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Les Centres Sociaux des Pays de la Loire, comme les Centres Sociaux de France, sont principalement associatifs. La région présente un taux de gouvernance associative plus élevé que ce que l’on retrouve à l’échelle nationale et un taux plus bas pour ce qui est de la gestion par les collectivités locales (voir figure 6).

Figure 6 : Comparaison des modes de gestion au niveau national et dans Pays de la Loire

Source : SENACS 2017a, 2017b Réalisation Juliette Michel 2019

La proportion de portage associatif ou par des collectivités locales est équivalente parmi des Centres Sociaux ruraux que dans les Centres Sociaux en général. Ce n’est pas le cas pour les Centres Sociaux de quartiers (voir carte 8). Que ce soit à Nantes et son agglomération45, Saint-Nazaire, Angers, Le Mans ou

La Roche-sur-Yon, tous les centres sont associatifs. À Cholet, on note la présence d’un Centre Social en gestion par collectivité, qui est non seulement le seul de la commune, mais également le seul sur l’ensemble des centres du Choletais et des Mauges. Dans ce contexte-là, Laval fait figure de cas particulier. Sur les 9 Centres Sociaux de la commune, un seul est un centre associatif. C’est le centre ayant obtenu son premier agrément le plus récemment (précédemment une association d’éducation populaire). Il n’y a pas de Centres Sociaux portés par des collectivités locales au nord de l’axe Saint- Nazaire/Angers, ainsi qu’au sud. On retrouve donc la Loire-Altantique et la Vendée où les Centres Sociaux portés par des collectivités représentent moins de 15 % des centres, Le Maine-et-Loire et La Sarthe où ils représentent autour de 20 % des centres et la Mayenne avec 79 % des centres portés par des collectivités locales.

La couverture régionale des Centres Sociaux telle qu’elle se présente aujourd’hui s’est progressivement construite à partir des années 196046. Entre 1962 et 1968, les Centres Sociaux sont des centres

associatifs de quartiers à Nantes et au Mans (voir carte 9). La seule exception est le Centre Social d’Allonnes (Sarthe), qui agit sur la commune et est un Centre Social en gestion directe par la CAF. Il est, aujourd’hui, le seul47 Centre Social CAF de la région. Sur la période suivante (1968 — 1976), ce sont

45 La commune de Bouguenais à la particularité de présenter un Centre Social avec une cogestion municipalité et association, qui

pour de raison des raisons cartographiques a été classée comme « collectivité locale »

46 Certaines structures sont peut-être plus anciennes. On se rapporte ici à la date d’obtention d’un agrément ou d’une subvention

« Centre Social » par la CAF et non à la date de création de la structure. Par exemple, le Centre Social Mireille Moyon a été créé en 1967, mais ne reçoit son premier agrément qu’en 2012, c’est donc cette dernière date que l’on prend en compte. Voir également encadré 1.

47 On se base ici, comme dans la carte, sur les Centres Sociaux qui sont encore en fonction fin 2015. S’il y a pu avoir d’autres

Centres Sociaux qui ont disparu depuis, ils ne sont pas intégrés à l’analyse.

63% 79,90% 31% 16,50% 5% 1% 0,70% 2,90% 0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

France Pays de la Loire

Autres

CAF et co-gestion Collectivité locale Associations

principalement des Centres Sociaux de quartiers qui se développent, ajoutant La Roche-sur-Yon et Cholet à la carte, ainsi que la ville de Mayenne avec un centre agissant sur la commune. Si Laval et Saint- Nazaire apparaissent durant la période suivante, il faut attendre 2007 pour voir apparaitre Angers sur la carte des Centres Sociaux.

Carte 8 : mode de gestion des Centres Sociaux des Pays de la Loire

Réalisation : Juliette Michel 2019

À partir de la fin des années 1970, les Centres Sociaux en ruraux commencent à se développer autour de pôles qui ressortent toujours aujourd’hui : le sud du Maine-et-Loire, autour des Mauges et du Choletais et la Sarthe. Ce développement coïncide aux années du tournant socioculturel ce qui n’est pas anodin, surtout contenu des dynamiques associatives locales animé par des courant proche des Centres Sociaux (catholicisme, mouvement ouvrier, voir I.1.2.2.3).

