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Mesure des températures ro-vibrationnelles et densités de N 2 (X) par

2.9 Mesures Laser

2.9.3 Mesure des températures ro-vibrationnelles et densités de N 2 (X) par

Ce travail a été réalisé en collaboration avec Florestan Guichard et Armelle Cessou du laboratoire CORIA (France) dans le cadre du projet ANR EXFIDIS (13-BS09-0014).

Principe Lorsqu'un laser interagit avec une molécule, il génère un moment dipolaire oscillant ~

pqui est le produit de la susceptibilité α de la molécule et du champ électrique ~E0 du laser. Or la susceptibilité d'une molécule dépend de la position des atomes au sein de la molécule donc de la fréquence rotationnelle νrotet vibrationnelle νvib de la molécule : α = α0+∂Q∂αQ0cos(2πt(νvib+ νrot)) où Q est le déplacement des atomes dans la molécule.

La théorie classique permet de décrire correctement le décalage en fréquence du rayonnement diusé :

~

p = 0α0E~0cos(2πν0t) + (∂α ∂Q)

0Q0E~0

2 [cos(2πt(ν0− νvib− νrot)) + cos(2πt(ν0+ νvib− νrot))] Le premier terme de droite correspond à la diusion Rayleigh tandis que les deux termes sui-vants dépendent de la nature de la molécule et des niveaux d'énergie vibrationnel et rotationnel dans lesquels se trouve la molécule au moment de l'interaction. Ils correspondent aux signaux de diusion Raman spontannée (Stokes et anti-Stokes). Le décalage en fréquence Raman est la diérence : ν0− νvib− νrot.

L'intensité du rayonnement diusé est proportionnelle au carré du moment dipolaire. Ce-pendant, pour décrire correctement l'intensité des signaux diusés, il faut avoir recours à la théorie quantique de la diusion Raman et nous référons le lecteur à l'ouvrage de [99] pour plus de précision. Il est indispensable de pouvoir calculer l'intensité pour pouvoir analyser les spectres de diusion Raman mesurés. Un exemple de spectre de distribution ro-vibrationnelle de N2(X)et O2(X) est présenté en gure 51.

Dispositif expérimental L'intensité du signal Raman diusé étant très faible, l'énergie la-ser et la durée de l'impulsion doivent être adaptées de manière à maximila-ser le signal tout en évitant les claquages optiques. De même, le système de collection doit être adapté pour obtenir une haute résolution spatio-temporelle.

Figure 51  Distributions de population ro-vibrationnelles de N2(X) et O2(X) avec et sans plasma. Le signal est intégré sur 400 mesures. La distribution mesurée en présence de plasma a été intégrée sur les premières 300 ns après le déclenchement de décharge, à 1.5 mm de la pointe, sur l'axe inter-électrodes.

Des photos et un schéma général du dispositif de détection du signal Raman spontané sont présentés en gure 52.

Figure 52  Dispositif expérimental de spectroscopie Raman spontanée.

Le laser utilisé est un laser pulsé Nd :YAG Agilite, par Continuum, fonctionnant à 10 Hz. Pour ce travail, l'énergie par impulsion était de 1.2 J et la durée de l'impulsion de 300 ns.

La lumière est collectée perpendiculairement à la direction du laser. L'utilisation d'une lentille de grande focale permet d'étendre la région de focalisation du laser pour réaliser des mesures 1D le long de la ligne du faisceau et de maximiser le signal collecté. Dans ce travail, une focale de 1 m crée une région de focalisation de 2.4 mm de long et 170 nm de diamètre minimum. Le signal collecté passe d'abord par une fente de 400 µm qui bloque la lumière émise par la décharge hors de la région sondée. Puis, un système constitué d'une cellule de Pockels KD*P (LAP-50) de Quantum Tech et de deux polariseurs forme un obturateur électro-optique qui bloque toute la lumière lorsque les polariseurs sont croisés. Ce dispositif n'est pas indis-pensable à nos mesures, il avait été introduit sur la chaîne de mesure pour d'autres mesures

