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Les problèmes qui nous intéressent sont généralement posés dans des domaines non bornés, ou plus exactement dans des domaines très grands devant la zone d’intérêt (le voisinage du réacteur de l’avion par exemple) de sorte qu’il est préférable de les considérer infinis. On suppose de plus que l’écoulement devient “simple” à une distance finie de la zone d’intérêt qui contient quant à elle toutes les perturbations (de géométrie et d’écoulement). Un “écoulement simple” signifie un écoulement uniforme ou un écoulement parallèle cisaillé.

L’objectif est alors de réduire le calcul à la zone d’intérêt, et d’imposer au bord du domaine de calcul des conditions qui rendent compte le mieux possible du caractère non-borné du domaine de propagation. On veut en particulier éviter, ou limiter, les réflexions d’ondes parasites générées par les bords fictifs du domaine de calcul. Pour les problèmes d’acoustique dans un fluide au repos, il existe de nombreuses techniques pour réaliser ce type de conditions, dites “transparentes” (couplage avec une représentation intégrale, représentation en série de Fourier de l’opérateur DtN ou couches absorbantes parfaitement adaptées - PML - pour ne citer que les principales d’entre elles). Pour le problème qui nous intéresse ici, la situation est beaucoup plus compliquée, du fait de la présence des phénomènes hydrodynamiques. Comme nous l’avons vu dans la première partie de la thèse, le traitement de ces derniers requiert de distinguer les frontières d’entrée et de sortie du domaine de calcul, c’est-à-dire les parties de la frontière où l’écoulement entre dans le domaine de calcul ou sort de celui-ci. Or il est difficile de prendre en compte cette distinction dans une formulation variationnelle classique, telle que la formulation variationnelle de l’équation de Galbrun initiale (non régularisée). On peut citer en revanche la méthode proposée par Gwénael Gabard [47] qui montre qu’il est possible de prendre en compte des conditions transparentes dans une formulation DG des équations d’Euler linéarisées.

La méthode que nous avons retenue pour notre part, dans la suite des thèses de Guillaume Legendre et d’Eve-Marie Duclairoir, consiste à utiliser des couches PML. Cela peut paraître surprenant car de nombreuses difficultés ont été relevées dans la littérature lors de l’utilisation de PML en aéroacoustique [13,39,53,54,79]. En fait, si les PML fonctionnement dans notre cas, c’est d’une part parce que nous utilisons une formulation augmentée de l’équation de Galbrun et d’autre part parce que nous considérons le régime périodique établi.

Commençons par rappeler brièvement comment fonctionne la méthode des PML. Supposons pour fixer les idées que le domaine de propagation est infini dans la direction x1, toutes les perturbations étant quant à elles contenues dans la zone |x1| < R. L’idée des PML est d’effectuer

dans la zone |x1| > R une “dilatation complexe”, au sens où une inconnue ϕ(x1, x2) est remplacée par la nouvelle inconnue dilatée

˜

ϕ(x1, x2) = ϕ

x1± R α , x2

4.4. Le modèle augmenté avec couches PML 97

où α ∈ C, avec −π/2 < Arg(α) < 0. α est un paramètre de la méthode qui devra être choisi par l’utilisateur. Si ϕ se comporte en ±∞ comme eiβx1, alors la nouvelle inconnue ˜ϕ se comportera

comme ei(β/α)x1. Ainsi une onde propagative (β ∈ R) devient évanescente en + ou − l’infini. Plus exactement, une onde de vitesse de phase positive (β > 0) devient évanescente en +∞, et inversement, une onde de vitesse de phase négative (β < 0) devient évanescente en −∞. C’est la magie des PML puisqu’on espère ainsi que les ondes sortantes deviennent exponentiellement décroissantes à l’infini. On pourra alors tronquer le domaine de calcul en ne produisant qu’une erreur exponentiellement petite.

