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Chapitre 2 : Revue bibliographique

2.4 Centrifugation

Pour produire les aubes de turbine en TiAl, Snecma utilise des procédés de coulée centrifuge, ce

qui permet de remplir rapidement les moules et éviter les problèmes de remplissage. Cette section

p se te la oul e e t ifuge, et ota e t l i flue e de la centrifugation sur la solidification.

2.4.1 Coulée centrifuge

Dans le cas des alliages réactifs, la surchauffe des procédés de fusion est généralement faible

pour limiter la contamination, ce qui réduit en contrepartie la coulabilité. La manque de coulabilité

peut être compensée par la centrifugation grâce à ses temps de remplissage courts et son meilleur

taux de remplissage [144]. La te h i ue p se te ai si des a a tages d ho og it i ost u tu ale

et de porosité réduite par rapport à la coulée gravité classique [145]. De plus, dans le cas de la coulée

des aubes proches des côtes finales, la pression induite permet de remplir des sections minces de

oi s d alg la o t ep essio de l e gie de su fa e [144]. Par contre, le risque de

tu ule es et do d e t ai e e t d o des de su fa e ou de pi geage de ulles de gaz est significatif

[13]. La od lisatio du e plissage des oules et de l oule e t des fluides est do u outil

esse tiel pou e t pe de p o d pe etta t d assu e la ualit des pi es [144]. Les limitations du

suivi quantitatif des procédés, par exemple la technologie de mesures thermiques, ainsi que celles

dans les données thermophysiques disponibles, par exemple les coefficients de diffusion de chaque

élément dans chaque phase pour un système complexe tel que Ti-Al-Cr-Nb, compliquent la

modélisation, mais la puissance de calcul disponible actuellement permet de prédire la performance

de nouvelles configurations de coulée en termes de porosités et ségrégations.

La p odu tio d au es de tu i e pa oul e e t ifuge a e la te h i ue de fo de ie à la i e

perdue est un procédé long et complexe, décrit en détails par Aguilar et al. [146]. Cette technique

apporte une possibilité de production en quantités importantes et de précision, permettant la

fabrication de formes complexes ayant une bonne qualité de surface. Des enjeux de production de

moules céramiques proches des côtes finales des pièces à partir de barbotines, de revêtement en

tt i e, d age e e t de g appes de oules, de p hauffage de oules, et . se ajoute t au

problèmes de protection contre la contami atio et d apo atio d alu i iu et du glage des

paramètres de centrifugation tels que la surchauffe, la vitesse de rotation et la pression de coulée

[146]. La coulée centrifuge en moule permanent métallique a été développée pour la fabrication de

al es e TiAl pou l auto o ile pe etta t de li ite la o ta i atio et de o t ôle la hi ie afi

de réduire le coût des matières premières [146]. Snecma a utilisé un procédé analogue pour la

production de lingots dans lequel des aubes de turbine sont ensuite usinées.

D u poi t de ue s ie tifi ue, e plus des ph o es oupl s de solidifi atio ui se o t

dis ut s da s la p o hai e pa tie, les oule e ts o e tifs de fluides autou d u solide e t ai de

se développer sous centrifugation et capable de fragmenter et être donc transporté dans le liquide

sont assez complexes [147]. Déterminer la surface solide-liquide est une tâche particulièrement

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la coulée centrifuge selon la configuration et la vitesse de centrifugation, et par ailleurs les forces liées

à la centrifugation dépendent de la géométrie : la force centrifuge, g

c

, agit pe pe di ulai e e t à l a e

de rotation et la force de Coriolis contre le sens de rotation. Pour deux systèmes en rotation à une

itesse si ilai e, la fo e de Co iolis est la e u i po te le a o [148]. La dis ussio d e p ie es

de solidifi atio sous e t ifugatio i pli ue des o epts de t a spo t et d oule e t de fluides ui

sont présentés dans le prochain paragraphe.

