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Figure 5. Valeurs de taille d’effet sans l’étude de Rammsayer (1990)

Résultats selon les durées étudiées. Un total de 12 études présentait des données pour

des durées de moins d’une seconde et de neuf études pour des durées de plus d’une seconde (Figure 6).Pour ce qui est des durées de moins d’une seconde, le test d’homogénéité des résultats est non significatif à un taux de 0.05, Q = 10.139 (p = 0.518). Les résultats des différentes études sont donc homogènes. Selon le I2, l’hétérogénéité est négligeable (I2 = 0.000). La taille de l’effet

global est de -0.589. L’effet global est statistiquement significatif (p < 0.01) et son intervalle de confiance à 95 % est de -0.747 à -0.431.

En ce qui concerne les résultats pour les durées de plus d’une seconde, le test d’homogénéité est non significatif, Q = 9.016 (p = 0.341). Selon le I2, l’hétérogénéité est faible

(I2 = 11.266). Les résultats des différentes études sont donc homogènes. La taille de l’effet global

est de -0.759. L’effet global est statistiquement significatif (p < 0.01) et son intervalle de confiance à 95 % est de -0.958 à -0.560 (Tableau 5).

Study name Subgroup within study Hedges's g and 95% CI

Bolbecker et al. (2014) moins 1 sec.

Carroll et al. (2008) moins 1 sec.

Carroll et al. (2009) Combined

Davalos et al. (2002) moins 1 sec.

Davalos et al. (2003) Combined

Davalos et al. (2005) moins 1 sec.

Davalos et al. (2011) moins 1 sec.

Elvevag et al. (2003) moins 1 sec.

Frank et al. (2005) moins 1 sec.

Hooker et Perk (1999) Combined

Lee et al. (2009) Combined

Martinez-Cascales et al. (2013) plus 1 sec.

Roy et al. (2012) Combined

Tysk (1983b) plus 1 sec.

Volz et al. (2000) plus 1 sec.

Waters et Jablensky (2009) plus 1 sec.

-2,00 -1,00 0,00 1,00 2,00

Favours A Favours B

Meta Analysis

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Figure 6. Valeurs de taille d’effet par étude selon les durées étudiées

Résultats selon la modalité étudiée. Un total de 11 études utilisait la modalité auditive et

cinq la modalité visuelle lors de la réalisation des tâches d’estimation d’intervalles de temps (Figure 7). Pour ce qui est des études en modalité auditive, le test d’homogénéité des résultats est non significatif à un taux de 0.05, Q = 12.604 (p = 0.247). Les résultats des différentes études sont donc homogènes. Selon le I2, l’hétérogénéité est faible (I2 = 20.658). La taille de l’effet

global est de -0.692. L’effet global est statistiquement significatif (p < 0.01) et son intervalle de confiance à 95 % est de -0.851 à -0.534.

En ce qui concerne les résultats pour les études en modalité visuelle, le test d’homogénéité est non significatif, Q = 6.919 (p = 0.140). Les résultats des différentes études

Group by

Subgroup within study

Study name Subgroup within study Hedges's g and 95% CI

moins 1 sec. Bolbecker et al. (2014) moins 1 sec. moins 1 sec. Carroll et al. (2008) moins 1 sec. moins 1 sec. Carroll et al. (2009) moins 1 sec. moins 1 sec. Davalos et al. (2002) moins 1 sec. moins 1 sec. Davalos et al. (2003) moins 1 sec. moins 1 sec. Davalos et al. (2005) moins 1 sec. moins 1 sec. Davalos et al. (2011) moins 1 sec. moins 1 sec. Elvevag et al. (2003) moins 1 sec. moins 1 sec. Frank et al. (2005) moins 1 sec. moins 1 sec. Hooker et Perk (1999) moins 1 sec. moins 1 sec. Lee et al. (2009) moins 1 sec. moins 1 sec. Roy et al. (2012) moins 1 sec. moins 1 sec.

plus 1 sec. Carroll et al. (2009) plus 1 sec. plus 1 sec. Davalos et al. (2003) plus 1 sec. plus 1 sec. Hooker et Perk (1999) plus 1 sec. plus 1 sec. Lee et al. (2009) plus 1 sec. plus 1 sec. Martinez-Cascales et al. (2013) plus 1 sec. plus 1 sec. Roy et al. (2012) plus 1 sec. plus 1 sec. Tysk (1983b) plus 1 sec. plus 1 sec. Volz et al. (2000) plus 1 sec. plus 1 sec. Waters et Jablensky (2009) plus 1 sec. plus 1 sec.

