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Le modèle électoral downsien : un révélateur d’instabilité démocratique

downsien : un révélateur d’instabilité

démocratique au cœur de la théorie des

partis et des candidats

Comme nous l’avons indiqué dans l’introduction générale, l’ouvrage de Downs constitue l’une des sources principales du Calculus of Consent en ce sens qu’il est également au fondement de la « theory of parties and candidates » (Buchanan & Tullock, [1962] 1999, p. 331).

En réalité, cette théorie des partis et des candidats, fondée sur l’idée selon laquelle « les politiciens veulent être élus ou réélus, et que les partis sont simplement des coalitions volontaires de politiciens qui s’organisent dans le but de remporter les élections »133 (Ibid.,

p. 342), s’est développée sur « une très courte période »134 (Ibid.) : les années 1950

133 « based on the view that politicians want to get elected or re-elected, and that parties are simply

voluntary coalitions of politicians organized for the purpose of winning elections ».

principalement. L’une des autres particularités de ce sous-champ de recherche est le fait que les thèmes qui y sont abordés par des économistes – par le biais de la méthodologie économique – sont habituellement l’apanage des politistes (Ibid.)135.

Si l’on peut trouver quelques prémisses des travaux qui nous intéressent ici dans les apports d’auteurs tels que Hotelling ou Schumpeter136, selon Tullock la théorie des partis et des

candidats a bien essentiellement été « développée par deux personnes, Anthony Downs et [lui]-même »137 (Ibid., p. 243) dans deux travaux distincts138.

Il faut noter qu’en plus de son apport important à la théorie du public choice, Downs, par le biais de son ouvrage An Economic Theory of Democracy, publié en 1957139, est considéré

comme étant l’un des instigateurs de la « révolution comportementale en science politique » (Zuckerman, 2005, p. 3). De plus, « le modèle de concurrence électorale » proposé dans l’ouvrage « a servi de master theory »140 pour deux générations de politiques (Hacker &

Pierson, 2014, p. 644), apportant « une approche conceptuelle basique à la politique américaine qui influencerait près d’un demi-siècle de réflexion de pointe en science politique »141 (Ibid.). Ainsi, nombre de politistes américains se sont affirmés en tant que spatial theorists , neo-Downsians ou même Americanists à la suite du travail de Downs

(Ibid.). Il faut dire que, selon Hacker et Pierson, l’ouvrage offre un cadre d’analyse « parcimonieux » – en ce sens qu’il permet d’expliquer beaucoup de phénomènes à partir

135Tullock explique qu’il était plus facile pour les économistes d’aborder des thématiques politique

avec leur méthodologie plutôt que pour les politistes d’aborder leurs propres thématiques avec des outils d’économistes. En effet, selon lui, les économistes de façon générale ont quelques connaissances en sciences politiques et maîtrisent forcément la méthodologie économique alors que les politistes, qui connaissent bien leurs thématiques n’ont en revanche que peu de connaissances en termes de techniques mathématiques.

136 Voir supra.

137 « has been developed by two people, Anthony Downs and myself ». 138 Downs (1957) et Tullock (1958).

139Si la version originale de l’ouvrage a été consultée pour rédiger ce chapitre, les citations ont été

faites à partir de la traduction française publiée en 2013.

140 « the model of electoral competition […] served as a kind of master theory ».

141 « Downs provided a basic conceptual approach to American politics that would influence almost half

de peu d’éléments –, « cohérent », « normativement attirant » et qui « aligne de façon commode données et théorie »142 (Ibid., p. 645).

L’ouvrage de Downs a par ailleurs été, avec The Theory of Committees and Elections de Duncan Black (1958)143, l’un des premiers ouvrages à sérieusement développer au milieu

du XXe siècle l’analyse électorale en mobilisant à la fois des outils mathématiques issus du choix social naissant et les nouvelles approches de sociologie et de sciences politiques de Lippmann ou Dahl, que nous avons vus précédemment, et qui ont véritablement servi de fondement à l’analyse downsienne.