2.4.2 Notions de transport et d’écoulement de fluides

La convection dans les expériences de solidification est soit thermosolutale, surtout pour des

o figu atio s de g a des di e sio s, soit li e au g adie ts d e gie de su fa e p s d u e i te fa e

solide-liquide courbée, soit forcée par une force externe. Lors de la solidification, la convection

p o o ue des i sta ilit s au i eau de l i te fa e solide-liquide [149] qui rendent la modélisation

compliquée. Les transitions entre des écoulements laminaires, périodiques, ou turbulents perturbent

gale e t l i te fa e solide-li uide. La o positio hi i ue peut gale e t odifie lécoulement

[94]. M e les s st es o çus pou l tude de la oissa e istalli e e pe ette t ue

difficilement de contrôler les transports thermique et massique. Par exemple, la technique de

solidification dirigée de type Bridgman impliquant des formes de lingots cylindriques de petit diamètre

et isa t à li ite la o e tio e peut pas totale e t supp i e les effets d e gie de su fa e ou

les gradients radiaux qui créent des cellules convectives radiales conduisant à des ségrégations radiales

[150]. Le transport de ces systèmes et leur comportement sont usuellement caractérisés par plusieurs

grandeurs (sans unités) donnant une estimation des forces motrices responsables du transport de

haleu , d esp es ou de fluides. La fo e sa s di e sio s d pe d d u e helle a a t isti ue de

longueur, vitesse, concentration, temps, etc. qui représente le mécanisme de transport dominant. Les

g a deu s d i t t da s es t a au so t d ites da s le Tableau 2-4.

Les nombres Prandtl (Pr) et de Schmidt (Sc) dépendent uniquement de diffusivités, propriétés

thermophysiques du matériau. Les valeurs de Pr sont plus grands pour les oxydes fondus (entre 1 et

10) que pour les semiconducteurs fondus (entre 0,01 et 0,1) [150]. Les valeurs de Sc dans le liquide en

fusion sont typiquement grandes, entre 10 et 100, en raison des faibles coefficients de diffusion dans

le liquide [150].

Les nombres de Péclet (Pe

t

, Pe

s

) et de Reynolds (Re) permettent de distinguer entre les

a is es de t a spo t do i a ts et d pe de t du hoi d helle a a t isti ue. Des ou hes

limites se forment quand ces valeurs sont élevées [150].

Le groupe suivant de grandeurs d te i e l effet att ua t de la is osit su e tai es fo es

motrices : la flotta ilit fo e as e sio elle sulta t de l i e sio pou les o es de G ashof

(Gr) et de Rayleigh (Ra), pour des échelles différentes de vitesse et de pression, et le cisaillement en

su fa e p oduit pa le g adie t d e gie de su fa e e p se e de is osit pou le o e de

Marangoni (Ma) [150]. ‘a pe et de diff e ie e t e des gi es d oule e t diff e ts [151]. Le

o e de Ta lo Ta est utilis pou o pa e la fo e e t ifuge à l effet att ua t de la is osit

[152].

Le dernier groupe est plus particulièrement lié à la centrifugation. Le nombre de Rossby (Ro)

do e u e esti atio de l uili e des itesses pou d te i e la itesse pe çue pa le s st e. U e

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du système est plus grande que la période de rotation [152]. Le numéro de Froude (Fr) concerne le

rapport entre l a l atio e t ifuge et l a l atio te est e [153].

Tableau 2-4. Définitions liées aux transports [150,152–154].

Grandeurs Signification Expression

Nombre de Prandtl � � � é � � � � é ℎ � =Nombre de Schmidt � � � é � � � � é � =Nombre de Péclet thermique ℎ � � ℎ � � � = Nombre de Péclet solutal � � � � � = Nombre de Reynolds � é � � é � � = � Nombre de Grashof � � é � = �² Nombre de Rayleigh � � é � = Nombre de Marangoni é � � =� � �² Nombre de Taylor � � = �² Nombre de Rossby � è � à � � = / Pr √ � Nombre de Froude é é � � é é � à � é =�²