-2,00 -1,00 0,00 1,00 2,00

Favours A Favours B

Meta Analysis

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sont donc homogènes. Selon le I2, l’hétérogénéité est modérée (I2 = 42.187). La taille de l’effet

global est de -0.556. L’effet global est significatif à un taux de 5 % (p < 0.01) et son intervalle de confiance à 95 % est de -0.917 à -0.194 (Tableau 6).

Figure 7. Valeurs de taille d’effet par étude selon la modalité utilisée

Biais de publication

Le Fail-Safe N de Orwin indique que 457 études non publiées avec un effet nul sont nécessaires pour amener l’effet à un niveau non significatif. L’analyse visuelle du graphique en entonnoir (Figure 8) montre qu’excepté pour une étude (Volz et al., 2000), toutes les études sont regroupées près et symétriquement autour de l’effet moyen. Le biais de publication semble donc modeste et ne devrait pas affecter les conclusions.

Group by

Modalité Study name Subgroup within study Hedges's g and 95% CI

Auditive Bolbecker et al. (2014) moins 1 sec. Auditive Carroll et al. (2009) Combined Auditive Davalos et al. (2003) Combined Auditive Davalos et al. (2005) moins 1 sec. Auditive Davalos et al. (2011) moins 1 sec. Auditive Elvevag et al. (2003) moins 1 sec. Auditive Lee et al. (2009) Combined Auditive Roy et al. (2012) Combined Auditive Tysk (1983b) plus 1 sec. Auditive Volz et al. (2000) plus 1 sec. Auditive Waters et Jablensky (2009) plus 1 sec. Auditive

Visuelle Carroll et al. (2008) moins 1 sec. Visuelle Davalos et al. (2002) moins 1 sec. Visuelle Frank et al. (2005) moins 1 sec. Visuelle Hooker et Perk (1999) Combined Visuelle Martinez-Cascales et al. (2013) plus 1 sec. Visuelle

-2,00 -1,00 0,00 1,00 2,00

Favours A Favours B

Meta Analysis

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Figure 8. Graphique en entonnoir de la distribution des tailles d’effet autour de l’erreur standard.

-3 -2 -1 0 1 2 3 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 S ta n d a rd E rr o r Hedges's g

32 Discussion

Bien qu’il semble y avoir un consensus selon lequel la perception du temps soit affectée chez les personnes atteintes de schizophrénie, aucune méta-analyse n’avait été réalisée à ce jour sur le sujet. L’objectif de la présente méta-analyse était donc de pallier cette lacune de la littérature, en déterminant s’il existe une différence dans la performance d’estimation temporelle chez les personnes atteintes ou non de schizophrénie, et ce pour les durées inférieures et supérieures à une seconde, et pour les durées de stimuli auditifs et visuels.

Dans un premier temps, les résultats de 17 études ont été analysés. Une différence significative de taille modérée est observée dans l’estimation temporelle des personnes affectées par la schizophrénie, lorsque comparées à des personnes ne présentant pas cette maladie. L’interprétation des résultats est cependant limitée par la présence d’une hétérogénéité modérée entre les résultats des différentes études incluses dans la méta-analyse.

