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2.1 CHOIX DE LA METHODE

Notre sujet d’étude ayant pour objectif d’étudier le ressenti des médecins vis à vis de l’arrivée d’une réglementation dans leur pratique, la méthode qualitative nous a semblé être la plus adaptée.

Cette méthode, en favorisant une expression libre et en recueillant des impressions, des idées, des opinions, permet d’étudier les facteurs subjectifs et les comportements qui sous-tendent une pratique - l’application ou non de la RTU. Elle a pour but de répondre aux questions “Pourquoi, Comment ?” contrairement aux méthodes quantitatives par questionnaire qui visent à répondre à la question “Que se passe-t-il ?”, et permet de fournir un éventail d’idées, de déterminants pour explorer un comportement(140).

La méthode qualitative est complémentaire à la méthode quantitative ; elle crée des hypothèses nées des réponses des interviewés qui pourront ensuite être testées, elle explore des phénomènes qui pourront ensuite être mesurés, quantifiés.

Nous avons choisi de recueillir les données via des entretiens semi-dirigés individuels, permettant une expression libre tout en garantissant un abord des différentes problématiques du sujet via un cadre flexible qu’est le guide d’entretien.

2.2 CONSTITUTION DE L’ECHANTILLON

Taille de l’échantillon

Au cours de notre enquête nous avons réalisé 15 entretiens auprès de médecins généralistes prescripteurs ou non de baclofène.

L’échantillon dans une étude qualitative n’a pas pour objectif d’être représentatif mais d’être le plus diversifié possible afin de recueillir un grand nombre d’opinions différentes. Il est plus réduit que dans une enquête par questionnaire car le poids de chaque idée même exprimée par un seul participant a son importance.

La taille finale de l’échantillon est délimitée par le principe de saturation : il s’agit du nombre d’entretiens à partir duquel il n’y a plus d’apport de nouvelles informations (141).

95 Composition de l’échantillon

Les critères d’inclusion ont été : être médecin généraliste prescripteur ou non de baclofène et avoir un exercice permettant le suivi régulier de patients.

Les praticiens ont donc été recrutés de plusieurs manières afin de toucher différents milieux, modes d’exercice (médecine rurale ou de ville, orientée vers l’addictologie ou exercice “classique”) tout en restant dans le domaine de la médecine générale ; l’intérêt étant de varier les profils représentés pour recueillir un spectre important d’opinions différentes. Nous avons recruté les praticiens selon les méthodes suivantes :

-méthode du proche en proche ou “boule de neige” ; -recrutement via le forum de l’association AUBES ;

-recrutement de praticiens ayant participé à une formation sur la prescription de baclofène.

Prise de contact

Les médecins généralistes ont été contactés par mail, ou via un post similaire sur le forum de l’association AUBES. Le mail comportait une invitation à participer à un entretien de 20 à 30 minutes, à leur cabinet ou par Skype avec vidéo, à un moment qui leur conviendrait le mieux, sur le thème du vécu du dispositif de RTU dans la prescription de baclofène.

Nous sommes volontairement restés vagues sur le sujet exact de l’étude à savoir l’étude des freins et motivations à l’utilisation de la RTU afin de favoriser une expression plus spontanée. Nous avons également précisé que l’entretien serait enregistré avec leur accord et rendu anonyme.

2.3 L’INTERVENTION

Entretiens individuels semi-directifs

Nous avons réalisé des entretiens individuels semi-directifs auprès de 15 praticiens, en face à face ou par Skype.

Nous avons choisi les entretiens individuels plutôt que la méthode des focus groups, notre sujet pouvant amener à des sujets délicats tels que le vécu du hors AMM ou la polémique autour du baclofène. Le focus group nous a paru comme pouvant nuire à la liberté de parole concernant des sujets sensibles ; l’entretien individuel, néanmoins plus chronophage, permettait d’aborder ces sujets avec plus de profondeur.

96 Lieu d’entretien

Les entretiens ont été réalisés en face à face dans un lieu familier du praticien, le plus souvent au cabinet (cadre professionnel). En raison de l’éloignement géographique certains entretiens ont dû être réalisés par Skype. Pour se rapprocher le plus possible de l’entretien en face à face, nous nous sommes assurées d’avoir un entretien vidéo de bonne qualité, afin de permettre une bonne communication y compris non verbale ce qui est important dans l’entretien qualitatif.

Attitude de l’interviewer

Afin de ne pas biaiser ou orienter les réponses, l’interviewer doit garder pendant l’entretien une attitude neutre, qui doit se ressentir à la fois dans sa communication non verbale que dans les questions et les relances. Il garde une attitude d’écoute active, favorisant l’expression libre et spontané de la personne interviewée.

L’interviewer doit guider l’entretien de manière subtile, pour amener la personne interrogée à préciser certains points ambigus, et approfondir sa réponse, par des relances neutres. La trame de l’entretien doit donc être flexible pour s’adapter à la direction que prend l’interviewé, tout en restant dans le cadre du sujet (142).

Le guide d’entretien

La version complète du guide d’entretien est présentée en annexe (cf Annexe

2). Ce guide a été élaboré suite à un travail bibliographique ayant permis de souligner

les enjeux importants du sujet à aborder. Il se compose de questions neutres, ouvertes, courtes et claires ; il est flexible et comprend également des « relances » dans l’objectif d’approfondir certaines idées si nécessaires. Il a légèrement évolué au fur et à mesure des entretiens vers une plus grande pertinence.

Les grands thèmes abordés ont été :

1) L’expérience de prescription avec le baclofène et le vécu de cette prescription

2) La RTU baclofène : compréhension, intérêt, application en pratique

3) Le principe des RTU et de l’encadrement de la prescription hors AMM : vécu, extension à d’autres médicaments

Nous avons également inclus, en fin d’entretien, des questions courtes afin de connaître d’éventuelles spécificités de l’exercice des praticiens interrogés (formation particulière en addictologie ? Particularités de l’exercice ? Maitrise de stage ?

97 Participation à une formation continue ?), ainsi que des questions démographiques (âge, lieu d’exercice).

Ce guide d’entretien a été testé au préalable auprès de deux praticiens non inclus dans l’enquête afin de vérifier la bonne compréhension des questions et améliorer la fiabilité.

2.4 RECUEIL ET ANALYSE DE DONNEES

L’analyse qualitative requiert une transcription des entretiens enregistrés de manière intégrale, mot pour mot ; donc comprenant les éléments du langage parlé, les hésitations, les émotions.

La transcription s’est faite au fur et à mesure des entretiens afin de commencer un travail d’analyse, rendre plus pertinent le questionnaire et reconnaître le moment de saturation qui signe la fin des entretiens.

Chaque entretien retranscrit ou “verbatim” a été analysé via :

-un travail de lectures itératives permettant de s’”imprégner” des thèmes abordés par les praticiens et de commencer à voir émerger des idées ;

-un travail de codage axial par segments correspondant à “un code” : il s’agit d’un découpage de chaque entretien par groupements de mots correspondant à une idée. Ces codes ont ensuite été regroupés par sous-thèmes et thèmes plus généraux. Au fur et à mesure des entretiens, chaque code, sous thème et thème se retrouvait enrichi par de nouveaux éléments de discours. Le logiciel d’analyse qualitative NVivo 10 a été utilisé pour ce travail et a permis d’apporter un élément supplémentaire de rigueur scientifique.

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