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2. RÉSULTATS

2.4.3. Les morsures

La recherche de la littérature a repéré une revue systématique concernant les morsures animales et humaines [Edens et al., 2016]. La description détaillée de la revue

systématique d’Edens et de ses études pivots est présentée à l’annexe L, mais les principaux points abordés sont résumés dans les sections qui suivent.

2.4.3.1. Morsures de chiens

Les morsures de chiens constituent les morsures de mammifères les plus communément traitées dans les services d’urgence. Elles sont généralement polymicrobiennes avec des espèces aérobies et anaérobies mixtes repérées dans 48 % des cas [Talan et al., 1999].

Les espèces du genre Pasteurella spp sont les plus fréquemment isolées des morsures de chiens (50 %) (tableau 7). Les streptocoques et les staphylocoques sont également souvent présents (46 % chacun). Les genres Fusobacterium spp, Bacteroides,

Porphyromonas spp et Prevotella spp représentent les bactéries anaérobies les plus courantes dans ce type de plaie.

2.4.3.2. Morsures de chats

Les morsures de chats représentent de 5 % à 15 % des plaies causées par des animaux domestiques [Benson et al., 2006]. Les morsures de chats présentent un risque

d’infection doublé par rapport aux morsures de chiens [Jaindl et al., 2012]. Les infections consécutives aux morsures de chats sont aussi susceptibles d’être polymicrobiennes avec des espèces aérobies et anaérobies dans 63 % des cas [Talan et al., 1999].

Les espèces du genre Pasteurella spp (75 %) sont les bactéries les plus fréquemment observées, suivies des streptocoques (46 %), staphylocoques (35 %), Moraxella spp (35 %), Corynebacterium spp (28 %) et Neisseria spp (19 %) (tableau 7). Parmi les espèces anaérobies, on trouve Fusobacterium spp, Porphyromonas spp et des bacteroides. Les espèces Pasteurella spp et les anaérobies sont isolées plus souvent des morsures situées sur les bras que sur les jambes, et sur des morsures de type ponction que sur celles de type lacération [Talan et al., 1999].

2.4.3.3. Morsures humaines

Les morsures humaines sont plus fréquentes chez les hommes, surtout chez les adolescents et les hommes dans la vingtaine [Harrison, 2009]. Il existe deux types de morsures humaines, les morsures d’occlusion (pénétration des dents dans la peau) et les morsures de poing (lorsqu’un individu frappe les dents d’un autre individu). La majorité des morsures humaines sont des morsures d’occlusion, et celles-ci ont souvent tendance à s’infecter [Edens et al., 2016]. Cependant, les infections de morsures de poings sont plus fréquentes que les infections de morsures d’occlusion (56 % contre 44 %) [Talan et al., 2003]. Les infections sur les sites de morsures humaines sont également

fréquemment mixtes (54 %) [Talan et al., 2003]. Les espèces prédominantes isolées de morsures humaines sont des streptocoques (84 %, plus particulièrement S. anginosus 54 %), suivis de staphylocoques (52 %, S. aureus 30 %) et d’Eikenella corrodens (30 %)

(tableau 7). Les espèces anaérobies communes sont Prevotella spp (36 %), Fusobacterium spp (34 %) et Veillonella spp (24 %).

Tableau 7 Prévalence des espèces bactériennes isolées à partir de morsures selon l’origine

Genre de bactérie isolée

Morsure

Humaine* Chien, n (%) Chat, n (%) Aérobies

Pasteurella s. o. 25/50 (50) 43/57 (75)

Streptocoques 42/50 (84)ǂ 23/50 (46) 26/57 (46)

Staphylocoques 27/50 (54)§ 23/50 (46) 20/57 (35)

Moraxella 1/50 (2) 5/50 (10) 20/57 (35)

Neisseria 4/50 (8) 8/50 (16) 11/57 (19)

Corynebacterium 6/50 (12) 6/50 (12) 16/57 (28)

Eikenella corrodens 15/50 (30) 1/50 (2) 1/57 (2)

Haemophilus 11/50 (22) s. o. s. o.

