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III. Politique de mobilité des employeurs

1. Mesures prises par les employeurs

Si le chapitre précédent a montré que la localisation des entreprises et la provenance de leurs travailleurs avaient un impact très important sur leurs résultats en termes de parts modales, il ne s’agit bien évidemment pas des seuls facteurs qui interviennent dans le choix de mobilité des travailleurs.

Comme indiqué dans l’introduction, le diagnostic fédéral a également comme objectif de stimuler les discussions sur la mobilité au sein même des entreprises et des institutions publiques. Il a ainsi accompagné une prise de conscience grandissante de cette problématique chez les employeurs.

Depuis les débuts de l’enquête, on a pu constater que les initiatives prises par les employeurs pour améliorer la mobilité de leurs travailleurs se sont multipliées. La fonction de coordinateur mobilité ou mobility manager est de plus en plus présente dans les entreprises, les formations et conférences sur le sujet sont de plus en plus nombreuses et on ne compte plus les études qui font le lien entre le bien-être des travailleurs et la qualité et la longueur de leurs déplacements domicile-travail.

Les tableaux présents dans ce chapitre reprennent la liste des mesures reprises dans le questionnaire du diagnostic 2017, le nombre d’unités d’établissement pour lesquelles la mesure est prise, et le nombre de travailleurs concernés. Parmi ces mesures, on retrouve les incitants financiers, mais aussi des actions de sensibilisation. La pratique du télétravail ou du travail à domicile, et les politiques de liées à la voiture et à la gestion des parkings, sont traitées par la suite.

La comparaison avec le nombre de mesures prises les années précédentes par les employeurs est difficile à faire. En effet, les intitulés ont parfois été adaptés. Les exemples repris dans la figure 23 illustrent toutefois la progression constante du nombre de mesures prises. Si l’indemnité vélo continue à progresser, c’est surtout l’intervention dans les frais de transport en commun qui augmente.

FIGURE 23 : ÉVOLUTION DU NOMBRE DE MESURES PRISES PAR LES EMPLOYEURS DE 2005 À 2017

Le nombre de mesures prises varie plus ou moins fort selon certains critères comme la région, l’accessibilité aux transports en commun ou le secteur d’activité. Sauf mention contraire, les chiffres présentés ci-dessous sont toujours pondérés par le nombre de travailleurs de chaque unité

0%

Indemnité vélo Abris couverts pour vélos

Adhésion à une base de données centrale (covoiturage) Gratuité des transports en commun

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d’établissement. Les pourcentages représentent ainsi la part des personnes qui travaillent dans une unité dans laquelle est prise la mesure concernée.

Nous constatons que les employeurs bruxellois, en particulier, prennent davantage de mesures pour encourager des modes de transport plus durables. Cela s'explique en partie par le fait que les grands employeurs bruxellois ont l'obligation légale de mettre en œuvre un certain nombre de mesures.

D'autre part, ces mesures ont souvent plus de sens dans les grandes villes. En raison, entre autres, d'une bonne accessibilité par les transports publics, de la congestion et des problèmes de stationnement, les modes de transport durables dans les grandes villes constituent souvent une meilleure alternative que la voiture.

LES MESURES POUR LE VÉLO

Mesure %unités %trav.

Service d’entretien des vélos dans l’unité d’établissement 5 % 14 %

Service d’assistance vélo 8 % 13 %

TABLEAU 11 : MESURES EN FAVEUR DU VÉLO

Mesure Bruxelles Flandre Wallonie

Indemnité vélo 76 % 89 % 78 %

Service d’entretien des vélos dans l’unité d’établissement 23 % 13 % 8 %

Service d’assistance vélo 10 % 15 % 7 %

TABLEAU 12 : MESURES EN FAVEUR DU VÉLO (PONDÉRÉ EN FONCTION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS DE L'UNITÉ D'ÉTABLISSEMENT)

La mesure la plus populaire auprès des employeurs pour encourager le vélo reste, comme en 2014, la possibilité pour les cyclistes de recevoir une compensation pour leurs déplacements. En Flandre, près de neuf travailleurs sur dix peuvent demander une indemnité vélo. La plupart des employeurs ajustent l'indemnité de vélo en fonction du montant maximum exonéré d'impôt.

