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pour vivre la culture en milieu rural

II. Mesures de développement pour une fréquentation contrôlée

Face aux limites posées par la capacité d’accueil des lieux, les préoccupations concernant le contrôle de la fréquentation apparaissent dès le bilan de la 4ème édition. Des mesures pour continuer de faire grandir le festival sans le faire grossir sont dès lors explorées. Nous verrons comment ces mesures se sont développées de manière interne mais également externe à l’événement (lui-même considéré dans un espace-temps délimité).

A - Renforcer l’offre interne du festival

 Un festival hors-saison

Si la toute première séance du 22 juillet 1998 eut lieu à l’aide d’un simple drap et d’un unique piano pour un unique musicien et une unique séance1, les choses ont depuis beaucoup évolué. Traitant des festivals de musique et de danse, Emmanuel Négrier signale que « contrairement à une idée reçue festival ne rime pas nécessairement avec estival. Si

l’été reste l’apanage de beaucoup de festivals méridionaux, 30% des événements se situent en dehors de toute saison touristique »2. Le choix d’une date « hors-saison » confirme la volonté des organisateurs d’avoir voulu faire de ce festival un événement intimiste. Comme ils le présentaient dès 1998, ce weekend de la Pentecôte offre plusieurs avantages3 : la priorité est donnée à un public local et, comme l’année scolaire n’est pas finie, un travail avec les établissements scolaires environnants est possible ; de plus, le lundi férié, dépourvu de programmation, facilite le rangement et le nettoyage des lieux. Cette saisonnalité impulse ainsi une dynamique au niveau local puisque les actions menées par les associations Remue- Méninges et Festival d'Anères se répartissent de façon à faire vivre le village socialement et culturellement toute l’année. Elles ne visent pas à des chiffres record de fréquentation dans l’optique d’assurer une forte rentabilité ; mais tendent davantage à toucher un maximum de personnes afin de démocratiser un accès à la culture en période estivale et le reste de l’année.

1 Jacques Cambra fut le premier pianiste à accompagner les films du Festival d’Anères. Le 22 août 1998, il

inaugura ce qui allait être une longue liste de projections cinématographiques par l’accompagnement musical de La Croisière du Navigator de Buster Keaton (1924).

2 Négrier (Emmanuel) et Jourda (Marie-Thérèse), Les nouveaux territoires des festivals, Paris, France Festival

en co-édition avec les éditions Michel de Maule, 2007

 « Victime » de sa notoriété

Dès la première édition, la question cruciale, qui permettrait de déterminer sa réussite, se posait quant à sa hauteur de fréquentation. Le projet est apparu, pour beaucoup, comme audacieux voire surréaliste puisqu’il rassemblait en son cœur deux facteurs auxquels le public est usuellement réfractaire ; à savoir son lieu (un milieu rural connu pour être délaissé des publics) et son objet (un art pensé comme poussiéreux et poussif par la majorité).

« En effet, si l’on peut trouver des points communs entre le cinéma muet et un petit village des Hautes-Pyrénées, c’est bien dans le fait qu’ils ne sont ni l’un ni l’autre un symbole de modernité… On a peut-être un siècle de retard, mais on l’assume ! »,

répondait Didier Picard en 20001.

Grâce à cette expérience acquise au fil des éditions, au développement de leur réseau et de la confiance gagnée auprès des institutions, l’étendue et la qualité de leur offre culturelle s’est accrue de sorte qu’elle a simultanément contribué à une hausse de leur réputation au niveau national et international et donc à une hausse de fréquentation. La question relative à l’absence de public ne pèse plus pour l’instant sur les esprits et le devenir du festival. Au contraire, c’est, non pas l’absence de fréquentation mais, une croissance désormais trop importante qui inquiète les organisateurs (figure 18). Si les premières années ont vu se mettre en place des tentatives de communication afin de promouvoir la lisibilité du festival sur le territoire, celles-ci ont été interrompues afin d’enrayer la croissance exponentielle de la fréquentation. C'est-à-dire que l’association ne cherche plus à ce jour à aller à la rencontre des médias et se contente d’accueillir ceux qui viennent. Cette couverture médiatique est essentiellement locale et lisible au travers de journaux tels La Nouvelle République et La

Dépêche du Midi. Ces quotidiens de proximité, relayent pour l’essentiel l’actualité

événementielle de l’association et rappellent les principales caractéristiques de son fonctionnement2. Encore plus à proximité, cette communication autour de la manifestation est apportée par le bulletin semestriel de la commune, Et Arrebourit3. On remarquera que le

sujet du Festival d'Anères a également été abordé à télévision (comme sur France 34) et la

1 Propos recueillis par le journaliste P. SACRISTAN, pour son article « Remue-Méninges fait son cinéma : on

n’a pas d’argent mais on a des idées », La Semaine des Pyrénées, 18 mai 2000.

