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5. Modélisation tridimensionnelle thermique des procédés de soudage

5.3 Modélisation du soudage Hybride

Les modèles développés pour les soudages MAG et laser ont été couplés afin d’obtenir

un modèle du procédé de soudage hybride laser/MAG. Bien que la combinaison de ces deux

procédés soit un procédé à part entière, l’énergie des deux procédés est mise en même temps

dans un bain de fusion unique dans lequel le capillaire et les gouttelettes peuvent interagir. Ce

modèle permet de déterminer la géométrie du cordon de soudure en ne prenant en compte que

les phénomènes de conduction thermique et en supposant un régime quasi-stationnaire. La

source de chaleur associée au soudage MAG est modélisée par une source de chaleur

surfacique ayant une distribution gaussienne comme décrit précédemment (cf. § 5.1.3). La

source surfacique ajoutée en laser seul afin de reproduire la forme évasée du cordon de

soudure est directement inclue dans cette source thermique. Comme dans le cas du laser seul

(cf. § 5.2), la source de chaleur générée par le faisceau laser est représentée par un cylindre

dont la paroi est à la température d’évaporation. Pour le modèle 2D, la géométrie avec un

demi trou permet de représenter le capillaire de vapeur. Pour réaliser la géométrie 3D, on

réalise une extrusion de la géométrie 2D de la façon suivante : le demi-trou est extrudé d’une

hauteur égale à la pénétration déterminée à l’aide des expressions empiriques présentées

précédemment (cf. 4.3) et la surface totale d’une hauteur égale à l’épaisseur des tôles étudiées.

Ce modèle tient compte de la position du laser par rapport à l’arc. Il est ainsi possible

de simuler la configuration tirée (laser derrière l’arc) ou poussée (laser devant l’arc) en

déplaçant le cylindre le long de l’axe O

x

(Figure 97). L’équation de conservation de l’énergie

( 11) est résolue sur une géométrie identique au cas précédent 100×30×20 mm (Figure 94).

Les conditions aux limites sont identiques à celles utilisées précédemment (§ 5.1.3 et 5.2). Le

maillage optimal est constitué d’éléments de 300 µm au niveau de la paroi du capillaire et sur

la surface où est appliquée la source thermique surfacique (Figure 98 et Figure 99). Des

précautions doivent être prises quant au choix du maillage du fait de l’utilisation du mode

ALE pour construire la géométrie 3D. En effet, pour des déformations trop importantes de la

surface libre, le maillage 3D peut faire apparaître des éléments très déformés qui induiront des

points de singularité au niveau de la matrice jacobienne.

Comme pour les 2 modèles précédents, la conductivité thermique dans la phase liquide

a été ajustée afin de reproduire les longueurs de bain fondu expérimentales. L’ajustement de

la conductivité thermique du procédé de soudage hybride est plus complexe que celui des

procédés laser et MAG seuls. En effet, quand la puissance d’arc est plus faible que la

puissance du laser (constante dans notre étude et égale à 4 kW), la longueur du bain fondu

calculée par le modèle sans modification de la conductivité thermique est plus faible que celle

mesurée expérimentalement. Dans ce cas, il est nécessaire d’utiliser une conductivité

anisotrope dans l’axe de soudage (Ox) pour la phase liquide avec un facteur multiplicateur de

6 (valeur moyenne) afin de reproduire les résultats expérimentaux. On retrouve ainsi le même

facteur multiplicateur que pour le cas du laser seul, ce qui indiquerait des similitudes entre les

comportements du bain fondu pour le soudage laser seul et le soudage hybride lorsque les

puissances de l’arc sont faibles. Pour une puissance d’arc plus importante que celle du laser,

la longueur du bain fondu calculée est cette fois plus grande que celle mesurée

expérimentalement. Une conductivité thermique isotrope multipliée par 3 (valeur moyenne) a

ainsi permis d’obtenir une bonne adéquation entre les résultats numériques et expérimentaux.

Dans cette configuration, le bain de fusion a un comportement proche de celui du procédé

MAG.

