d’atteindre cet objectif, plusieurs types d’interventions nutritionnelles ont été suggérées (Arguin et al., 2012). Parmi celles-ci, les diètes restrictives sont les plus connues (Arguin et al., 2012). D’autres interventions nutritionnelles existent mais ne sont pas présentées dans ce tableau, telles que le jeûne thérapeutique (Johnson & Drenick, 1977); la diète méditerranéenne (Kastorini et al., 2011) et la diète riche en protéines (Abete, Astrup, Martinez, Thorsdottir, & Zulet, 2010; Layman et al., 2009).

Les diètes restrictives diffèrent selon le degré de restriction calorique (légère vs modérée vs sévère) et selon la composition en macronutriments (Johnstone, 2007). La U.S. Department of Agriculture’s recommande une diète sécuritaire contenant 7 différents macronutriments essentiels afin d’avoir une santé optimale : protéines : 10 % à 35 %, glucides : 40 % à 45 %, lipides : 20 % à 35 %, gras saturés : < 10 %, cholestérol : < 300 mg/j, fibres : homme : > 30 g/j et femme : > 25 g/j, et sodium : < 2400 mg/j (USDA, 2005). En général, la majorité des diètes restrictives peuvent aider à perdre du poids corporel (Abete, Parra, & Martinez, 2008; Abete, Parra, Zulet, & Martinez, 2006; Clifton, 2008; Foreyt et al., 2009; Strychar, 2006). Toutefois, leur efficacité sur la composition corporelle et le profil de santé dépend en partie de la sévérité de la diète et de sa composition en macronutriments (Chaston & Dixon, 2008; Johnstone, 2007).

1.5.2.1 Effet sur la perte de poids et la masse grasse

Indépendamment de sa composition en macronutriments, la diète restrictive peut induire une perte significative de masse grasse, mais aussi de masse musculaire (Miller, Koceja, & Hamilton, 1997). Selon Jakicic et coll. (2001), dans des conditions où la dépense énergétique est stable, une restriction calorique de seulement 500 kcal/j peut théoriquement induire une perte de poids de 0,45 kg par semaine (Jakicic et al., 2001); ou l’équivalent d’une perte de 10 % du poids initial après 6 mois. Plus la restriction est élevée et maintenue pendant une

certaine période de temps, plus la perte de poids sera importante. Cette perte de poids est due à une perte de masse musculaire et masse grasse. Des études ont démontré que le ratio perte de masse musculaire / perte de masse grasse varie en fonction de la sévérité de la diète restrictive. Les diètes restrictives légères/modérées permettent une plus grande perte de masse grasse, particulièrement viscérale ainsi qu’une meilleure préservation de la masse musculaire (qui pourrait être problématique en cas d’une faible force musculaire), comparativement aux diètes restrictives sévères (Arguin et al., 2012; Chaston & Dixon, 2008; Johnstone, 2007). Toutefois, quelle que soit la sévérité de la diète, le maintien de la perte de poids à long terme reste un défi à surmonter (Curioni et al., 2005).

D’autre part, face à la faible réussite pour maintenir le poids perdu à long terme suite à une diète restrictive (Soeliman & Azadbakht, 2014), plusieurs études ont tenté de mieux comprendre l’impact de différentes diètes restrictives en fonction de la composition en macronutriments (Sacks et al., 2009; Soeliman & Azadbakht, 2014). Sack et coll. (2009) ont démontré qu’après 6 mois d’intervention, les participants avaient perdu environ 7 % de leur poids initial, sans différence significative entre les groupes selon la composition en macronutriments de la diète suivie (faible en gras/faible en protéines vs faible en gras/modérée en protéine vs riche en gras/faible en protéine vs riche en gras/modérée en protéine) (Sacks et al., 2009).

Les études ayant investigué les effets de la sévérité et de la composition en macronutriments des diètes restrictives sur la perte de poids et la masse grasse à court et à long terme n’ont pas réussi à identifier une approche optimale (Soeliman & Azadbakht, 2014). Il semble que toutes les diètes restrictives, indépendamment de leur sévérité et de leur composition en macronutriments, permettent de perdre du poids corporel (Arguin et al., 2012). Cependant, certains types de diètes favoriseraient une perte plus importante de masse grasse que d’autres (Arguin et al., 2012). De plus, la perte de poids et de masse grasse à long terme semble être difficile à maintenir (Soeliman & Azadbakht, 2014). Des études sur une échelle populationnelle devront être réalisées afin de valider les observations rapportées en ce qui

concerne l’efficacité des diètes restrictives en fonction de leur sévérité et leur composition en macronutriments et surtout d’identifier les barrières rendant le maintien de la perte de poids à long terme une tâche difficile à accomplir.

