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Chapitre 5. Résultats

5.3. Recommandations en termes de soutien psychosocial et d’accompagnement

5.3.4. Le moment de l’aide médicale à mourir

Le moment de l’AMM a été clairement balisé dans la Loi concernant les soins de fin de vie de sorte que les résultats sont ici présentés selon les principales étapes formelles du processus, soit l’évaluation de la demande (types d’évaluations et d’évaluateurs), le processus décisionnel et l’administration du soin (le décès).

5.3.4.1. L’évaluation de la demande

L’AMM, avant d’être administrée, doit faire l’objet d’une évaluation. L’analyse des mémoires permet de constater que plusieurs types d’évaluation sont recommandés par les auteurs. Certains auteurs proposent une évaluation psychologique de la personne en fin de vie, en plus d’une évaluation psychiatrique et d’une évaluation biopsychosociale, et ce, en contexte de multidisciplinarité. Tous les auteurs appuient leurs arguments sur l’importance de s’assurer que la personne mourante fasse un choix éclairé, qu’elle ne soit pas dans une phase de deuil, dans un état dépressif, en détresse psychologique ou qu’elle ne fasse pas cette demande sous pression ou par crainte d’être un fardeau pour sa famille ou son entourage.

À chaque fois, il faudrait s’assurer que la personne concernée ne fasse l’objet d’aucune pression et que son désir de mettre un terme à sa vie ne soit pas uniquement causé par la crainte d’être un fardeau pour ses proches ou la société, mais bien parce qu’elle souffre physiquement, psychologiquement de façon intolérable et que sa vie n’a plus aucun sens pour elle (AQESSS).

Nous croyons également qu’il serait utile et pertinent que la personne ait accès à une évaluation bio psychosociale afin de valider son réel désir de mourir, ses motivations ainsi que sa détermination (Mme Odette Royer et 5 autres).

Dans le cas d’une ouverture à position favorable à l’euthanasie ou au suicide assisté, l’AQPS propose de veiller à ce qu’une évaluation psychologique fasse partie de la procédure de demande (AQPS).

L’Ordre souligne l’importance de procéder à une évaluation psychologique rigoureuse des personnes en fin de vie pour lesquelles les choix se posent, évaluation qui permettrait de constater notamment la présence ou non de conditions susceptibles de les influencer dans leur choix. Cette évaluation permettrait également de vérifier la stabilité de ce choix (Ordre des psychologues du Québec — psychologues en soins palliatifs).

En lien avec les recommandations en termes de types d’évaluation, onze auteurs des mémoires ont proposé divers évaluateurs possibles : des médecins, des travailleurs sociaux, des psychologues, des professionnels en droit, des professionnels en soins, des équipes multidisciplinaires, des équipes médicales, des psychiatres, des prêtres, des pasteurs, des équipes de santé mentale ainsi que des éthiciens. Selon les auteurs des mémoires, ces évaluateurs devraient jouer un rôle particulier, selon leur expertise spécifique, et complémentaire, lors de l’évaluation de la demande d’AMM.

Une première consultation, en psychiatrie, visant à obtenir la confirmation du psychiatre des éléments suivants : la confirmation de l’aptitude à consentir du patient ; l’absence de maladie psychiatrique qui pourrait expliquer la demande du patient […] (Barreau du Québec).

Les travailleurs sociaux et les thérapeutes conjugaux et familiaux souhaitent jouer un rôle actif au niveau de l’évaluation des demandes, du processus décisionnel […] de façon à pouvoir établir un plan de fin de vie (OTSTCFQ).

En ce sens, la demande doit être étudiée par le médecin traitant, puis le patient doit être évalué par un psychiatre afin de juger de son état psychologique et de repérer les pressions indues pouvant teinter sa demande, puis à nouveau par un troisième médecin, celui-ci spécialiste de la maladie en question. […] Que l’encadrement des demandes d’euthanasie et de suicide assisté se fasse par une équipe médicale de professionnels de différents milieux afin de valider l’irréversibilité et la gravité de la maladie ainsi que l’objectivité de la décision du patient (FADOQ).

5.3.4.2. Le processus décisionnel

Lors du processus décisionnel, qui s’étend du moment qui précède la prise de décision de demander l’aide médicale à mourir jusqu’à son administration (où la personne mourante peut encore changer d’avis), des recommandations ont été formulées par les auteurs des mémoires. D’abord, concernant la personne mourante, on suggère un accompagnement et un suivi psychologique par une équipe ou un comité d’experts, afin d’analyser les motifs réels de la demande.

