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Les travaux précurseurs d’une nouvelle économie du politique

Les travaux d’Anthony Downs ou de Gordon Tullock auxquels nous nous intéresserons dans la suite de notre développement ne sont pas apparus sans que des précurseurs leur aient ouvert la voie. Ainsi Downs cite dans son ouvrage (Downs, 1957) nombre de travaux et d’auteurs dont il s’est inspiré. Parmi ces auteurs figurent bien sûr des économistes comme Joseph Aloïs Schumpeter ou Kenneth Arrow, mais également des politistes comme Robert Allan Dahl ou Edward Christie Banfield, des philosophes comme Karl Mannheim, des sociologues comme Hazel Gaudet ou Paul Felix Lazarsfeld. Si ces références semblent très hétéroclites, en réalité elles ne sont pas étranges si l’on s’intéresse de plus près aux travaux de ces auteurs et à la période qu’ils représentent, c’est-à-dire la période d’entre-deux- guerres et d’immédiate après-guerre. Une étude de ces travaux est à notre avis un prérequis important pour mieux comprendre les questionnements soulevés par Downs dans son ouvrage.

C’est donc durant la période d’entre-deux-guerres et d’immédiate après-guerre que les économistes sont revenus sur le shiisme opéré au XIXe siècle entrainant le développement

autonome de la discipline économique. Un certain nombre d’auteurs se sont emparés de problématiques d’ordre politique – de façons assez distinctes en fonction des auteurs, nous allons le voir – pour en proposer une analyse nouvelle. D’une part, ces développements ont été rendus possibles parce que la science économique s’est dotée de nouveaux outils analytiques permettant de pousser plus loin la modélisation de la discipline. Cette modélisation accrue résulte d’un souci de rapprochement d’avec les sciences dites de la nature telles que la physique ou la biologie, qui a résulté en une mathématisation accrue de la théorie économique. D’autre part, la dynamique qu’a connu l’économie politique à ce moment a été rendue possible du fait que la science politique ait évolué d’une façon telle qu’elle s’est trouvée à la portée de l’analyse économique. Ce souffle nouveau qu’ont connu la science politique mais aussi la psychologie et la sociologie politiques a été permis par la publication de nombreux ouvrages et articles qui ont nettement éclairé le fonctionnement de la démocratie et plus particulièrement du vote comme vecteur du choix politique. De plus, certains politistes ont commencé à filer la métaphore du marché politique, mettant ainsi en parallèle fonctionnement de la démocratie et de l’économie24à l’aide de concepts

tels que l’offre ou la demande.

C’est de concert avec cette dynamique que l’économie du politique s’est transformée, modernisée et que certains économistes, à l’instar de Schumpeter, Arrow, Black ou Buchanan ont cherché à pénétrer la science politique de sorte à apporter des réflexions nouvelles et des réponses originales à des problématiques occupant les politistes. Avec des objectifs et des protocoles parfois éloignés, ils ont chacun participé à l’expansion de l’économie du politique dans la deuxième moitié du XXe siècle et ont ouvert la voie à un champ de recherche qui compte aujourd’hui encore des travaux d’importance.

24 Dans son ouvrage A Discipline Devided, Gabriel A. Almond note en effet qu’un certain nombre de

Ce n’est qu’en s’intéressant à cette résurgence de l’économie politique ainsi qu’aux développements de science politique qui l’ont accompagnée que nous pourrons comprendre les travaux de Downs ou Tullock sur lesquels nous reviendrons plus tard. Une brève étude des travaux incontournables de ce moment de l’histoire nous montrera par ailleurs la véritable volonté d’ouverture et de dépassement des frontières disciplinaires de la part des chercheurs en sciences sociales. Nous verrons ainsi dans un premier temps que dès les années 1920, des études se sont intéressées à la formation de l’opinion publique avec, déjà, une forte inquiétude concernant son hypothétique existence. Dans un second temps, nous montrerons que la science politique s’est largement ouverte à la science économique notamment de par l’étude de problématiques communes et par l’axiomatisation de la pensée politique notamment au travers des travaux de Dahl, inspiré par Arrow. Enfin nous verrons que ce bouillonnement a accompagné un renouveau pour l’analyse économique.