Pour mieux comprendre l’importance de Downs dans l’histoire que nous déroulons, il convient de revenir sur sa contribution fondatrice pour l’analyse du politique en en proposant une lecture différente de celle effectuée traditionnellement par les économistes. Pour de nombreux auteurs l’ouvrage en question tient son importance du fait qu’il constitue une première véritable assimilation de l’objet politique par l’économie (Banfield 1958 ; Diamond 1959 ; Marvick 1960) alors que pour d’autres, l’ouvrage de Downs tient son importance du paradoxe du vote sur lequel il lève le voile ou du théorème de l’électeur médian144 (Riker & Ordeshook 1968 ; Strom 1975 ; Block & Roomkin 1982 ; Boyd et al.

1988 ; Coughlin 2004 ; Sanders et al. 2011 ; Dodd 2015). L’électeur médian est d’ailleurs souvent retenu pour son hyperstabilité qui facilite le travail de prédiction des économistes. Mais si c’est là ce que l’on retient de Downs, en réalité celui-ci est travaillé par une question plus large qui est celle de savoir, dans le cadre d’une démarche positive assumée, comment expliquer la stabilité observée alors que la théorie économique pure telle qu’il la modélise est censée aboutir à un résultat d’instabilité politique. En réalité, l’ouvrage de Downs révèle une inquiétude de la part de l’auteur quant à la capacité de la démocratie à perdurer.

142 « parsimonious », « coherent », « normatively appealing », « conveniently aligns data and theory ». 143 Bien que nous évoquions ici seulement l’ouvrage de 1958, notons qu’un précédent article (Black,

1948) traite déjà du sujet.

Malheureusement, peu de lecteurs de Downs se sont concentrés sur les difficultés relevées dans la théorie downsienne et les contradictions du système électoral démocratique présentées tout au long de l’ouvrage. C’est précisément ce travail de reconstruction que nous souhaitons envisager. Il nous permettra de montrer que les difficultés soulignées par Downs, qui sont en fait des problèmes d’instabilité politique, entrainent chez l’auteur la recherche de mécanismes stabilisateurs capables d’expliquer les faits observés contraires aux prévisions théoriques. De façon étonnante, c’est par le biais de l’incertitude et des mécanismes sociaux qui sont utilisés par les acteurs politiques pour y faire face – au premier rang desquels l’idéologie – que la démocratie se trouve stabilisée dans la théorie downsienne. Mais cette stabilité, nous le montrerons, a un prix qui est celui de la rationalité dégradée.

1. Un cadrage théorique refusant l’emploi de

l’hypothèse de certitude

Pour comprendre la théorie électorale downsienne et être en mesure de déchiffrer l’inquiétude qu’elle renferme, il faut d’abord comprendre l’objectif que Downs s’est fixé ainsi que le cadre d’analyse qui est le sien. Ainsi, dans son ouvrage, l’auteur propose d’étudier le fonctionnement démocratique par le biais d’un « monde-modèle » qui se veut tout à fait positif et qui est structuré autour de deux hypothèses centrales fortes héritées des années 1950 que sont la rationalité des agents et l’absence totale de certitude, que Downs semble déceler dans la réalité qu’il observe. Cette dernière hypothèse marque une différence profonde d’avec les auteurs qui l’ont précédé et qui ont choisi de travailler en monde certain. Cependant, nous allons voir qu’elle entraine une tension dans le modèle.

1.1. Pour une meilleure compréhension du

fonctionnement démocratique

L’ouvrage de Downs résulte de son travail de thèse145, publié en 1956. À l’origine, le rapport

rédigé par Downs avait pour titre An Economic Theory of Government Decision-making in a

Democracy146, titre qui dévoile clairement la visée de l’auteur147. Downs regrette que le

gouvernement, pourtant acteur important du fonctionnement de l’économie, ne soit pas pris en compte à sa juste valeur dans l’analyse économique. En fait, il explique que « le gouvernement n’a pas été intégré avec succès, en compagnie des décideurs privés, dans une théorie de l’équilibre général » (Downs, 2013, p 17) et que « les théories économiques du comportement gouvernemental – pour autant qu’elles existent – échouent toutes à assigner un mobile aux individus qui participent au gouvernement » (Ibid. p. 322). C’est justement ce que l’auteur cherche à faire en étudiant le fonctionnement démocratique et plus particulièrement celui du système électoral représenté par le vote.

