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Modalités d’utilisation de la patate douce

B- La patate douce ( Ipomea batatas)

3- Modalités d’utilisation de la patate douce

(Tableau 7). Ces MM sont composées principalement de magnésium (340 mg/100 g), de

calcium (28,4 mg/100 g) et de phosphore (37,3 mg/100 g) (Antia et al., 2006). Les feuilles de

patates sont connues pour être une bonne source de vitamines (A, B2, C et E ; (An et al.,

2004)). La feuille de patate est riche en NDF (27 à 50 %) et en protéines (19 à 29 %). Comme

pour les autres feuillages, cette grande variabilité dans la composition chimique s’explique

par une grande diversité des pratiques culturales, de la variété utilisée, du climat, et de l’âge et

de la fréquence des récoltes (An et al., 2003). La teneur en lysine est en moyenne de 4 g/100 g

MAT et le profil en AA (exprimé en % de la lysine) est relativement bien équilibré par

rapport aux besoins du porc. La feuille et surtout la tige de la patate présentent la

caractéristique d’être riches en sucres (6 à 8 % pour la feuille et > 10% pour la tige) ce qui les

rendent très appétentes chez le porc. Comme pour les autres feuillages tropicaux, la présence

de tanins (polyphénols et tanins condensés) est également mentionnée pour la feuille de patate

mais les données à ce sujet sont relativement rares. Antia et al (2006) montrent que la feuille

de patate contient principalement des cyanides, des tanins condensés et de l’acide oxalique.

3- Modalités d’utilisation de la patate douce

La patate douce (tubercules et feuilles) est utilisée dans l’alimentation animale dans de

nombreux pays de la zone tropicale. Le plus souvent, les racines sont données aux

monogastriques et les feuilles au ruminants. Dans le cadre de systèmes d’élevage intégré, les

feuilles peuvent également servir comme source de protéines pour les monogastriques (porcs

et poulets).

Les tubercules sont utilisés comme source d’énergie dans l’alimentation du porc et

peuvent être distribués sous différentes formes (fraiche, ensilée, farine, broyée, ou cuite). La

cuisson permet d’améliorer nettement la digestibilité de l’azote (+ 25,2 %), en réduisant la

teneur en facteurs antitrypsiques et dans une moindre mesure, elle augmente également celle

de l’énergie (3,7 %), en améliorant la sensibilité de l’amidon vis-à-vis de l’α amylase (Canope

and Le Dividich, 1977). Des résultats similaires sont rapportés par Corring et Rettagliati

(1969). Dans cette étude, le broyage de la patate douce crue ne permet par d’améliorer

l’efficacité de l’utilisation digestive de l’énergie et de la protéine. L’ensilage de tubercules de

patate est une méthode qui permet de réduire sensiblement la teneur en facteurs

antitrypsiques. Généralement, l’ensilage est réalisé en mélangeant de la patate douce avec des

céréales et des sons (Liu et al., 2004) ou avec des feuilles de patate (Giang et al. 2004).

Etude bibliographique

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L’ensilage présente l’avantage d’offrir une possibilité de conservation à moyen terme (3-4

mois) des tubercules de patate sans affecter leur valeur nutritionnelle. Au contraire, la teneur

en amidon tend à augmenter et la teneur en cellulose brute (CB) à diminuer entre le 1

er

et le

3

ème

mois de stockage (respectivement, +4.4 et -1.6 % ; Lin et al), ce qui a un effet positif sur

la teneur en ED du produit ensilé (Tomita et al., 1985) . Les teneurs en énergie nette de la

farine de patate douce ont été mesurées par Wu(Wu, 1980) et (Noblet et al., 1990)

(respectivement 8,5 et 12,3 MJ EN/kg MS). Cette variation très importante entre les deux

études s’explique d’une part par la méthode utilisée pour mesurer la teneur en énergie nette et

d’autre part par des différences de variétés de patates utilisées dans ces études ; les teneurs en

protéines et en parois végétales sont plus élevées dans l’étude de Wu (1980) que dans l’étude

de Noblet et al. (1990). Bien que cette information ne soit pas disponible dans les

publications, il est probable que la teneur en facteurs antitrypsiques dans les tubercules de

patates était nettement supérieures dans l’étude de Wu et al., (1980)

Contrairement aux tubercules, l’utilisation des feuilles de patate dans l’alimentation du

porc est beaucoup plus récente. Dominguez (1992) indique que l’incorporation de feuilles et

tiges de patate douce (environ 10 % de la MS) dans un régime de base composé de racines de

patate cuites et de tourteau de soja, diminue la digestibilité de tous les nutriments de la ration

chez le porc en croissance. Dans la littérature, les digestibilités de l’énergie ou des protéines

des feuilles de patate douce distribuées sous forme de farine sont très variables

(respectivement 40 à 70 % et 20 à 50 % Tableau 7). Pour des feuilles ensilées, la digestibilité

moyenne des protéines est de 47 % selon Giang et al (2004). Dans cette étude, les

performances de croissance des porcs diminuaient régulièrement avec l’augmentation du taux

d’incorporation des feuilles de patate douce dans un régime à base de maïs et soja (-130 g/j

pour le GMQ avec 60 % de feuilles sous forme de farine ou ensilées dans la ration). De par sa

faible concentration en énergie et protéines digestibles (par rapport au mais ou au soja),

l’incorporation de feuilles de patate dilue la valeur nutritionnelle de la ration, ce qui peut

expliquer ces faibles croissances. La forme de la distribution des feuilles de patate ne semble

pas avoir d’effet sur les performances du porc. Le Van An et al. (2005) obtiennent des

performances de croissance similaires en utilisant soit de la farine, soit de l’ensilage de feuille

de patate douce incorporés à 30 % dans la ration (GMQ moyen de 430g g/j). Lorsque la

feuille de patate est comparée à la feuille de mûrier pour un même taux d’incorporation dans

la ration (25 %), les performances de croissance sont supérieures (+ 26 % pour le GMQ) avec

les feuilles de patate douce (Phiny et al., 2010). Cet effet est principalement expliqué par une

Etude bibliographique

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meiilleure ingestibilité de la feuille de patate par rapport à celle du mûrier. D’après Gonzalez

et al. (2003), les feuilles de patate seules pourraient être ingérées en quantité suffisante pour

couvrir les besoins protéiques d’un porc en croissance. Pourtant au dessus de 30% de

substitution du tourteau de soja par des feuilles de patate douces, une baisse la vitesse de

croissance est observée chez les porcs, malgré une ingestion croissante de la ration.

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