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La  mise  en  évidence  d’une  tension  entre  la  croissance  économique  et  la  protection  de

Les premières alertes concernant des problèmes environnementaux majeurs ont été lancées par des scientifiques, écologues et économistes, dans les années 1960-1970. En écologie, la publication d’ouvrages très largement diffusés comme The Silent Spring écrit par Rachel Carson en 1962 et Avant que Nature meure de Jean Dorst publié en 1965, a commencé à accroître sérieusement les préoccupations environnementales dans l’intérêt public. Dans le domaine de l’économie, les questions relatives à l’épuisement des ressources naturelles et à

leurs conséquences sur la croissance économique2 se sont posées dès l’avènement de

l’économie comme discipline autonome 3 (Bontems et Rotillon, 2007). Mais ces

préoccupations ont pris une toute autre ampleur dans les années 70, notamment en lien avec la parution de publications célèbres comme The Limits To Growth (traduit en français par Halte à la croissance) ou « rapport Meadows » en 19724. Ce rapport, commandité par le Club de Rome à une équipe de chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a fait l’effet d’une « bombe » aussi bien dans la communauté scientifique qu’au niveau politique. Ce rapport remettait en effet sérieusement en question les modèles de développement économique suivis jusqu’alors. Les chercheurs impliqués dans ce travail soulevaient des problèmes d’incompatibilité entre les croissances économique et démographique exponentielles des années d’après-guerre, et les capacités de la Terre à pouvoir leur fournir les ressources naturelles nécessaires. Cette équipe de chercheurs défendait la thèse d’un effondrement à venir de la croissance économique en raison d’un épuisement des ressources naturelles. De cet effondrement résulterait un recul de la croissance démographique et une augmentation des inégalités sociales notamment au niveau de la répartition des richesses entre les pays du Nord et ceux du Sud. Ce rapport mettait également en évidence l’interdépendance entre les dimensions sociale, environnementale et économique. Si la composante environnementale est dégradée, les composantes économiques et sociales en pâtiront (la dégradation environnementale entraînera par exemple une baisse de la production industrielle qui entraînera à son tour une augmentation du chômage et des inégalités sociales). Ces chercheurs préconisaient alors une substitution de la croissance par le développement, soit un modèle de société visant plutôt un développement qualitatif basé sur des activités non polluantes et dégradantes comme la culture, l’art, l’éducation. Ils recommandaient l’atteinte d’un « équilibre de société stable » en proposant de limiter l’activité économique et la croissance démographique, et de mieux répartir les ressources et les richesses.

      

2 La croissance économique se définit par la variation positive de production de biens et de services dans une économie sur une période donnée. L’indicateur le plus commun pour la mesurer est le produit intérieur brut (PIB).

3 Malthus (1798), Ricardo (1817) et Jevons (1865) avaient déjà discuté des limites naturelles à la croissance au travers de cas d’étude portant sur les ressources agricoles ou sur les ressources fossiles.

4 Citons également les travaux de Kenneth Boulding The Economics of the Coming Spaceship Earth publiés en 1966, ceux de Nicholas Geoergescu-Roegen en 1971 The Entropy Law and the Economic

Process, et ceux de Friedrich Schumacher en 1973 Small is beautiful: a study of Economics as if

people mattered (qui a d’ailleurs introduit la notion de « capital naturel » sur laquelle nous reviendrons ultérieurement).

Par la mise en évidence des limites environnementales et de leurs conséquences économiques et sociales, le rapport Meadows remet en question les approches classiques de l’économie en matière de gestion des ressources naturelles. Par conséquent, les conclusions et la vision alarmiste du rapport Meadows n’étaient pas approuvées par la plupart des économistes mainstream de l’époque qui ont formulé de nombreuses critiques à son égard. Ces économistes avaient en effet une autre vision du problème de gestion des ressources naturelles.