FIGURE 24 : MONTANT DE L’INDEMNITÉ VÉLO PARMI LES EMPLOYEURS QUI LA PROPOSENT

2% 17% 15% 17% 50%

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En Belgique, quatre travailleurs sur cinq disposent d'installations telles que des parkings vélos couverts, des vestiaires et des douches. Notons toutefois que la présence de parkings couverts pour vélos est moins courante en Wallonie (65% des travailleurs pour 88% en Flandre). Or, le manque de tels parkings peut constituer un obstacle important à l’utilisation du vélo.

Bien qu'il y ait toujours beaucoup moins de cyclistes à Bruxelles qu'en Flandre, les employeurs bruxellois prennent beaucoup d'initiatives pour stimuler l'utilisation du vélo. C’est en partie lié au fait que les grands employeurs bruxellois sont légalement tenus d'installer des parkings à vélos sécurisés et de sensibiliser leurs employés aux modes de transport durables. Les mesures prises par les employeurs bruxellois sont parmi les facteurs qui expliquent la forte augmentation du nombre de cyclistes à Bruxelles.

LES MESURES POUR LE COVOITURAGE

Mesure %unités %trav.

Diffusion d'information sur le covoiturage 14 % 32 %

Adhésion à une base de données externe 8 % 20 %

Base de données développée en interne ou avec d’autres entreprises 8 % 18 %

Emplacement de parking réservés aux covoitureurs 4 % 13 %

TABLEAU 13 : MESURES EN FAVEUR DU COVOITURAGE

Mesure Bruxelles Flandre Wallonie

Diffusion d'information sur le covoiturage 55 % 26 % 27 %

Adhésion à une base de données externe 38 % 15 % 17 %

Base de données développée en interne ou avec d’autres entreprises 26 % 17 % 16 %

Emplacement de parking réservés aux covoitureurs 15 % 12 % 12 %

TABLEAU 14 : MESURES EN FAVEUR DU COVOITURAGE (PONDÉRÉ EN FONCTION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS DANS L'UNITÉ D'ÉTABLISSEMENT)

Une base de données est essentielle pour stimuler le covoiturage. 11% des employeurs en Belgique utilisent une base de données interne ou externe pour le covoiturage.

Le covoiturage n'est possible que s'il y a suffisamment de travailleurs qui parcourent une partie similaire du trajet aller-retour au travail. Le potentiel de covoiturage est donc plus grand chez les grands employeurs et dans les grandes villes. Il n'est donc pas surprenant que, dans ces endroits, davantage de mesures en faveur du covoiturage soient prises. Le pourcentage de travailleurs ayant la possibilité d'utiliser une base de données externe pour le covoiturage est plus de deux fois plus élevé pour les travailleurs employés à Bruxelles que pour ceux travaillant dans le reste du pays.

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LES MESURES POUR LES TRANSPORTS EN COMMUN

Mesure %unités %trav.

Gratuité des transports en commun 56 % 58 %

Intervention dans les frais de transport en commun supérieure au minimum prévu

par la CCT 19octies 12 % 16 %

Intervention dans les frais de transport en commun égale au minimum prévu par la

CCT 19octies 32 % 27 %

Mise à disposition d’information relative aux transports en commun 32 % 47 % Encouragement à utiliser les transports publics pour les déplacements de service 27 % 35 % Concertation régulière avec les sociétés de transport en commun 10 % 21 % Transport collectif des travailleurs organisé par l’employeur 4 % 10 % TABLEAU 15 : MESURES EN FAVEUR DES TRANSPORTS EN COMMUN

Mesure Bruxelles Flandre Wallonie

Gratuité des transports en commun 65 % 58 % 51 %

Intervention dans les frais de transport en commun supérieure au

minimum prévu par la CCT 19octies 27 % 13 % 13 %

Intervention dans les frais de transport en commun égale au minimum

prévu par la CCT 19octies 8 % 29 % 36 %

Mise à disposition d’information relative aux transports en commun 79 % 41 % 38 % Encouragement à utiliser les transports publics pour les déplacements de

service 61 % 33 % 17 %

Concertation régulière avec les sociétés de transport en commun 23 % 20 % 22 % Transport collectif des travailleurs organisé par l’employeur 13 % 9 % 11 % TABLEAU 16 : MESURES EN FAVEUR DES TRANSPORTS EN COMMUN (PONDÉRÉ EN FONCTION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS DANS L'UNITÉ D'ÉTABLISSEMENT)

Comme en 2014, il faut considérer à part l’organisation du transport collectif par l’employeur même.

