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Lecture des politiques d’aménagement du littoral

CROISSANCE URBAINE DE LA VILLE DE SKIKDA

2. La politique urbaine en matière de littoralisation à Skikda

2.2. Lecture des politiques d’aménagement du littoral

L’étude du P.D.A.U présentée 15 ans après le lancement de la nouvelle ville, propose dans l’un de ses cinq scénarios, la reprise de l’option de la nouvelle ville, une option qui pourrait atténuer les carences de l’avortement du même projet. Mais les décideurs l’ont écarté, pour plusieurs motifs :

- Le coût d’urbanisation jugé assez élevé à l’époque, pour une véritable viabilisation du site.

- Le refus des autorités de la commune de Fil Fila (Fil Fila est devenue commune en 1984) de transférer davantage de population sur son sol sans mesures d’accompagnement. C’est un nouvel acteur avec lequel il fallait composé, sachant qu’en 82, les plateaux faisaient partie de la commune de Skikda.

Le choix a été orienté vers l’étalement au sud de la ville de Skikda, toujours selon l’axe d’extension traditionnel Nord-sud ou plutôt Port- Constantine.

Le P.D.A.U qui est lui l’objet d’une révision de la part de l’URBA CO et dont la

1erephase vient d’être rendue, a mis l’accent sur l’état des lieux Avec les phénomènes

nouveaux que connaît notre aire d’études, à savoir : les glissements de terrain, les accidents industrielles et les risques de pollution. Des données qui laissent croire que le choix de la reconquête de la mer par la ville n’est pas une option envisageable a l’heure actuelle.

Ces différents instruments qui occultent la société civile d’une démarche de planification et de projection, en l’assimilant à des chiffres et des rapports, risquent de compromettre l’avenir de cette même société. L’histoire des villes a montré que la véritable richesse est intrinsèque à savoir : le site, l’environnement, la culture et l’histoire. Des données que les instruments d’urbanisme ne reprennent qu’à titre indicatif, sans pouvoir les inclure dans les documents de projections, de composition ou d’aménagement, faute peut être d’une possibilité de traduire ces données immatérielles en données concrètes et tangibles.

La loi reconnaît même ses défaillances; la révision du P.D.A.U se retrouve dans

la même loi N°90-29 du 1er décembre 1990 sur l’aménagement et l’urbanisme. En effet

revoir un document est une manière de le remettre explicitement en cause, après un certain moment.

C’est peut être l’une des raisons pour la quelle, personne n’accorde d’importance à ces instruments d’urbanisme, ni lors de l’élaboration, l’approbation et encore moins après l’approbation.

Le P.U.D, Le P.D.A.U, et la révision du P.D.A.U, ainsi que les différents P.O.S, notamment ceux de la cité Ben M’Hidi, centre ville Skikda, et centre ville des Platanes et le P.O.S quartier Napolitain sont restés tous à l’état du plan. Aucune dynamique n’a été amorcée avec leurs approbations parce qu’ils ont figé l’espace et le temps par des compositions qui n’interpellent à aucun moment les différents acteurs, et qui n’engagent aucun processus.

L’échec de ces instruments, et certainement de ceux qui vont être lancés, ont perpétué un malaise urbain, comme le résumé si bien le Dr Chaib Bounoua de l’université de Tlemcen « il en vient que la ville en Algérie n’assure pas ses fonctions

classiques pour le bien être de ses habitants »1.

« Pour comprendre la crise urbaine actuelle et les enjeux qu’elle implique il

convient de revenir un petit peu en arrière, en effet depuis l’indépendance les effort déployés par l’Algérie dans le domaine des investissements économiques à entraîné une distorsion importante au niveau de l’aménagement des villes se traduisant par une inadéquation entre une population en croissance rapide et sa répartition spatiale »2.

Cette politique menée depuis les ZHUN, les lotissements et autres formes d’habitat ont engendré la détérioration des centres anciens et un étalement périphériques démesurés donnant à Skikda, la naissance d’une ville avec un petit corps homogène représenté par le centre, et des ails immenses disproportionnés, ou l’excroissance de la ville, le tout ressemblant à l’Albatros de Baudelaire.

L’importance des dysfonctionnements de la ville montrent le décalage entre la ville planifiée et la ville vécue d’une part, et la rupture entre des instruments d’urbanisme rigides et un développement économique, politique, culturel et social d’autre part. Le fossé existe également entre les responsables des collectivités locales ou les acteurs actifs, qui se sont souvent montrés incompétents et peu motivés et des populations désillusionnées ou acteurs passifs devenus indifférents aux problèmes de leurs villes, voire de leur vécu quotidien et futur.

CONCLUSION

« La ville n’est ville que parce qu’elle renégate »1, la ville doit tourner le dos à son

passé pour vivre son présent et préparer son futur, elle doit tourner le dos à ses racines pour faire un bond dans le futur, elle doit tourner le dos à ses traditions pour en acquérir d’autres compatibles aux temps qu’elle vit. La ville doit tourner le dos au laxisme pour pouvoir bouger et surprendre, la ville doit tourner le dos au passéisme pour pouvoir se refaire et se refaire sur elle-même, la ville doit tourner le dos à la monotonie pour montrer de nouveaux visages, la ville est toujours en chantier la ville entretient l’inattendu, le rêve, la rencontre, la liberté.