menées par le laboratoire d'accueil avec des ammes de combustion qui émettent de la lumière en continu. L'obturateur électro-optique permettait alors de bloquer la lumière émise par les ammes lors de la lecture du CCD par la caméra du spectromètre, minimisant ainsi le signal parasite. Il a été conservé pour nos mesures pour des raisons pratiques. Ensuite, un ltre Notch à 532 nm coupe la diusion Rayleigh. Comme la transmission du réseau du spectromètre dé-pend de la polarisation du signal, un périscope retourne l'image avant qu'elle soit nalement analysée par le spectromètre, un IsoPlane SCT320 équipé d'un réseau à 600 tr/mm blazé à 500 nm et équipé d'une caméra CCD rétro-éclairée (Pixis 400B). Une telle caméra ore un meilleur rapport signal-sur-bruit et grâce à la cellule de Pockels, la rapidité du déclenchement est assurée. La résolution spectrale obtenue est de 0.54 nm, orant une large couverture spec-trale allant de 556 à 682 nm. Cette gamme specspec-trale est bien adapté à la mesure multi-espèces de diusion Raman spontanée Stokes des espèces majoritaires en milieu réactif, ici N2 et O2. La résolution est susante pour déterminer des températures ro-vibrationnelles, l'information sur la température rotationnelle étant extraite par une méthode d'ajustement à partir de la largeur des pics vibrationnels. Pour améliorer la qualité du signal, les spectres sont moyennés sur 300 µm, découpant la longueur sondée en 8 régions d'intérêt (axe vertical sur la gure 53. Ainsi, chaque mesure fournit 8 spectres (2.4 mm / 300 µm) le long du faisceau laser.

Figure 53  Fonction d'appareil du spectromètre pour les 8 régions d'intérêt.

Système de synchronisation Le laser a une fréquence de fonctionnement unique à 10 Hz avec une stabilité temporelle tir à tir très précise : le jitter entre deux impulsions est de 2 ns. Par contre, en mode de déclenchement externe, le générateur a un jitter de 1.5 µs. Compte tenu des

délais de chaque appareil et des jitter de chaque signal, l'étude sera réalisée pour une fréquence de fonctionnement de la décharge de 5 Hz et la synchronisation vériera le schéma suivant. Le signal de déclenchement du laser correspondra a l'instant T0 = 0, c'est donc le laser qui pilote la synchronisation. L'écart entre deux signaux de déclenchement laser est donc de 100 ms ± 2 ns. Pour un prol laser de 300 ns, le pulse laser est envoyé 155 µs après le signal de déclenchement avec une précision de 2 ns. Un générateur de retard BNC avec une stabilité temporelle de l'ordre de la nanoseconde est utilisé pour piloter l'ensemble des autres appareils à partir du signal de déclenchement laser. Il dispose de 4 voies de sortie appelées par la suite : CHA, CHB, CHC et CHD. Le CHA contrôle le déclenchement de la caméra du spectromètre : dès que le signal de déclenchement est reçu, un signal est envoyé à la caméra pour démarrer un enregistrement. La caméra ne possédant pas d'obturateur, elle reste ouverte durant les 100 ms qui séparent deux signaux de déclenchement. Elle fonctionne donc à 10 Hz. Le CHB contrôle le déclenchement du générateur de haute tension (HT) (qui possède une sortie externe lui permettant d'être déclenché par un signal externe). Lorsque les signaux de déclenchement laser sont reçus, un signal sur deux est ignoré, permettant de faire fonctionner le générateur HT à 5 Hz. Le signal envoyé au générateur HT possède un délai temporel dépendant de plusieurs paramètres : l'instant de la post-décharge qui est étudié (tm), l'intervalle de temps entre la réception du signal de déclenchement par le générateur HT et le début de la décharge (td= 750µs ± 1, 5µs), le temps entre deux impulsions laser (tf = 100ms ± 2ns) et enn l'intervalle de temps entre le signal de déclenchement laser et le pulse laser (tl = 155µs ± 2ns). L'origine temporelle de tm est le début de la décharge. Ainsi le délai ∆decharge vaut tf + tl− td− tm. An de sonder les premiers instants de la décharge et de la post-décharge, il est nécessaire d'avoir une résolution temporelle inférieure au jitter de la décharge de 1,5µs. Pour réaliser cela, l'ouverture de la cellule de Pockels sera contrôlée à la fois par le laser et par le générateur via une porte logique "ET" (référence de l'appareil). La porte logique recevra le signal de CHC et un signal construit à partir d'une sortie du générateur HT. Le signal CHC est créé à partir du signal CHB, ce qui signie qu'il est déclenché à 5Hz. Le délai imposé correspond au début du pulse laser c'est-à-dire tf + tl. C'est un signal de durée très courte : 2 ns, très stable temporellement car il généré par le générateur de retard. Le deuxième signal reçu par la porte logique correspond au début de la décharge. Le générateur HT possède une sortie qui envoie, 300 ns avant la décharge, un signal en créneau de durée 500 ns. La stabilité temporelle de ce signal par rapport au début de la décharge est