Une analyse exploratoire a permis de déterminer qu’une étude augmentait significativement cette hétérogénéité, soit celle de Rammsayer (1990). En effet, la différence entre les groupes trouvée par l’auteur était beaucoup plus grande que celles trouvées dans les autres études incluses dans la méta-analyse. De fait, la taille d’effet de cette étude (g = -1.396) est très grande comparativement à celles des autres études. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que, dans l’étude de Rammsayer (1990), les participants du groupe « schizophrène » étaient recrutés pendant leur hospitalisation et lorsqu’ils étaient en phase aigüe de la maladie. La sévérité des symptômes de l’échantillon du groupe atteint de schizophrénie peut donc être plus grande dans cette étude que dans les autres échantillons répertoriés. Ceci peut expliquer pourquoi la différence trouvée entre les deux groupes quant à leur façon d’estimer le temps se distingue de celle des autres études qui comportaient des échantillons de patients ayant des symptômes moins sévères ou, du moins, ayant des symptômes psychotiques stables. Ceci est conforme à ce que Lee et ses collaborateurs ont conclu dans leur étude de 2009, soit que les patients présentant une symptomatologie plus sévère obtiennent des résultats plus variables que ceux ayant des symptômes moins sévères à leur tâche de bissection temporelle. L’étude de Rammsayer (1990) a donc été retirée des analyses par sous-groupes, car l’échantillon du groupe expérimental n’était

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pas comparable à ceux des autres études incluses dans la méta-analyse. En l’absence de cette étude, la taille d’effet global passe de -0.723 à -0.667, soit une diminution de 0.056. Malgré cette diminution, la taille d’effet demeure significative et reste qualifiée de modérée. Avec l’exclusion de l’étude de Rammsayer (1990), l’intervalle de confiance passe d’une étendue de 0.329 à 0.288. Cette diminution conforte notre présomption que la vraie valeur de l’effet soit celle mesurée. Dans les deux cas, l’effet demeure significatif, que le résultat réel se situe à l’une ou l’autre des bornes de l’intervalle de confiance.

Il semble donc avoir une différence significative de taille modérée dans la façon d’estimer le temps des personnes atteintes de schizophrénie, celles-ci ayant une moins bonne estimation du temps que les personnes ne présentant pas cette maladie.

Interprétation des résultats selon les durées étudiées

Les résultats ont ensuite été analysés selon les durées étudiées, soit celles de moins et de plus d’une seconde. La taille d’effet pour les durées de moins d’une seconde est de -0.589, alors qu’elle est de -0.759 pour celles de plus d’une seconde, soit une différence de 0.170. Les tailles d’effet sont significatives pour les deux catégories de durée et sont toutes deux qualifiées de modérées.

Les difficultés que présentent les personnes atteintes de schizophrénie semblent donc comparables pour des durées courtes (moins d’une seconde) ou plus longues (plus d’une seconde). Cependant, le nombre limité d’études inclut dans la méta-analyse faite en sorte qu’il n’y a pas assez de puissance statistique pour rendre possible la réalisation d’une méta-régression. Ainsi, il n’est pas possible de déterminer avec certitude si cette différence est significative ou non. Malgré cela, il semble que les personnes atteintes de schizophrénie auraient plus de difficulté avec l’estimation des durées de plus d’une seconde, sans doute car celle-ci requiert l’implication de processus cognitifs qui sont habituellement touchés chez cette population (attention et mémoire). La taille d’effet modérée pour l’estimation de durées de moins d’une seconde nous porte à croire qu’un réel déficit de la perception du temps existe chez cette population et que leur mauvaise performance n’est pas simplement due à la présence de

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difficultés cognitives. Un parallèle peut être fait avec le modèle de traitement de l’information temporelle (Gibbon et al., 1984). Le fait que les personnes aux prises avec la schizophrénie aient des difficultés à estimer les durées de moins d’une seconde laisse croire que le stade atteint est celui de l’horloge interne. Il est donc possible de croire que cette population présente un déficit primaire des processus d’estimation temporelle et que les difficultés observées ne sont pas simplement dues à l’implication de processus cognitifs.

Interprétation des résultats selon la modalité étudiée

Finalement, les résultats ont été analysés en fonction de la modalité dans laquelle les tâches d’estimation temporelle ont été réalisées. La taille d’effet pour les études en modalité auditive est de -0.692, alors qu’elle est de -0.556 pour celles en modalité visuelle, soit une différence de 0.136. Les tailles d’effet sont significatives, que les tâches d’estimation temporelle aient été effectuées en modalité auditive ou visuelle et pour les deux modalités, elles sont modérées.