La ville est plurifonctionnelle, elle est à la fois politique, économique, commerçante, tertiaire, productrice, elle est le résultat d’une synthèse fonctionnelle.

Dans la ville l’individu est anonyme et fait partie d’une force motrice ; d’une société vacillant entre la rupture et la continuité, entre images intrinsèques et images réfléchies, entre identité entretenue et des affrontements culturels et originels. La ville est un lieu ou l’on respire, on étale et on développe son vouloir vivre.

C’est pour cela que la ville de Skikda, ne peut vivre éternellement le dos tourné, sinon, elle perdrait de son charme, de son originalité, de son épanouissant, la ville ne doit pas avoir peur de sa société, et des différences qui existent. Toute négation du facteur humain est préjudiciable à l’image, la raison, et la pérennité de l’acte urbain, l’homme est la première pierre dans l’édification d’un projet de ville pluridisciplinaire.

L’homme a été nié par le passé et réduit à un chiffre absurde, alors qu’il est le véritable dynamo de toute planification. Il est une force de proposition et de négociation, c’est un élément actif mobilisateur, l’homme doit être au centre de toute politique de ville et d’un projet global socio économique.

Son exclusion de la décision urbaine a entraîné une grande désillusion qui s’est manifestée à tous les niveaux, à l’image du centre ville tombé en désuétude. Les

différentes interventions au sein du centre sont menées sans une réelle participation du citoyen, le véritable usager de ces espaces. Les conséquences sont : la dégradation du bâti, apparition des friches urbaines après démolition de certains immeubles et la saturation en matière de circulation, des réseaux et des équipements.

Penser, prévoir, concevoir et participer devront être les enjeux d’une société entreprenante libérée, et intéressée. Leur cadre juridique doit lui aussi être pensé mutuellement pour éviter l’anarchie et le populisme idéologique révolue.

La logique entreprenariale et participative doit être au centre de toute politique d’aménagement du centre ville et du littoral, la société doit entreprendre son avenir pour que Skikda puisse s’ouvrir sur elle-même, à travers l’épanouissement de ses individus, et doit développer sa propre culture urbaine.

Skikda doit s’ouvrir sur la mer pour vivre la mondialisation qui frappe à ses portes, doit s’ouvrir sur son arrière pays, qui constitue sa force de manœuvre sur la scène méditerranéen et internationale et doit s’ouvrir également sur sa région, pour résister à une globalisation, ou seules les réseaux métropolitains constitueront les véritables villes acteurs de demain.

Le centre ville de par sa situation se trouve au centre des intérêts divers et parfois contradictoires et doit jouer un rôle de maillon fort entre la ville en quête de repositionnement à différentes échelles et le littoral qui constitue les limites d’une mondialisation qui frappe aux portes des villes côtières, notamment industrielles et portuaires.

CHAPITRE 4 : LE CENTRE VILLE, LE LIEU D’INTER FACE ENTRE VILLE ET MER

- INTRODUCTION :

L’étude du centre ville est intimement liée à sa proximité de la mer. En effet la mer a été la raison d’être de Skikda, lieu de navigation, mais également d’accostage pour l’approvisionnement et le transfert des biens et richesses. Les différentes civilisations qui ont fait escale, ou ont occupé les lieux ont fusionné avec les peuples autochtones et ont imprégné la ville de leurs empreintes. Chaque civilisation a laissé des traces de sa culture ; de son patrimoine et de son organisation urbaine et sociale.

La ville d’autre fois qui constitue le centre ville actuel baignait dans le monde méditerranéen et faisait partie de sa civilisation. Le caractère méditerranéen se lisait partout dans la ville et qui va disparaître suite à une politique urbaine aux lignes mal définies.

La ville d’autre fois s’imprégnait du modèle méditerranéen et l’enrichissait, celle d’aujourd’hui arrive à peine à respecter un plan sans identité.

L’étude du centre ville est une lecture d’un modèle qui peut servir d’une base pour remodeler la ville d’aujourd’hui et lui donner une identité tant recherchée par les différents acteurs ; L’amélioration du cadre de vie et la valorisation de l’image de la ville. Selon Françoise Choay : « La question des centres historiques demeure encore

trop souvent perçue en terme de monuments historiques et d’héritage statique, selon la conception que nous a léguée le 19eme siècle »1.

Pourtant aujourd’hui la question des centres historiques ne peut être dissociée du problème global qui est la ville dont ils sont partis intégrantes. C’est pourquoi le centre ville est à la fois l’image de la ville et le moteur pour toute action de renouvellement de la ville et de sa valorisation.

Les problèmes de la ville se lisent parfaitement dans cet espace urbain restreint et toute opération de développement trouvera son fondement dans la requalification des centres.