excellent, de l'ordre de 2 ns également. Mais sa durée est trop importante pour permettre d'obtenir une précision de mesure susante avec le système de porte logique. On génère donc un nouveau créneau à partir du signal de sortie du générateur HT dont la durée correspond à la tolérance temporelle de mesure voulue. Dans les premiers instants de la post-décharge, on xe cette tolérance à 40 ns. Ainsi, la porte logique reçoit le signal CHC toutes les 200 ms ± 2 ns d'une durée de 2 ns et le signal créé toutes les 200 ms ± 1,5 µs de durée la tolérance choisie. Si les deux signaux se recouvrent temporellement, la porte logique envoie un signal à la cellule de Pockels via un autre générateur de retard pouvant commander le temps d'ouverture de la cellule. Le délai dû au deuxième générateur de retard est de l'ordre d'1 ns également. Le schéma de la synchronisation est présenté en gure 54.

Ce système de synchronisation permet d'enregistrer des spectres à des instants de la post décharge connus avec une précision temporelle choisie, précise mais limitée à la durée d'ouver-ture de la cellule de Pockels. Durant les premiers instants de la post décharge, l'évolution de l'excitation ro-vibrationnelle des molécules étant rapide, cette précision est nécessaire. Cepen-dant, un compromis doit être fait entre la précision temporelle et le temps de mesure. En eet, si les signaux reçus par la porte logique ne se recouvrent pas, l'enregistrement sera supprimé au cours du post-traitement. Le temps d'acquisition pour réaliser un spectre susamment moyenné augmente donc quand la tolérance est courte. Une solution aurait été d'enregistrer pour chaque spectre les temps du signal de sortie du générateur et de l'ouverture de la Pockels et de trier ensuite tous les spectres en fonction du temps de post-décharge correspondant mais ce type de système a été jugé trop risqué car potentiellement sensible à des parasites et ne disposant d'aucun système de vérication.

Procédure de traitement des températures ro-vibrationnelles de N2 Pour analyser les distributions ro-vibrationnelles de N2 durant la post-décharge, les spectres de diusion Raman expérimentaux sont ajustés par des spectres théoriques. Dans le cas de décharges nanosecondes hors-équilibre, les spectres sont caractérisés par un peuplement des niveaux vibrationnels élevés de N2 et un fort déséquilibre vibrationnel. Cette étude a nécessité l'utilisation de trois modèles physiques des distributions ro-vibrationnelles de N2 adaptés aux diérentes situations rencon-trées dans la décharge qui sont décrits en détails dans [12].

Figure 54  Chronogramme du système de synchronisation décrit dans le corps du texte. En vert, les signaux de déclenchement pur. En noir les signaux physiques. "Trigger laser" est le signal de déclenchement du laser. "Pulse laser" représente le pulse laser. "CHA" est le signal commandant l'ouverture de la caméra du spectromètre. "Ouverture caméra" représente l'ouverture de la caméra. "CHB" est le signal de déclenchement du générateur HT. "Décharge" représente la décharge nanoseconde. "Synchron générateur HT" représente le signal envoyé par le générateur de durée 500ns précédent la décharge de 300ns ± 2ns. "Générateur de délai" représente la fenêtre temporelle de tolérance de la mesures Raman. "CHC" représente le début de l'impulsion laser. "Porte logique" est le signal commandant l'ouverture de la cellule de Pockels dans le cas où elle reçoit simultanément les signaux CHC et "Générateur de délai". Le cas où les signaux arrivent simultanément est représenté par le premier pulse, le cas où ils n'arrivent pas simultanément est représenté par le troisième pulse. "Cellule Pockels" représente l'ouverture de la cellule de Pockels. "tf" est le temps séparant deux pulses laser. "tl" est le temps séparant le signal de déclenchement du laser et le pulse laser. "td" est le temps séparant le signal de déclenchement reçu par le générateur HT et la décharge. "tm" est le temps de la post-décharge qui est étudié. "t " est la précision temporelle choisie pour autoriser

Un modèle à l'équilibre thermodynamique (Tgaz = Trot = Tvib) est utilisé pour décrire les régions spatiales en bordure ou hors de la décharge.