1. Vers une meilleure compréhension du

comportement des électeurs

La compréhension du comportement des électeurs est la clé de voûte de la compréhension du fonctionnement de la démocratie. Elle est utile aux commentateurs qui cherchent à comprendre le fonctionnement démocratique d’une société ou tout simplement les résultats d’élections. Nombreux auteurs25, principalement sociologues ou philosophes se

sont employés à fournir des clés permettant de comprendre le comportement des citoyens et par là-même des électeurs.

25 Nous avons décidé de circonscrire les auteurs étudiés à ceux qui ont été de façon certaine lus par

Downs avant la publication de son ouvrage. Il en est de même pour l’ensemble des auteurs cités dans ce premier chapitre.

Walter Lippmann est l’un des premiers à avoir cherché à étudier le comportement des citoyens et la formation de leurs croyances dès les années 1920. Celui-ci fait un constat amer : « Étant donné que l’opinion publique est supposée être le moteur des démocraties, l’on pourrait raisonnablement s’attendre à trouver une vaste littérature traitant du sujet. On ne la trouve pas. »26 (Lippmann, [1922] 1965, p. 161). Il rédige alors Public Opinion,

ouvrage paru en 1922, qui traite justement des déterminants du comportement des électeurs et de la difficulté d’atteindre une cohésion optimale au sein de la société. Il s’agit d’une étude éminemment pessimiste quant à l’existence et à la formation d’une quelconque opinion publique. Lippmann débute en effet son travail en expliquant que la réalité est bien trop complexe pour que les individus puissent la comprendre et agir de façon éclairée. En prenant exemple sur les communiqués envoyés par l’État-Major français à la presse durant la bataille de Verdun en 1916, Lippmann (Ibid., pp. 23-29) cherche à montrer la façon avec laquelle les médias et par là-même le peuple, peuvent être vulnérables à la manipulation et à la propagande. Cette soumission à la manipulation ne peut être levée qu’à condition, pour les individus, d’avoir les moyens financiers pour voyager et s’informer autrement que par le seul biais des médias (Ibid., p. 33). En plus de cela, Lippmann indique que les individus sont soumis à des stéréotypes tenaces. En effet, « chercher à voir les choses sous un nouvel angle et de façon détaillée, plutôt que sous l’angle de stéréotypes et de généralités, est fatiguant et, alors qu’il y a des affaires plus pressantes et plus préoccupantes, même pas à l’ordre du jour »27 (Ibid., p. 59). Une autre explication donnée à la persistance

des stéréotypes est avancée, à savoir le fait que les individus se sont construits par rapport à eux et se complaisent dans la position qu’ils se sont créés. Une dernière explication vient de la nature même de l’homme, incapable de s’imaginer et de se représenter « plus d’espace que l’on peut le voir avec nos yeux, et plus de temps qu’on ne peut le sentir alors qu’il faut

26 « Since Public Opinion is supposed to be the prime mover in democracies, one might reasonably expect

to find a vast literature. One does not find it. ».

27 « For the attempt to see all things freshly and in detail, rather than as types and generalities, is

décrire et juger plus de personnes, plus d’actions, plus de choses qu’on ne peut compter »28

(Ibid., p. 95). Cette ténacité des stéréotypes, qui s’explique par l’économie d’effort que font les individus, par l’intérêt que peut représenter pour certains leur conservation et par la nature limitée de l’esprit humain, pousse tout un chacun à la confusion et aux erreurs de jugement.