1.1.2. La vision néoclassique des problèmes environnementaux : la substitution

des capitaux et le progrès technique

Deux branches de l’économie s’intéressent à l’analyse économique des problèmes posés par l’environnement : l’économie de l’environnement et l’économie des ressources naturelles (ces dernières étant définies comme l’ensemble des biens non reproductibles par l’homme) (cf. Encadré n° 1). Ces deux champs disciplinaires ont vu le jour dans les années 1970 et s’inscrivent tous deux dans les cadres analytiques de l’économie du bien-être5. Ils partagent donc l’ambition d’intégrer les problèmes environnementaux dans l’analyse économique afin de proposer des solutions permettant d’optimiser le bien-être social. Le bien-être est une fonction de l’utilité dégagée par la consommation des biens et des services disponibles (Mäler et al., 2008).

      

5 La théorie du bien-être (en anglais welfare) constitue le cœur de l’analyse économique. Cette théorie est fondée sur la recherche de situations optimales qui permettront de maximiser le bien-être social basées sur l’optimum de Pareto. Une situation est « pareto-optimale » lorsqu’il n’est pas possible d’améliorer la situation d’un individu sans détériorer celle d’au moins un autre (Yew-Kwang, 1979).

Pour traiter du problème de gestion des ressources naturelles, les économistes assimilent les ressources naturelles à un capital nommé « capital naturel »6. Le capital naturel, au même titre que le capital humain et le capital manufacturé7, est considéré comme un facteur de production. Au travers de cette notion, l’environnement apparaît comme un stock de ressources, renouvelables ou non, qu’il convient de gérer de façon optimale dans le temps afin de maximiser le bien-être social (Vivien, 1994).

      

6 La notion de « capital naturel » est utilisée en économie pour désigner les stocks limités de ressources naturelles qui sont à l’origine de la production des flux de biens et de services nécessaires au bien-être de l’homme maintenant et dans le futur (De Groot et al., 2000).

7 Trois types de capitaux sont distingués en économie constituant le « stock global de capital » : le capital naturel, défini ci-dessus, le capital manufacturé, qui correspond aux biens et services provenant de la production humaine comme le développement d’infrastructures, et le capital humain, représenté par l’ensemble des connaissances et de savoir-faire humains (Neumayer, 2003).

Encadré n° 1 : Présentation synthétique de l’économie de l’environnement et de l’économie des

ressources naturelles (d’après (Bontems et Rotillon, 2003, 2007 ; Yew-Kwang, 1979) ; Vivien, 1994).

L’économie des ressources naturelles et l’économie de l’environnement ont connu des développements indépendants car ces deux branches de l’économie ne traitaient pas des problèmes environnementaux de la même façon.

L’économie de l’environnement s’intéresse aux coûts des pollutions et des dommages environnementaux qui représentent des externalités dans l’analyse économique. L’objectif de cette discipline est de trouver des outils d’aide à la prise de décision publique dans le but d’internaliser les externalités. Les outils doivent permettre de gérer les problèmes environnementaux de façon efficace (atteinte des objectifs environnementaux) et efficiente (au moindre coût).

L’économie des ressources naturelles ne tient pas compte des coûts environnementaux mais considère l’environnement comme un stock de ressources naturelles, renouvelables ou non, dont elle propose des modalités de gestion optimale dans le temps. Cette discipline s’intéresse aux conditions optimales d’exploitation et d’utilisation des ressources naturelles renouvelables (comme les poissons, l’eau) et non-renouvelables (tels que le pétrole, le cuivre) de façon à maintenir un stock optimal de ressources permettant d’assurer la production des biens et services durablement.

Des tentatives de regroupement de ces deux courants de l’économie ont été réalisées car la distinction entre elles n’est pas toujours utile et pertinente. En effet, les enjeux et de les objets de ces deux cadres d’analyse s’entrecroisent et interagissent : la pollution a des conséquences sur l’exploitation des ressources naturelles et inversement (par exemple l’exploitation du pétrole a des conséquences sur l’accroissement de l’effet de serre). Desaigues et Point (1939) ont par exemple proposé de regrouper ces deux disciplines au sein d’une économie du patrimoine naturel, ou plus simplement, d’une économie de l’environnement et des ressources naturelles.

