3.5 Modélisations numériques
3.5.1 Modèle atmosphérique (Meso-NH)
Les modélisations numériques sont effectuées avec le code de recherche du CNRM (Centre
National de Recherches Météorologiques - Météo-France, Toulouse) et du LA (Laboratoire
d’Aérologie, Toulouse) : "MesoNH" (Lafore et al. 1998 et Bougeault et al. 2008). Le code
représente une description complète de l’atmosphère (thermodynamique, turbulence, chimie,
précipitation, etc.). Ce code est utilisés pour des études variées : (i) modélisation des
évène-ments de précipitation intense à l’échelle régionnale avec une résolution de l’ordre du
kilom-mètre (projet HyMex, voir par exempleThévenot et al. 2015) ;(ii) simulation de propagation
d’incendie avec une résolution horizontale de 10m (Filippi et al. 2013) ; (iii) simulation
réa-liste d’écoulement de vallée et d’inversion persistante avec une résolution horizontale de300m
(Largeron 2010) ; (iv) simulation idéalisée d’écoulement catabatique sur pente avec une
ré-solution de 10m (Brun and Chollet 2009) ; (v) simulation réaliste d’écoulement catabatique
avec une résolution horizontale de 1km en zone de pente faible (Cuxart et al. 2007) ; etc.
Nous utilisons ce modèle pour effectuer des simulations réalistes d’écoulement catabatique
sur pente raide (α >20
◦) avec une résolution horizontale de12m.
3.5.1.1 Généralités
Le modèle atmosphérique résoud 6 équations pronostiques pour les trois composantes de
vitesse u,v etw, la température potentielleθ, l’humiditéq et la TKE e. Ces équations sont
similaires à celles décrites au chapitre2, paragraphe2.2.2. Le traitement de la turbulence lié
à ces équations (fermeture) est détaillé au paragraphe suivant (3.5.1.2).
État de référence :
Les variables thermodynamiques du système atmosphérique (θ,petρ) s’écartent peu d’un
état de référence. Cet état de référence définit une atmosphère au repos, en équilibre
hy-drostatique et uniforme sur l’horizontal. Les variables sont donc décomposées en une partie
décrivant cet état de référence et une partie décrivant l’écart (faible) à cet état : θ=θ
r+ ˜θ,
p=p
r+ ˜p etρ=ρ
r+ ˜ρ.
Approximation anélastique :
L’approximation anélastique utilise la décomposition ci-dessus des variables
thermody-namiques et consiste à négliger les variations de masse volumique dans le bilan de masse
(ρ˜(x, y, z, t)<< ρ
r(z)). L’évolution de la masse volumique liée à l’élasticité du fluide est donc
négligée. L’approximation anélastique transforme l’équation de continuité en :
∂ρ
refu
j3.5. Modélisations numériques 67
et on parle également de "contrainte anélastique". L’approximation anélastique permet
no-tamment de filtrer les ondes acoustiques qui sont étrangères à l’analyse de la dynamique
atmosphérique et très contraignantes en terme de résolution numérique. La différence entre
les approximations anélastiques réside dans la manière de définir l’état de référenceρ
ref. Nous
utilisons le modèle "pseudo-incompressible" deDurran 1999qui emploie l’équation d’état non
linéarisée et n’intègre ainsi aucune approximation supplémentaire.
Équations de base :
Les équations de bilan de quantité de mouvement, de la chaleur et de TKE résolues par le
modèle sont similaires à celles décrites au chapitre2.
Résolution du système :
La résolution du système est effectuée en combinant la contrainte anélastique (3.28) aux
équations de quantité de mouvement pour les trois composantes de vitesse. Ce système
consti-tue un problème elliptique dont la fonction de pression est solution (voir Lafore et al. 1998).
Ici, le système est résolu en utilisant le formalisme deDurran 1999qui intègre une forme non
linéarisé de l’équation d’état (e.g.Lafore et al. 1998). La résolution du système est effectuée
par un solveur de pression qui constitue ainsi de coeur de la résolution mathématique du code.
Schémas numériques :
Les équations de Navier-Stokes sont projetées sur la grille de calcul par méthode des
diffé-rences finies. Un shéma d’ordre2 centré est utilisé pour les équations de quantité de
mouve-ment et un shéma d’ordre 2centré défini positif pour l’équation de température et de TKE.
L’avancement temporel est réalisé via un shéma de type "Leap-Frog" du2
ndordre (voir
La-fore et al. 1998). Le solveur de pression utilise une méthode de résidu conjugué préconditionné
(Skamarock et al. 1997).
