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Chapitre 3 : Recension des écrits 33

3.1 Le rôle du technicien ambulancier paramédic québécois et ses différentes

3.1.1 Définition de la pratique au Québec 33

3.1.1.3 Cadre de la pratique 35

Pour encadrer le contrôle de cette pratique, le législateur a retenu celui d’un registre national géré par la direction des SPU. Il est entré en fonction le 31 mai 2011 bien qu’il soit projeté dans la loi depuis 2002. Le fonctionnement général est très ressemblant à celui de l’inscription au tableau d'un ordre professionnel. Les limites de son champ de pratique sont déterminées dans le cadre du règlement sur les activités médicales permises en SPU (2011). Conséquemment, le technicien ambulancier paramédic n’agit pas comme professionnel de la santé au sens de la loi.

Relativement à cette situation, c’est en 1995 que l’Association professionnelle des paramédics du Québec manifestait sont souhait de reconnaissance officielle de cette nouvelle profession. Un premier mémoire avait alors été déposé à l’office des professions à cet effet. En 2007, le directeur national des SPU représentant le MSSS s’est aussi positionné pour une tendance

certaine à la professionnalisation de du métier ainsi qu’à un élargissement de la pratique en appuyant leur rôle d’influence dans le cadre d’épisodes de soins de l’usager auprès des multiples partenaires du réseau (Lefrançois, 2007).

Pour le moment, le contrôle même des pratiques et la nature du développement des programmes de services aux usagers et de la formation continue des intervenants reposent sur le travail de la table des directeurs médicaux. Elle est composée de médecins représentant les 17 régions administratives et le MSSS. Un système d’amélioration continue de la qualité permet le suivi de certaines procédures particulières à risque ou d’intérêt 13au sein des directions des SPU de chaque ASSS régionale et de la Corporation d’Urgences-santé. Un plan de formation nationale continue permet la diffusion des mises à jour et le maintient des compétences à raison de quatre jours de formation annuelle pour l’ensemble des techniciens ambulanciers paramédics (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2007).

Jusqu’à ce jour, le cadre des pratiques cliniques du technicien ambulancier paramédic est définit et restreint par une série de recommandations : les protocoles d’interventions cliniques à l’attention du technicien ambulancier paramédic (PIC-TAP). Ils sont émis par la direction médicale nationale (Loi sur les services préhospitaliers d'urgence, 2002; Règlement sur les activités professionnelles pouvant être exercées dans le cadre des services et soins préhospitaliers d'urgence, 2006). Un ensemble de directives médicales nationales et régionales, directives opérationnelles et administratives supplémentaires complètent les attentes à l’égard de sa pratique. Dans l’ensemble, ces références précise comment le technicien ambulancier paramédic doit prodiguer un ensemble de soins pour les usagers présentant

des signes et des symptômes spécifiques reliés à des conditions possiblement critiques, d’en assurer la surveillance et de déterminer les modalités de transport.

En termes opérationnels, le rôle du technicien ambulancier paramédic a été réévalué dans le cadre du développement du programme et du diplôme d’études collégiales entre 2005-2006. Les tâches et sous-tâches de ce travail sont définies au rapport d’analyse de la situation de travail de 2006 du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Le tableau I (p.38) en présente la liste.

Tableau I

Tâches et opérations du technicien ambulancier paramédic

1 Faire l’inspection avant le début du quart du travail

1.1 Faire l’inspection visuelle et mécanique du véhicule 1.2 Faire l’inspection du matériel et de l’équipement 1.3 Cocher les listes de vérification

1.4 Signaler et remplacer l’équipement et le matériel manquant

2 Répondre aux appels

2.1 Recueillir les premières données 2.2 Planifier le trajet

2.3 Se rendre sur les lieux

2.4 Planifier l’intervention avant d’arriver sur les lieux

3 Déterminer les moyens d’intervention propres à la situation

3.1 Évaluer la situation d’intervention

3.2 Prendre les mesures de sécurité requises 3.3 Mettre l’ambulance en place

3.4 Appliquer les méthodes de triage (s’il y a lieu) 3.5 Localiser et dénombrer les victimes (s’il y a lieu) 3.6 Demander les ressources nécessaires (s’il y a lieu) 3.7 Déterminer les moyens d’accès aux victimes

3.8 Appliquer les mesures prévues dans le plan d’urgence (s’il y a lieu) 3.9 Évaluer la cinétique

3.10 Collaborer avec d’autres partenaires (s’il y a lieu) 4. Évaluer l’état de la personne requérant des soins

4.1 Accéder à la personne: évaluation visuelle 4.2 Faire l’évaluation primaire ABCDE

4.3 Établir les priorités d’intervention 4.4 Déterminer la priorité d’un départ hâtif