Figure 97 : Schéma de la géométrie utilisée pour le modèle numérique du procédé de soudage

hybride laser/MAG pour une configuration tirée

Figure 98 : Maillage utilisé pour la création de la géométrie 3D du procédé hybride

laser/MAG

d

fil/faisceau

O x

y

z

Sens de déplacement de la matière

300 µm

Figure 99 : Maillage déformé du procédé hybride laser/MAG

5.4 Conclusion

Des modèles thermiques tridimensionnels spécifiques aux procédés de soudage MAG,

laser et hybride laser/MAG ont été développés dans le cas du soudage non débouchant en

régime quasi-stationnaire. La déformation de la surface du bain fondu sous l’effet de la

pression d’arc a été prise en compte pour les procédés de soudage MAG et hybride à travers

une approche variationnelle qui minimise l'énergie totale du bain de fusion, avec la contrainte

que le bain de fusion a un volume constant défini par le débit massique d’apport de matière.

Les paramètres à ajuster sont le rendement η et le rayon de distribution r

q

de la

puissance d’arc, la conductivité thermique et la pression d’arc maximale P

max

. Une hypothèse

sur le rayon de distribution σ

p

de la pression a été faite. Il est considéré égal au rayon de

distribution de la puissance r

q

.

Ainsi, les trois modèles de soudage MAG, laser et hybride laser/MAG développés

dans ce chapitre vont être ajustés et validés à travers des configurations expérimentales

spécifiques dans le chapitre suivant. Les géométries et les cycles thermiques obtenus à l’aide

de ces modèles pourront permettre de simuler les contraintes résiduelles et les déformations

induites dans des études futures.

6. Validation et ajustement des modèles de soudage

MAG, laser et hybride laser/MAG

Afin de mieux comprendre les phénomènes en jeu lors du procédé de soudage laser,

MAG et hybride, des modèles numériques ont été développés individuellement pour étudier

les procédés de soudage MAG, laser et hybride laser/MAG. Les expériences correspondantes

ont été utilisées pour estimer les paramètres inconnus des différents modèles. Les expériences

en procédé MAG ont été menées avec quatre débits d’apport de matière différents (3, 5, 9 et

11 m/min soit des puissances de 2336, 3520, 8017 et 10147 W) et pour des vitesses de

soudage variant de 0,6 à 2,4 m/min. Pour rappel, les vitesses d’apport de matière de 3 et

5 m/min correspondent au mode de court-circuit et celles de 9 et 11 m/min au mode spray.

Pour les expériences en soudage laser, la vitesse de soudage varie de 0,5 m/min à 2 m/min.

Pour le soudage hybride laser/MAG, le faisceau laser a été localisé derrière l’arc à une

distance de 2 mm de l'axe de l'arc (configuration tirée) et la puissance du laser a été fixée à

4 kW. Tous ces paramètres représentent 28 cas différents (Tableau 9). A partir de ces

différents cas, une analyse des différents paramètres à calibrer (le rendement d’arc et son

rayon de distribution, la pression d’arc et la conductivité thermique) a été faite afin d’obtenir

une correspondance entre les résultats expérimentaux et numériques. Les macrographies

transversales vont permettre de caler la largeur, la pénétration, la surface du bombé et la

surface totale. Les mesures issues des films sont utilisées pour caler les déformations

maximales ainsi que les longueurs de bain fondu. Pour finir, la macrographie longitudinale

permet de valider la forme générale à l’arrière du bain fondu. La démarche est facilitée du fait

que seulement 5 paramètres (pression d’arc et son rayon de distribution, rendement d’arc et

son rayon de distribution, facteur multiplicatif de la conductivité thermique) sont à définir

pour chaque configuration. Néanmoins, l’adéquation de ces paramètres demande déjà de

nombreux essais.

Laser

P = 4 kW U0 = 0,5 m/min U0 = 1 m/min U0 = 1,5 m/min U0 = 2 m/min MAG configuration tirée

PMAG = 2336 W U0 = 0,6 m/min U0 = 1 m/min U0 = 1,4 m/min PMAG = 3520 W U0 = 0,8 m/min U0 = 1,4 m/min U0 = 2 m/min PMAG = 8017 W U0 = 0,8 m/min U0 = 1,6 m/min U0 = 2,4 m/min PMAG = 10147 W U0 = 0,4 m/min U0 = 0,8 m/min U0 = 1,2 m/min Hybride configuration tirée, dfil/faisceau 2 mm, Plaser = 4 kW

PMAG = 2336 W U0 = 0,5 m/min U0 = 1 m/min U0 = 2 m/min PMAG = 3520 W U0 = 1 m/min U0 = 2,5 m/min U0 = 3,5 m/min PMAG = 8017 W U0 = 1 m/min U0 = 2 m/min U0 = 4 m/min

