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CHAPITRE 2 : LES FACTEURS SOCIAUX ET

2. Qualité de vie : une notion transversale du développement territorial

3.1 Les mouvements pendulaires

Les mouvements pendulaires caractérisent les liens entre les milieux ruraux et urbains de façon importante. Nous entendons par mouvements pendulaires, les allers-retours des individus qui se rendent à leur travail auxquels nous ajoutons, à la suite des entrevues collectives avec les intervenants, les allers-retours pour faire des achats à l’extérieur du lieu de résidence. Les mouvements pendulaires sont en partie déterminés par le réseau routier qui facilite ou contraint le déplacement.

Les observations faites dans les ÉDL illustrent que les villes centres ont une bonne capacité de rétention et exercent un pouvoir d’attraction sur les territoires ruraux. Dans le cas des MRC de Drummond, Memphrémagog et du Fjord-du-Saguenay, la majorité des citoyens qui habitent et travaillent dans une même municipalité sont situés en milieu urbain (Drummondville, Magog et Stanstead, Chicoutimi, Jonquière et LaBaie), sinon, on s’y rend pour y travailler à partir des périphéries et des milieux ruraux. La remarque tient aussi en ce qui a trait aux déplacements pour avoir accès aux différents

commerces et services qui sont généralement concentrés dans les centres urbains. Dans le cas de la MRC de Papineau, où il n’y a pas à proprement parler de centre urbain majeur, c’est la ville de Gatineau, et dans une large mesure la région métropolitaine d’Ottawa, qui exercent ce rôle d’attraction.

Ces déplacements, influencés par la localisation des industries, des commerces et des services, ont tendance à fragiliser les milieux ruraux. Ces derniers ont en général une moins grande capacité de rétention des travailleurs résidents, ce qui n’en fait pas pour autant des localités dortoirs. Leur défi consiste à transformer à leur avantage ces mouvements pendulaires tout en maintenant des relations de complicité entre eux et les villes. La réduction des mouvements pendulaires agit ici comme révélateur de la création de banlieues et d’une concentration d’entreprises et de services laissant peu de place à des expériences alternatives d’entreprises collectives (Klein et Lévesque, 1995).

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La tendance des consommateurs à se déplacer vers les centres commerciaux à l’extérieur de leur municipalité pourra être amplifiée par des voies rapides de circulation. C’est le cas, entre autres, de la MRC de Papineau qui voit l’arrivée d’une nouvelle autoroute, entre les régions métropolitaines de Montréal et de Gatineau-Ottawa, comme une menace entraînant les individus à consommer dans les grandes villes et leurs centres commerciaux. D’autres prétendent, en précisant qu’il y aurait peut-être matière à débat, que ces effets négatifs pourraient être atténués par « un mouvement de prise de conscience des risques encourus par la pollution par les automobiles sur notre environnement et par la montée du prix de l’essence ». Cette dernière position démontre l’importance que prend l’environnement comme facteur de localisation mais aussi comme facteur de mobilisation sociale, voire de conscientisation (Côté et Gagnon, 2005).

3.1.1. Les TIC : une solution pour réduire les mouvements pendulaires ?

Les TIC sont devenues incontournables pour le développement des régions. Leur appropriation et la diffusion de l’information pertinente pour le développement de l’ensemble des localités des MRC sont des enjeux de taille (Côté, 1999). Du point de vue de l’emploi, les TIC favorisent un éclatement de la sphère du travail en délocalisant les lieux de production du savoir. En plus de faciliter les flux d’information entre les différents milieux, elles favorisent l’établissement des télétravailleurs, de même que la localisation de travailleurs autonomes et de petites entreprises dans les milieux ruraux.

Les données des ÉDL nous révèlent que les réseaux de communication se développent inégalement et que les territoires ruraux sont désavantagés par rapport aux zones urbaines. Par exemple, certaines municipalités à l’intérieur d’une même MRC ont des frais interurbains. La téléphonie cellulaire et le service Internet à haute vitesse ne sont pas offerts sur l’ensemble des territoires des MRC. Des contraintes de nature physique (relief trop montagneux) ou provenant d’un manque de concertation entre les intervenants (commission scolaire versus acteurs territoriaux) sont bien souvent à l’origine des problèmes d’accessibilité aux TIC.

Dans le rapport rural/urbain, la force d’attraction de la ville constitue un défi permanent avec laquelle les localités rurales cherchent à composer afin de définir un développement pour l’ensemble des territoires. Pour contrer le phénomène d’attraction des pôles urbains, les TIC, qui peuvent s’avérer des solutions appropriées, mettent en lumière la dynamique sociale et les préoccupations des acteurs quant aux orientations du développement. À cet égard, deux cas de figure résument bien les enjeux.

Dans le premier cas, soit celui de la MRC de Papineau, l’appropriation repose sur le principe du développement égalitaire et équitable au nom de l’entraide et de la solidarité. La démarche se veut alors démocratique afin de permettre aux populations de tous les territoires de la MRC d’avoir accès aux TIC et ainsi favoriser la création d’entreprises de communication. Dans le deuxième cas, soit celui de la MRC de Memphrémagog, si les acteurs évoquent des contraintes environnementales reliées à la préservation de la qualité des paysages, ceux-ci invitent, en prenant une position de résistance, à se questionner sur l’autonomie et la capacité d’avoir une plus grande prise sur les transformations des TIC, dans un contexte où l’idéologie de l’adaptation finit par

rendre inopérantes les capacités de jugement sur la place de la technologie. Les acteurs sont confrontés ici à un double enjeu : celui de s’adapter aux TIC sans être totalement à la remorque des transformations technologiques et celui de faire de l’environnement un enjeu public (Breton, 1995 ; Breton et Proulx, 2002 ; Le Bot, 2002).

Les TIC ont certes le pouvoir de permettre une meilleure répartition de la population sur les territoires des MRC et même de réduire les mouvements pendulaires. Toutefois, le développement inégalitaire des technologies nuit à l’attrait des milieux ruraux pour les travailleurs, voire même les entreprises. Les acteurs et leur volonté d’accéder à de tels outils donnent le ton sur les stratégies de développement mises en valeur pour répondre à ce besoin, car les acteurs du développement ne peuvent travailler en vase clos et se concertent pour la mise en place des NTIC sur l’ensemble de leur territoire. La mise en œuvre de telles stratégies renvoie aux capacités de gouvernance locale ou territoriale.

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