4.5 Faire l’évaluation secondaire : signes vitaux, histoire médicale, etc. (s’il y a lieu)

5 Donner des soins selon des standards établis et en fonction de l’évaluation et des priorités identifiées

5.1 Déterminer les soins à apporter : protocoles 5.2 Prodiguer des soins

5.3 Rester en relation d’aide avec la personne requérant des soins et ses proches

5.4 Réévaluer l’état de la personne

5.5 Collaborer avec d’autres partenaires (s’il y a lieu)

6 Transporter la personne en maintenant les soins

6.1 Choisir une méthode de déplacement et de transfert sécuritaire 6.2 Rester en relation d’aide avec la personne

6.3 Appliquer les techniques de transfert et de déplacement 6.4 Préparer la personne et l’équipement pour le transport 6.5 Choisir et aviser le centre receveur approprié (s’il y a lieu) 6.6 Déterminer le type de conduite

6.7 Transporter la personne

6.8 Réévaluer l’état de la personne 6.9 Modifier les soins, au besoin

6.10 Adapter la conduite du véhicule en conséquence

7 Transférer des responsabilités au personnel du centre receveur

7.1 Faire une synthèse de l’information

7.2 Transmettre un rapport verbal au centre receveur 7.3 Transférer la personne

7.4 Collaborer avec le personnel médical, au besoin 7.5 Fournir des données nominatives sur la personne 7.6 Rédiger les documents nécessaires et les remettre

7.7 Transmettre l’information nécessaire à l’encadrement de la qualité 7.8 Faire le bilan de l’intervention après chaque appel (s’il y a lieu)

8 Préparer l’ambulance à prendre la route

8.1 Faire le nettoyage du véhicule et de l’équipement

8.2 Prendre les mesures nécessaires pour la réparation et le remplacement

9 Encadrer des pairs en période d’essai et des stagiaires

9.1 Entraîner la personne 9.2 Évaluer la personne 9.3 Orienter la personne

9.4 Rédiger les documents d’évaluation

Il est intéressant de noter que cette énumération des tâches définit la pratique du technicien ambulancier paramédic de façon très linéaire (tableau I, p.38). De rares travaux sur la théorie de la pratique, dont ceux de Campeau (2008) et Arial, Benoit, & Danuser (2010) permettent de saisir les dimensions plus complexes de la tâche alors que plusieurs d’entre elles et d’autres absentes de la liste peuvent être initiées l’une après l’autre, mais surtout simultanément, sur des intervalles de temps assez variables. Également, cette présentation standardisée ne laisse pas voir d’autres tâches réalisées quotidiennement et qui ne sont pas reconnues légalement ou cliniquement. Entre autres, celles de l’éducation auprès de l’usager et ses proches; de gestion de crise complexe; de gestion des refus de soins qui inclue une approche d’appréciation de l’aptitude des usagers. La reconnaissance du rôle d’encadrement des pairs est pour sa part une belle avancée présente dans cette analyse. La lecture du rapport complet permet d’approfondir comment chacune de ces tâches nécessite de s’approprier plusieurs compétences professionnelles supplémentaires pour les mener à bien.

Pour s’approprier le rôle attendu du paramédic, le document de référence le plus commun reste celui du PIC-TAP. Il décline les actions et les décisions cliniques qui peuvent être prises lors d’interventions préhospitalières d’urgence, par exemple : les directives générales concernant l’exécution du transport et du déplacement de l’usager, l’obtention du consentement aux soins, l’approche en appréciation clinique à privilégier (évaluation clinique). Autrement, il présente une majorité de protocoles identifiés par des noms évocateurs de signes et de symptômes urgents ou de situations potentiellement dangereuses telle que le protocole IND1 : Exposition à des matières dangereuses. De récents ajouts de protocoles démontrent comment les états possiblement non urgents doivent être systématiquement évaluer afin de ne pas en négliger un aspect lié à une urgence possible, dont le protocole médical Med. 1 : φ plainte spécifique : faiblesse (2011, p.93) et le

protocole trauma Trau. 0 : Indications d’immobilisation de la colonne vertébrale (2011, p.201). Aucun protocole ne s’adresse des conditions spécifiquement non urgentes telles que :

• les plaies liées à des problématiques dermatologiques, infectieuses, ou autres que traumatiques;

• les maux de dos non traumatiques;

• les problématiques de perte de mobilité, d’autonomie fonctionnelle ou les douleurs chroniques spécifiques

• ou les problèmes psychosociaux non reliées à une urgence comportementale chez l’adulte.

Le rôle du paramédic décrit dans cette section s’acquiert principalement par le biais d’une formation collégiale et l’expérience du terrain. Voici comme se décline la formation québécoise du technicien ambulancier québécois.