Chapitre 2 : Revue bibliographique
2.2 Structures de solidification
2.2.4 Modèles
2.2.3 Observations générales
Les études scientifiques de la TCE sont généralement soit de la solidification en moules de
géométrie simple, soit une solidification grâce au refroidissement des sources de chaleur, soit de la
solidification dirigée de type Bridgman (solidification caractérisée par un gradient thermique et une
itesse d e t a tio de l ha tillo ou o -stationnaire (« power-down », caractérisée par un
gradient thermique variable). Ces études partagent les mêmes buts et posent les mêmes types de
questions :
1) Quel so t les zo es et ph o es d o igi e des g ai s ?
2) Quels sont les effets des paramètres expérimentaux sur la TCE ?
3) Pou uoi les g ai s olo ai es s a te t-ils ?
4) Comment améliorer les modèles prédictifs pour la TCE ?
Les paramètres influant sur la TCE qui sont sollicités dans ces études sont :
1) Li s à l alliage m, k, D, C
0) :
Le paramètre de composition initiale C
0est i pos pa l alliage, la pe te du li uidus et
coefficient de partage m et k viennent du diagramme de phases et le coefficient de
diffusion dans le liquide D
Lpeut t e esu pou l alliage tudi .
2) La surchauffe :
Dans les pièces coulées, la surchauffe est la différence entre la température de coulée et
la température du liquidus garantissant que le métal en fusion reste liquide pendant la
coulée. Pour de petits lingots, une surchauffe plus importante augmente la longueur
colonnaire (refusion des germes équiaxes) [79].
3) La dynamique des fluides :
Deux approches so t p ises e o pte pou tudie l i flue e de la d a i ue des
fluides : soit l tude du e plissage o e tio et tu ule e su la TCE, soit l appli atio
d u e o e tio fo e pou fa o ise la fo atio de g ai s uiaxes. Le mouvement
des fluides favorise la TCE, augmentant la fragmentation, le transport de fragments et la
vitesse de diminution de la surchauffe [79].
4) La thermique (matériau de moule, taille de pièce, conditions de coulée) :
Les paramètres associés à la thermique influent sur le gradient thermique G et la vitesse
de solidification v qui sont fortement liés à la TCE.
E g al, la o pa aiso e t e les sultats pou les diff e ts t pes d e p iences est
difficile. Quelques généralisations sont cependant possibles. La TCE est notamment favorisée par une
vitesse de croissance élevée, un faible gradient thermique, une forte teneur en soluté et une
germination facilitée [79].
2.2.4 Modèles
Les modèles de la TCE comprennent les éléments suivants [105] :
1) Un modèle de flux de chaleur,
2) Un suivi du front colonnaire par un modèle de cinétique des pointes des dendrites
colonnaires,
3) Une nucléation des grains équiaxes qui dépend de la surfusion,
4) Un modèle de cinétique des pointes des dendrites équiaxes,
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Hu t att i ue l a t des grains colonnaires à un blocage mécanique par des grains équiaxes
rentrés en contact [106]. Gandin propose une instabilité du front colonnaire, source de grains équiaxes
ui lo ue t l a a e e t du f o t olo ai e [107]. Martorano et coll. mettent en évidence les effets
du rejet de soluté pendant la solidification [108]. Tous es od les, ai si ue d aut es it es pou
déterminer la position de la TCE, seront discutés dans les paragraphes suivants.
2.2.4.1 Modèle de Hunt
Le od le de Hu t o siste e u e app o he de u l atio h t og e pou t aite l o igi e
des grains équiaxes, une croissance des dendrites et un blocage mécanique des grains. Des
cartographies de la TCE en fonction des paramètres sont ensuite générées. Les premières hypothèses
du modèle sont des flux en régime stationnaire, un système binaire pour les paramètres
thermodynamiques et un profil de température linéaire caractérisé par un gradient thermique G
constant.
La Figure 2-9 schématise le modèle. Le front colonnaire isotherme avance à la vitesse v
col. Juste
devant le front colonnaire, un gradient thermique G
tconstant et linéaire est imposé. Lorsque la
température dans le liquide atteint la température de nucléation T
nucl, des grains sphériques fixes
germent instantanément. Ces grains équiaxes croissent ensuite dans la zone en surfusion ( T). La
oissa e des g ai s olo ai es et uia es se pou suit jus u au lo age ph si ue du f o t
olo ai e pa les g ai s uia es, d s ue es de ie s o upe t tout l espa e de a t le f o t.
Figure 2-9. Schéma du modèle de Hunt.