2 Voir ANNEXES IX et X : Articles. « Un estaminet plein d’idées » et « Cinq jours de bonheur pour les

cinéphiles », pp. 326 – 327.

3 Arrebourits est le surnom communément donné aux Anérais. Issu du gascon, il signifie « rusés, recuits ». 4 Par exemple, www.youtube.com/watch?v=ZFTVkqZQxHg, consulté le 24 juillet 2014.

radio. Les bénévoles ont même ainsi pu être étonnés quand, en 2012, les reporters d’une chaîne de radio anglaise, la BBC, ont débarqué dans leur tout petit village pyrénéen1. Par- delà cette lecture médiatique, nous retrouvons également de nombreux articles, annonces et encarts publiés sur internet ainsi que des vidéos et des commentaires d’internautes.

Merci de parler de l’eeEEEEXXXCellent Festival d’Anères ! Je suis un fidèle depuis 2004. Pour qui aime le cinéma et les ambiances conviviales, c’est bien mieux que Cannes... Après la séance de 17h00 tout le monde se retrouve au café du village pour l’apèro et le repas avant le concert et le grand film du soir - toujours accompagné en direct par des musiciens (orchestre ou piano). Si vous aimez le cinéma, et êtes curieux de découvrir dans une salle vraiment populaire des joyaux du cinéma muet, ce festival est pour vous ! C’est gratuit et à la sortie un gros cochon rose recueille votre obole solidaire. De Pau, il faut une petite heure pour s’y rendre.2

Aujourd'hui, leur communication se limite à la distribution de programmes et à des affichages réduits et locaux. Le modèle choisi privilégie une veille informationnelle véhiculée par les sites internet des associations Festival d'Anères et Remue-Méninges3, les blogs4 ainsi qu’une communication interne des deux associations via le « mailing » régulier des adhérents. L’équipe compte donc sur une communication informelle interpersonnelle permettant qu’un pourcentage du public se renouvelle naturellement et ne se cantonne pas à un cercle fermé d’initiés. Néanmoins, au regard de cette inflation, le village semble aujourd’hui avoir atteint sa capacité d’accueil maximale puisque les organisateurs doivent faire face à des problèmes d’ordre pratique et moral, les contraignant à progressivement apprendre à gérer ce flux. En 2001, la gestion de ce flux se concentre sur la mise en place d’un stand d’accueil afin d’informer un public qui a pu paraitre livré à lui-même lors des éditions précédentes. Mais, dès 2003, soit dès la 4ème édition du festival, il est nécessaire d’augmenter le nombre de chaises dans la salle principale et de penser des moyens plus efficaces pour garder le contrôle.

1 www.bbc.co.uk/programmes/p011fnqs, consulté le 24 juillet 2014.

2 Commentaire de Denis, daté du 15 mai 2009, sur le site www.alternatives-paloises.com, consulté le 24 juillet

2014.