Pour de nombreux économistes néoclassiques8, contrairement aux conclusions du rapport Meadows, il n’existait pas nécessairement de conflits entre la logique de développement économique et la protection de l’environnement. L’épuisement des ressources naturelles n’était alors pas considéré comme une « catastrophe » (Solow, 1974). Le problème résidait plutôt dans l’absence de prix et de marché permettant d’assurer la gestion optimale des ressources naturelles. En économie de l’environnement, les problèmes environnementaux sont appréhendés au travers du concept « d’externalités »9. En l’absence de valeur économique et de marché encadrant les biens environnementaux, les agents économiques ne peuvent considérer le coût de leur dégradation dans leur calcul économique privé (calcul coûts-bénéfices). En effet, si les ressources naturelles bénéficiaient des conditions de marché, elles seraient allouées aussi efficacement que les autres biens échangés (Solow, 1974). Le fait que les ressources naturelles soient limitées permettrait de créer in fine des incitations pour les individus (au travers de l’augmentation du prix de la ressource naturelle au fur et à mesure de son épuisement) à mettre en place des stratégies adaptatives innovantes pour gérer les pollutions ou les dégradations environnementales (comme le recyclage, le développement de substituts, etc.). A ce moment là, les économistes argumentaient même sur l’idée d’un développement économique qui permettrait, au contraire, d’apporter des solutions à la gestion des problèmes environnementaux en favorisant le progrès technique et les innovations technologiques (Stern, 2004).

Dans cette perspective, il était alors considéré par les économistes néo-classiques une possible substitution entre les facteurs de production. Grâce au mécanisme des prix et au progrès technique, il était possible d’assurer une croissance « durable » même dans un contexte d’épuisement de certaines ressources grâce à la substitution des capitaux (Vivien, 1994). Ainsi, même s’il est transmis aux générations futures moins de capital naturel, elles recevront en contrepartie plus de capitaux manufacturés et humains (Solow, 1999).

      

8 Citons par exemple Robert Solow en 1974 avec la publication de The Economics of Resources or the

Resources of Economics, Julian Simon en 1981 avec The Ultimate Resource, Grossman et Krueger avec the Environmental Kuznets Curve en 1991, et Bjorn Lomborg avec The Skeptical

Environmentalist publié en 2001.

9 Lorsque le comportement d’agents économiques influe sur le bien-être d’autres individus sans compensation monétaire, on parle « d’externalités ». Ces dernières peuvent être positives, dans le cas où les individus bénéficient d’avantages qu’ils n’ont pas eu à payer (par exemple le paysage), ou négatives lorsqu’ils subissent des dommages non compensés (comme la pollution et la dégradation des ressources naturelles).

1.1.3. La confrontation à une vision plus « écologique » des problèmes environnementaux autour de la notion de durabilité

Avec l’objectif de proposer une nouvelle façon d’appréhender les relations entre le système économique et l’environnement, une autre école de pensée de l’économie est venue remettre en question la façon dont l’économie standard traitait les problèmes environnementaux. Il s’agit de l’économie écologique10 (Costanza et Daly, 1987).

L’économie écologique se distingue de l’économie de l’environnement et des ressources naturelles en concevant le système économique comme un sous-ensemble du système social, lui-même étant un sous-ensemble du système écologique. Contrairement à cette approche, l’économie de l’environnement considère le système écologique comme un sous-ensemble du système social, celui-ci étant intégré dans le système économique (Figure 1).

Figure 1. La dualité dans les approches économiques pour considérer l’imbrication entre les systèmes

écologiques, économiques et sociaux (adaptée de Diemer, 2012).

      

10 L’économie écologique est restée en marge de l’économie de l’environnement car c’est une discipline en perpétuelle évolution et dont les contours scientifiques ne sont pas vraiment stabilisés. Celle-ci regroupe des approches théoriques très variées provenant de différentes disciplines, aussi bien en sciences sociales qu’en sciences naturelles. Mais son objectif est avant tout de faire prendre conscience aux économistes « orthodoxes » des limites et de la complexité des systèmes écologiques, et des risques et incertitudes qui les accompagnent. En ce sens, cette discipline part du principe que seule une approche interdisciplinaire entre l’économie et les sciences écologiques permettra d’analyser les problèmes environnementaux de manière satisfaisante (Spash et Ryan, 2012).