Anaérobies

Fusobacterium 17/50 (34) 16/50 (32) 19/57 (33)

Bacteroides 2/50 (4) 15/50 (30) 16/57 (28)

Porphyromonas 1/50 (2) 14/50 (28) 17/57 (30)

Prevotella 18/50 (36) 14/50 (28) 11/57 (19)

Propionibacterium 2/50 (4) 10/50 (20) 10/57 (18)

Peptostreptococcus 11/50 (22) 8/50 (16) 3/57 (5)

Veillonella 12/50 (24) s. o. s. o.

Source : adapté de Talan et ses collaborateurs [2003; 1999]*†

ǂ Principalement S. anginosus (52 %)

§ Principalement S. aureus (30 %) et S. epidermis (22 %)

2.4.3.4. Utilité clinique de la culture de plaies consécutives à des morsures

Au terme de leur revue systématique de la littérature, Edens et ses collaborateurs [2016]

ont soutenu que les cultures ne sont pas recommandées de routine dans les cas de morsure, puisque les cultures de plaies non infectées permettent la croissance d’espèces de la flore normale de la peau et ne sont pas utiles pour orienter le traitement. Selon ces auteurs, les cultures de plaies infectées sont généralement polymicrobiennes et elles révèlent les espèces de la flore buccale de l’animal responsable sans apporter

d’information supplémentaire. Des cultures de sang peuvent être pertinentes chez les personnes souffrant d’un déficit immunitaire ou présentant des symptômes de sepsis.

L’irrigation d’une plaie de morsure peut réduire de manière significative le risque d’infection. Les morsures de chats peuvent inoculer des bactéries dans les tissus plus profonds et elles requièrent une bonne irrigation à pression élevée.

Selon Edens et ses collaborateurs [2016], il est généralement accepté que tous les patients qui se présentent aux services d’urgence avec une morsure humaine infectée à la main devraient être pris en charge au bloc opératoire pour une irrigation et un

débridement et ensuite être admis à l’hôpital pour un traitement antibiotique intraveineux.

2.4.3.5. Position et orientations d’organisations d’intérêt

La British Association of Plastic, Reconstructive and Aesthetic Surgeons (BAPRAS) recommande de procéder à une culture et à des analyses de sensibilité aux antibiotiques uniquement pour guider l’antibiothérapie [Evgeniou et al., 2013]. L’Association médicale canadienne recommande de procéder à une hémoculture en plus de la culture de plaie, puisque cette dernière peut être contaminée par la flore cutanée [Thibault et Rousseau, 2018]. L’IDSA recommande la biopsie tissulaire avec une recherche de bactéries aérobies et anaérobies pour la culture de morsures animales et humaines, puisque ces types de plaies sont fréquemment de nature polymicrobienne et reflètent généralement la flore de la cavité buccale de l’animal ou de la personne responsable [Miller et al., 2018].

Plus de détails sur les positions et recommandations des organisations d’intérêt consultées sont présentés à l’annexe M.

2.4.3.6. Agents pathogènes communs

Les cultures de plaies infectées sont généralement polymicrobiennes et révèlent souvent les espèces de la flore buccale de l’animal ou de la personne responsable, notamment [Talan et al., 2003; Talan et al., 1999] :

Pasteurella spp;

• Streptocoques;

• Staphylocoques;

Moraxella spp;

Fusobacterium spp;

• Bacteroides;

Porphyromonas spp;

Prevotella spp.

En bref

Selon une revue systématique et certaines sociétés savantes, il n’est pas utile de procéder à une culture de plaie de routine dans les cas de morsure animale et humaine, puisqu’elle révèle

généralement les espèces de la flore buccale de l’animal ou de la personne responsable sans apporter d’information

supplémentaire.

La culture de plaie peut s’avérer utile lorsque les morsures présentent des signes cliniques d’infection, pour guider l’antibiothérapie.

Les morsures animales et humaines sont souvent polymicrobiennes et mixtes.

2.4.3.7. Position et recommandation du comité d’experts

À la lumière de l’ensemble de l’information et des données colligées, le comité d’experts en microbiologie ne recommande pas la culture de plaie de routine dans les cas de morsure animale et humaine. Cependant, elle peut être indiquée pour les sites de morsure qui présentent des signes cliniques d’infection lorsqu’une antibiothérapie systémique est envisagée et pour les sites de morsure qui présentent des signes de complications tels qu’une cellulite purulente, la présence de tissus dévitalisés ou un sepsis sévère.

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