Si Downs n’est pas le premier à analyser des problématiques d’ordre politique par le truchement des outils et cadres analytiques empruntés par les économistes148, le modèle

qu’il développe dans son ouvrage est différent. Alors que ses prédécesseurs ont pris le parti de développer leur théorie dans un univers certain et empreint de stabilité149, Downs choisit

de construire ce qu’il nomme lui-même un « monde modèle » qui se déploie tout au long de sa démonstration en se structurant autour d’éléments centraux tels que le caractère rationnel des agents (électeurs comme candidats), la présence d’incertitude ou le

145Travail financé par l’Office of Naval Research, entité de recherche de la marine américaine. 146 Plus précisément, Office of Naval Research Technical Report No. 32. Almond note par ailleurs que

« aucun changement n’a été fait entre le manuscrit de la thèse, le rapport et le livre publié » (Almond, 1991, p. 117, « No changes were made in the manuscript from dissertation to report to published

book »).

147On peut noter par ailleurs que le titre d’un article rédigé par Downs la même année que la

publication de l’ouvrage est également révélateur de la pensée de Downs : An Economic Theory of

Political Action in a Democracy (1957b).

148 Voir supra.

149Chez Arrow par exemple, les partis politiques sont stables en ce sens qu’une fois qu’ils se sont

dynamisme des partis. Ce « monde modèle » permet une avancée incontestable dans la compréhension et l’étude du fonctionnement de la sélection démocratique des dirigeants politiques. Bien sûr, comme nous l’avons indiqué, les résultats les plus saillants et les plus commentés de cette démonstration restent le théorème de l’électeur médian, la compétition spatiale ou le paradoxe du vote. Cependant, limiter la contribution de Downs aux seuls résultats que l’économie politique en a retenue conduit à sous-estimer le message global de l’ouvrage. Car c’est au moins autant la possibilité d’analyser en économiste le processus démocratique que les risques et les failles de ce système politique que Downs veut mettre en avant. Au fil de sa démonstration, il alerte en effet sur les dangers qui menacent le fonctionnement et l’essence-même de la démocratie.

En réalité, l’ensemble de l’ouvrage est traversé par une thématique fondamentale qui est celle de l’instabilité de la démocratie. Et, de manière surprenante, c’est finalement la présence d’idéologie politique qui contribue à stabiliser le système politique démocratique150. Étudiant de Arrow, il n’est pas étonnant que Downs ait été intéressé par

le thème de la stabilité. C’est d’ailleurs ce thème que l’on retrouve chez Hotelling dont Downs s’inspire dans sa propre description de la dynamique électorale. Pour comprendre le caractère inquiet de l’analyse de Downs, c’est au cadre analytique employé par ce dernier qu’il faut s’intéresser.

1.2. Le concept central de rationalité

Si l’objectif de Downs dans son travail de thèse est de proposer un traitement différent de questions d’ordre politique, il ne cherche pas à innover en matière de modélisation économique. Ainsi, le modèle qu’il construit et autour duquel s’articulent ses théories

150 Cette intuition de Downs est fondamentalement novatrice en ce sens qu’à cette époque,

« l’idéologie ne joue aucun rôle dans la théorie économique néoclassique » (« Ideology plays no role

emprunte à la méthodologie et aux outils mobilisés dans les analyses conduites par ses pairs. Ce sont cependant les hypothèses qu’il retient ainsi que la vision personnelle qu’il développe du fonctionnement démocratique qui vont faire de son modèle un cadre d’analyse nouveau.