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L’économie écologique est notamment venue bousculer la vision de l’économie de l’environnement au sujet de la question de la substitution des capitaux en en proposant une vision opposée. Le débat tourne autour de la notion de « durabilité », donnant naissance aux concepts de « durabilité faible » et de « durabilité forte ».

La vision néoclassique soutenue par l’économie de l’environnement orthodoxe, décrite dans la section ci-dessus, postule qu’il est possible de poursuivre la croissance économique en substituant du capital manufacturé et humain au capital naturel. On parle alors d’une condition de durabilité faible (Solow, 1973, 1974 ; Hartwick, 1977). Cette condition, également appelée « règle de Hartwick » (1977) ou « règle de Solow » (1986), suppose une substituabilité parfaite entre les différents types de capitaux du moment que les rentes issues de l'exploitation du capital naturel épuisable (soit non renouvelable) sont réinvesties dans des actifs reproductibles capables de se substituer, à terme, à cette ressource. Ainsi, c’est le stock global de capital qui ne doit pas diminuer, mais pas nécessairement celui de capital naturel. Cependant, la mise en évidence des liens entre le capital naturel et le bien-être, ainsi que la prise de conscience de limites biophysiques au capital naturel, et la confiance limitée à l’égard du progrès technique, ont permis de reconsidérer cette vision de la durabilité (Lozano, 2008 ; Vivien, 1994).

Les travaux menés en économie écologique ont mis en exergue l’existence de limites à la substitution des capitaux, notamment du capital manufacturé au capital naturel. Le point de départ de ces travaux est la reconnaissance d’une contrainte de durabilité forte au système économique pour en assurer la durabilité dans le temps (Daly, 1990). La durabilité forte suppose que « tout » n’est pas substituable, et que c’est le capital naturel qui détermine le bien-être humain, celui-ci étant alors complémentaire des autres facteurs de production (Costanza and Daly, 1992). Dans cette perspective, le système économique est contraint par le respect de limites biophysiques du capital naturel. Les ressources naturelles doivent être utilisées sans dépasser leurs capacités de renouvellement et le capital naturel doit être maintenu dans le temps. Cette vision souligne une dimension plus écologique de la durabilité que celle adoptée par les économistes néoclassiques qui ne prend pas nécessairement en considération les processus écologiques et l’unicité de certaines composantes du capital naturel.

Deux écoles de pensée se sont constituées au sein de l’économie écologique ayant des thèses plus ou moins fortes au sujet du maintien du stock de capital naturel (Turner, 1990). Pour certains, qualifiés de « conservationnistes », l’exigence du maintien du stock de capital naturel conditionne le développement durable qui doit se solder par une limitation de la croissance économique et démographique (Diemer, 2012 ; Daly, 1994). Contrairement à la vision néoclassique de la durabilité, pour les économistes écologiques, c’est le capital naturel qui doit être durable et non la croissance économique. Ainsi, les enjeux économiques et sociaux apparaissent moindres au regard des enjeux écologiques.

Pour d’autres, qualifiés de plus « consensuels », l’enjeu principal repose davantage sur la réconciliation de la conservation de la biodiversité avec la croissance économique qu’il n’est alors pas nécessaire de remettre en question. Dans ce cadre, deux types de capitaux naturels sont distingués : celui dont la dégradation est réversible, et celui dont la dégradation est irréversible qui constitue le « capital naturel critique » (Ekins et al., 2003). Dans cette perspective, il est admis que le capital naturel et le capital manufacturé soient substituables, mais jusqu’à un certain seuil, et que des composantes du capital naturel ne peuvent trouver de substituts équivalents. Ainsi, le capital naturel critique constitue le niveau minimum de capital naturel à maintenir, et cette école de pensée suppose qu’au-dessous de certains seuils de dégradation du capital naturel, la croissance économique est compatible avec la conservation de la biodiversité (Pearce, 1988).