1.5.2.2 Effet sur le profil de santé

Quel que soit le type de la diète restrictive adopté, il semble que ces dernières ont un effet bénéfique sur la santé générale. En effet, les études investiguant les effets de la restriction calorique ont démontré que celle-ci augmentait la longévité chez les rongeurs, les levures, les vers, les araignées, les mouches, les poissons et les chiens (Heilbronn & Ravussin, 2003; Masoro, 2009; Weindruch, Walford, Fligiel, & Guthrie, 1986). Chez les humains, il a été démontré que la restriction calorique entraine une amélioration des bio-marqueurs associés à la longévité (Heilbronn et al., 2006; Redman & Ravussin, 2011). Des études ont démontré qu’une perte de poids de 5 à 10 % du poids initial induite par la restriction calorique permet d’améliorer les taux de cholestérol total, de LDL-cholestérol, de triglycérides et de HDL- cholestérol (Klop, Elte, & Cabezas, 2013). Selon les résultats d’une méta-analyse effectuée par Dattilo et coll. (1992), un kilogramme de perte de poids serait associé à une diminution de 0,05 mmol/l du cholestérol total, de 0,02 mmol/l des LDL-cholestérol et 0,015 mmol/l des triglycérides (Dattilo & Kris-Etherton, 1992). Heilbronn et coll. (1999) ont démontré qu’une perte de poids moyen de 6,6 kg a permis d’améliorer le contrôle glycémique et la pression artérielle chez des individus obèses et diabétiques de type 2 (Heilbronn, Noakes, & Clifton, 1999). Ces résultats ont été confirmés par certaines études plus récentes (Neter, Stam, Kok, Grobbee, & Geleijnse, 2003; Wing et al., 2011), mais pas par d’autres (Ross, Janssen, & Tremblay, 2000). En effet, contrairement à Ross et coll. (2000), les résultats d’une méta- analyse publiée par Neter et coll. (2003) ont démontré qu’une perte de poids supérieure ou égale à 5 kg induite par la restriction calorique était associée à une diminution de la pression artérielle systolique et diastolique de repos de l’ordre de 3,6 mmHg (95% CI, −4.88 to −2.25) et 4,4 mmHg (95% CI, −5.93 to −2.95), respectivement (Neter et al., 2003). De même pour la glycémie à jeun et la sensibilité à l’insuline, certaines études ont rapporté des

améliorations significatives suite à une perte de poids induite par une diète restrictive (Myette-Cote et al., 2015; Thomson et al., 2008), alors que d’autres non (Meckling & Sherfey, 2007). À titre d’exemple, Karason et coll. (1999) ont démontré qu’une perte de 5% de poids corporel était associée à une diminution de taux de glucose plasmatique, d’insuline et d’HbA1c chez les individus atteints de diabète de type 2 (Karason, Molgaard, Wikstrand, & Sjostrom, 1999), alors que Wing et coll. (1994) n’avaient observé aucun changement (Wing, Blair, Marcus, Epstein, & Harvey, 1994). Ces différences pourraient être expliquées en partie par les changements dans la composition corporelle (masse grasse viscérale, masse maigre) induites par la restriction calorique (Brochu, Tchernof, Turner, Ades, & Poehlman, 2003; Normandin, Doucet, Rabasa-Lhoret, & Brochu, 2015).

Les améliorations observées sur le plan cardiométabolique se traduisent généralement par une réduction de la sévérité du syndrome métabolique (réduction du nombre des composants du syndrome métabolique) (Rothberg et al., 2017), ainsi qu’une diminution du risque de développer une maladie cardiovasculaire (Eilat-Adar, Eldar, & Goldbourt, 2005) et le diabète de type 2 (Moore, Zgibor, & Dasanayake, 2003). Cependant, malgré ces résultats prometteurs, certaines études ont démontré des réponses négatives pour certains sous- groupes après une perte de poids induite par une diète restrictive (Hong, Li, Wang, Elashoff, & Heber, 2005a; Karelis, Messier, Brochu, & Rabasa-Lhoret, 2008; Myette-Cote et al., 2015). En d’autres mots, pour certains individus obèses, la perte de poids ne mène pas systématiquement à une amélioration de la santé cardiométabolique, et elle pourrait même se traduire par une détérioration de leur profil cardiométabolique. Ces résultats démontrent que l’obésité est une condition hétérogène.

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