1.4 Modélisation des interfaces de contact en acoustique non-linéaire
1.4.4 Modèles avec lois de contact
Le phénomène de clapping d’une interface est un comportement dynamique. L’ouverture et la
fermeture rapide de la fissure induit des changements brusques de la vitesse et des contraintes. Une
manière de gérer ce type de comportement consiste à utiliser des lois de contact. Par exemple, le
contact unilatéral autorise la séparation géométrique des faces. Des conditions de contrainte libre
sont alors imposées. Pendant les phases de contact la non-interpénétration des faces est assurée,
34 1 Etat de l’art - Acoustique non-linéaire et modélisation
tandis que seule une contrainte de compression peut être transmise. Cette loi est utilisée dans un
certain nombre de modèles et sera détaillée dans le chapitre suivant. Les lois de contact rendent
le problème difficile à résoudre analytiquement et requièrent l’utilisation de méthodes numériques.
L’interface peut être partiellement fermée et il est nécessaire d’appliquer les conditions aux limites
appropriées uniquement sur la partie en contact. La section de l’interface impliquée dans le contact
à un instant donné est donc une inconnue supplémentaire.
Mendelsohn et Doong ont mis en place un modèle numérique de type BEM pour traiter
l’in-teraction d’une onde SH avec une interface de contact [121]. Dans ce modèle 2D, seule l’interface
est discrétisée et une loi de contact unilatéral avec frottement de Coulomb est utilisée. La loi de
frottement permet de prendre en compte les efforts tangentiels. La résolution est effectuée dans le
domaine temporel et un algorithme itératif est utilisé pour déterminer quelles zones sont ouvertes,
en contact, ou glissantes. Enfin, une contrainte normale est appliquée sur l’interface. Les résultats
donnent l’évolution de la distance maximale de glissement et du facteur d’intensité des contraintes
(FIC) en pointe de fissure lors du passage de l’onde. Hirose et Achenbach reprennent le travail
de Mendelsohn et Doong sur le cas d’une fissure 2D soumise à une onde plane longitudinale [122].
Le frottement n’est pas pris en compte. La solution pour l’onde transmise est calculée à partir
des déplacements de l’interface en utilisant les fonctions de Green. L’analyse de l’onde transmise
montre l’existence d’un second harmonique qui décroit avec la contrainte normale, conformément
aux observations expérimentales. Le frottement est ajouté dans un second travail [123]. Trois cas
sont abordés en régime permanent : (i) la fissure est initialement ouverte et soumise à une onde
longitudinale sous incidence normale, (ii) la fissure est fermée et soumise à une onde longitudinale
ou transverse sous incidence normale, et enfin, (iii) la fissure est fermée et soumise à une onde
trans-verse sous incidence oblique. L’évolution des harmoniques est donnée en fonction de la compression
pour les cas sous incidence normale. Le troisième harmonique montre un maximum dans le cas de
l’onde transverse. Sous incidence oblique, seule la réponse temporelle de l’interface est proposée.
Le même type de modèle est aussi utilisé par Menshykov et al. dans une logique plus orientée vers
la mécanique de la rupture. Les FIC sont calculés pour plusieurs angles d’incidence [124].
Stavrou-lakis et al. ont utilisé cette résolution et ont comparé les déplacements de l’interface avec et sans
loi de contact. La prise en compte du contact se traduit par une transmission partielle de l’onde à
travers l’interface [125]. Récemment, Tan et al. ont étendu le modèle BEM pour un matériau
ho-mogène anisotrope [126]. Une attention particulière est apportée au calcul des ondes diffusées dans
ce type de matériau. La méthode BEM est efficace pour résoudre le problème de contact puisque
seule l’interface est discrétisée. Cependant, le calcul des champs transmis et réfléchis nécessite la
connaissance des fonctions de Green dans le domaine temporel. Ces fonctions ne sont connues que
pour certaines géométries. D’autre part, la méthode conduit à l’évaluation d’intégrales singulières
qui nécessitent des méthodes d’intégration complexes.
