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Modèle de survie relative à risques multiplicatifs

2.8

Modèle de survie relative à risques multiplicatifs

Le modèle à risques multiplicatifs a été proposé par Andersen et al. [56]. Son principal avantage est de ne pas impliquer l’hypothèse d’un risque observé supérieur au risque attendu, contraire- ment au modèle à risques additifs. Celui-ci suppose que le risque de décès dans l’échantillon observé est égal au produit du risque instantané attendu dans le groupe contrôle et du risque instantané relatif à l’échantillon observé, il s’écrit :

λO(t) = λP(t) λR(t) (2.33)

avec λR(t) la fonction de risque instantané relatif à la pathologie au temps t.

Le modèle d’Andersen suppose la proportionnalité des risques (2.18) pour étudier les détermi- nants du risque instantané relatif. Supposons l’échantillon de taille n constitué des individus indexés par i (i = 1, . . . , n). La fonction de risque instantané relatif s’écrit :

λR(ti|zR,i) = λR,0(ti) exp 

βRzR,i 

(2.34)

avec λR,0(ti) la fonction de risque instantané relatif de base au temps ti, zR,i le vecteur des

variables explicatives liées au risque instantané relatif pour l’individu i et βR le vecteur des

coefficients de régression associés. Le rapport des risques lié à l’effet de la jème variable sur le risque instantané relatif est donné par exp(βR,j).

Dans ce type de modèle, l’interprétation liée à une variable explicative est différente selon si cette variable est prise en compte ou non dans la partie attendue.

– Pour une variable j prise en compte seulement dans la partie relative, l’interprétation de

exp(βj) est identique à celle d’un RR qui aurait pu être calculé à partir d’un modèle à risque

proportionnel.

– Pour une variable j prise en compte à la fois dans la partie attendue et dans la partie relative, le RR observé lié à zR,j est exp(βR,j) fois plus important dans le groupe d’intérêt que dans la

dans le groupe de référence. Ce modèle permet donc d’évaluer l’homogénéité de l’effet du facteur de risque j entre les deux groupes. Tester l’hypothèse nulle H0 :

n

βR,j = 0 o

permet d’évaluer si cette différence d’effet est significative. Pour résumer, si :

– exp(βR,j) = 1, alors l’effet de la variable zR,j est équivalent dans les deux groupes.

– exp(βR,j) > 1, alors le RR lié à la variable zR,j est plus important dans l’échantillon

observé que dans le groupe de référence.

– exp(βR,j) < 1, alors le RR lié à la variable zR,j est moins important dans l’échantillon

observé que dans le groupe de référence.

L’interprétation des deux types de modèle de survie relative, à risques additifs ou à risques multiplicatifs, est totalement différente. L’utilisation de l’un ou de l’autre dépend donc princi- palement des objectifs de l’étude. Notons que certains travaux comme ceux de Elie et al. [149] ont récemment proposé l’intégration des deux composantes, multiplicative et additive, dans un même modèle.

Si on fait le choix d’un modèle paramétrique à risques proportionnels, les paramètres du modèle sont estimés par maximisation de la vraisemblance. En reprenant les notations précédentes, la log-vraisemblance (2.23) devient : logV = n X i=1  δi log  λP(ti|zP,i)  + δi log  λR(ti|zR,i)  − Z ti 0 

λP(u|zP,i) λR(u|zR,i)  du  = n X i=1 ( δi log  λP(ti|zP,i)  + δi log  λR,0(ti)  + δiβRzR,i − expβRzR,i  Z ti 0

λP(u|zP,i) λR,0(u) du )

(2.35)

avec λP le risque attendu de la population de référence considéré comme connu et non-aléatoire. Les paramètres estimés par maximisation de (2.35) sont : (i) les paramètres de la fonction de risque instantané relatif de base ; et (ii) βRle vecteur des coefficients de régression associés aux

variables explicatives zR.

On peut aussi faire le choix d’une modélisation semi-paramétrique avec une fonction de risque instantané relatif de base non estimée. L’estimation des coefficients de régression βR associés

Section 2.8 – Modèle de survie relative à risques multiplicatifs 55

aux variables explicatives du modèle est obtenue en maximisant la vraisemblance partielle VP. Celle-ci correspond au produit des probabilités d’observer l’événement de l’individu i en ti

sachant les k individus à risque au même moment :

VP = n Y i=1    λP,0(ti) exp  βPzP,i  λR,0(ti) exp  βRzR,i  P k:tk≥ti λP,0(ti) exp  βPzP,k  λR,0(ti) exp  βRzR,k     δi = n Y i=1    λPti|zP,i  expβRzR,i  P k:tk≥ti λP  tk|zP,k  expβRzR,k     δi (2.36)

Même si c’est l’application la plus fréquemment retrouvée dans la littérature, la population gé- nérale ne constitue pas systématiquement le groupe de référence le plus approprié pour estimer le risque de décès attendu. Dans le contexte de la transplantation rénale, la population de réfé- rence qui semble être la plus adaptée est celle des patients dialysés (un patient qui souffre d’IRT est soit transplanté soit traité par dialyse). L’un des problèmes est alors de prendre en compte la variabilité liée à l’estimation du risque attendu à partir d’un échantillon. Trébern-Launay et al. [150] ont ainsi proposé une méthode originale d’estimation basée sur des simulations para- métriques associées à du ré-échantillonnage par bootstrap.