Downs explique en effet que « les théoriciens de l’économie ont presque toujours envisagé les décisions comme si elles étaient prises par des esprits rationnels »151 (Ibid., p. 18). Cela

s’explique pour l’auteur par le fait que « pareille simplification est nécessaire pour prédire un comportement, dès lors que les décisions prises au hasard ou sans relations mutuelles ne forment aucune structure » (Ibid.). L’hypothèse de rationalité permet ainsi de structurer les relations et actions des individus en ce qu’elle leur apporte un sens et permet leur prédiction152. L’hypothèse de rationalité forme ainsi le point de départ de l’analyse

proposée dans l’ouvrage.

Par rationalité, Downs entend le fait que les hommes « poursuivent leurs propres intérêts directement, sans les déguiser » (Ibid.). Partant de ce postulat, l’analyse économique se déroule en deux temps : d’abord il faut découvrir les objectifs des individus avant d’analyser la manière la plus efficiente de les atteindre. C’est une part de ce travail qui est proposée par Downs.

Le modèle développé a pour but de traiter de la fonction politique des élections – c’est-à- dire la désignation d’un gouvernement (Ibid., p. 21) – et de partir de cette fonction pour analyser les comportements des électeurs et des candidats ou partis politiques en termes de rationalité. Un comportement rationnel, dans ce cadre, étant dirigé vers l’objectif assigné aux élections. Plus précisément, Downs définit dans son modèle la rationalité des agents de la façon suivante153 : « un citoyen sera […] rationnel lors d’une élection si ses actions lui

151 Downs ne nie pas le fait que certains économistes avant lui ont mis en doute l’hypothèse de

rationalité. Il cite à ce titre les « dénégations chagrines » (p. 18) de Thorstein Veblen ou de John Maurice Clark.

152On retrouve ici l’influence de la théorie développée par Friedman à propos de l’économie positive,

comme nous l’avons noté plus haut.

153 Downs est tout à fait lucide sur le fait que le choix qu’il opère d’analyser le comportement des

individus partant de l’hypothèse de rationalité limite la comparaison entre ses résultats et la réalité en ce sens que parfois « les individus votent de fait de manière à plaire à leur épouse – et vice versa

permettent de jouer son rôle dans la sélection efficiente d’un gouvernement » (Ibid., p. 40). En d’autres termes, et c’est là tout à fait intéressant, Downs relie la notion de rationalité à celle de civisme. Il estime ainsi qu’il est rationnel pour les individus de vouloir faire triompher leurs idées.

Plus précisément, et pour en venir à une terminologie économique, l’électeur est assimilé, à la façon de l’homo oeconomicus, à un homo politicus en ce sens qu’il cherche, selon l’expression utilisée par Downs, à maximiser ses gains154 – il vote alors en faveur du

candidat ou parti qui, pense-t-il, lui rapportera le plus. Plus formellement, l’électeur établit ce que Downs appelle « différentiel partisan », c’est-à-dire qu’il compare les gains qu’il pourrait obtenir si chaque parti en lice prenait le pouvoir. Il vote alors ensuite pour le parti qui, selon ce calcul, serait enclin à lui offrir le gain le plus élevé155. Le candidat, parti politique

ou gouvernement, quant à lui, cherche à maximiser ses chances de remporter l’élection – et donc met en place les politiques ou propose un programme qui pourrait être susceptible de plaire au plus grand nombre156en ce sens qu’il apporterait un maximum de gains à un

maximum d’individus. Ainsi, « l’hypothèse fondamentale [du modèle de Downs] repose sur le raisonnement suivant : les partis élaborent des politiques afin de gagner les élections, plutôt qu’ils ne gagnent les élections pour élaborer des politiques » (Ibid., p. 45).

Downs abandonne toute prétention de bien-être collectif ou d’objectif social de la part du gouvernement. Ce dernier ne se souciera en effet du bien-être social que si ce but favorise sa réélection (Ibid.). Downs rejette ainsi les approches fondées sur la recherche du bien-être

– plutôt que pour exprimer leurs préférences politiques » (p. 22). Downs note que ce type de comportement, bien que ne faisant pas partie de son analyse, peut être considéré comme tout à fait « rationnel dans le contexte des situations domestiques » (Ibid.) et renvoie notamment aux travaux de Paul Lazarsfeld pour plus de détails.