2.4.3 Expériences de solidification sous centrifugation

Des expériences de solidification sous centrifugation effectuées sur de petits cylindres de

se i o du teu s o t l u o po te e t u ieu . Pou la oissa e de P Te dop d a ge t, a ec

g

c

entre 1 et 5 fois g

0

, Rodot et al. ont mis en évidence que la ségrégation était très limitée à 5 g par

appo t au aut es itesses de otatio et ue seules es o ditio s pe ettaie t l o te tio d u

lingot monocristallin [149]. La porosité en surface (en plus de la retassure) présente à 1 g était

gale e t duite pou l essai à g et p es ue li i e à g, sugg a t des odes o e tifs

différents [149]. Par ailleurs, la ségrégation augmente pour des valeurs de g supérieures à 5 g dans la

même centrifugeuse [155]. Sur une centrifugeuse différente ayant un diamètre plus petit (11 m contre

36 m), le comportement « sans convection » a été observé pour 2 g au lieu de 5 g [155]. Il existe un

« magic g », aleu de fo e e t ifuge à la uelle la s g gatio est oi d e u à des itesses plus

faibles ou plus élevées. La diminution de ségrégation en travaillant sous microgravité est connue, car

ces conditions permettent de limiter les écoulements pou u t a spo t d esp es pu e e t diffusif

[152], ais le a is e pe etta t l a lio atio li e à la e t ifugatio est pas ide tifi .

La modélisation numérique de ce phénomène sur le gallium liquide dans une centrifugeuse de

diamètre 36 m montre que cette valeur de g à ségrégation minimisée correspond à une transition entre

un régime de convection naturelle et un régime où la force de Coriolis est dominante, avec de la

convection limitée au g de la transition [152]. Dans une configuration de solidification contre la gravité

(G // -g, la fo e e t ifuge sta ilise l oule e t e l att ua t [152]. Un Pe critique < 1 donne la

limite supérieure de croissance stable, pour laquelle la force Coriolis recommence à déstabiliser les

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oule e ts, t aduisa t de l oule e t lo gitudi al e oule e t adial [152]. Dans une

configuration de solidification dans le même sens que la gravité (G // g), la force de Coriolis stabilise

l oule e t e l att ua t. Les flu tuatio s the i ues et le gi e i sta le se p oduise t ai si à

une vitesse de centrifugation plus faible que dans le cas de G // -g. [152]. L oule e t de fluides passe

d u gi e o -stationnaire à un régime stationnaire à un Ra critique, où les cellules de convection

changent de sens de rotation [152,156]. À la transition de convection minimisée, les forces du système

sont en équilibre, équilibre qui peut être facilité par une configuration qui permet au creuset fixé en

haut de ha ge d a gle ua d la fo e e t ifuge aug e te [183, 184]. Da s le as d u e

o figu atio fi e su u pi ot et apa le d ajuste so a gle a e la e t ifugatio , la fo e

dominante est la flotta ilit fo e as e sio elle sulta t de l i e sio , et o e la fo e de

Coriolis, elle dépend de la vitesse de rotation, ω, et donc du diamètre de la centrifugeuse, avec une

dépendance en ω² dans le premier cas et en ωV

réf

dans le second [154].

Quant aux effets matériaux, de nombreux paramètres, tels ue l espa e e t des de d ites

se o dai es, l espa e e t eute ti ue, le dia t e de t o s p i ai es, le a o de poi tes et la fo e

des cellules eutectiques ne semblent pas dépendre de la centrifugation [188, 189]. L espa e e t e t e

les bras primaires diminue par contre quand la vitesse de centrifugation augmente [158]. La

f ag e tatio e est pas espo sa le a la st u tu e est toute olo ai e. La supp essio de

diffusio pa la o e tio et la flotta ilit du li uide e i hi e solut ejet au i eau de l i te fa e

pendant la solidification en sont donc les causes les plus probables [158]. Le champ de gravité

augmenté repousse le soluté plus loin devant les dendrites, étendant la zone pâteuse et contraignant

la croissance de bras secondaires [158]. Des bras tertiaires peuvent croître comme de nouveaux bras

pri ai es pou ajuste l espa e e t i te de d iti ue à la itesse de oissa e o espo da te.

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