Les équipes multidisciplinaires offrent l’accompagnement et le soutien dont la personne et ses proches peuvent avoir besoin au cours du processus de décision, tant sur le plan physique que psychologique (FIQ).

Nous ne pouvons que nous en remettre à un comité d’experts […] devant de possibles interprétations de la demande, devant l’ambigüité de la position de la personne impliquée le comité pourra s’abstenir de donner suite dans l’immédiat et accorder aide et support nécessaires à la prise de cette décision finale (Mme Madeleine Mayer et 8 autres).

Pour soutenir le processus décisionnel, neuf auteurs mentionnent également l’importance d’offrir du soutien psychosocial et de l’accompagnement aux proches qui traversent ce moment. D’ailleurs, quatre auteurs recommandent plus précisément une considération de l’opinion du proche ou de la famille lors de ce processus décisionnel.

Bien que la décision finale relève du médecin, il est tout de même essentiel que lorsque confronté à une telle demande, il discute de la question avec toutes les personnes concernées, soit le patient, la famille, les proches […]. Il est essentiel de les impliquer dans tout le processus menant à la mort, et le choix du lieu du suicide assisté fait partie intégrante de cette démarche (OPHQ).

Idéalement, le processus décisionnel menant à ce choix devrait être dynamique et s’échelonner sur une certaine période afin de s’assurer du bien-fondé de la demande et de la

préparation adéquate des proches. Le patient, ses proches, le personnel médical […] devraient être impliqués (OMVQ).

D’ailleurs, suite à la prise de décision favorable des médecins évaluateurs à administrer l’AMM à la personne en fin de vie, trois auteurs mentionnent l’importance de préparer les proches à la fin de vie et au deuil particulier que cette mort implique.

Évidemment, le décès imminent d’un être cher touche grandement les proches. Il faut s’assurer de leur donner le soutien dont ils ont besoin pour poursuivre leur relation avec la personne concernée. Il est donc essentiel d’assister la personne et ses proches en fonction de leurs besoins et de faciliter leur communication dans le processus menant à la mort (OPHQ).

Nous nous devons, dans le même sens, parler de l’importance de préparer, pour les proches, la fin de vie d’un être cher qui désire mourir. […] Il importe également d’entrevoir que dans l’éventualité où des personnes se prévaudraient d’une aide médicale active pour mourir, une nouvelle forme de deuil serait à prévoir pour les proches, pour les membres de la famille (OTSTCFQ).

5.3.4.3. Décès

Enfin, suite au décès dans de telles circonstances, quatre auteurs préconisent l’offre d’un soutien rapide et adéquat aux proches afin de les aider à vivre ce deuil peu commun.

Le fait que la mort survienne à la suite d’un acte humain a des conséquences plus importantes et une charge émotive différente sur la famille et les proches du défunt. […] le deuil ainsi provoqué chez les proches du patient doit être géré et un support professionnel adéquat doit être offert (OMVQ).

Il est pertinent de songer aux ressources disponibles tant dans le réseau public que communautaire pour aider les proches à vivre leur deuil. […] C’est un long processus, et il convient d’orienter les proches vers les ressources requises afin qu’ils puissent vivre le mieux possible cette étape difficile de la vie qu’est la perte d’un être cher (OPHQ).

Dès lors, les recommandations en termes de soutien psychosocial sont proposées tout au long du processus de fin de vie. Qu’une personne malade soit à l’étape du début de sa maladie, en soins palliatifs ou en cours de processus d’aide médicale à mourir, l’accompagnement et le soutien doivent être disponibles auprès des personnes en fin de vie, mais aussi auprès des proches. Cependant, il est important de bien connaître les besoins de ces derniers afin de les orienter du mieux possible vers l’accompagnement nécessaire et les services disponibles. Les auteurs des mémoires ont émis des recommandations spécifiques qui, selon eux, seraient à mettre de l’avant dans le cas de la légalisation de cet acte médical.

Ces recommandations ont été approfondies selon la cinquième question analytique posée au corpus de données, soit : Quelles sont les recommandations à mettre de l’avant en termes de qualité du soutien et d’amélioration de l’environnement ?

5.4. Recommandations en termes de qualité du soutien et d’attitudes