Les résultats de la présente étude montrent qu’il existe un déficit d’estimation temporelle tant en modalité auditive que visuelle chez les personnes affectées par la schizophrénie, lorsque comparées à celles ne présentant pas cette maladie. Encore une fois, le nombre limité d’études rend impossible la réalisation d’une méta-régression. On ne peut donc confirmer si la différence observée entre la taille d’effet globale des études en modalité auditive diffère significativement de celle des études en modalité visuelle. Cependant, les personnes affectées par la maladie semblent estimer moins efficacement la durée de stimuli auditifs que visuels. Ceci contraste avec ce qui est habituellement observé chez les personnes ne présentant pas la maladie. En effet, l’estimation du temps en modalité visuelle est généralement moins bien réussie que celle en modalité auditive, en raison de la demande attentionnelle plus élevée que cela exige. Les stimuli visuels captant moins l’attention que ceux présentés auditivement, plus de ressources attentionnelles doivent être mobilisées pour traiter les informations présentées dans cette modalité (Penney & Tourret, 2005). Le nombre limité d’études en modalité visuelle incluses dans la présente méta-analyse limite cependant les conclusions qu’il est possible de tirer à ce niveau.

35 Implications au plan pratique

Les conséquences d’une mauvaise estimation du temps dans la vie quotidienne des personnes atteintes de schizophrénie peuvent être nombreuses. Certains auteurs vont même jusqu’à suggérer que les difficultés dans la vie quotidienne que rencontrent ces personnes seraient expliquées par des déficits à estimer le temps plutôt que par les déficits cognitifs qui leur sont habituellement attribués, comme les dysfonctionnements exécutifs et les problèmes de mémoire de travail (Davalos et al., 2003 ; Davalos et al., 2005 ; Volz et al., 2001). L’estimation temporelle et la mémoire de travail semblent d’ailleurs partager des structures neuroanatomiques communes, dont le striatum particulièrement (Gu, van Rijn & Meck, 2015). Il est également proposé que le mauvais fonctionnement de l’estimation temporelle puisse contribuer à certains symptômes positifs parfois observés chez ces personnes, comme les idées paranoïdes ou la désorganisation (Ward, Kellendonk, Kandel & Balsam, 2012). Selon Waters (2013), les anomalies dans les mécanismes de perception du temps peuvent contribuer de façon significative aux difficultés cognitives et aux distorsions perceptuelles qui peuvent être à l’origine des hallucinations. Selon cet auteur, les dysfonctions de l’estimation temporelle proviennent d’une perturbation dans le fonctionnement des circuits neuronaux et des mécanismes biologiques. Cette perturbation peut entraver la coordination normale des systèmes internes et le monitorage des mécanismes liés aux hallucinations.

Également, les déficits d’estimation temporelle peuvent influencer les habiletés à la communication. La capacité de bien évaluer le temps qui passe, particulièrement les très courts intervalles de temps, est essentielle lorsqu’il faut répondre au moment approprié dans les conversations (Clegg, Brumfitt, Parks & Woodruff, 2007). Un déficit dans l’estimation d’intervalles très courts peut se manifester par des réponses verbales survenant à des moments non appropriés, comme interrompre les autres avant qu’ils n’aient fini de parler ou encore présenter de longues périodes de silence après qu’une question soit posée. Le déficit de l’estimation d’intervalles de temps peut donc expliquer, du moins en partie, les difficultés de communication qu’éprouvent les personnes atteintes de schizophrénie.

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Un déficit d’estimation temporelle peut aussi être mis en relief avec les déficits de la mémoire prospective que présentent les personnes atteintes de schizophrénie (Ordermann, Opper & Davalos, 2014). Ce type de mémoire fait référence aux souvenirs d’intentions ou d’actes devant être réalisés dans le futur (Van der Linden, Meulemans, Belleville & Colette, 2000). Le concept de mémoire prospective est intimement lié à celui de la perception du temps, car cette mémoire requiert d’estimer correctement le temps qui passe pour pouvoir produire le comportement désiré au bon moment. Un déficit de ce type de mémoire peut entraîner plusieurs conséquences dans les activités de la vie quotidienne des personnes atteintes de schizophrénie, comme oublier de se rendre à un rendez-vous ou encore de prendre ses médicaments chaque jour à l’heure prescrite (Raskin et al., 2014). Raymond, Man, Xing, Shum, Lee et collaborateurs (2014), suggèrent que la mémoire prospective joue un rôle majeur dans la capacité des personnes atteintes de schizophrénie à vivre dans la communauté. Leur difficulté à estimer les intervalles de temps correctement pourrait donc se répercuter en un moins bon fonctionnement de la mémoire prospective, qui en retour, pourrait avoir un impact négatif sur la réalisation efficiente des activités de la vie quotidienne.