154 Dans son analyse, Downs parle de maximisation du revenu en utilité réelle ou hypothétique. 155Le calcul mené par l’électeur est plus fin que cela dans l’analyse de Downs. Ainsi, l’électeur ajuste

son différentiel partisan en appliquant un facteur tendance et un taux de performance aux partis en lice. Cependant, il nous semble que l’exposé exhaustif du calcul mené par les électeurs n’est pas à propos ici.

156La définition précise que Downs donne au terme d’action rationnelle est le suivant : « action

conçue avec efficience pour réaliser des objectifs politiques ou économiques consciemment sélectionnés par l’acteur (p. 35).

social et critique des auteurs comme Bergson, qui aurait lui-même admis les faiblesses de son raisonnement concernant la fonction de bien-être social (Ibid., p. 33). C’est en fait dans la trajectoire de Buchanan, mentionné dans l’ouvrage157, que Downs veut se placer. Pour

autant, il explique que l’approche de Buchanan, qui indique que seuls les individus disposent de fonctions de bien-être et de « structures de fin » (Ibid., p. 30), est lacunaire en ce sens qu’elle ne prend pas en compte les coalitions et que, dans la réalité, de petites coalitions peuvent gérer l’appareil d’État, ce qui pourrait donc éventuellement donner lieu à l’attribution d’une fonction de bien-être et de fins spécifiques à l’État considéré comme étant représenté par ces coalitions (Ibid., p. 32). Et en effet, force est de constater que l’organisation politique fait que les dirigeants et ceux qui aspirent à de telles fonctions, se regroupent au sein de partis politiques, qui sont justement semblables aux coalitions dont parle Downs. L’on retrouve ainsi à nouveau la volonté positive de l’auteur, qui cherche à inclure les partis mais aussi, nous le verrons, les lobbies et toutes les sortes de groupes ou de coalitions qui régissent la vie politique démocratique. C’est donc une approche enrichie de la pensée de Buchanan que Downs souhaite développer158.

Outre cette « vision volontariste de l’État » (Ibid., p. 31), un autre point qui marque fortement le travail de Downs est le fait que son « monde modèle » « diffère du monde de l’équilibre général159parce qu’il contient de l’incertitude » (p. 28).

1.3. De l’instabilité en monde certain

157 Downs cite « The Pure Theory of Government Finance » (1949), que nous avons analysé dans le

chapitre précédent.

158 Notons également que si Buchanan chercher à séparer clairement fonctionnement politique et

fonctionnement du marché économique, en revanche Downs combine les deux en apposant les hypothèses habituellement faites des acteurs économiques sur le fonctionnement du politique.

159Plus précisément, il diffère du monde de l’équilibre général tel qu’il est construit à la fin des années

Afin de comprendre les raisons qui ont poussé Downs à formuler son analyse en univers incertain, il convient de comprendre pourquoi l’hypothèse de certitude, pourtant adoptée par ses prédécesseurs, a été écartée.

Outre le fait d’indiquer que l’incertitude est « une force fondamentale affectant toute activité humaine » (p. 28), la volonté de Downs d’employer l’hypothèse d’incertitude160 est

développée par l’auteur comme suit.

Avant de proposer une analyse prenant forme en univers incertain, Downs commence par poser les bases d’un modèle qui fonctionne en univers certain. Il montre alors que faire l’hypothèse de certitude dans le monde politique conduit à des résultats très négatifs concernant la capacité de la démocratie à se maintenir. On trouve ainsi des affirmations qui semblent difficiles à comprendre à première vue : « La démocratie ne peut fonctionner en univers certain, sauf si les électeurs sont quasi tout à fait d’accord sur toutes les questions » (Ibid., p. 81). Dans un monde certain, nous dit Downs, le risque est grand d’un glissement de la démocratie représentative à l’absolutisme.

Downs, on l’a dit, est un élève de Arrow et les travaux de ce dernier – notamment le fameux théorème (Arrow, 1951) – sont discutés dans l’ouvrage. L’auteur s’intéresse