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Quelles ont été les façons de faire mises en place pour répondre aux demandes d’expertise?

Achab : les demandes d’expertise étaient l’objet de contrats négociés par les professeurs du Groupe

ou le coordonnateur scientifique. chaque technique, chaque discipline apportait une partie de la réponse au problème qui nous était soumis. tout le monde travaillant sur les mêmes échantillons, il fallait que les différents éléments de réponse soient cohérents; ils ne pouvaient sans raison logique être antagonistes. chaque chercheur analysait et interprétait de manière indépendante les données pertinentes à sa discipline. les différents résultats étaient alors présentés à l’ensemble de l’équipe pour comparaison et discussion. si des discordances étaient observées, elles étaient analysées pour en trouver les raisons. celles-ci pouvaient être variées, allant de la simple erreur d’échantillonnage, à un phénomène ou artefact local, ou encore à une interprétation alternative. un rapport d’équipe mentionnant les éventuelles contradictions était alors rédigé. cette façon de procéder s’appliquait à la majorité des projets, la multidisciplinarité et l’approche d’équipe étaient donc vécues au quotidien.

Chagnon : l’évolution diagénétique des assemblages de minéraux argileux et des matières organiques

est tributaire de plusieurs paramètres. certains comme la température agiront de la même manière sur les deux types de matériaux, d’autres, comme les conditions chimiques, agiront de manière différente. de ce fait, il arrive que ces deux techniques montrent, en apparence, des résultats contradictoires. ainsi, une étude menée sur de l’île de brion dans le golfe du saint-laurent indiquait une maturation élevée avec les argiles et une très faible avec les matières organiques. sans aller dans les détails de l’étude, cela nous a permis de déterminer que la différence de maturation indiquée par les argiles était due à des conditions paléogéographiques particulières du bassin de sédimentation. une étude similaire, dans la région de matapédia en Gaspésie, suggérait que l’évolution thermique était trop élevée pour la préservation des hydrocarbures liquides ou gazeux, mais certains échantillons présentaient toutefois des assemblages minéraux différents, indicatifs de températures beaucoup plus basses. après vérification et un échantillonnage plus serré, il est apparu que cette anomalie était le fait d’une altération hydrothermale reliée à des indices fortement minéralisés. ces exemples illustrent bien la nécessité du dialogue entre les membres de l’équipe et l’importance de l’approche multidisciplinaire.

Bertrand : ceci est tout à fait vrai, et en voici un autre exemple. à la lumière des résultats des différents

projets, nous avions constaté que dans les successions constituées de roches terrigènes (provenant de l’érosion des continents) homogènes, les résultats de la matière organique et des argiles étaient concordants. par contre, dans les successions de roches carbonatées et dans les grès, des divergences étaient notées. cela s’explique par le fait que dans les successions argileuses, la réorganisation des argiles et de la matière organique s’opère sous l’effet de la seule température, sans apports de l’extérieur. au contraire, du fait de la porosité des roches, les successions carbonatées et gréseuses sont ouvertes sur l’extérieur. les fluides qui y circulent peuvent alors entraîner une transformation des minéraux argileux dans des directions différentes. dans ce cas, les données de la matière organique et celles des argiles ne seront pas corrélables.

Héroux : nous n’insisterons jamais assez pour dire combien la multidisciplinarité du Groupe pétrole

impliquait une concertation continue de tous les membres de l’équipe. bernard Kubler a joué un rôle crucial en animant et en assurant la cohésion de l’équipe pendant plus d’une décennie. Rares sont les publications et les rapports confidentiels qui avaient un seul auteur, et pour cause, les indicateurs que nous utilisions pour mesurer le degré de diagenèse étaient nombreux et leurs équivalences pas toujours évidentes. la compilation-corrélation des principaux indicateurs de maturité thermique mentionnée précédemment, et à laquelle nous avons collectivement travaillé, a interpellé la majorité des chercheurs et techniciens du Groupe en montrant l’importance d’une coopération soutenue entre tous les chercheurs ainsi que d’une intégration des protocoles de laboratoire.

corrélation des principaux indicateurs de maturité thermique

Comment le laboratoire fonctionnait-il?

Achab : le laboratoire était un élément clé de l’inRs-pétrole, il se devait d’être pluridisciplinaire pour

répondre efficacement aux besoins d’analyses des différents projets, eux-mêmes pluridisciplinaires. étant donné que tout le monde travaillait sur les mêmes échantillons, une bonne coordination était nécessaire. le laboratoire était donc géré centralement, les prestations rendues étant facturées aux projets les ayant sollicitées. une certaine polyvalence des techniciens était requise. chacun était responsable d’une technique qu’il maîtrisait parfaitement, et pour laquelle il était sous l’autorité du professeur spécialiste, il pouvait cependant, en fonction des besoins des projets et de leurs échéanciers, prêter main-forte à un de ses collègues dans une autre technique. ce mode de fonctionnement différait sensiblement de celui des départements traditionnels et de certains autres centres de l’inRs où chaque professeur avait la responsabilité de son laboratoire, de son personnel technique et de ses équipements. le laboratoire était ainsi un rouage essentiel, car toutes les activités de recherche commanditée ou subventionnée en dépendaient. l’ensemble du groupe était donc intéressé par son bon fonctionnement.