3 festival-aneres.fr et remue.meninges.free.fr

Figure 18 : Fréquentation estimée par les organisateurs1

 Limites d’un développement horizontal

En 2003, émergeait l’intention d’intégrer d’autres communes au projet. L’idée consistait en la délocalisation de certaines séances dans des structures alentours, parallèlement à la programmation principale. Néanmoins, l’éloignement des espaces de projection du cœur du festival, à savoir le Café du village, constitue un risque de dilution qui pourrait entacher l’esprit de l’événement et, de fait, lui nuire. Cette idée fut donc écartée favorisant un développement interne prônant la conservation de ses dimensions2. Des trois jours initiaux, avec leurs six séances organisées dans la grande salle3, les organisateurs ont alors très vite fixé le rythme de la programmation principale ; puisque en 2001, ils optaient pour une programmation étalée sur cinq jours, allant du mercredi soir au dimanche de la Pentecôte. Cet allongement résultait d’une volonté double : un travail plus conséquent avec les scolaires et l’accueil d’un public venu de plus loin4. Par cet allongement horizontal de la programmation, le festival a pu augmenter le nombre de ses participants sans dépasser sa jauge de capacité d’accueil journalière maximale puisque l’étalement temporel absorbe l’afflux (figures 19 et 20). Depuis 2007, cette programmation s’est stabilisée à dix-huit séances par édition (figure 19) et ne souhaite pas s’élargir davantage afin de conserver l’unité temporelle qu’elle a adoptée. Dans les limites de cette programmation sur cinq jours, les membres de l’association Festival d'Anères, désireux de poursuivre une dynamique exponentielle, se remettent régulièrement en question quant aux perspectives d’évolution.

1 Fréquentation approximative estimée par les organisateurs. La courbe rend compte des actions menées par

les organisateurs pour stabiliser la fréquentation annuelle autour du nombre de 5600 spectateurs.

2 Festival d’Anères, Compte-rendu de l’Assemblée Générale ordinaire de 2003, 21 juillet 2003

3 La grande salle étant la programmation principale excluant la salle Super 8, la salle 9,5 et les projections hors-

les-dates. Les sérials sont ici considérés comme formant un tout en tant que longs-métrages. 2000 2400 3000 3500 4500 4600 4600 4800 4800 5300 5500 5600 5600 5600 5600 0 2000 4000 6000 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

Figure 19 : Fréquentation de la grande salle estimée en 20001

Figure 20 : Fréquentation de la grande salle calculée en 20132

Figure 21 : Evolution de la répartition des séances de la grande salle3

1 Festival d’Anères, Bilan de projet 2000, 2000.

2 Compte réalisé pour notre étude à l’entrée de chaque séance

3 Se lit : En 1999, 6 séances ont été organisées dans la grande salle, au cours desquelles 4 longs-métrages et 15

courts-métrages ont été projetés. 350 300 150 180 170 190 310 180 280 340 0 50 100 150 200 250 300 350 400 93 282 67 321 217 236 56 294 124 353 89 148 471 244 88 155 411 371 0 100 200 300 400 500 6 9 11 12 17 17 18 17 18 18 18 18 18 18 18 4 8 7 10 11 12 13 12 13 12 12 15 11 12 13 15 13 38 17 22 22 11 12 17 0 16 1 54 6 6 0 10 20 30 40 50 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 Nombre de séances Nombre de longs-métrages Nombre de courts-métrages

 Privilégier un développement vertical

Si un développement horizontal du Festival en tant que tel n’est plus à l’ordre du jour, le travail se porte désormais sur une exploitation verticale de programmation ou de contre-programmation. Concernant la programmation quotidienne, une séance supplémentaire est ajoutée en 2003. Le rendez-vous de midi, qu’est celui du sérial, est aujourd’hui devenu l’un des classiques du festival puisqu’un ou plusieurs épisodes sont projetés chaque jour invitant le spectateur à trouver une occupation entre midi et deux. Bien que ne s’adressant pas à la majorité, ces séances ont su trouver leur public parmi des spectateurs présents chaque jour et qu’elles fidélisent mais aussi, étant résumé en début de séance, parmi des personnes curieuses prenant la narration en cours.

Les concerts1

Avec les projections dans la salle principale, l’organisation des concerts est l’une des actions les plus importantes du Festival. C’est en 2002, que s’implante, sous le chapiteau de la place du village, ce rendez-vous désormais familier. Les concerts de 19 heures constituent un atout essentiel de l’événement. Ils permettent principalement de créer une animation d’entre-séances avant le dîner et la projection du soir. Ils favorisent ainsi la diversification de la programmation musicale en mettant en scène des artistes de chansons à texte. Ces derniers sont généralement issus de la scène du Limonaire2 compte tenu du réseau auquel est affilié Sylvain Airault, programmateur du festival, grâce à son expérience passée avec cette structure partenaire. En 2008, les organisateurs ajoutent un concert supplémentaire à la programmation. Parallèles aux séances de 21h30 du samedi soir, ces concerts permettent une dérivation de l’afflux de fréquentation de la grande salle. C’est également l’occasion de diversifier davantage la proposition musicale puisque ces concerts, qui se déroulent à l’église, favorisent un répertoire musical plus classique, touchant un public, là encore, plus large. Ils font intervenir des artistes locaux ou des artistes participant déjà à l’accompagnement des films de la grande salle. Conjointement à ces concerts programmés, d’autres spontanés animent, quasiment en continu, le Café du village. Les fameux bœufs3,