Afin d’établir un lien entre la biodiversité et le bien-être humain, les économistes appréhendent le capital naturel au travers de ses fonctions11 qui sont ensuite traduites, pour partie, en services écosystémiques12 (MEA, 2005). La prise de conscience de la dégradation       

11 Les fonctions des écosystèmes, ou fonctions écologiques, sont définies comme les processus écologiques qui contrôlent les flux d’énergie, de nutriments et de matière organique dans un environnement. Par exemple, la production primaire, le cycle des nutriments et la décomposition sont des fonctions des écosystèmes. Les services écosystémiques ne mobilisent que certaines des fonctions écologiques alors nécessaires au maintien du bien-être humain (cf. note précédente) (Cardinale et al., 2012).

12 Les services écosystémiques sont définis comme les bénéfices que les hommes retirent des ressources naturelles. Le cadre conceptuel autour de cette notion a été formalisé en 2005 au travers du rapport de l’Evaluation des Ecosystèmes pour le Millénaire (connu sous le nom de Millenium Ecosystem Assessment (dénommé MEA)). Le MEA propose une classification de ces services en quatre catégories : (1) les services d’approvisionnement, qui constituent les ressources renouvelables exploitables issus des écosystèmes comme le bois ; (2) les services de régulation, liés à certaines

des services écosystèmiques et de ses conséquences sur le bien-être humain a modifié les perspectives des économistes au regard des problèmes environnementaux (Costanza et al., 1997 ; Daily, 1997). Pour les économistes de l’environnement, l’enjeu réside dans l’évaluation économique des services écosystèmiques pour révéler la vraie valeur de l’environnement et internaliser le coût des externalités au travers d’incitations financières. En raison des difficultés dans l’évaluation économique des services écosystémiques (Heal, 2000), cette approche de la gestion des problèmes environnementaux est remise en question en économie écologique. Ces évaluations sont considérées trop imparfaites pour garantir une bonne gestion des ressources naturelles (Norgaard et Bode, 1998 ; Vatn, 2010). D’autre part, l’évaluation économique de la biodiversité ne garantit pas le respect de la contrainte de durabilité forte dans des conditions d’irréversibilité et de fortes incertitudes qui pèsent sur l’évolution du capital naturel et sur les seuils minima nécessaires au maintien du bien-être humain (Levrel, 2012). Les économistes écologiques préconisent la mise en place d’institutions basée sur un principe de précaution interdisant la perte nette de capital naturel (Perrings, 1991).

Plus récemment, deux travaux scientifiques très médiatisés ont renforcé la nécessité d’adopter une vision plus « économique » de la biodiversité. Il s’agit des rapports du « Millenium Ecosystem Assessment (MEA) » (l’évaluation des écosystèmes pour le millénaire) et de « The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB) » (l’économie des écosystèmes et de la biodiversité) respectivement publiés en 2005 et 2007. Avec l’idée que « we don’t care what we don’t value » (Pearce, 2007) et que « we are running down our natural capital stock without understanding the value of what we are losing » (déclaré par Pavan Sukhdev, directeur du projet TEEB, au sujet de la biodiversité), ces rapports avaient pour objectif d’attirer l’attention sur l’importance de l’évaluation économique de la biodiversité pour en assurer la préservation. Ces rapports mettaient en évidence les bénéfices économiques globaux que pouvaient représenter la biodiversité et les coûts inhérents à sa perte (TEEB, 2010). Il était par exemple estimé une perte annuelle d’une valeur de 50 milliards d’euros entre 2000 et 2050 correspondant aux pertes d’utilité résultant de la dégradation de la biodiversité et des services écosystémiques (TEEB, 2009). Ces rapports ont marqué un        

fonctions écologiques telles que la régulation du climat ; (3) les services de support, qui constituent les fonctions écologiques de base nécessaires à la formation des autres services comme la formation des sols ; et (4) les services culturels qui représentent la dimension récréative, esthétique, spirituelle et éducative de la biodiversité, comme par exemple les activités de nature (MEA, 2005).

tournant dans la problématisation scientifique des questions relatives à la conservation de la biodiversité en formalisant une vision de la biodiversité au travers de ses « services écosystémiques », et de sa conservation au moyen d’approches économiques permettant l’internalisation des externalités environnementales et la création d’incitations économiques (Spash, 2015 ; Sullivan, 2011). Ces initiatives ont eu des retombées internationales. A l’échelle française, ces travaux ont conduit à la mise en place d’une étude, connu sous le nom