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L’enrichissement des approches classiques s’est avéré nécessaire pour intégrer l’utilisateur dans le processus de conception du système. Parmi les modèles enrichis sous l’angle des IHM présentés dans (Kolski, Ezzedine, and Abed 2001), nous allons nous intéresser au modèle en étoile, au modèle de Long, au modèle en U et au modèle Nabla. Ces modèles sont mieux adaptés à la conception des systèmes interactifs, que les méthodes classiques.

1.2.1 Le modèle en étoile

Le modèle en étoile (Figure 8) (Hartson and Hix 1989) place l’évaluation au centre de la conception faisant intervenir ainsi l’utilisateur à toutes les étapes du cycle afin de détecter au plus tôt les problèmes liés à l’utilisabilité. Le cycle de vie de ce modèle propose de réaliser les différentes phases par itération avec l’évaluation, sans ordre imposé. Cependant, dans la pratique, l’implémentation est réalisée à la fin du cycle.

Figure 8 Modèle en étoile

Bien que ce modèle offre la conception centrée utilisateur recherchée, le processus de développement du cycle de vie est lent et l’équipe de conception doit être maintenue tout au long de ce processus.

1.2.2 Le modèle de Long

Long s’appuie sur le principe de conception et de réalisation des IHM pour proposer un modèle proche du modèle en cascade. Dans la pratique, on retrouve le cycle usuel « spécification – mise en œuvre – évaluation ». Compte tenu des changements qui peuvent intervenir dans les spécifications pendant le cycle de vie du projet, une évaluation avec retour en arrière est exigée par le modèle de Long (Long and Denley 1990). Sur la Figure 9, les rectangles représentent les étapes de développement et les ovales sont les documents produits. Bien que ce modèle soit proche du modèle en cascade, la conception de l’IHM est précisée et l’évaluation permet de prendre en compte assez tôt les besoins de l’utilisateur.

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1.2.3 Le modèle en U

Dans le modèle en U (Figure 10) (Abed 1990 ; Millot 1990 ; Lepreux, Abed, and Kolski 2003), en plus de l’évaluation, les facteurs humains sont pris en compte. En effet, l’analyse et la modélisation de la tâche et de l’utilisateur y sont précisées. Les étapes de conception sont différentes de celles des modèles classiques issus du génie civil. Le modèle en U est structuré en deux phases formant le « U » : une phase descendante portant sur l’analyse, la spécification et la conception de l’IHM ; et une phase ascendante axée sur l’évaluation du système global en s’appuyant sur des critères d’efficacité et des critères centrés sur l’utilisateur. Une étape importante de Validation/Affinage consiste à confronter le modèle de tâches théorique de la phase descendante à celui des activités réelles de la phase ascendante. À partir des résultats de cette opération, l’IHM est affinée ou validée.

Figure 10 Modèle en U

Ce modèle a prouvé son application à plusieurs domaines complexes tels que le contrôle aérien, les applications chimiques et ferroviaires (Lajnef, Ayed, and Kolski 2005).

1.2.4 Le modèle Nabla

Comme le modèle en U, le modèle Nabla (Figure 11) (Kolski 1997) tient également compte des facteurs humains dans le cycle de vie du projet. La particularité du modèle Nabla est qu’il sépare les étapes de conception de l’interface (la partie gauche du modèle) de celles de conception des modules applicatifs ou d’aide (partie droite du modèle). Les deux parties du modèle suivent les mêmes étapes que celles décrites en génie logiciel. En réalité, Nabla représente un double cycle en V qui repose sur la confrontation progressive entre un modèle réel et un modèle de référence (système interactif idéal). Cette confrontation permet d’obtenir des données pertinentes pour la spécification du système interactif. Les spécifications obtenues sont ensuite évaluées et validées. En effet, des phases d’évaluation et de validation s’appuyant sur des spécifications ergonomiques et socio-ergonomiques se situent au niveau de chaque étape des deux modules afin de garantir l’utilisabilité du système interactif à concevoir.

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Figure 11 Modèle Nabla

1.2.5 Synthèse sur les méthodes enrichies sous l’angle des IHM

Pour répondre aux besoins de conception dans le domaine des IHM, les modèles classiques ont été étendus, adaptés ou revus pour obtenir les modèles enrichis sous l’angle des IHM. Quatre de ces modèles sont présentés ici : le modèle en étoile, le modèle de Long, le modèle en U et le modèle Nabla. Le modèle en étoile est un modèle très flexible qui n’impose pas d’ordre pour la réalisation des étapes du cycle de vie du projet. Le modèle de Long est proche d’un modèle classique mais ne précise pas les activités liées à la modélisation de la tâche et de l’utilisateur. Dans le modèle en U, le développement itératif se fait tâche par tâche à partir de la confrontation de la tâche prescrite à la tâche réelle, et en fonction des résultats de cette confrontation. Dans le modèle Nabla, la modélisation de l’utilisateur, la modélisation des tâches humaines et les relations entre ces deux modèles et les spécifications ne sont pas clairement indiquées.

Les modèles enrichis sous l’angle des IHM ne fournissent pas forcément l’assurance qu’un projet de conception de système interactif soit réalisé avec un succès total (Ltifi 2011), mais ils tiennent compte des facteurs humains qui sont essentiels dans la conception des systèmes interactifs. L’inconvénient principal de ces modèles réside, d’une part, d’un point de vue méthodologique, dans les aspects fondamentaux tels que la modélisation des tâches humaines, le développement itératif des prototypes, et l’évaluation du système interactif (Kolski, Ezzedine, and Abed 2001). En effet, la prise en compte de ces aspects est essentielle dans le développement d’un système interactif. D’autre part, face à la complexité des systèmes interactifs, plus particulièrement les systèmes de contrôle-commande, où le nombre d’intervenants et la diversité des domaines d’études sont considérables, l’utilisation de ces modèles entraine des coûts élevés de développement car des problèmes de cohérence d’ensemble et d’interprétation des spécifications conduisent à des erreurs. Bien que ces modèles proposent dans le cycle de vie de conception du système, des phases d’évaluation pour la détection et la correction des erreurs, ces phases peuvent nécessiter d’importants efforts de re-conception. En effet, il est très rare d’avoir un système correctement réalisé du premier coup. De ces constats découlent les approches basées sur les modèles permettant aux

33 concepteurs d’exprimer leurs expertises par des modèles, puis d’utiliser des méthodes appliquant les techniques de l’Ingénierie Dirigée par les Modèles (IDM) pour réaliser des passerelles entre les modèles et automatiser le processus de conception.