1 Voir PHOTOS 15 : Sous le chapiteau, p. 365 2 Le Limonaire est un bistrot parisien. Voir p. 50.

alliant amateurs et musiciens professionnels, durent parfois toute la nuit, créant ainsi une atmosphère chaleureuse qui invite le public à se détendre au café et à y rester.

« Moi j’ai l’impression que ces musiciens sont très très contents de venir car même après leur prestation, ils poursuivent très tard dans la nuit, en faisant des boeufs, à n’en plus finir. »1

Les sondages réalisés auprès des publics du festival 2013 mettent en avant une facette importante de la place qu’occupent ces animations musicales dans le festival ; et plus particulièrement, dans la promotion du patrimoine du cinéma muet. Contribuant à une ambiance générale festive, les concerts permettent de toucher un public plus vaste et plus diversifié puisqu’ils attirent des spectateurs à l’origine ignorant voire repoussant le cinéma muet. Par voie de fait, s’il est avéré qu’une part de ces spectateurs ne franchit jamais la barrière allant du chapiteau à la salle de projection, l’étude des relations qu’exerce le public avec la programmation musicale montre que ce rapprochement premier favorise la curiosité vis-à-vis de la programmation musicale. Si pour certains les animations musicales interviennent comme des interludes aux animations cinématographiques, pour d’autres c’est le contraire qui se produit. En effet, les spectateurs, attirés par l’animation musicale, se déplacent jusqu’au lieu du festival et, de là, se laissent tenter par une première rencontre, une première confrontation, aux œuvres cinématographiques.

La programmation off2

En 2004, l’association Festival d'Anères explore une nouvelle technique afin d’endiguer la fréquentation de la salle des fêtes, la programmation off.

 La salle Super 8

La première tentative du genre prend la forme d’une nouvelle salle de projection, la salle Super 8, dite Salle Jeunes3. Entièrement prise en charge par les membres les moins âgés de l’association (en moyenne entre 12 et 16 ans), elle se destine avant tout à un public

1 Martine, interviewée le 31 Mai 2010 par Julie Aimée Debes. 2 Voir PHOTOS 8 : La programmation off, pp. 356 – 357.

3 Nous avons déjà parlé de cette salle, concernant les problèmes liés à l’évolution de son emplacement, voir

jeune mais reste ouverte aux adultes. Si les adultes restent à disposition pour apporter leur aide, les enfants sont autonomes quant à l’organisation de la salle et de sa programmation. Lors de nos visites, nous avons pu rencontrer des membres des deux générations1 à s’être relayés aux commandes2. Ils nous expliquent que pendant les trois premières années de programmation, la primauté était donnée à la diffusion de courts-métrages au format Super 8. L’organisation des quatre séances annuelles est permise grâce à la mise à disposition d’un projecteur Super 83 et de caisses de bobines burlesques. Hugo Picard, membre de la première génération, se souvient que, dès la quatrième édition, un ami et lui émettaient l’envie de « boucler la boucle » en diffusant des films d’animation actuels. Aujourd’hui la formule reste la même et joint au burlesque d’hier les courts animés d’aujourd’hui. Si certains de ces films ne sont pas muets, ils les destituent de leurs sonorités et leur offrent un accompagnement musical à l’instar des copies du début du siècle précédent. Concernant cet accompagnement musical, les jeunes organisateurs mettent à contribution les ciné-concertistes professionnels (recrutés pour l’accompagnement des films de la grande salle). Comme pour la programmation principale, leur petite salle accueille ainsi des grands noms de l’accompagnement musical avec, par exemple en 2005, des artistes tels que Neil Brand4 et Jean-François Zygel5. Les musiciens amateurs, généralement parmi les membres de l’association ou parmi les spectateurs habitués, désireux de participer sont eux aussi les bienvenus. En 2007, l’école de musique de Saint-Laurent-de-Neste et d’Arné, ayant antérieurement accompagné des films de la programmation principale, avait choisi de faire évoluer son projet pour venir apporter son soutien à cette petite salle. Plus récemment, nous avons pu assister à des séances accompagnées par les organisateurs eux-mêmes. En effet, nous en reparlerons, certains jeunes ont eu l’opportunité de participer à des stages d’initiation

1 Désormais, en âge de partir faire leurs études à l’extérieur, les membres de la deuxième génération

s’interrogent quant à la passation de relais vers une troisième génération.

