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6. Résultats et analyse de données

6.2. Multiples appartenances et identité

Dans le présent travail, l’idée est de considérer les appartenances à des groupes sociaux comme étant des appartenances communautaires, en raison du statut de communauté que peuvent représenter les groupes LGBTI et musulmans en terres occidentales26. De là, l’exercice d’autodéfinition des femmes interrogées s’est effectué en lien à leur appartenance communautaire, qu’elles se sentent appartenir ou non à l’une ou l’autre communauté.

Dans cette catégorie, il s’agit plus précisément de s’arrêter sur les perceptions que les

femmes interrogées ont des différentes communautés et sur le sentiment d’appartenance qu’elles

développent ou non pour chacune d’entre elle. De manière générale, aucune des femmes interrogées s’est dite vouloir ou se sentir appartenir à la communauté musulmane, alors que toutes témoignent appartenir à la communauté homosexuelle. Cependant, le fait d’être issue d’une famille musulmane assigne malgré tout une appartenance de ces femmes à la communauté musulmane.

Il s’agit, d’une part, de prendre en considération les sentiments d’appartenance tels que témoignés par les femmes interrogées – ce qui pourrait être l’appartenance volontaire – d’autre part, de considérer l’idée qu’elles appartiennent de fait aux différentes communautés –

l’appartenance assignée et non-volontaire. En considérant l’existence de ces deux formes

d’appartenance, non seulement l’idée est de percevoir la manière qu’ont les femmes interrogées de

s’identifier et se définir (‘je fais comme les gens de cette communauté, donc je suis’), mais

également de rendre compte de leur capacité d’autodétermination, par une forme de définition en réaction (‘je ne fais pas comme les gens de cette communauté, donc je ne suis pas’), de définition nuancée (‘je suis, mais je ne fais pas comme’) ou de non définition (‘ce n’est pas vraiment une communauté donc je ne peux réellement m’identifier à celle-ci’). À noter aussi qu’un sentiment d’appartenance à une communauté peut soudainement faire exister et/ou influencer l’appartenance à une autre (‘je suis homosexuelle et cela fait que je réalise mon appartenance à la communauté musulmane / que mon appartenance à la communauté musulmane devient compliquée’).

6.2.1. La perception des différentes communautés

Les quatre femmes interrogées ont identifié que la communauté correspond à un groupe de personnes qui partagent un ensemble d’éléments, comme en témoigne par exemple Aria : « Ben un

groupe de personnes qui… qui ont… qui ont les mêmes intérêts… partagent les mêmes choses, enfin qui… je sais pas ! ». Les quatre femmes ont tantôt identité ces éléments comme étant des

‘intérêts’, des ‘buts’, des ‘activités’ ou des ‘thèmes sur lesquels travailler’ pour accéder à ‘plus d’acceptation’ de ceux-ci. Ainsi, comme cela était également proposé dans le cadre théorique27

avec les éléments de définition proposés par Benveniste et al (2015) et Fauchois (2015), les femmes ont perçu le caractère collectif de la communauté ainsi que le partage d’éléments communs au sein de cette collectivité. Dans la plupart des cas, elles ont tenté d’illustrer leur propos en lien avec les communautés LGBT et musulmanes, ce qui laisse déjà apparaître des éléments sur leur propre manière de percevoir ces communautés.

Quand elle exprime sa vision de la communauté homosexuelle, Tania exprime ainsi qu’à partir du moment au quel une personne entre dans la communauté homosexuelle, elle peut se définir comme appartenant à la communauté, cela par similitudes aux autres membres : « C’est

que là, si t’es dedans cette communauté, c’est que toutes ces personnes dans cette communauté, ben… c’est tes amis quoi ! Tu vas pas les… T’es avec ces personnes quoi, elles sont comme toi, c’est… C’est des ‘toi’ ! C’est ça. C’est la communauté. ». Les similitudes conduisent le ‘soi’ à se

confondre en un ‘nous’. Cela rappelle le principe solidaire de la communauté évoqué par Fauchois (2015). Si Tania perçoit qu’il existe une communauté homosexuelle, il lui est plus difficile de considérer l’existence d’une communauté musulmane. Pour elle, une religion ne permet pas de définir une personne et, considérant l’éventuelle existence d’une communauté musulmane, elle n’y reconnaît pas le principe de soutien que comprend la communauté LGBT : « C’est vrai qu’on peut