Lippmann ajoute à cela le fait que les individus n’ont pas forcément en tête la même définition de ce qu’est un intérêt et encore moins un intérêt commun29. En fait, « il y a de

nombreuses variables dans l’image que chaque homme se fait du monde invisible »30 (Ibid.,

p. 125), du monde qu’il ne peut voir et ressentir. Comment alors peut se développer une volonté commune ? Comment parler de volonté du peuple ? D’opinion publique ? Le fait est que des électeurs qui votent pour le même candidat ou le même parti ne le font pas forcément pour les mêmes raisons (Ibid., p. 126).

« L’art de pousser toutes sortes d’électeurs qui pensent différemment à voter de la même façon est pratiqué lors de chaque campagne électorale »31 (Ibid., p. 127) argue Lippmann.

De ce fait, en période électorale, les candidats font en sorte, par le biais de leurs discours respectifs, de choisir avec précision les mots qu’ils utilisent de façon à ce que le maximum d’individu puisse s’y reconnaitre. Ainsi les intérêts communs mis en exergue par les candidats aux élections ne le sont que par leur dénomination. Pour les générations actuelles de dirigeants, la persuasion est devenue un art conscient de soi.

28 « not only do we have to picture more space than we can see with our eyes, and more time than we

can feel, but we have to describe and judge more people, more actions, more things than we cane ver count ».

29Lippman explique de cette façon le fait que la théorie socialiste de Marx et Lénine n’ait pu aboutir

en ce sens que pour lui, la théorie socialiste n’aurait eu de sens et n’aurait pu fonctionner que si les individus avaient certes conscience d’appartenir à des classes définies de façon économique mais également s’ils avaient tous en tête la même définition de ce qu’est l’intérêt commun de leur classe. Or Lippmann indique que la définition de cet intérêt diffère d’un individu à l’autre et que, de ce fait, il est impossible de voir la théorie socialiste aboutir aux conclusions portées par Marx ou Lénine (Lippmann, [1922] 1965, p. 119), faisant du même coup « disparaitre l’impact de tout déterminisme économique » (« This dissolves the impact of economic determinism », Ibid., p. 119). Il y aurait ainsi, dans les théories marxistes ou même hédonistes inspirées par Bentham une vision naïve de l’instinct humain.

30« there are many variables in each man’s impressions of the invisible world ».

31 « the art of inducing all sorts of people who think differently to vote alike is practiced in every political

« Que la fabrique de consentement soit capable de grande subtilité, personne, je le pense, ne le nie. […] Les opportunités de manipulation ouvertes pour quiconque comprend leur mécanisme sont évidentes. La création de consentement n’est pas un nouvel art. C’est un art très ancien qui devait s’éteindre avec l’apparition de la démocratie. Mais il n’est pas mort. En réalité, il a énormément progressé en technique parce qu’il est désormais adossé à l’analyse plutôt qu’à des règles générales. Ainsi, avec les recherches en psychologie ainsi que les moyens modernes de communication, la pratique de la démocratie a pris un nouveau virage. »32

(Ibid., p. 158)

Au cœur d’une discipline sociologique, qui a pris pour habitude d’analyser séparément les phénomènes que sont l’opinion et le public (Potestà, 1955, pp. 280-281), Lippmann cherche à proposer une théorie faisant le pont avec rigueur et discipline. D’ailleurs, même si son analyse n’est pas parvenue à proposer une explication cohérente du fonctionnement de l’opinion publique en ce sens que le résultat obtenu est l’inexistence d’une telle opinion, « une telle discipline assigne à Lippmann le rôle, qui est véritablement le sien, de précurseur, non pas de l’élaboration d’une théorie générale, […] mais d’une intuition, vraiment brillante, de la substantielle unité du phénomène de l’opinion publique »33

(Potestà, 1955, p. 283), ce qui fait de l’ouvrage de Lippmann une analyse incontournable du phénomène de l’opinion publique.