L’évolution de la proportion de chaque mode de gestion parmi les nouveaux Centres Sociaux pour chaque période (voir figure 7) montre un changement à partir du milieu des années 90 : la part des Centres Sociaux portés par des collectivités locales prend plus d’importance alors que celle du portage associatif diminue. Cette bascule correspond à la période d’investissement massif des Centres Sociaux dans des dispositifs de politique publique et permet d’alimenter une hypothèse autour de la « dépolitisation » des Centres Sociaux (voir I.1.2.2.2) et leur conception comme un outil dont peuvent se saisir les collectivités locales.

Carte 9 : Évolution de la couverture territoriale48 par les Centres Sociaux entre 1962 et 2015

Source : SENACS 2016b, réalisation Juliette Michel 2019

48 Les périmètres de territoires d’agrément présentés sont tels qu’ils sont fin 2015. Certains périmètres ont pu changer au fil de

Figure 7 : Proportion des modes de gestion parmi les Centres Sociaux créés entre 1962 et 2015

Réalisation Juliette Michel 2019

La dépolitisation des Centres Sociaux

Quels rôles peuvent avoir les orientations politiques locales dans l’implantation des Centres Sociaux ? C’est à cette question que se propose de répondre Laurent Besse (2004) par une analyse de l’évolution des Centres Sociaux au regard de l’évolution de la carte politique entre 1960 et 198149. Il dégage deux

périodes.

La première, de 1960 à 1970, montre une légère majorité (+3,9 % par rapport à la moyenne) de centres implantés dans les municipalités centristes ou divers droites. Ils sont par contre relativement peu nombreux dans les municipalités SFIO unitaires alors que leur présence dans des municipalités socialo- centristes est plus marquée. Pour Laurent Besse, une des hypothèses expliquant cette répartition tient à l’histoire des centres :

« Compte tenu de l’origine idéologique du “mouvement” des Centres Sociaux, on peut être tenté, avec une grande prudence, de faire l’hypothèse que les centres ont été d’abord implantés au sein de mairies modérées ou centristes et qu’à l’inverse, les mairies socialistes et surtout communistes sont restées méfiantes vis-à-vis d’une institution qui aurait été perçue comme trop proche d’une mouvance chrétienne » (Besse 2002 p. 26).

La seconde période, de 1970 à 1981, change la donne avec une hausse importante des Centres Sociaux dans les municipalités de gauche, notamment les socialistes. En 1977, elles formaient 58,5 % du total des municipalités de plus de 10 000 habitants et 68,2 % de celles qui possédaient des centres nouvellement affiliés à la FCSF entre 1977 et septembre 1981 (voir tableau 6).

Pour Laurent Besse, ce glissement vers des municipalités de gauche peut être lié à la transformation de l’idéologie des Centres Sociaux et de leur fonctionnement, avec une plus grande participation des

49 Cette analyse repose uniquement sur les centres implantés dans des communes de plus de 10 000 habitants

0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% Association CAF et co gestion collectivité locale

usagers à la gestion des centres. Il est probable que l’implication de militants catholiques dans le parti socialiste ait contribué au développement de Centres Sociaux dans ces municipalités :

« On ne peut que constater le fort développement des centres dans les villes de l’Ouest, particulièrement en Bretagne dont le basculement vers la gauche était particulièrement net et a été mis en relation avec l’influence des catholiques de gauche. » (Besse 2002 p. 27)

Tableau 6 : Répartition des nouvelles affiliations de Centres Sociaux entre 1978 et 1981, en fonction de la couleur politique des communes.

Parti Nombre de communes Nombre de Centres Sociaux

PCF 10 16 PS 18 29 Divers Gauche 1 1 Centre 2 2 Divers Droites 4 12 RPR 3 6 Total 38 66

Source : Besse dans Dessertine et al. 2004 p.199

L’augmentation du portage des Centres Sociaux par des collectivités locales à partir des années 70-80 (voir tableau 7) permet de formuler une hypothèse autour de la « dépolitisation » des Centres Sociaux dans les années 90 et leur perception comme un outil dont peuvent se saisir les collectivités locales.

Tableau 7 : Répartition des Centres Sociaux suivant les modes de gestion entre 1967 et 2017

1967 1981 1991 2006 2017 CAF 42,7 % 27,4 % 16 % 13 % 5 % MSA 6,1 % 5,7 % Municipalités et intercommunalité 0,4 % 9,5 % 13 % 23 % 31 % Associations 34,5 % 49,3 % 71 % 64 % 64 % Promoteurs 8,6 % 7,2 % 0,8 % Divers 7,7 % 0,9 %

Sources : Dessertine et al. 2004 ; Céroux et Crépin 2013 ; SENACS 2018