2 Voir ANNEXE XVIII : Entretiens. Rencontre avec Hugo Picard (première génération), Antonin et Damien

(deuxième et actuelle génération) pp. 320 – 322.

3 « Né en 1965 le format Super 8 est un dérivé du Normal8 dont il y a la même largeur finale 8mm.

La grande nouveauté introduite par Kodak aura été d'augmenter la largeur de l'image d'environ 40% […] La deuxième nouveauté aura été la cassette qui permettait de charger en pleine lumière la caméra. Elle […] permet de filmer pendant environ 3 mm 20s […] sans avoir a retourner le film comme dans le normal 8. […] La qualité de l'émulsion, la facilité d'emploi et la baisse des prix des pellicules et des caméras et projecteurs permit un développement rapide de ce format essentiellement amateur […] On lui reproche des blocages dus essentiellement à la superposition et au circuit du film dans la cassette […] ». Descriptif

issu du site www.cine-super8.net, consulté le 25 juillet 2014.

4 Neil Brand est un compositeur britannique régulièrement impliqué, depuis dix-sept ans, dans la composition

de pièces pour l’accompagnement de films muets pour le National Film Theater de Londres géré par le BFI. Venu en 2003 et 2005, Neil Brand a accompagné quatre longs-métrages et trois courts-métrages.

à l’accompagnement musical, organisés par le Festival d’Anères, et exploitent aujourd'hui l’expérience acquise. Par l’ajout de quelques concerts improvisés, la proposition musicale de la salle Super 8 s’élargit à l’initiative des musiciens grâce à un premier concert d’ouverture proposé par le groupe La Peau en 2008. Présentant des œuvres courtes et basées sur l’humour, cette programmation attire enfants mais aussi adultes. Craignant l’austérité du cinéma muet ou simplement curieux, ils se rapprochent ainsi d’une première rencontre « en douceur » de ce pan cinématographique qu’ils méconnaissent.

 La salle 9,5

Suite à la création de cette première salle, un autre espace dédié à la programmation off voit le jour en 2012. Notons qu’une première expérience du genre, tournée vers la projection de copie en 9,5 mm, avait déjà eu lieu en 2001, dans le cadre de l’exposition de matériel ancien organisée à la mairie1. La salle 9,5, communément dite « salle vieux » (même si son programmateur réfute une telle appellation ), s’installe aujourd'hui dans le fournil du village. Répondant à nos questions, son organisateur2, nous explique que ce projet a débuté en ressortant des boîtes de bobines, données par Jacques Poitrat3 et Dudu4, et un projecteur 9,5 mm Pathé-Baby5 mis au grenier du Café du village. A l’instar de la salle Super 8, les bobines sont accompagnées instrumentalement par les musiciens du Festival. Néanmoins, la programmation est rendue difficile par le format choisi. En effet, les bobines 9,5 sont beaucoup moins bien conservées et plus rares que les copies Super 8.

Au début, je me suis dit que j’allais trouver des films comme ça mais je me suis aperçu que c’était quand même assez dur à trouver et surtout à trouver en bon état. Sur Ebay on trouve des bobines, voilà. Après, elles valent ce qu’elles valent. Comme tu crois avoir acheté un film et qu’en fait tu as acheté un truc qui n’est pas complet

1 Voir « Les animations », pp. 97 – 98.

2 Voir ANNEXE XVIII : Entretiens. Rencontre avec Joseph Lavandier, le 20 mai 2013, p. 325. 3 Voir PHOTOS 12 : Les animations, pp. 355 – 356.

4 Le surnommé Dudu tourne la manivelle de l’Orgue de Barbarie pour animer le début des séances de la grande

salle. Voir PHOTOS 12 : Les animations, pp. 362 à 363.

5 « Il s'agit d'un format de pellicule cinématographique d'une largeur de 9,5 mm lancé par Pathé en 1922.