26

cf. chapitre 2.5 : l’appartenance communautaire 27 cf. chapitre 2.5 : l’appartenance communautaire

dire ‘la communauté musulmane’, ça, c’est clair mais… (…) Ce serait pas comme la communauté LGBT, parce que LGBT, c’est quelque chose qu’a été créé en soutien avec ces personnes. Donc, du moment que tu entres dans cette communauté, t’es là pour soutenir aussi, tu vois, t’es… (…) T’es là pour aider en fait ! (…) Pis après, ben l’islam, tu pratiques la même religion ! Mais c’est une religion. C’est pas une… définition de soi. ».

Aussi, Tania relève une dimension géographique dans la définition de la communauté. Selon elle, un pays tout entier ne peut être considéré comme une communauté. Ainsi, une communauté musulmane ne serait susceptible d’exister que lorsque l’islam n’est pas la religion de tout un pays, qu’il concentré en un lieu plus restreint : « Après si y’a peut-être aussi un endroit en

Suisse, en France, dans un autre pays, où y’a vraiment que les musulmans, là on peut dire : ‘Voilà, là, à cet endroit, y’a une communauté musulmane’. Parce qu’on va dire, ils sont plusieurs, ils sont en groupe. Donc on le sait que c’est tous des musulmans, donc c’est la communauté musulmane. ».

Dans cette logique géographique de la communauté, la société suisse ne pourrait donc être considérée comme une communauté, comme je tentais d’abord de la déterminer dans le cadre théorique. En revanche, nous pouvons considérer que la Suisse – par son idéologie libérale et occidentale – appartient à la grande communauté ‘de valeurs’, comme la définit Behloul (2009)28. Il s’agit de considérer que c’est le monde occidental qui représente plus largement la communauté de valeurs. Autrement dit, la Suisse est membre de la communauté occidentale.

Wafa exprime qu’une même communauté peut être tantôt perçue positivement, tantôt

négativement : « Il y a toujours des choses positives/négatives, ça dépend de l’intégration de cette

communauté, ça dépend de l’effet de cette communauté. (…) Ça dépend du personne qui voit cette communauté. Il y a toujours des gens qui vont dire ‘c’est bien’ et des gens qui vont dire que c’est pas très bien. ». Ce constat rejoint celui proposé dans le cadre théorique, c’est-à-dire que la valeur

positive ou négative d’une communauté est attribuée selon quelle personne la définit et en fonction des buts que défend cette personne. Pour sa part, sans pour autant se positionner clairement, Wafa ne semble pas percevoir la communauté musulmane aussi positivement que la communauté homosexuelle :« Parce qu’il y a des communautés musulmanes qui pensent qu’ils travaillent pour le bien des musulmans. Et ils travaillent pour que l’islam est libéral et accepté bien. (…) Bien, mais je pense que c’est plutôt – la communauté musulmane – c’est plutôt dans euh… de mettre l’islam de plus en plus dans la tête de ces gens… de ces enfants qui vont là-bas, de ces gens qui travaillent à la communauté. (…) C’est comme l’homosexualité, quand ils pensent qu’ils ont un but, et que ce but est bien, donc ils viennent ensemble pour faire quelque chose. Donc euh… La communauté musulmane existe, bien sûr ! Si je suis avec ou contre c’est aussi… (…) C’est une [autre] question. ».