P

MAG

= 10147 W U

0

= 1 m/min U

0

= 2 m/min U

0

= 4 m/min

Dans l’étude de sensibilité précédente (cf. 5.1.8), nous avons montré que la

modification de la conductivité thermique n’influençait pas la largeur et la pénétration et

n’agissait que sur la longueur du bain de fusion. Ainsi, seuls les paramètres rendement d’arc η

et son rayon r

p

de distribution vont permettre de caler la largeur et la pénétration. Pour le

calibrage de la déformation de la surface (cf. 5.1.7), seule la pression maximale P

max

a été

modifiée, le rayon de distribution σ

q

a été choisi identique à celui de la puissance d’arc. La

déformation de la surface est calculée sur le champ thermique adéquat et réciproquement le

champ de température est calculé sur la déformation calibrée, ce qui correspond au test de

convergence décrit dans l’algorithme présenté ci-dessous (Figure 100).

Figure 100 : Algorithme de calcul

6.1 Comparaison expérimentale et numérique des coupes transversales

macrographiques

Dans cette partie, nous ne présentons que des comparaisons réalisées à partir de

coupes transverses. Les paramètres des modèles seront précisés par la suite. Les géométries

transverses des cordons de soudure obtenus en soudage MAG, laser et hybride laser/MAG ont

été correctement reproduites par les trois modèles (Figure 101, Figure 102, Figure 103). Les

légers écarts entre les résultats expérimentaux et numériques peuvent s’expliquer par une

incertitude sur la précision de l’isotherme de fusion (T

f

) choisie pour exploiter les résultats

numériques, ainsi que par une erreur sur le contour du cordon choisi lors du traitement des

macrographies. Néanmoins, un décalage un peu plus important entre la géométrie de la zone

de fusion expérimentale et les résultats calculés est observé pour une vitesse d’apport de

matière de 11 m/min (régime spray) et une vitesse de soudage de 1 m/min en soudage MAG

(Figure 101). En effet, alors que le modèle prédit un cordon en forme de cuvette, la

macrographie fait apparaître un cordon avec 3 zones distinctes. Cet écart peut être expliqué

par les grandes déformations de la surface du bain fondu observées dans le régime spray

combiné à une grande quantité d’apport de chaleur très localisée provenant des gouttelettes au

vu de la vitesse de soudage faible. Comme nous l’avons décrit précédemment, on observe

ainsi une pénétration très concentrée en forme de doigt en pied de cordon. Ces formes

spécifiques de cordon de soudure semblent donc être difficilement reproductibles par un

modèle purement thermique ne tenant pas compte des courants de convection à l’intérieur du

bain de fusion. Malgré cette configuration spécifique, le modèle permet de reproduire la

géométrie des cordons de soudure dans la quasi-totalité des configurations de soudage MAG.

Le modèle de soudage laser reproduit correctement la géométrie du cordon de soudure

obtenue expérimentalement (Figure 102). Ce modèle est néanmoins applicable uniquement

pour des vitesses de soudage inférieures à 5 m/min. En effet, au delà de cette vitesse,

l’hypothèse d’un cylindre vertical n’est plus valable car il a été observé une inclinaison du

capillaire de vapeur dans des travaux antérieurs [FABBRO 2007-a]. Par ailleurs, le modèle ne

reproduit pas la légère surépaisseur qui est probablement due aux déformations mécaniques.

Pour le procédé de soudage hybride laser/MAG, un bon accord est observé entre les

résultats calculés et expérimentaux (Figure 103). Comme prévu, la forme de cordon de

soudure présente deux zones: une grande largeur de cordon à proximité de la surface

supérieure induite par l'arc et une pénétration en forme de doigt près de la racine causée par

l'action du laser. Comme pour le laser, le modèle est utilisable uniquement pour des vitesses

de soudage inférieures à 5 m/min. Néanmoins, cette gamme de vitesse de soudage représente

la quasi-totalité des plages opératoires du soudage hybride laser/MAG.

Figure 101 : Comparaison des coupes transversales à la ligne de fusion entre les résultats

numériques et expérimentaux pour le procédé de soudage MAG

Figure 102 : Comparaison des coupes transversales à la ligne de fusion entre les résultats

numériques et expérimentaux pour le procédé de soudage laser (P

laser

= 4 kW)

Figure 103 : Comparaison des coupes transversales à la ligne de fusion entre les résultats

numériques et expérimentaux pour le procédé de soudage hybride laser/MAG

6.2 Comparaison expérimentale et numérique des longueurs de bain de