Le transport collectif est souvent organisé par des entreprises très spécifiques. Comme le montre déjà la répartition modale par secteur, ce mode de transport est principalement utilisé dans le secteur de la construction.

La mesure la plus plébiscitée en 2017 reste la gratuité des transports en commun, qui continue à augmenter. Plus de la moitié des employeurs (56 %) offrent le transport public gratuit à leurs travailleurs.

En 2017, une nouvelle question a été posée dans le questionnaire : dans quelle mesure les employeurs contribuent-ils aux coûts des transports en commun pour les déplacements domicile-travail (par rapport au minimum prévu par la convention collective de travail 19octies) ? 92% des travailleurs travaillant à Bruxelles ont la possibilité de recevoir une rémunération supérieure au montant minimum légal, ce qu’on peut mettre en lien avec les mesures imposées par la Région bruxelloise aux grands employeurs.

D'autres mesures telles que la diffusion d'informations sur les transports en commun (47 % des travailleurs), ainsi que la promotion de l'utilisation des transports en commun pour les déplacements de service (35 % des travailleurs) sont courantes. Enfin, 10% des employeurs, représentant 21% des travailleurs, consultent régulièrement les entreprises de transport public.

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LES AUTRES MESURES

Mesure %unités %trav.

Collaboration avec d’autres employeurs ou avec la Chambre de Commerce 8 % 18 %

Collaboration avec l’administration régionale 9 % 20 %

Collaboration avec l’administration communale 17 % 27 %

Réalisation d’un plan d’entreprise 15 % 29 %

Coordinateur de mobilité 18 % 33 %

Parking payant pour les travailleurs 5 % 7 %

Présence de bornes permettant de recharger les voitures électriques 11 % 23 % Indemnités de déménagement pour les travailleurs qui se rapprochent de leur

lieu de travail 1 % 2 %

Utilisation de mesures financière régionales ou locales 5 % 8 %

Organisation d’une action de sensibilisation 27 % 43 %

Plan d’action multimodal 13 % 30 %

Possibilité de cumuler plusieurs interventions patronales pour des modes de

transport différents 24 % 34 %

TABLEAU 17 : AUTRES MESURES

Mesure Bruxelles Flandre Wallonie

Collaboration avec d’autres employeurs ou avec la Chambre de

Commerce 25 % 16 % 17 %

Collaboration avec l’administration régionale 33 % 16 % 21 %

Collaboration avec l’administration communale 27 % 26 % 28 %

Réalisation d’un plan d’entreprise 90 % 15 % 19 %

Coordinateur de mobilité 72 % 25 % 24 %

Parking payant pour les travailleurs 18 % 4 % 5 %

Présence de bornes permettant de recharger les voitures électriques 41 % 22 % 11 % Indemnités de déménagement pour les travailleurs qui se

rapprochent de leur lieu de travail 5 % 0 % 2 %

Utilisation de mesures financière régionales ou locales 12 % 8 % 5 %

Organisation d’une action de sensibilisation 76 % 37 % 34 %

Plan d’action multimodal 79 % 19 % 20 %

Possibilité de cumuler plusieurs interventions patronales pour des

modes de transport différents 67 % 28 % 23 %

TABLEAU 18 : AUTRES MESURES (PONDÉRÉ EN FONCTION DU NOMBRE DE TRAVAILLEURS DANS L'UNITÉ D'ÉTABLISSEMENT)

Les employeurs prennent également d'autres mesures en faveur d’une mobilité plus durable. En tête de liste des mesures les plus populaires en Belgique figure l'organisation d'une campagne de sensibilisation à la mobilité (43% des travailleurs), suivie de la possibilité de cumuler différentes cotisations patronales pour différents modes de transport (34% des travailleurs) et la nomination d'un coordinateur mobilité (33% des travailleurs).

Les employeurs bruxellois prennent bien plus de mesures, notamment l’élaboration d'un plan de transport d'entreprise et la mise à disposition d'un plan d'accès multimodal. Ces deux mesures, qui

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sont par ailleurs obligatoires pour les grands employeurs bruxellois, ne figurent pas parmi les cinq mesures les plus prises en Flandre et en Wallonie.