Quand elle parle de la communauté musulmane, Jona se réfère particulièrement à celle de

son pays, plutôt qu’à une seule et grande communauté uniforme. Elle exprime que cette

communauté était plutôt ethnique dans un premier temps et que ce n’est que récemment qu’elle s’est davantage tournée vers le religieux. Elle témoigne ainsi de la transformation que peut subir

une communauté : « En fait, ils ont récemment ouvert une espèce de mosquée. (…) Avant, la

communauté, elle fonctionnait mais ils allaient genre boire le café chez quelqu’un, ils allaient chez les gens. Alors que là, c’est vraiment tourné autour plus du religieux et c’est là où ils se retrouvent. Et du coup ils sont un peu plus devenus… Ils ont un plus grand contrôle sur qui vient là, qui est pas une personne bien parce qu’il va pas prier, tout ça. Y’a de nouveau un petit truc autour du fait que… de la religion en fait ! Ils se referment un peu derrière et pis ça leur permet de faire un petit contrôle social hein. ». Jona perçoit que la religiosité grandissante amène la communauté à se renfermer sur elle-même. Il faut ici comprendre que la transformation interne intervient en réaction à des forces extérieures, par exemple, selon la logique de communautarisation telle qu’elle était décrite dans le cadre théorique par Martin Behloul (2009). Pour l’illustrer, il faut considérer qu’il existe « un lien entre les systèmes de croyances qui dénigrent les personnes en fonction de leur orientation sexuelle ainsi que ceux qui infériorisent les personnes sur la base de leur race ou de leur genre, soit le racisme et le sexisme. » (Charlebois, 2011, p.124). Ainsi, en procédant par analogie avec les mécanismes de l’hétérosexisme ou du

racisme, il devient possible de comprendre la communautarisation comme conséquence de

l’islamophobie ; les systèmes de croyances de la communauté occidentale et ‘de valeurs’

infériorisant la minorité musulmane laissent apparaître le repli communautaire. Un tel repli a pour conséquence une fermeture qui, elle-même, implique des barrières symboliques entre qui est admis et qui ne l’est pas. Le contrôle social dont parle Jona peut être compris comme le fait que les membres de la communauté musulmane ont le pouvoir de définir, en regard des normes admises au sein de la communauté, quelle personne se conduit suffisamment bien ou suffisamment mal pour être incluse ou exclue de cette communauté. Ainsi, la fermeture de la communauté permet aux membres un meilleur regard sur l’ensemble des personnes.

De manière générale, les femmes interrogées ont perçu la communauté homosexuelle

plus positivement que celle musulmane. Seule Aria a pointé une ombre au tableau de la

communauté homosexuelle, bien qu’elle dira tout de même se sentir principalement appartenir à cette communauté : « Je trouve qu’on est un peu mis à l’écart. Je trouve ça cool que des bars ou

des boites fassent des soirées gays ! (…) mais je trouve, c’est pas… c’est un peu… J’ai l’impression que c’est caché tu vois ? Je sais pas comment expliquer. (…) Oui, parce que moi, avant mon coming-out, j’avais pas de, j’imaginais même pas qu’il y avait tout ça ici, tu vois ! Pour pas être au courant de ça, c’est que c’est caché quoi, enfin c’est pas visible en tout cas. ». Aria

perçoit ainsi que, si la commnauté homosexuelle est trop en retrait de la société plus large, elle

risque d’être invisibilisée. Par la suite, en déterminant qu’elle se sent principalement appartenir à

la communauté lesbienne, elle relève dans la volée que cela ne l’empêche pas d’être ouverte, c’est-à-dire d’avoir des ami·e·s hétérosexuel·le·s : « Je me vois plus dans la communauté femme

lesbienne que… Après euh… j’ai des potes hétéro… Enfin, je suis ouverte hein, tu vois, j’ai pas… (…) Mais c’est vrai que je vois plus mes potes lesbiennes que le reste. Même mes potes d’enfance, je les vois moins que – beaucoup moins – que mes potes lesbiennes quoi ! ». Clamant son ouverture

malgré son appartenance, Aria ne relève pas seulement que la mise à l’écart de la communauté risque d’invisibiliser celle-ci, elle se défend également de la critique négative que cette mise à l’écart est susceptible d’amener envers cette communauté pouvant être perçue de l’extérieur comme trop renfermée.

Si toute communauté peut s’organiser en force collective (Fauchois, 2015) pour ses membres reconnus et volontaires, la suite de l’analyse va démontrer qu’elle peut aussi s’organiser en source d’accablement individuel lorsqu’un membre assigné et non volontaire possède des intérêts individuels trop différents de ceux du groupe et que ces intérêts individuels font transgresser les normes internes à la communauté.

