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A NALYSES DE BARRIERES LIEES AU DEPLOIEMENT DES ENERGIES

CHAPITRE 2 CLIMAT NORDIQUE ET EXPLOITATION DES ÉNERGIES

2.3 A NALYSES DE BARRIERES LIEES AU DEPLOIEMENT DES ENERGIES

Le déploiement des énergies renouvelables en climat froid reste encore difficile, suite aux contraintes causées par le climat, l’éloignement, l’inaccessibilité et même la disponibilité de la ressource renouvelable elle-même. Cette section propose une liste des barrières que doivent relever les projets des ENR en climat froid, regroupées en catégories que nous pouvons citer :

 Du point de vue économique :

Les conditions climatiques dans ces régions ont tendance à rendre certains projets plus couteux qu’ailleurs sur la planète, du fait déjà de l’éloignement et des conditions extrêmes de réalisation. La mise en place d’un nouveau projet destiné à remplacer celui déjà en place ou à l’alléger s’avère assez difficile suite aux aptitudes acquises depuis le temps. L’exploitation du diesel est ancrée dans les habitudes avec elle, la capacité de gérer les situations critiques liées au diesel. Cependant, les changements des modes d’alimentation eux, viennent avec une nouvelle façon de faire dans la gestion de l’énergie. Une autre raison est le coût d’investissement élevé que nécessitent généralement les projets dans ces régions. Pour un projet d’exploitation d’ENR, on doit considérer plusieurs paramètres dont : (1) la disponibilité de la ressource exploitable. (2) La technologie à mettre en place pour assurer la viabilité du projet en terme d’exploitation de la ressource renouvelable sur un long terme. (3) Le coût de cette technologie par rapport à l’énergie conventionnelle fournie par le groupe diesel. (4) Pour être concurrentiel il est primordial que le projet à ENR à remplacer le diesel revienne nettement inférieur du point de vue économique au diesel exploité dans ces régions.

Une des choses à savoir est que les économies faites par les ENR s’étalent sur plusieurs années en présentant les avantages de cette exploitation en termes des coûts d’abord ainsi que le gain du point de vue environnemental.

Les GD alimentant les régions isolées nordiques sont une technologie maitrisée et ne nécessitant que très peu d’entretien. Cependant les coûts engendrés par l’exploitation de ceux-ci peuvent être jusqu’à 10 fois plus chers que ceux des réseaux connectés. Par exemple au Nunavut, ou encore au Québec, on estime qu’ils reviendraient à 7 fois plus élevés que le prix de production dans les réseaux connectés. L’uniformisation du prix du Kilowattheure sur tout le territoire québécois engendrerait près de 130 millions de dollars de déficit à la société étatique Hydro-Québec chaque année. Au Nunavut l’achat et le transport du diesel sont coûteux, le coût du kilowattheure pouvant varier de 52.39 centimes par KWh à 102.71 centimes, alors qu’en Ontario il est seulement de 11 centimes. Le

gouvernement du Nunavut consacre près de 20 pour cent de son budget annuel en énergie. Un autre fait à considérer est la fluctuation du prix du baril qui fait du coût d’exploitation une variable non constante en permanence[8], [9]. L’absence des programmes de financement des autorités politiques, des acteurs économiques locaux ou encore des promoteurs en énergies renouvelables pour ces régions spécifiques pose certaines difficultés au déploiement des ENR

 Du point de vue environnemental

Le projet à ENR en climat nordique subit les contraintes du climat sur toutes les phases du développement du projet. Les hivers longs et les étés courts affectent les phases de construction du projet. Les projets sont souvent arrêtés en hiver, les étés courts ne permettent pas toujours d’accomplir toutes les tâches qui seront poursuivies jusqu’à l’automne ou au printemps prochain.

Pour les ouvriers, le travail à l’extérieur est très difficile. Certains matériaux doivent être manipulés ou conservés sous certaines conditions. Le dégel du pergélisol suite aux changements climatiques pose un réel défi technologique, car pendant très longtemps les technologies développées étaient pour un sol gelé, mais stable. Cependant le dégel du sol pose un problème de stabilité pour les structures déjà en place.

Pour le cas des éoliennes le sol en dégel affecte la fondation de la turbine et la formation du givre qui se produit souvent en altitude peut demeurer durant plusieurs semaines sur les structures.

Pour l’hydrologie, le pergélisol joue un rôle important en surface et en souterrain, pouvant ainsi affecter les régimes des eaux pour les centrales hydroélectriques. Le givre affecte le fonctionnement des éoliennes et des cellules photovoltaïques en réduisant leur efficacité, voir même causer des bris. La noirceur pendant la longue période d’hiver réduit considérablement le temps de fonctionnement de la cellule PV. Pendant l’hiver le niveau des rivières est bas, ce qui pose un problème pour la microcentrale hydroélectrique qui nécessite un niveau élevé des rivières en tout temps. La construction d’un réservoir dans

ces conditions climatiques est à proscrire, car le coût d’investissement serait trop élevé pour un territoire peu peuplé. Une étude sur l’évolution de la glace est requise pour la microcentrale hydroélectrique afin d’éviter le débordement ou les bris des installations. La présence de la neige ou de la glace peut limiter le fonctionnement des ouvrages des barrages électriques[10].

 Du point de vue logistique

La question logistique est primordiale pour tout projet d’implantation en région froide et isolée, vu les réalités environnementales et l’éloignement de ces régions des grandes agglomérations. Pour un projet de développement des ENR, la réussite de celui-ci dépend d’une part de la disponibilité de la ressource et d’autre part de la logistique à mettre en place. Pour la logistique, les éléments à considérer concernent tout d’abord le site d’implantation : (1) définir les besoins réels du site, (2) la disponibilité de certains éléments sur le site ou proche du site (personnel qualifié, matériaux, etc.). Ensuite (3) la situation géographique : les zones à couvrir sont généralement vastes, les communautés sont éloignées les unes des autres, ce qui pose un réel défi pour le gestionnaire de projet. (4) L’accessibilité : l’absence d’un réseau routier fiable rend difficile l’accès à certains sites par route, le transport aérien est couteux et dépends de la météo, le transport par voie maritime est difficile en hiver lors du gel des eaux. L’usage de brise-glace est nécessaire en ce moment-là et devient très couteux. Durant les mois de l’année où l’accès au site par voie maritime est possible tous les matériaux doivent donc être acheminés[10].