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2. RÉSULTATS

2.4.2. Les brûlures

La recherche d’information a permis de repérer une revue systématique portant sur l’utilité clinique de la culture des plaies par brûlure en appliquant différentes techniques [Halstead et al., 2018] et une étude prospective portant sur l’analyse microbiologique de ce type de plaie [Latifi et Karimi, 2017]. Une description de ces études est présentée à l’annexe J.

2.4.2.1. Utilité clinique de la culture quantitative de plaies chez les grands brûlés Le dépistage précoce des infections est important dans la prise en charge des grands brûlés. Un grand nombre de centres pour grands brûlés préconisent les analyses

quantitatives des cultures par biopsie pour établir le diagnostic d’infection, et cela malgré le manque d’uniformité des études concernant les cultures de brûlures à partir de

biopsies, de frottis et d’échantillons sanguins [Halstead et al., 2018]. La revue systématique retenue a évalué l’utilité clinique de la microbiologie quantitative

(principalement à partir de biopsies) dans la prise en charge des patients brûlés pour établir un diagnostic d’infection et le pronostic concernant le patient.

Un total de 26 études ont été sélectionnées. En raison de l’hétérogénéité considérable des études, les auteurs ont choisi de procéder à une description narrative des études groupées par question clinique plutôt que de réaliser une méta-analyse.

Les caractéristiques des études incluses dans la revue systématique sont présentées

à l’annexe J (tableaux J-2 à J-4). Il est à noter que, parmi les études incluses, 77 % ont été effectuées il y a plus de 20 ans alors que le soin des brûlures ainsi que le domaine de la biologie ont tous deux beaucoup évolué.

Halstead et ses collaborateurs [2018] ont constaté que les preuves cliniques portant sur l’utilité et la fiabilité des analyses microbiologiques quantitatives de plaies pour

diagnostiquer et établir le pronostic clinique d’une infection chez les grands brûlés sont limitées et souvent documentées avec peu de précision. Bien que 26 études aient été repérées, celles-ci montraient une hétérogénéité importante concernant leur objectif, les caractéristiques des populations, la technique de prélèvement et de traitement des échantillons, la qualité méthodologique et les mesures relatives au résultat clinique.

Ainsi, Halstead et ses collaborateurs [2018] ont conclu que :

• pour obtenir un compte bactérien plus fiable, plus d’un échantillon est requis (idéalement prélevés sur des sites différents);

• la biopsie est généralement plus performante que le frottis pour établir le diagnostic et pour prédire un sepsis, mais son application est limitée par son temps de traitement;

• une charge bactérienne élevée peut prédire un résultat moins favorable, mais les données microbiologiques quantitatives doivent être interprétées avec d’autres facteurs (profondeur de l’infection et invasion du tissu sain);

• les résultats de cultures quantitatives et semi-quantitatives doivent être interprétés avec prudence et en tenant compte des données cliniques.

2.4.2.2. Agents pathogènes fréquemment isolés sur les brûlures

Une étude portant sur l’analyse microbiologique de plaies de brûlures provenant de 1 721 patients hospitalisés a montré que 48 % d’entre eux ont développé des signes d’infection et que 39 % ont reçu un résultat positif de culture. Les bactéries les plus fréquemment isolées dans ces cultures étaient les staphylocoques à coagulase négative (55 %), Pseudomonas aeruginosa (14 %), Enterococcus spp (12 %), E. coli (4 %), Klebsiella spp (2 %) et Proteus spp (2 %) [Latifi et Karimi, 2017]. Toutefois, cette étude a été réalisée en Iran, et les agents pathogènes responsables d’infections dans la

population québécoise de même que leur sensibilité aux antibiotiques pourraient varier.

2.4.2.3. Positions et orientations d’organisations d’intérêt

Selon Wounds Canada, un prélèvement pour la culture, à partir d’un frottis (prélevé selon la technique de Levine) ou d’une biopsie tissulaire devrait être effectué dans le cas d’une brûlure qui présente des signes cliniques de propagation de l’infection ou d’infection systémique, et cela pour guider le traitement antibiotique empirique [Jeschke et al., 2018]. L’Infectious Diseases Society of America souligne que l’évaluation des signes cliniques et symptômes pour établir le diagnostic de l’infection d’une brûlure peut être difficile et peu fiable [Miller et al., 2018]. L’IDSA recommande l’écouvillonnage quantitatif ou la biopsie tissulaire pour évaluer la présence d’une infection et son étendue.

croissance microbienne de la flore de surface de la plaie plutôt que les espèces des berges du tissu sous-cutané ou des tissus sous-jacents. La société reconnaît que l’analyse quantitative de cultures de plaies n’est pas pratiquée dans tous les

établissements. L’IDSA recommande la biopsie tissulaire comme technique optimale de prélèvement pour la recherche de bactéries anaérobies. Plus de détails sur les positions et recommandations des organisations d’intérêt consultées sont présentés à l’annexe K.

2.4.2.4. Agents pathogènes communs

Des espèces aérobies et anaérobies peuvent être présentes sur les brûlures [Public Health England, 2018; Atiyeh et al., 2014]. Parmi les espèces prédominantes, on trouve :

• Staphylocoques à coagulase négative;

P. aeruginosa;

Enterococcus spp;

E. coli;

Klebsiella spp;

Proteus spp.

En bref

La revue de la littérature a permis de repérer une revue

systématique qui a évalué l’utilité clinique de la culture de plaie à partir de brûlures. Compte tenu de l’hétérogénéité importante des résultats rapportés par les différentes études incluses dans la revue, il n’est pas possible de conclure concernant l’utilité clinique de la culture de plaie à partir d’une brûlure.

La méthode d’écouvillonnage de Levine ou la biopsie tissulaire seraient des techniques de prélèvement appropriées pour la culture d’une brûlure qui présente des signes cliniques de propagation de l’infection ou d’infection systémique, et cela pour guider le traitement antibiotique.

L’infection d’une brûlure peut être causée par des bactéries aérobies et anaérobies.

2.4.2.5. Position et recommandation du comité d’experts

À la lumière de l’ensemble de l’information et des données colligées, le comité d’experts en microbiologie ne recommande pas la culture dans les cas de plaies, y compris les brûlures, qui ne présentent pas de signes cliniques d’infection. Cependant, une culture pourrait être faite pour une brûlure qui présente des signes cliniques d’infection

lorsqu’une antibiothérapie systémique est envisagée.

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