6.2.2. Appartenances et définition de soi

Le cadre théorique29 exprimait que l’appartenance peut être ressentie et/ou simplement exister de fait. Dans le cas des femmes interrogées, leur appartenance à la communauté

homosexuelle est ressentie et volontaire, notamment parce qu’elles s’impliquent plus ou moins

dans cette communauté au quotidien, comme lorsque Jona défend ses droits ainsi que ceux de toute la communauté en réagissant à l’homophobie : « Comme ça, quand j’entends des propros

homophobes ou autre, évidemment ça me révolte quoi ! Et pis en général, j’ouvre ma gueule ! Je vais pas me taire là-dessus, ça c’est sûr ! ». Concernant leur appartenance à la communauté

musulmane, elle est non volontaire mais tout de même effective, du moins aux yeux de la

communauté elle-même et aux yeux de toutes celles et ceux qui ont connaissance des racines culturelles et religieuses de leur famille. Dans le présent travail, je participe à assigner une appartenance aux femmes que j’ai pu interroger ; par le statut de femme croyant en l’islam, dans le cas de Tania, par le statut de femmes issues de familles musulmanes dans le cas des trois autres femmes.

Il faut ici comprendre que l’identité se construit sur la base d’identifications (Schneuwly Purdie, 2009) et des différenciations aux communautés par le développement d’un sentiment d’appartenance, mais que ces mécanismes d’identifications et de différenciations s’effectuent

également en regard des communautés auxquelles les personnes appartiennent par assignation. Les femmes interrogées démontrent que l’identité semble plutôt se définir par identification lorsque la personne se sent appartenir à un groupe (similitudes) et plutôt par différenciation lorsqu’elle ne se sent pas appartenir à un groupe (différences). Ainsi, les femmes se sont plutôt définies par

différenciation avec la communauté musulmane (appartenance assignée) et par identification avec la communauté homosexuelle (appartenance ressentie et volontaire). Tania a également

démontré que, ne percevant pas réellement l’existence d’une communauté musulmane, elle ne pouvait pas s’identifier à celle-ci. Elle ne s’est ainsi pas définie comme musulmane lorsque je lui ai demandée de s’autodéfinir. Elle n’a pas non plus souhaité faire apparaître son homosexualité sur sa carte de présentation : « (…) premièrement, je suis Tania. Donc euh… Ça change pas, c’est ça (…)

Que tu sois chrétienne, musulmane, athée, bouddhiste… C’est ta sexualité, c’est ta religion, c’est ta vie ! […] Moi, je suis moi, c’est ça. Moi, je veux vivre ma vie, tout simplement, je veux juste pas qu’on me prenne la tête et, qu’on me laisse vivre, en fait. Je veux juste pouvoir… ouais, continuer ma vie, posée, tranquille, sans que j’aie euh… à tout bout de champs. Tout simplement. ».

Comme Tania, Aria s’est également définie en premier lieu par son prénom, indiquant ensuite être une ‘lesbienne affirmée’. Aussi, Wafa relève les multiples identifications possibles en fonction des personnes rencontrées : « Quand je me présente, ça dépend, si je me présente à qui ?

À moi-même ou je présente par exemple à d’autres, si tu me dis… Je suis [son pays], [son métier], euh… Mais si tu dis comment je veux… Moi, comment ‘i describe myself’, comment… I describe myself comme lesbienne, [son pays] et [son métier]. (…) Ça dépend oui, à qui. ». Jona également : « Donc, déjà, je suis une femme, lesbienne… issue d’une famille musulmane, quand même ! Mais c’est pas le fait que je sois issue d’une famille musulmane qui me définisse ! C’est ce qui fait que j’ai des soucis dans ma vie, mais, c’est pas ça. C’est surtout que y’a plein de choses qui me définissent ! Mais je pense ; une femme, lesbienne, gauchiste, tolérante ! Voilà. Activiste, quand même un peu ! Donc voilà ! Y’a plein de choses qui me définissent et qui font que je suis la personne que je suis et que j’ai choisi d’être. ». Les citations témoignent de la marge de manœuvre,

du pouvoir d’action et de décision dans la définition de soi.