Une première difficulté vient du fait que le sens de l’onde n’est pas toujours donné par le signe de β. En effet, celui-ci indique le signe de la vitesse de phase ω/β alors que le sens de l’onde est donné par le signe de la vitesse de groupe dω/dβ). C’est pourquoi les ondes dites amont-inverse (qui se propagent dans le sens de l’écoulement bien que leur vitesse de phase soit de signe opposé à l’écoulement) génèrent des instabilités numériques lorsque l’on utilise des PML pour résoudre les équations d’Euler en régime temporel. Mais il est montré dans [11] que cette difficulté disparaît en régime harmonique. En effet, en présence de modes amont-inverse, la solution obtenue croit dans la PML sans altérer la solution calculée dans le domaine physique d’intérêt.

Une seconde difficulté est liée à la présence des phénomènes hydrodynamiques. En effet, on vérifie aisément (cf. section 5.5 de [12]) que les PML ne fonctionnent pas pour l’équation de transport au carré. En effet, au lieu de calculer une approximation de la solution physique du problème (nulle à l’amont), on calcule une solution des équations qui dépend fortement de la longueur des couches. On n’observe ni instabilité ni convergence. Le résultat est simplement faux. Dans notre cas, les PML fonctionnent car nous les appliquons à l’équation de Galbrun augmen-tée, couplée à l’équation hydrodynamique qui permet la prise en compte de la condition d’entrée à l’amont, pour la vorticité. Autrement dit, on impose directement la nullité de la vorticité à l’amont. Les PML se chargent quant à elles de laisser sortir les ondes acoustiques.

Chapitre 5

Analyse et discrétisation du modèle

couplé en déplacement/vorticité

Nous avons vu au chapitre précédent que le problème acoustique consiste à résoudre un sys-tème couplé d’inconnues u et ψ de la forme

Auu A Aψu Aψψ ! u ψ ! = f rot f ! .

A ψ fixé, le problème en u a de bonnes propriétés mathématiques : il relève de l’alternative de Fredholm. De même à u fixé, les techniques de la première partie fournissent un cadre adapté pour le problème en ψ. Dans cette configuration où Auu et Aψψ sont inversibles, l’idée de ce chapitre est de mener l’analyse en éliminant l’inconnue ψ. L’équation en u devient alors



Auu− AA−1ψψAψuu = f − AA−1ψψrot f .

Si la perturbation AA−1ψψAψuest compacte ou petite en norme, nous pouvons de nouveau mon-trer que ce problème relève de l’alternative de Fredholm et monmon-trer la convergence de l’approxi-mation mixte choisie. Egalement étudiée dans ce chapitre, celle-ci consiste à discrétiser l’inconnue

u à l’aide d’éléments finis de Lagrange et à approcher l’inconnue ψ par une méthode de Galerkin

Discontinue.

Ce chapitre propose ainsi deux configurations académiques particulières pour lesquelles cette démarche par élimination de ψ est possible. Cette approche induit certaines restrictions dont nous n’avons pas su nous affranchir, mais elle permet d’aller jusqu’au bout d’une démonstration complète sur le caractère bien posé du problème couplé et de son approximation. Au chapitre suivant, nous traiterons des cas tests qui sortent de ce cadre théorique et nous verrons que la méthode d’approximation mixte fournit des résultats également satisfaisants.

5.1 Position du problème

5.1.1 Cas 1 : la perturbation géométrique

Le domaine de propagation est un sous espace de R2 défini par Ω= {(x1, x2) ∈ R2; x2> h(x1)}

où h est une fonction continue positive telle qu’il existe r positif pour lequel h(x1) = 0, ∀|x1| > r

comme représenté sur la figure5.1. Nous supposons que Ωest occupé par un fluide en écoulement subsonique et que la frontière

est rigide. La variation de h perturbe l’écoulement dans une zone incluse dans BR ∩ Ω

BR= {(x1, x2) ∈ R; |x1| < R et |x2| < R} avec R > 0. En dehors de ce domaine de perturbation,

l’écoulement est supposé uniforme : le champ de vitesse est choisi parallèle à e1 et orienté dans le sens des x1 positifs c’est-à-dire v0 = ve1 dans Ω\BR avec v≥ 0.

Fig. 5.1: Schéma de l’écoulement perturbé par une variation de la géométrie (cas 1).

