survenue à la suite de cette opération, vinten
compromettre
le succès naissant. Nous pouvons même dire
qu'elle était
complètement tombée dans le discrédit et de nosjours les
meilleurs traités sur les maladies des oreilles
(Urbants-chiscli,Hartmann)
n'en font pas mention.Ce n'est que tout dernièrement, hier pour ainsi dire, que l'intervention rétro-auriculaire contre la surdité chronique a semblé devoir sortir de l'oubli avec les noms de Colin, Malherbe, Garnault.
En septembre 1893,auCongrès
(Médical
panamerican)
tenuà Washington, Colin faisait une communication surl'appli¬
cation de la méthode de Stacke dans le cas de catarrhe
choniquesec de l'oreille moyenne.
Bien que nul cas d'application antérieure n'eût été encore rapporté et n'aitpu l'encourager, il n'avaitpashésité
à
tenter d'un procédé qui apriori
lui paraissait avoir de grands avantages sur toute autre méthode. D'abord, la régénérationde la membrane tympanique pouvait être empêchée en l'en¬
levantcomplètement et en supprimant son rebord osseux d'insertion.En outre,ensupprimant ainsi laparoiexternede l'attique une plus large voieétait ouverte auxondes sonores vers l'étrier et la fenêtre ovale. Le champ
opératoire
étant élargi l'excision des osselets était faite dans tous les casd'une manière sûre.
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Colin rapportait deux observations cle malades
opérés
par lui et,bienque les résultatsn'aient
pasété
brillants,l'outeurse félicitait d'avoir montrél'innocuité de la méthode. Il était convaincu qu'elle donnait de meilleur résultat que la mé¬
thode intra-auriculaire.
Cette communication faite au loin, en dehors de l'Europe scientifique, nesemblapasavoir beaucoup deretentissement et nous neretrouvons aucun nouveau cas de cette opération jusqu'au mois de mars 1897, durant lequel un travail très documenté était
présenté
à l'Académie de médecine par Malherbe.Partantde ce principe que d'une part il existe une relation
étroite entre l'intégrité des espaces osseux de
l'apophyse
mastoïde et le degré de l'audition,que d'autrepart,sous
l'in¬
fluencedu travail de sclérose, l'apophysemastoïde subitune véritable éburnéation, Malherbe juge nécessaire d'ôvider l'antre, de le fairecommuniquer avec la caisse, surtout en
présence del'hyperostose
chronique
qui amène un rétrécis¬sementde ces cavités. Il n'estguère partisan de l'extraction des osselets, surtout de la stapédectomie, mais il détruit les bridescicatricielles etagit directement sur la chaîne pour la mobiliser.
Nous nesaurions mieux faire du reste que de décrire son procédé d'intervention.
Il exigera naturellement l'application stricte des règles les plus rigoureusesde
l'asepsie
et del'antisepsie
: nous 11e reviendrons pas sur leur description.Deplus, étant donnée
l'importance
del'opération,
le maladesera anesthésié.
On commencera l'incision des téguments à l'insertion supérieure du pavillon de l'oreille, on descendra jusqu'au
sommet de
l'apophyse
mastoïde en suivant le plus intime¬ment possible le sillon dans le but de masquer plus tard la cicatrice. Quelques pinces ayant assuré l'hémostase, 011
ruginera le périoste en refoulant en avant et en arrière les lèvres antérieure et postérieure de la plaie, qu'un aide
maintiendra béante. La face externe de
l'apophyse
mastoïde étantbien mise à nu, et la plaie bien étanchée, on cherche la linea temporalis etimmédiatement au-dessous d'elle,
assezen arrière du conduit osseux, on attaquel'os avec la gouge et le maillet, mais très lentement. On arrive ainsi peu à peu dans l'antre, puis on aperçoitl'aditus dans lequel
on essaie d'in¬troduire leprotecteur de Stacke :
à l'aide du
ciseau on prati¬quera alors une
brèche
assezlarge
pourpermettre l'explora¬tion de la caisse. Armé d'un stylet,
après
avoir épongé le sang à diverses reprises,à
l'aide de lanières de gaze stéri¬lisée, il est alors facile à
l'opérateur,
d'après Malherbe du moins, derompre, si elles existent, les brides cicatricielles et les adhérences de la caisse.L'opération se termine (ont naturellement en suturant la majeure partiede la plaieavec du crin de Florence, après
avoir toutefois fendu'le conduit membraneux sur une cer¬
tainelongueur,pour en prévenir l'atrésie, et avoir laissé pour quelquetempsun fragmentde gaze dans l'antre.
On applique en-su"te un pansement à la gaze stérilisée, qui
sera laissé en place le plus possible. La guérison sera ainsi obtenue en quinze jours ou trois semaines.
Enfin, Garnault, qui s'est fait en France l'apôtre du pro¬
cédé rétro-auriculaire, expose tout au long dans son dernier ouvrage ses préférences pour cette méthode.
Il insiste sur la facilité plus grande d'enlever les osse¬
lets et surtout de voir l'étrier. Grand partisan de l'actiondi¬
rectesurl'étrier, « on pourra, dit-il, péritomiser le pourtour de la fenêtre ovale et ainsi rendre à cet osselet toute la mo¬
bilité nécessaire ».
Nous devons faire observer tout d'abord que son mode opératoire diffère un peude celui de Malherbe.
Ils débutent tous deux, il est vrai, de la même manière : les mêmes précautions antiseptiques sont prises, la même ligne d'incision est pratiquée en arrière du pavillon, mais
une fois lepavillon et le conduit membraneux rabattus en
avant, Garnault attaque la région osseuse en avant du point
d'intervention de Malherbe, exactement entre ce dernier et l'orifice du conduit externe-, et sa gouge va à la recherche
nonde l'antre mais directement de la caisse.
Poursedonner un peu plus d'espace et
atteindre
plusfaci¬
lement cette région, il élargitsi besoin est le conduit auditif,
aux dépens de sa paroi postéro-supérieure et l'attique est enfin mis à découverten faisantsauter,avecl'aide du protec¬
teur. le murde la logette des osselets.
Signalons enfin queMounier a apporté l'an dernier une" lé¬
gère modification à ces deux
procédés.
Nouscroyons inutilede décriresa méthodeopératoire qui se rapproche des pré¬
cédentes.Disons seulement que,désireux d'éviterun trauma¬
tismequ'il considère lui aussi commegrave,ilproposedepra-tiquer la résection osseuse postéro-supérieuredu
conduitpar
le conduit même et sans décoller
préalablement
le pavillon.Ce procédé mixte, intermédiaire aux deux procédés nette¬
ment intra-auriculaire et nettementextra-auriculaire, nous semble pouvoir compléter heureusement l'intervention par voieintra-auriculaire naturelle lorsque,pour desraisons ex¬
ceptionnelles d'anomalies anatomiques, cette voie est parti¬
culièrement difficile à suivre.
En revanche, le procédé de Malherbe nous
paraît
devoir être complètement rejeté en présence de la difficulté mani¬feste d'aller intervenir sur des synéehies et sur l'étrier pour le mobiliser. Il doit être peu aisé, en effet, de manier d'une