3.5.1.2 Simulation des grandes échelles
La simulation des grandes échelles (LES pour Large Eddy Simulation, initialement
Sma-gorinsky 1963etLilly 1967) est une méthode qui permet de modéliser explicitement les
mou-vements d’échelle égale ou supérieure à la maille numérique de calcul (échelle que l’on notera
∆). Les échelles inférieures à ∆ ne sont pas résolues explicitement mais paramétrées par le
modèle sous-maille (SBG). Cette décomposition est liée à un filtrage spatial des équations de
Navier-Stokes. Le maillage correspond ainsi à un filtre passe-bas sur les échelles résolues. La
décomposition spatiale d’une variableφs’écrit :
φ=hφi+φ
′′(3.29)
avec h...i l’opérateur de filtrage spatial. φ
′′est donc la partie fluctuante à l’échelle inféreure
à ∆. En chaque point de grille de calcul sont résolues les équations de Navier-Stokes. Les
variables résolues issues des équations pronostiques sont donchui,hvi,hwiethθi. Les échelles
sous-mailles sont les variablesu
′′,v
′′,w
′′etθ
′′.
La structure de cette décomposition est identique à une décomposition de Reynolds
tem-porelle :
φ=φ+φ
′(3.30)
Ces deux décompositions engendrent mathématiquement le même développement des
équa-tions de Navier-Stokes mais n’ont pas le même impact sur la modélisation. En terme de
notation, nous conservons la forme 3.30 pour décrire le modèle LES et nous préciserons les
notations par l’indice
SBGlorsque les fluctuations citées correspondent à φ
′′.
68 Méthodes et prétraitements
Schéma de turbulence d’ordre 2 simplifié (Cuxart et al. 2000) :
Le schéma de turbulence du modèle est défini sur une base de schéma de turbulence d’ordre2
complet (voir Lilly 1967ou Deardorf 1973). Cela signifie que les moments d’ordre2des
équa-tions de Navier-Stokes répondent eux-même chacun à une équation pronostique. Au total, ce
sont donc 10équations pronostiques qui sont ajoutées (pour u
′i
u
′ j,u
′i
,u
′i
θ
′etθ
′2). Cependant
quelques simplifications sont effectuées par souci d’allègement de coût de calcul. Ces
simpli-fications sont référencées dans Sommeria 1976 ou Cuxart et al. 2000. Parmi ces hypothèses
simplificatrices, nous pouvons citer que la turbulence sous-maille est homogène à l’échelle de
la maille et à l’état stationnaire et que les moments d’ordre trois sont négligés. Un exemple
d’équation pronostique simplifiée pour les moments d’ordre deux est donné pour le flux de
chaleur sensible :
∂u
′ iθ
′∂t = 0 =−23e∂θ
∂x
i+
1
ρ
rp
′∂θ
′∂x
i+δ
i3g
θ
rθ
′2(3.31)
La fermeture des moments d’ordre2est ensuite basée sur une résolution analytique du système
simplifié d’équations pronostiques. Nous présentons ici seulement les fermetures résultantes
pour le flux de quantité de mouvement et de chaleur :
u
′ iu
′ j=−154 Cl
m m√
e
∂u
i∂x
j+
∂u
j∂x
i(3.32)
u
′ iθ
′=−2
3
l
mC
s√
e∂θ
∂x
iφ
i(3.33)
Avec les constantesC
m=C
s= 4. Les fonctions de stabilitéφ
iont pour rôle de développer ou
atténuer verticalement la turbulence en fonction de la stabilité (représentée dans ce cas par
le nombre de Richardson). Pour i= 1 et i= 2, ces fonction sont donc fixées égales à 1. Le
détail de ces fonctions est présenté dans Cuxart et al. 2000.
En invoquant le concept de diffusivité turbulente, nous pouvons définir les diffusivitésK
metK
hdu modèle comme :
K
m= 4
15C
ml
m√
e (3.34)
K
m= 2
3C
sl
m√
e (3.35)
Dans le cas de LES, une diffusivité turbulente peut être interprétée comme une viscosité
sous-maille, dissipant de l’énergie en-dessous des échelles résolues, au travers de la cascade
d’énergie. Dans certains cas, de l’énergie peut éventuellement remonter depuis les petites
échelles (rétro-diffusion) mais cet aspect ne fait pas partie des problématiques rencontrées
dans ce travail de thèse.
Fermeture pour la TKE :
L’équation pronostique complète de TKE du second ordre est résolue. Elle nécessite deux
fermetures, une pour le terme de transport et une autre pour le terme de dissipation.
Le terme de transport est fermé en utilisant également le concept de diffusivité turbulente :
u
′i
e
′=−C
el
m∂e
∂x
i(3.36)
avecC
e= 0.2. La dissipation moléculaire est définie selon la théorie deKolmogorov 1941par :
ǫ=C
ǫe
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