Nucléation hétérogène
La nucléation dite hétérogène est la germination dans laquelle le substrat qui sert de germe
a pas la e o positio ue le solide ui se d eloppe autou . U fa teu esse tiel est N
0, la
densité initiale de germes qui se forment instantanément dans le liquide. Ce facteur N
0est
difficilement accessible après une expérience car tous les germes initialement présents ne survivent
Légende
v
col = vitesse des pointes colonnaires
G
t = gradient thermique (constant)
T
front = température du front colonnaire
T
nucl = température de nucléation
T
0liq = température initiale du liquide
ΔT = surfusion = (T
0liq–T
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pas et la fragmentation complique encore la mesure du nombre de sites de germination et le moment
auquel la germination a lieu. La germination est possible à une température inférieure ou égale à la
surfusion de nucléation T
Nreliée à la température du liquidus, la composition initiale et la
te p atu e de u l atio pa l uation (1) [106].
�
=
� �−
�(1)
Le taux de nucléation par unité de volume, �, est do pa l uatio (2) [106].
� = − exp [ ∆
�ln ∆ × ] (2)
Cette équation signifie que le taux de nucléation est proportionnel à la surfusion T par un
facteur exp
∆�². Les facteurs constants de 10
20ont un rapport avec la diffusion dans le liquide, la
taille des germes et le rayon atomique. La surfusion de nucléation est également constante dans le
temps.
Croissance
La croissance se poursuit dans la zone en surfusion. Cette surfusion constitutionnelle T
cest
d fi ie pa l uatio (3), mettant en jeu le gradient thermique G, le coefficient de diffusion dans le
liquide D
L, la vitesse aux pointes V, la pente du liquidus m, le coefficient de partage constant k
0entre
le solide et le liquide, la composition chimique initiale C
0et le coefficient de Gibbs-Thomson [106].
∆ = + {− − }
⁄
(3)
Le p e ie te e da s l uatio ta t sig ifi atif ue sous fo ts g adie ts et fai les itesses,
il est donc généralement négligeable par rapport au second te e. La su fusio peut alo s s e p i e
sous la fo e si plifi e l uatio (4)) [106] da s la uelle la o sta te A est do e pa l uatio
(5).
∆ = {− ′}
⁄(4)
=
−
(5)
Blocage mécanique
Pour que la croissance soit considérée comme colonnaire, la longueur des dendrites
olo ai es doit d passe le dia t e d u g ai uia e. Hu t [106] a développé un critère qui
indique si la croissance doit être considérée comme équiaxe (quand la fraction volumique de cristaux
équiaxes Øest supérieure à 0,49) ou colonnaire (pour une fraction volumique de cristaux équiaxes Ø
inférieure à 0,0049, soit 1 % de la f a tio olu i ue du as uia e . Pou ite l e pi te e t des
grains les uns sur les autres, la fraction volumique étendue Ø
ecorrigée a été introduite en équation
(6).
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Les deux cas de croissance sont donc [106] :
1) Croissance équiaxe : Ø
e> 0,66,
2) Croissance colonnaire : Ø
e< 0,0066.
Les grains sont approximés par des sphères du même rayon pour un temps donné t. Tous les
grains ont donc la même histoire thermique. La croissance des sphères est une fonction de la vitesse
des poi tes uia es, e passa t du te ps à l espa e à t a e s la su fusio lo ale e uatio (7) [106].
= ∫ = ∫
∆�∆ ∆ = [ ∆ − ∆
�]
∆��
(7)
Combiner ceci avec le fait que ∅ =
� 3�> , permet de définir les conditions de
croissance équiaxe (en équation (8)) et colonnaire (en équation (9)) [106].
é � �
< ,
⁄[ − ∆
�∆ ] ∆ (8)
�
< , ∙
⁄[ − ∆∆
�] ∆ (9)
Capacités prédictives
La possibilité de définir un gradient critique pour la croissance équiaxe et un gradient critique
pour la croissance colonnaire permet de tracer des cartographies de la TCE en fonction des paramètres
variant indépendamment, comme C
0, T
Net, même, N
0, paramètre difficilement accessible
expérimentalement. La Figure 2-10 présente des prédictions ainsi possibles a e e od le. L te due
de la zone équiaxe augmente quand la surfusion de nucléation diminue, la concentration de soluté ou
la densité de germes augmente.
Figure 2-10. S h as de la oissa e uia e d’u alliage i ai e Al-3 %mas Cu avec une surfusion de nucléation ΔTN = 0,75 K et un nombre de germes N = 1000 cm-3 en fonction de G (K/cm) et v (cm/s) en faisant varier en a), la surfusion de
nucléation, en b), la composition chimique et en c), la densité de germes [106].