Concernant leur sentiment d’appartenance à la communauté occidentale, il était identifiable selon le rapport qu’elles ont développé à la Suisse – ou plus largement à l’Europe dans le cas de Wafa – où elles sentent bien. Des quatre femmes interrogées, Tania est la seule à avoir clairement déterminé un sentiment d’appartenance à la Suisse inexistant, ou du moins, très négatif : « Je me

sens pas chez moi ! la Suisse, c’est de la merde, déjà ! Au niveau température, au niveau comment tu dois vivre, tout ce que tu dois payer, la vie est chère ! La Suisse, c’est de la merde ! Donc j’aime pas la Suisse ! ». Aria s’est exprimée sur son pays d’origine en mentionnant qu’elle n’y retournerait

plus jamais, n’y appréciant pas la mentalité des personnes qui y vivent.

Des quatre femmes interrogées, aucune n’a dit se sentir appartenir à la communauté

musulmane, alors que toutes ont témoigné, par leurs propos ou par leur expérience, se sentir davantage appartenir à la communauté homosexuelle. Reste à savoir si la vision positive d’une

communauté entraîne un plus fort sentiment d’appartenance ou s’il est plutôt question qu’un fort sentiment d’appartenance permette de développer une vision positive de la communauté. Sûrement que les deux se développent dans une logique circulaire où sentiment d’appartenance et vision positive se renforcent l’un et l’autre. Cependant, il apparaît clairement qu’un sentiment d’appartenance accompagné d’une vision positive de cette appartenance permet de s’autodéfinir positivement. Cela explique en quoi il pouvait être plus difficile pour les femmes interrogées d’accepter pour elle-même l’idée d’être homosexuelle lorsque leur propre vision de l’homosexualité était teintée par un ou plusieurs contextes hétérosexistes. En outre, la communauté homosexuelle (sous la forme d’associations LGBT ou sous la forme d’un groupe d’amies composées d’autres femmes lesbiennes) s’est présentée comme un soutien important dans le processus de coming-out des femmes interrogées. La plupart des femmes ressentant l’existence d’homophobie et d’islamophobe en Suisse, nous pouvons admettre que la société ne s’est pas particulièrement présentée en soutien. Aucune n’a pu réellement compter sur un soutien de la part de la communauté musulmane non plus dans ce processus, à l’exception de rares allié·e·s

Au contraire, la communauté musulmane – tout comme la société suisse – s’est davantage présentée comme un frein au processus de coming-out – une source d’accablement individuel, comme défini plus tôt – car nombre de ses membres risquaient de percevoir ou ont effectivement perçu négativement l’homosexualité, selon les dires des femmes interrogées. Pour en venir plus précisément à la communauté musulmane, l’homosexualité s’est révélée comme une

transgression des normes musulmanes, les femmes interrogées ayant des intérêts individuels trop

éloignés des intérêts collectifs de la communauté musulmane. Le rejet qu’elles ont imaginé ou qu’elles ont vécu a laissé apparaître que, malgré que les femmes ne se sentent pas appartenir à la communauté musulmane, leur famille ou la communauté musulmane leur a assigné leur appartenance. Ainsi, les propos de Jona laissent apparaître son appartenance assignée, et font

émerger la problématique d’appartenir simultanément à plusieurs communautés : « Le fait

d’être issue d’une famille musulmane, ça, c’est… C’est juste par rapport à mon homosexualité que c’est horrible ! En soi, avant ça, j’avais pas de problème quoi ! Enfin… Je m’en fichais ! J’avais pas plus, ça m’embêtait pas plus que ça et pis euh voilà ! ». Comme évoqué précédemment, ce

n’est la multiplication des appartenances en tant que telle qui pose problème, mais ce sont les intérêts et les normes des communautés qui peuvent apparaître antagonistes d’une communauté à une autre. C’est ce point là – problématique centrale du travail – qui va à présent être développé.

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