Ces lois de contact sont aussi implémentées dans des modèles EF par l’intermédiaire de diverses
techniques qui seront détaillées dans le chapitre 3. L’utilisation des EF et des lois de contact est
maintenant très répandue dans les modélisations mécaniques car ils présentent l’avantage d’être
flexibles, notamment en terme de géométrie, et robustes. En acoustique, on recense peu de modèles
1.4 Modélisation des interfaces de contact en acoustique non-linéaire 35
EF intégrant des lois de contact unilatéral avec ou sans frottement. Kögl et al. ont mis en place
un modèle EF comportant une ou plusieurs fissures modélisées par une loi de contact unilatéral
sans frottement [127]. L’orientation des fissures peut être facilement modifiée. Pour tenir compte
des singularités de contrainte en pointe de fissure (σ ∝ 1/√
r), des éléments dégénérés
(quarter-point elements [128, 129]) sont placés autour de ces zones. Ces éléments initialement développés
dans le cadre de la mécanique de la rupture, ont la particularité d’avoir des fonctions de forme qui
évoluent en √r et permettent donc de gérer les singularités de contraintes. Le solide est excité de
manière continue à une fréquence de 20 kHz. Pour différentes orientations de fissure, l’amplitude des
harmoniques supérieurs est relevée aux noeuds du maillages, ce qui permet de réaliser des images de
champs et ainsi de visualiser les fissures. Cependant, pour certaines orientations de fissure, aucun
harmonique supérieur n’est détecté. Cela est dû au fait que le frottement n’est pas pris en compte
dans le modèle.
La méthode des domaines fictifs développée plus récemment, combine les avantages d’une
dis-crétisation régulière de type DF et la flexibilité géométrique des méthodes EF et BEM. Le calcul
est généralement réalisé sur un domaine rectangulaire maillé par une grille uniforme, sur lequel on
vient superposer un maillage linéique qui représente de manière précise les interfaces géométriques
du domaine (obstacle, fissure). Les sauts de la solution entre les deux maillages constituent une
inconnue supplémentaire qu’il faut relier au maillage principal, en utilisant des multiplicateurs de
Lagrange par exemple. Cette méthode a été utilisée en acoustique pour l’étude de la diffusion d’une
onde par un obstacle. Par exemple, Zhang a appliqué cette méthode pour la diffusion d’une onde
par un disque [130]. Bécache et al. ont travaillé sur la diffusion d’une onde par une fissure linéaire
représentée par des conditions limites de type contraintes libres [131]. Le modèle a été étendu par
la suite pour prendre en compte une loi de contact unilatéral [132, 133]. Cette méthode est
au-jourd’hui encore en cours de développement et les travaux apportent une étude de convergence et
d’estimation de l’erreur numérique. Haslinger et Renard ont récemment proposé une méthode avec
stabilisation afin d’améliorer la convergence de la méthode [134].
Le CAN, phénomène non-linéaire associé au comportement d’une fissure lors d’une excitation
acoustique, peut être modélisé par différentes approches. L’approche la plus simple consiste à
considérer la fissure comme une inclusion moins rigide en traction que le reste du matériau. Les
modèles bi-modulaires sont la traduction directe de cette approche et permettent de simuler des
sources d’harmoniques supérieurs, bien que la réponse ne soit pas en accord avec les résultats
expérimentaux. Pour reproduire avec le plus de réalité possible le comportement d’une interface,
des modèles ont été développés à partir des comportements micro-mécaniques. Une gamme de
modèles plus ou moins pointus utilisant des ressorts et des masses permet de modéliser la raideur
de l’interface. Bien que les différents comportements non-linéaires puissent être reproduits par les
modèles les plus complexes, cette approche nécessite la connaissance de la raideur de l’interface qui
doit être mesurée expérimentalement. La connaissance de la rugosité est aussi parfois nécessaire.
Au contraire, les modèles numériques utilisant des lois de contact ne nécessitent que la mesure
du coefficient de frottement. Les lois de contact peuvent être utilisées dans plusieurs types de
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résolution (BEM, EF, DF ou les domaines fictifs) et le frottement est pris en compte par des lois
de type Coulomb ou Tresca par exemple. La génération de nouvelles fréquences est obtenue par
ces modèles. Cependant, certains phénomènes non-linéaires comme les effets de dynamique lente
ne sont pas reproduit par ces modèles.
Dans le document
Analyse de la non-linéarité acoustique de contact pour l’ évaluation et le contrôle non destructif
(Page 40-43)