5.1.2 Cas 2 : le jet analytique

Le domaine de propagation Ω = R2 est occupé par un fluide dont le champ de vitesse est subsonique et dirigé selon la direction e1. La composante horizontale de v0 est connue analyti-quement et dépend unianalyti-quement de la variable verticale x2 :

v0 = v1(x2)e1, (5.1)

où v1(x2) ≥ 0, ∀x2 ∈ R. Nous supposons également qu’en dehors du domaine de perturbation {(x1, x2); |x2| < R}

l’écoulement est uniforme. La figure 5.2 nous propose une représentation schématique de cet écoulement que nous appellerons jet analytique.

5.1.3 Les équations du problème en domaine infini

Pour un écoulement quelconque caractérisé par la donnée de (ρ0, p0, c0, v0), la formulation augmentée de l’équation de Galbrun s’écrit

ρ0D 2u

Dt2 − ∇(ρ0c20div u) + rot(ρ0c20(rot u − ψ)) + div u∇p0t∇u · ∇p0 = f (5.2) où la dérivée convective Du

Dt est définie par Du

5.1. Position du problème 101

Le second membre f , pris tel que rot f ∈ L2(Ω), est un terme source à support dans BR∩ Ω

avec R > 0 choisi de sorte que BRcontienne à la fois la zone de perturbation de l’écoulement et la source f . Dans le cas 1, la composante normale de l’inconnue u s’annule sur les surfaces rigides :

u · n = 0 sur Γ. (5.3)

L’inconnue hydrodynamique vérifie l’équation suivante :

D2ψ

Dt2 = −2D

Dt(Bu) − Cu +

1

ρ0 rot f (5.4)

avec B et C les opérateurs définis au chapitre précédent par les relations (4.32) et (4.33).

Remarque 5.1. Les équations précédentes prennent dans certains cas des formes simplifiées.

– En dehors de la zone des perturbations, l’équation (5.2) devient

D2u Dt2 − c2

∇(div u) + c2

rot((rot u − ψ)) = 0 dans Ω\BR (5.5) où c est la célérité du son dans le fluide à l’infini. Le second membre est nul puisque nous supposons que le support de la source est inclus dans la zone des perturbations.

– L’opérateur C s’annule dès que le champ de vitesse v0 est parallèle et B s’annule lorsque v0 est uniforme. En dehors de la zone des perturbations, l’équation (5.4) se réduit alors, dans le cas 1, à

Dt = 0 dans Ω\BR. (5.6)

Dans le cas 2, (5.4) s’écrit

Dt = −2Bu dans Ω\BR (5.7) avec Bu = −dv1 dx2 ∂u1 ∂x1 .

Pour que le problème couplé (5.2,5.3, 5.4) soit équivalent au problème de Galbrun initial, il faut ajouter au système la condition aux limites suivantes [25]

rot u − ψ = 0 sur ∂BR. (5.8)

Enfin, il est nécessaire d’adjoindre une condition de radiation au problème (5.2,5.3,5.4,5.8) afin d’assurer l’unicité de la solution.

5.1.4 Les couches PML

Nous recherchons la solution sortante (u, ψ) du problème couplé (5.2, 5.3, 5.4, 5.8). Nous utilisons des couches absorbantes de type PML dont le principe est succinctement présenté au paragraphe 4.4. Nous écrivons le problème avec couches PML sur l’inconnue u dans l’équation (5.2). Afin de respecter la consistance du problème, nous faisons de même avec (5.3), (5.4) et (5.8). Le domaine de calcul est alors défini par ΩL= BL∩ Ωoù BLest le domaine rectangulaire donné par

BL= {(x1, x2); |x1| < R + L et |x2| < R + L}

avec L la largeur de la couche PML. De plus, ΩR= BR∩ Ωdésigne le domaine physique, c’est-à-dire le domaine de calcul privé des couches PML. Le modèle avec couche PML fait intervenir un paramètre α tel que <e (α) > 0 et =m (α) < 0 et consiste à modifier les opérateurs de dérivation selon la substitution

∂xi → αi(x) ∂xi