Bien que le parc de voitures de société électriques soit encore très réduit, plus d'un employeur sur dix dispose déjà d'un système de recharge des voitures électriques. Ce sont principalement des grands employeurs qui emploient 41 % des travailleurs à Bruxelles et 22 % en Flandre.

Pour avoir une idée de l’impact des mesures, nous pouvons comparer la répartition modale chez les employeurs qui prennent une mesure avec la répartition modale chez les employeurs qui ne la prennent pas. Le graphique ci-dessous présente les principales mesures reprises dans le questionnaire.

FIGURE 25 : IMPACT DES PRINCIPALES MESURES SUR LA RÉPARTITION MODALE

Nous constatons que toutes les mesures ont un effet positif. Parmi les employeurs qui offrent la gratuité des transports en commun, 14 % des travailleurs utilisent les transports en commun (barre orange) alors que ce chiffre n'est que de 6 % chez les employeurs qui ne le font pas (barre grise). L'impact sur l'utilisation du vélo est également mis en évidence. Pour les employeurs offrant une indemnité vélo, 12 % des travailleurs viennent à vélo (barre verte) alors que pour les autres employeurs, cela ne représente que 7 %.

Les employeurs qui ont une base de données interne sur le covoiturage ont 5 % de covoitureurs, alors que pour les autres employeurs, cela ne représente que 2 %. Pour les autres mesures, c’est l'impact sur l'utilisation de la voiture qui est indiqué. Par exemple, parmi les employeurs qui élaborent un plan de transport d'entreprise, seuls 49% des travailleurs utilisent leur voiture. Pour les autres employeurs, ce pourcentage est de 72 %.

Toutefois, ces chiffres doivent être relativisés. Il y a plusieurs autres facteurs qui ont une influence sur ces résultats, comme par exemple les obligations imposées aux grands employeurs bruxellois. Pour avoir une meilleure vision de l'impact des différentes mesures, on peut comparer les résultats des employeurs selon qu'ils prennent ou non une mesure, mais cette fois en tenant compte de leur profil d'accessibilité pour les transports en commun, des distances de déplacement et de la région du lieu de travail. C’est l’objet du tableau 19.

14% Action de sensibilisation à la mobilité Coordinateur de mobilité

Mesure non prise

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Mesure Impact

La gratuité des transports en commun +14 % T.C.

Indemnité vélo + 36 % vélo

Abri couvert pour vélos +28 % vélo

Campagne de sensibilisation au vélo +21 % vélo

Base de données interne sur le covoiturage +114 % covoiturage

Places de stationnement réservées aux covoitureurs +112 % covoiturage

Plan de déplacement d’entreprise - 8 % voiture

Stationnement payant pour les travailleurs -7 % voiture

Organiser une campagne de sensibilisation à la mobilité -6 % voiture

Coordinateur mobilité - 2 % voiture

Stratégie de réduction des kilomètres parcourus et/ou des émissions de CO2 -2 % voiture TABLEAU 19 : IMPACT DES PRINCIPALES MESURES EN TENANT COMPTE DES AUTRES FACTEURS IMPORTANTS

Cette méthode montre également que les mesures prises par les employeurs ont un effet positif. Les mesures ayant le plus d'impact sur l'utilisation de la voiture sont : l'élaboration d'un plan de transport d'entreprise (- 8 %), le stationnement payant (-7 %) et les campagnes de sensibilisation (- 6 %).

L’indemnité vélo (+ 36 %) semble être une incitation majeure à l'utilisation du vélo. Les parkings couverts pour vélos sont d'une grande importance pour l'utilisation du vélo (+28 % de cyclistes). On voit également 14 % d’utilisateurs des transports en commun en plus quand la gratuité est offerte aux travailleurs. Enfin, les employeurs disposant d'une base de données interne sur le covoiturage ont plus de deux fois plus de covoitureurs.

Même avec cette dernière méthode de calcul, divers facteurs continuent de jouer un rôle et nous ne pouvons pas tous les isoler séparément sans analyse plus approfondie. Si les mesures prises par les employeurs ont un impact positif, quantifier précisément celui-ci reste un exercice difficile.