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Chapitre 3 : Recension des écrits 33

3.2 Portrait des interventions préhospitalières et des usagers 47

3.2.2 Nature des demandes et états de santé 51

De façon globale pour la population québécoise, on rapporte que pour toutes tranches d’âge confondues, la première cause de décès est dorénavant le cancer (33 % des décès). C’était auparavant la maladie cardiaque. Les problèmes respiratoires et les traumas apparaissent aux troisième et quatrième rangs. Les protocoles cliniques préhospitaliers sont actuellement expressément orientés vers les détresses cardiaques, respiratoires et traumatiques (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2009).

En matière de soins palliatifs, aucune intervention particulière n’est encore définie dans le cadre des interventions préhospitalières, sinon le respect des demandes de non-réanimation au moment de la survenue de l’arrêt cardiorespiratoire (Institut national de santé publique du Québec, 2006). En comparaison des autres causes de décès précédemment identifiées, les enjeux liés au cancer sont différents en milieu préhospitalier.

Une étude californienne récente a identifié que les techniciens ambulanciers paramédics se questionnaient sur le rôle à jouer relativement aux demandes liées à un épisode de fin de vie. Les intervenants rapportaient avoir eu à intervenir dans un cas complexe à au moins une reprise, certains à au moins cinq reprises au courant de la dernière année (Stone et al., 2009). Pour un même état d’instabilité, la demande d’aide pour une personne présentant un état instable en fin de vie n’exigera pas le même niveau ni le même type de soins que pour une personne aux prises avec un malaise de novo (Ingleton, Payne, Sargeant, & Seymour, 2009). Nous constatons que la complexité des interventions réside parfois dans le fait que les personnes en fin de vie peuvent avoir convenu avec leur médecin d’un niveau de soins particulier qui n’est pas aussi finement défini dans les SPU qu’en médecine palliative. Les usagers et leur famille peuvent y percevoir un manque de respect de leurs

droits lorsque les techniciens ambulanciers paramédics ne sont pas en mesure de respecter leurs souhaits.

Les diverses problématiques liées à la santé qui suivent sont possiblement associées au plus grand nombre d’interventions effectuées par les techniciens ambulanciers paramédics. Dans le groupe des 65 ans et plus, la chute avec blessures est l’une des plus fréquentes avec un taux d’incidence de 5 % chez les femmes et de 3 % chez les hommes. Après les demandes provenant du 9-1-1 et les transports liés à une situation « 26-personne malade », diagnostic spécifique (voir tableaux IV et V, p.55 et p.56), les chutes représentent la situation clinique la plus fréquente pour laquelle on demande les SPU et qui nécessitent un transport effectué par les techniciens ambulanciers paramédics chez Urgences-santé.

Toutes catégories d’âge confondues, l’hypertension, l’arthrite, la migraine et l’asthme comptent parmi les problématiques de santé les plus rapportées des Québécois (MSSS, 2010a). Il est cliniquement possible, sans pouvoir le confirmer, qu’une partie des interventions effectuées fussent liées à ces diagnostics. On peut entrevoir que ces problèmes chroniques sont associés aux états aigus ou non et qui pourraient être associés aux interventions faites pour des situations cliniques telles que « 6. Problèmes respiratoires, « 5. Mal de dos non traumatique», « 18-Mal de tête », « 28-Accident vasculaire cérébrale/Paralysie » (voir tableaux IV et V, p.55 et p.56).

Pour les problèmes de santé mentale, les problématiques les plus rapportées sont celles du stress élevé (26 %) et les troubles de santé mentale telles que la dépression majeure (4,8 %), la phobie sociale (2,0 %), le trouble de panique (1,4 %), ainsi que la dépendance à l’alcool (1,9 %) (Statistique Canada dans Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010a). Ces problématiques ne génèrent pas autant de demandes et de transports chez les plus de 65 ans que chez les moins de 65 ans : 1704 demandes pour

« 25.Problèmes psychiatriques/de comportement/tentative de suicide » contre 10 622 et 1790 transports contre 11 970 (voir tableaux IV et V, p.55 et p.56).

Les trois principales incapacités touchant les Québécois et générant une demande accrue pour des services de santé sont : la mobilité20 (9 %), l’agilité21, (8 %), et la douleur22, (8 %). Elles touchent plus de 500 000 personnes (Institut de la statistique québécoise, 2010 dans MSSS, 2010 a). Le taux de prévalence des incapacités est plus élevé chez les 65 à 74 ans, (22 %), et les 75 ans et plus, (46 %). Les patients rencontrés dans le cadre de notre carrière présentent rarement des états instables, mais fréquemment des besoins liés à ces incapacités. Ces situations sont associées aux chutes liées aux séquelles d’accidents vasculaires cérébraux ou encore à des spasmes dorsaux. La nature des cas rapportés ici (voir tableau V p.56) et ailleurs dans le monde présente des tableaux similaires (Clark et Fitzgerald, 1999; Shah et al., 2003).

Une autre catégorie de raisons motivant un transport chez les 65 ans et plus est la demande faite par une tierce personne ou un professionnel de la santé (Shah et al. 2003; Keskinoglu, et al. 2009). La Suède a aussi évalué le cas de 1 977 patients ayant choisi de faire la demande des services ambulanciers. À partir de critères théoriques, ils ont évalué leur état de santé et conclu que le tiers de ceux-ci ne présentaient aucune condition nécessitant des soins préhospitaliers d’urgence. La principale demande était reliée à un besoin

20   Capacité à marcher, à monter ou descendre un escalier   21  Capacité à se nourrir, se vêtir, conduire un véhicule     22  18 % de ces douleurs sont reliées aux maux de dos.  

d’être transporté couché, par sécurité ou nécessité, pour obtenir des soins hospitaliers 23 (Hjälte, et al. 2007).

Chez les usagers de 65 ans et plus rencontrés par les techniciens ambulanciers paramédics chez Urgences-santé, pour les interventions dont on connait l’âge du patient, les priorités d’interventions montrent que 37 079 déplacements se sont faits en mode urgent, avec gyrophare et sirènes, contre 45 169 en mode non urgent (voir tableau III, p.50). À la première lecture, ces données laissent croire que les demandes faites par l’appelant sont principalement non urgentes initialement, comme observé en Suède.