Limites

Le nombre restreint d’études incluses dans la méta-analyse constitue une limite à considérer dans les conclusions de la présente étude. Il s’agit là d’une limite difficile à contourner dans une méta-analyse dont les critères d’inclusion sont minimalement contraignants. En effet, parmi les études que nous avons répertoriées, seul un petit nombre satisfaisait tous les critères d’inclusions. Par ailleurs, la majorité des études répertoriées présentait de faibles tailles d’échantillon. Ceci a pu faire en sorte de diminuer la puissance statistique de la présente étude. Il est possible de croire qu’avec des tailles d’échantillon plus élevées, les tailles d’effet auraient été plus grandes que celles retrouvées ici. Également, la présence d’une hétérogénéité modérée dans les résultats globaux nous amène à nuancer nos conclusions. Néanmoins, le résultat globalement positif observé en dépit ces conditions suggèrent fortement l’existence un déficit général de la perception du temps chez les personnes atteintes de schizophrénie, tant dans la modalité visuelle qu’auditive, pour les durées inférieures et supérieures à une seconde considérées dans la présente méta-analyse.

37 Recherches futures

La présente étude nous a permis de constater le nombre relativement faible d’études portant sur l’estimation de durées de stimuli visuels. Des études futures portant sur l’estimation temporelle des personnes atteintes de schizophrénie en modalité visuelle seraient donc particulièrement utiles. En effet, le nombre peu élevé d’études sur le sujet fait en sorte qu’il est difficile de statuer avec certitude sur un déficit ou non de l’estimation d’intervalles de temps en modalité visuelle chez cette population. Également, il serait utile d’utiliser des méthodes d’estimation temporelle autres que la méthode de comparaison, celle-ci étant utilisée dans la majorité des études existantes. Une comparaison de la performance à plusieurs types de tâches permettrait de vérifier l’existence de déficits plus spécifiques. Aussi, l’effet de la médication devrait être davantage exploré. Actuellement, plusieurs contradictions existent lors des études d’estimation temporelle contrôlant pour l’effet de la médication. En effet, Lee et ses collaborateurs, dans leur étude de 2009, ont conclu qu’il n’y avait pas d’implications de la médication sur l’estimation temporelle. Par contre, Angle (1973) postule que la chlorpromazine améliorerait la précision de l’estimation du temps. Des études portant spécifiquement sur les effets de la médication neuroleptique sur l’estimation temporelle sont donc nécessaires. Enfin, il serait important d’explorer plus en profondeur le rôle de la perception du temps sur les activités de la vie quotidienne et de distinguer son impact de ceux du fonctionnement cognitif. S’il s’avère que les capacités d’estimation ont un impact sur le fonctionnement au quotidien, ceci pourrait suggérer une nouvelle façon d’envisager l’évaluation neuropsychologique et la réadaptation des personnes atteintes de schizophrénie. Des tâches permettant d’évaluer l’intégrité des processus d’estimation temporelle pourraient être conçues, afin de distinguer l’impact de cette fonction de celles des autres fonctions cognitives. Si une évaluation de processus de traitement de l’information temporelle est possible, des stratégies pourraient être enseignées aux personnes atteintes de schizophrénie afin d’aider celles qui ont des difficultés à ce niveau. Ainsi, la remédiation cognitive des capacités d’estimation temporelle pourrait constituer une nouvelle intervention s’ajoutant à celles qui existent déjà, contribuant ainsi à une meilleure réadaptation chez cette population.

38 Références

* : Articles inclus dans la méta-analyse ** : Articles exclus de la méta-analyse

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