Cette étude de Lippmann est enrichie quelques années plus tard par un apport du philosophe allemand Karl Mannheim. Celui-ci propose une analyse du fonctionnement de l’idéologie. Dans son ouvrage de 1929, Ideologie und Utopie, – « ouvrage classique dans le

32 « That the manufacture of consent is capable of great refinements no one, I think, denies. […] the

opportunities for manipulation open for anyone who understands the process are plain enough. The creation of consent is not a new art. It is a very old one which was supposed to have died out with the appearence of democracy. But it has not died out.It has, in fact, improved enormously in technic because it is now based on analysis rather than on rule of thumb. And so, as a result of psychological research, coupled with the modern means of communication, the practice of democracy has turned a corner. ».

33 « Una tale disciplina assegnerà al Lippmann il ruolo, che gli compete, di precursore, non nella

elaborazione della teoria generale […], ma nelle intuizione, veramente brillante, della sostanziale unità del fenomeno dell’opinione publicca ».

champ de la sociologie de la connaissance »34 (Scott, 1987, p. 41) – Mannheim cherche à

proposer une version nouvelle de la sociologie compréhensive35qui n’a pas comme point

de départ l’individu comme chez Max Weber, mais des groupes d’individus. C’est donc une vision holiste qui est développée. Mannheim indique qu’avec l’apparition « de la formulation générale de la conception totale de l’idéologie, la simple théorie de l’idéologie devient la sociologie de la connaissance »36 (Mannheim, [1929] 1956, p. 75) et que :

« Cette conception de l’idéologie […] maintient qu’au-delà des sources d’erreurs communément reconnues, nous devons aussi compter avec les effets d’une structure mentale déformée. Elle admet le fait que la « réalité » que nous ne parvenons pas à comprendre peut être une réalité dynamique et que, dans la même époque historique et dans la même société, il peut y avoir plusieurs types déformés de structure mental e profonde, quelques-uns parce qu’ils sont restés, dans leur croissance, en deçà du temps présent, et d’autres parce qu’ils ont déjà dépassé ce temps. Dans les deux cas, toutefois, la réalité à comprendre est déformée et dissimulée ; car cette conception de l’idéologie et de l’utopie se rapporte à une réalité qui ne se dévoile que dans la pratique réelle. »

(Ibid., pp. 106-107).

Cet argument n’est pas sans rappeler celui de Lippmann que nous venons d’évoquer à propos de la complexité de la réalité et de la difficulté pour les individus de l’appréhender et de la comprendre sans y être directement confrontés. Parmi les nombreux commentaires faits de l’ouvrage, Hans Speier indique que « rarement une étude sociologique a autant attiré l’attention du grand public »37(Speier, 1937, p. 155). Et Speier d’ajouter que pour lui,

ce qui a joué dans le succès de cet ouvrage est le fait que Mannheim ait « ignoré les frontières

34 « Ideology and Utopia is a classical text in the sociology of knowledge ».

35La sociologie compréhensive s’attache à étudier les raisons qui poussent les individus à agir de la

façon dont ils le font.

36 Par idéologie « générale », l’auteur entend que le déterminisme social de l’idéologie s’applique à

l’ensemble des groupes et non seulement à ceux qui ne partagent pas nos idées. Par conception « totale », Mannheim veut signifier que plutôt que d’étudier l’idéologie prégnante derrière chaque idée (conception « particulière »), il faut étudier l’idéologie de l’esprit tout entier.

de la spécialisation académique pour s’occuper du cœur d’un problème qui concerne de la même façon philosophes et politistes »38. On voit là une véritable volonté d’ouverture

disciplinaire, ici de la part de la philosophie, vers d’autres objets d’étude.

D’autres disciplines sont également à la recherche d’une synthèse plus large. C’est le cas notamment de la sociologie. Les travaux de Bernard Berelson en sont une parfaite illustration. Trois de ses études, menées seul ou avec des co-auteurs tels que Paul Lazarsfeld, Hazel Gaudet et William McPhee, opérant une ouverture vers la science politique, sont d’une grande importance dans l’avancée de la compréhension du comportement des individus lors des élections.

