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Mise en lien des résultats recueillis auprès des deux populations

3. L’accompagnement en officine vu par deux populations

3.3. Mise en lien des résultats recueillis auprès des deux populations

Nous allons, dans cette partie, mettre en relation ce qui a pu être conclu après les entretiens réalisés auprès des personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante ainsi que des pharmaciens d’officines.

L’état des lieux actuel sur la prise en charge et l’accompagnement par les pharmaciens des patients est le suivant :

- Tous les patients atteints de la spondylarthrite ankylosante ont une pharmacie récurrente dans laquelle ils vont. Ils sont reconnus comme atteints de rhumatisme inflammatoire chronique par l’équipe officinale grâce à leur ordonnance.

- La place du pharmacien n’est pas bien définie par les autorités de santé pour l’accompagnement de cette catégorie de malades chronique.

- Cependant l’accompagnement par les pharmaciens reste très varié, et certains se montrent bien informés et présents dans le parcours de soin du patient.

- Nous retrouvons également cette divergence d’opinion chez les patients. Même si en majorité ils se disent « contents » des pharmaciens, plus d’un tiers des interrogés considèrent le pharmacien uniquement comme le fournisseur de médicaments et d’injections.

On constate que les deux parties discutent rarement entre elles au comptoir (lors de la délivrance des médicaments notamment). En effet, il est fréquent que ni les pharmaciens ni les patients n’osent aborder le sujet. Les raisons sont multiples :

- Des pharmaciens n’osent pas aborder le sujet car ne se sentent pas assez formés sur cette pathologie ou pensent que les patients savent déjà tout et sont « experts » de leur maladie.

- Des patients n’osent pas en parler car le comptoir n’est pas un endroit confidentiel ; De plus, comme abordé précédemment, il existe un manque de connaissance et donc de formation sur cette maladie chez les pharmaciens que l’on constate par leurs réponses aux questions sur la spondylarthrite ankylosante. Les patients peuvent le remarquer également lors de leur prise en charge à l’officine lorsque l’accompagnement n’est pas à la hauteur de leurs attentes.

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Concernant les traitements, les pharmaciens se montrent plus à l’aise et mieux informés. Néanmoins des conseils et rappels seraient à faire au comptoir lors de la délivrance des biothérapies comme par exemple la manière de se piquer, l’endroit, les contre-indications à l’injection (état de santé, fièvre, infection), les vaccins à faire et ceux contres indiqués lors de la prise de biothérapies.

Des points positifs concernant le rôle du pharmacien sont à évoquer. Une petite majorité de patients se disent contents du pharmacien et de son rôle. Les conseils et l’écoute en font partie et ont été cités par les patients. L’écoute a été abordée par les deux parties (patients et pharmaciens). En effet, même si elle n’est pas constante pour tous les pharmaciens, elle semble être un besoin pour beaucoup de personnes atteintes de spondylarthrite ankylosante interrogées. Deux pharmaciens interrogés proposent un suivi, notamment pour les patients refusant les biothérapies et qui s’écarte du parcours de soins conventionnel. Ce suivi est basé sur des recommandations hygiéno-diététiques, ainsi que sur des compléments alimentaires ciblant l’intestin (probiotiques par exemple) et ce après avoir fait remplir un questionnaire au patient. Les patients les plus élogieux envers le pharmacien sont ceux qui sont suivis de cette manière- là.

Il est à noter que beaucoup de patients (quasiment la moitié de l’échantillon) s’orientent ou se sont orientés vers des médecines alternatives en ayant des consultations avec des naturopathes et magnétiseurs. Les patients qui ont pu y recourir abordent également dans leur entretien le manque d’écoute par le parcours de soin classique, ou bien la difficulté de cette maladie qui est également une maladie « psychique » pour Marie. Trois des six patients ayant eu recours à des médecines alternatives n’ont pas de biothérapie. On peut alors se poser la question si le manque d’écoute par les professionnels de santé, la difficulté psychique, et les douleurs non calmées par les médecines allopathiques ne sont pas en partie responsables de la fuite du patient vers d’autres « médecines » et donc hors du parcours de soins recommandé.

Le pharmacien parait, dans ces cas-là, être le dernier maillon de la chaine à pouvoir suivre et accompagner le patient pour s’assurer de sa bonne prise en charge lorsqu’il s’écarte du parcours traditionnel. Tout ceci est possible car il s’agit du professionnel de santé le plus accessible rapidement et le plus proche dans le quotidien des patients.

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Concernant le suivi des patients sur leurs douleurs et améliorations cliniques, des patients aimeraient plus de soutien, plus de connaissances sur leur maladie ce qui semble être également un projet pour des pharmaciens. En effet des pharmaciens abordent le suivi des douleurs (articulaires ici) lors de la délivrance des biothérapies, ou bien proposent l’élargissement des entretiens pharmaceutiques ou bilans pour avoir un moment de confidentialité avec le patient et améliorer son accompagnement. Ils sont conscients de leur rôle actuel qui reste faible (selon trois pharmaciens). Cependant ils se montrent ouverts à l’augmentation de leurs missions. Les deux populations étudiées souhaitent des entretiens de façon majoritaire et dans un espace de confidentialité pour favoriser les échanges.

Il pourrait également y avoir une place pour le pharmacien dans le maintien à domicile et la gestion de la douleur, car il existe une partie de patients dans cette population qui sont devenus dépendants. Le pharmacien pourrait suivre le patient et éviter son isolement. Une perspective serait donc de développer la prise en charge et l’accompagnement au domicile avec le matériel adéquat (lit médicalisé, matelas, aide à la marche lors des poussées, chaise de douche etc…).

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