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Le modèle de la ville méditerranéenne entre mythe et réalité

Il apparaît que dés qu’on parle d’un « modèle » de la ville méditerranéenne, deux mythes font éruption et qui se formulent sur le mode du paradoxe :

3.1. Un mythe positif : la méditerranée est le foyer historique du modèle

occidental de la ville et où les villes apparaissent comme un espace d’échange et de cœxistence entre les cultures au sein d’un héritage commun qui trouverait jusqu’à ce

jour des résonances dans un certain art de vivre : à la fois un modèle de civilisation et de sociabilité.

3.2. Un mythe négatif : qui se manifeste à travers : la décadence historique (les

ruines antiques) et plus récente (les palais disproportionnés), Une domination

sclérosante sur la campagne, une société urbaine inégale et violente, et une modernisation urbaine tardive, brutale et inachevée, aux effets urbanistiques et sociaux jugés monstrueux.

En tant que tel, ces discours très hétérogènes (historiques, touristiques, identitaires relèvent du mythe, ils sont largement le produit de l’histoire.

Le model méditerranéen est multiple, en d’autres termes, il n’existe pas un seul modèle mais plusieurs et ce par :

- Une distinction entre villes du nord et villes du sud privilégiant essentiellement les aspects économiques, pas un modèle méditerranéen, mais un au nord et un au sud qui n’ont rien de « modèles », en eux-mêmes et qui entretiennent un rapport pervers de domination.

- Une Tripartition distinguant des villes de l’arc latin au sud de l’Europe, des villes du Maghreb entre arabité et modernité, et des villes du levant, villes carrefours, villes conflit (avec valorisation plus ou moins grande de la fonction de carrefour).

La réflexion sur les villes méditerranéennes rejoint celle des problématiques existantes dans d’autres espaces ainsi « l’avenir des villes sera sans nul doute celui qui

saura conjuguer patrimoine, mémoire, culture et identité avec modernité »1, cette affirmation prend un relief tout spécifique dans le cadre des villes méditerranéennes, du fait de la densité historique et mythique de cet espace

Ces villes ne sont ni de simples villes du « Nord » ni de simples « villes du

tiers-monde », la conscience d’avoir un héritage (arabe, latin, national ou cosmopolite…)

progresse en méditerranéen.

Les villes méditerranéennes jouent avec le mythe de leur ville, l’intègrent, cherchent à le construire souvent pour la construction de l’identité urbaine. Elles imitent

des modèles urbanistiques ou des modes de comportement face à la ville (comme la ville nordiste) et en deviennent un à leur tour, surtout en ce qui concerne la résolution de la dialectique tradition/ modernité.

Une autre spécificité méditerranéenne ; les villes semblent toujours en avance ou en retard sur le mythe. Courir pour rattraper son histoire ou courir pour rattraper le train de la modernité ; c’est toujours courir : vers une identité spatiale du décalage temporel induré, à l’exemple de la ville de Skikda ; ville en plein essor depuis la présence française, connaît une croissance anarchique quoi qu’une volonté d’organiser sa croissance vers des espaces adéquats et sans vocation agricole existe à travers sa politique urbaine, surtout depuis les années 70,mais les équipements, la viabilisation ne sont toujours pas réalisés. Un handicap qui semble insurmontable, tant que régler par partie et fraction semble dans ce cas ne jamais régler aucun problème.

Courir pour régler le problème du logement doit s’accompagner, par une course pour rattraper les retards en équipements qui nécessitent une autre course pour régler les problèmes économiques, trop de courses à la fois qui n’auront pour effet que d’essouffler tous les acteurs et les résultats ne seront points ceux escomptés au départ.

CONCLUSION :

Les villes portuaires méditerranéennes représentent un facteur d’unité en tant que lieux privilégiés des échanges commerciaux et humains entre les rivages méditerranéens. Elles sont les lieux brassage culturel et d’un cosmopolitisme contribuant à l’unité du pourtour méditerranéen.

Traditionnellement, elles abritaient des communautés marchandes cosmopolites, présence de Juifs et de Chrétiens dans les villes portuaires de la rive sud, mais le contraste est important, surtout les disparités de développement économique entre les rives Européennes et les rives africaines et orientales du bassin.

Les villes portuaires contribuent à différencier l’espace méditerranéen tout autant qu’elles brassent ses populations, elles jouent donc un rôle de charnière essentielle dans les flux de l’espace méditerranéen.

Mais le modèle de villes portuaires méditerranéen est encore en gestation, il n’existe pas en tant que modèle unique, qu’on peut définir suivant des critères omniprésents et identifiables d’une ville à une autre.

Certes la méditerranée fut le berceau des grandes civilisations, mais les relations étaient toujours tendues entre dominants et dominés. L’histoire de la méditerranée est jalonnée par des guerres de colonisation, d’invasion et de libéralisation. La domination a été de courte durée pour la rive sud, mais elle a été toujours nordique, la Grèce, Rome, Italie, France, Espagne, ont été des pays et des civilisations conquérantes.

Face à ces nouveaux et anciens territoires, ils ont imprégné de leurs caractères, les établissements existants, un cachet occidental donc pour des villes orientales, ou ils ont créé des cités totalement Européennes

Dans le premier cas, effacer l’identité fut cause perdue, la ville dominée a résisté tant mal que bien mais elle arrivait à préserver l’essentiel de son âme, surtout dans les protectorats.

Pour les nouvelles cités, le colonialisme les a conçues comme des villes européennes, dont seul le noyau ou le centre historique est actif à ce jour constituant également la partie la plus convoitée de ces villes.

De l’autre côté de la méditerranée l’influence des émigrants Sud sur la ville est minime puisque, ne représentant qu’une faible minorité sans réel influence sur les décisions relatives à l’action urbaine.

La ville portuaire méditerranéenne est dans une large mesure dominée par l’exemple des villes européennes, sans qu’il y ait vraiment l’émergence d’un modèle méditerranéen, sachant pertinemment que les décisions urbaines font souvent l’objet d’une loi centralisée, prises à Paris à Rome, ou à Madrid et jamais à Marseille, Naples, ou Barcelone, villes du pourtour méditerranéen.

Malgré les disparités à la fois économiques, politiques, culturelles, le mythe est entretenu par les villes méditerranéennes. Face à une ouverture des marchés, au nouveau brassage des cultures, conséquences, d’une mondialisation en pleine essor, un processus euro- méditerranéen déclenché à Barcelone, les échanges de flux surtout en matière d’hydrocarbures et la préservation de l’environnement très affectés dans la bassin les villes portuaires méditerranéennes devront s’engager dans une vision à long terme pour faire de ce mythe une réalité tangible.

CHAPITRE 5 : SKIKDA, VILLE À HAUT RISQUE