Ainsi Berelson est l’auteur d’un article (1952) dans lequel il tente d’étudier conjointement théorie de la démocratie et opinion publique. Il débute son analyse en expliquant que s’il est traditionnellement admis que chacun de ces deux objets d’étude appartient à un type de chercheur particulier39, il va quant à lui chercher à combiner les deux. Cette volonté de

s’éloigner de la traditionnelle séparation des deux champs d’analyse vient de l’observation qu’il dégage selon laquelle « aucune de ces deux branches d’analyse ne peut résoudre le problème seule »40(Berelson, 1952, p. 314). L’analyse qu’il propose consiste à présenter des

conditions nécessaires au fonctionnement démocratique du vote. Ainsi, il indique que l’électorat doit présenter une « structure de personnalité » (« personality structure », p. 315) c’est-à-dire qu’il doit détenir des traits de personnalité tels que la capacité morale d’accepter les choix effectués, une attitude saine face à l’autorité ou encore la capacité de s’impliquer dans des situations abstraites. De la même façon, l’électorat doit également posséder un « facteur d’intérêt et de participation » (« factor of interest and participation »,

38 « What accounts for its success is rather that mannheim, disregarding the borders of academic

specialization, goes to the heart of a matter which concerns philosophers and politicians ».

39 Ainsi, les théoriciens montrent la façon dont les électeurs en démocratie sont censés se comporter

alors que les spécialistes de l’opinion publique prétendent connaitre la réalité du comportement des électeurs en démocratie (Berelson, 1952, p. 314).

p. 316) c’est-à-dire qu’il doit prendre une part de responsabilité dans le processus de choix politique. Il s’agit à nouveau d’une théorie holiste de la société. Le problème est que « moins d’un tiers de l’électorat est « vraiment intéressé » par la politique »41 (p. 316) aux États-Unis.

Il y a ainsi éloignement du fonctionnement de la démocratie aux États-Unis d’avec le fonctionnement efficient en théorie.

Berelson ajoute, pour que le processus démocratique soit le plus efficace possible, que les décisions prises par les électeurs doivent se faire en possession d’information– les électeurs doivent être informés des problèmes sur lesquels ils sont appelés à se prononcer – et en évitant toute décision impulsive. Le souci est que l’électorat est peu informé42. Cela

s’explique notamment par le fait que les électeurs sont incapables de comprendre le monde tel qu’il est, en sortant des images préconçues qu’ils en ont43et parce qu’ils ne prennent pas

assez part à des discussions ou débats si ce n’est avec des personnes qui leur ressemblent et qui ont donc peu ou prou les mêmes idées qu’eux, ce qui ne permet aucun apport d’informations supplémentaires ou contradictoires (Ibid., pp. 321-323). L’auteur souligne ainsi un deuxième point d’éloignement de la réalité par rapport à la théorie qui consiste en un fort biais d’information qui touche les électeurs44.

Enfin, pour que la démocratie soit efficiente, il serait nécessaire que les électeurs fassent passer l’intérêt commun avant leurs intérêts particuliers (Ibid., p. 327), ce qui est compliqué à étudier pour les chercheurs. De fait, l’auteur note que nombre de prérequis à l’exercice d’une démocratie efficace ne sont pas complétement acquis aux États-Unis dans les années d’entre-deux guerres.

Un autre ouvrage du même auteur, co-écrit avec Paul Lazarsfeld et William McPhee est d’un grand intérêt : Voting (1954). Cet ouvrage fait écho à un autre ouvrage rédigé en 1944 avec

41 « less than one-third of the electorate is « really interested » in politics ».

42L’auteur avance même le fait que 20% des électeurs ne seraient pas du tout informés (Ibid., p. 318)

alors que les électeurs informés le sont surtout s’ils cherchent à renforcer et à rationaliser leurs croyances préétablies.

43On retrouve ici à nouveau l’idée développée par Lippmann dans son ouvrage de 1922 dont nous