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Partie III - Etudes et Résultats

3 Pronostic de la mortalité chez les transplantés

59

4 Courbes ROC nettes dépendantes du temps

77

59

Chapitre 3

Pronostic de la mortalité au-delà de la

première année post-transplantation

Sommaire

3.1 Introduction . . . 59 3.2 Patients et Méthodes . . . 61 3.3 Résultats . . . 65 3.4 Discussion . . . 72

3.1

Introduction

La transplantation rénale est le traitement de choix de l’insuffisance rénale terminale. En effet, de nombreuses analyses ont montré qu’il y avait un risque moins important de décès chez les pa- tients transplantés par rapport aux patients dialysés en attente de transplantation [4, 7, 10, 151]. Néanmoins, sur le plan individuel, le bénéfice de la transplantation n’est pas toujours évident [152]. Chez les patients âgés par exemple, l’impact d’une telle intervention peut avoir de lourdes conséquences en termes de pronostic vital. Or, les patients de plus de 65 ans représentent une part importante des transplantés [153]. Dans ce contexte, la stratification des patients selon leur risque de décès post-transplantation pourrait aider les cliniciens à proposer une prise en charge

personnalisée, en adaptant la fréquence du suivi notamment. Une telle adaptation du suivi est ac- tuellement proposée dans certains centres du réseau DIVAT (clinicaltrials.gov, NCT01615900) : la fréquence des visites des patients est déterminée par le risque de retourner en dialyse après la première année de transplantation. Dans cette étude, le risque de retourner en dialyse est évalué par un score calculé à 1 an de transplantation : le KTFS (Kidney Transplant Failure Score) [39]. La première année de transplantation n’était pas prise en compte dans cette étude puisqu’il semble difficile de proposer un suivi adapté lors de cette période aiguë durant laquelle de nombreuses complications (infections, épisodes de rejet, diabète de novo, ...) peuvent ap- paraître chez l’ensemble des patients. Lors de la première année post-transplantation, le suivi régulier de tous les patients transplantés semble donc indispensable. La prédiction combinée du retour en dialyse et du décès après la première année de transplantation pourrait permettre d’améliorer la stratification des patients selon ces différents risques et ainsi de mettre en place un suivi encore plus adapté.

En 2009, Hernandez et al. ont proposé un score pronostique de mortalité calculable à 1 an de transplantation [40]. Il s’agissait d’une étude rétrospective menée sur des patients espagnols ayant bénéficié d’une transplantation rénale entre 1990 et 2002. Ce score de risque prend en compte 8 paramètres : l’âge du patient au moment de la transplantation, le statut diabétique pré-transplantation, l’infection au virus de l’hépatite C, l’apparition d’un diabète de novo dans la première année, la créatinine sérique et la protéinurie à 1 an et le traitement par tacrolimus ou mycophenolate mofetil (MMF) dans la première année. Néanmoins, ce score n’a jamais été validé sur une cohorte externe.

Aux Etats-Unis, en 2007, Baskin-Bey et al. [41] ont également développé un score de risque de décès : le RRS (Recipient Risk Score). Ce score est calculé au moment de la transplantation à partir de 4 variables associées à la survie du patient : l’âge du patient, les antécédents de diabète et d’angine de poitrine en pré-transplantation et le temps d’attente en dialyse avant la transplantation. Nous nous sommes intéressés à ce score pronostique de mortalité puisqu’il a été décrit comme ayant de bonnes capacités pronostiques [42], en particulier si on les compare à d’autres scores pré-transplantation [43, 44, 45, 46, 47]. Néanmoins, ce score ne prend en compte que des variables caractérisant le receveur. Nous sommes en droit de penser que l’ajout au score de variables caractérisant le donneur ou la transplantation dans la première année

Section 3.1 – Introduction 61

pourrait améliorer ses capacités pronostiques pour la stratification des patients selon le risque de décès après un an de transplantation.

L’étude détaillée ici permet de répondre à 2 objectifs distincts. Dans un premier temps, il s’agit d’évaluer les capacités pronostiques des deux scores proposés par Hernandez et al. [40] et Baskin-Bey et al. [41] à prédire la mortalité après un an de transplantation. L’estimation des courbes ROC dépendantes du temps et des AUC associées à partir de notre cohorte française multicentrique et prospective DIVAT permet de répondre à ce premier objectif. Dans un second temps, il s’agit de proposer un nouvel outil pronostique de la mortalité après un an de transplan- tation avec de meilleures performances. L’association de ce nouveau score et du KTFS pourrait ainsi permettre de personnaliser davantage le suivi des patients transplantés rénaux au-delà de la première année de transplantation.

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