Un modèle à trois températures (Tgaz = Trot 6= Tv=06= Tv>1) décrit le fort hors-équilibre vibra-tionnel dans les 10 à 50 premières µs après la décharge.

Finalement, un modèle à deux températures (Tgaz = Trot 6= Tv=0= Tv>1) décrit la distribution de population après la relaxation vibrationnelle.

Le couple d'équations générales de ces trois modèles est : Nv=0,J = N

(2J + 1)gJexp(−hc(Evib(v = 1) − Evib(v = 0))

kTv01hcEvib(v = 1)

kTv1vhcErot(0, J ) kTrot Qvib(Tv01, Tv1v)Qrot(0, Trot)

Nv>0,J = N

(2J + 1)gJexp(−hcEvib(v) kTv1v

hcErot(v, J ) kTrot

Qvib(Tv01, Tv1v)Qrot(v, Trot) où

Qvib(Tv01, Tv1v) = exp(hc(Evib(v = 1) − Evib(v = 0)) kTv01

hcEvib(v = 1) kTv1v

) +X

v>0

exp(−hcEvib(v) kTv1v

)

Qrot(v, Trot) =X

J

(2J + 1)gJexp(−hcErot(v, J ) kT rot )

Nv,J est la densité de la molécule dans son état vibrationnel v et rotationnel J, gJ est la dégénérescence du niveau J, Evib(v)est l'énergie vibrationnelle du niveau v, Qvib est la fonction de partition de vibration et Qrot la fonction de partition rotationnelle.

Procédure de traitement des densités d'N2 et O2 L'intensité du signal de diusion Raman spontanée est déterminée par :

IiRaman = ni× σi(T ) × Ω × l ×  × Ilaser

où i est l'indice de la molécule étudiée, n est la densité moléculaire, σ(T ) est la section ecace diérentielle de diusion Raman à la température de la molécule, Ω est l'angle solide de col-lection, l est la longueur du volume de colcol-lection,  est l'ecacité de la chaîne de détection et Ilaser est l'irradiance de l'impulsion laser.

décharge puis immédiatement après sans décharge. Cette mesure sans décharge est donc ca-ractérisée par la même irradiance laser et les mêmes caractéristiques de la chaîne de montage. Le rapport de l'intensité du signal Raman diusé en présence de la décharge et sans décharge ne dépend donc plus que de la densité de la molécule sondée et de la section ecace Raman diérentielle :

Ii,chaudRaman IRaman i,f roid

= ni,chaud

ni,f roid × σi,chaud σi,f roid

L'oxygène atomique ne produit pas de signal Raman puisqu'il n'a pas d'état rotationnel et vibrationnel. Sa densité est estimée à partir de l'évolution du rapport d'N2 et d'O2 comparé au rapport 1 :4 de l'air ambiant. Cette méthode fait l'hypothèse que N2 n'est pas dissocié et que l'oxygène atomique est l'espèce stable produite majoritaire. Aucune raie d'azote atomique n'est observée par SEO dans les régions sondées suggérant que la dissociation d'N2 est eectivement négligeable pour cette estimation. Ceci pourra être vérier par des mesures TALIF fs. Ainsi :

τproduction(O) =

1 2n(O)

n(O2) + 2n(O)1

La pression du gaz est estimée à partir de la température du gaz et de la somme des densités d'N2, d'O2 et d'O, en utilisant la loi des gaz parfaits.

Incertitudes Les incertitudes de la température rotationnelle sont importantes lorsque la température est inférieure à 500 K peu d'états rotationnels sont peuplés et avec la faible ré-solution spectrale (adaptée à la distribution vibrationnelle) des spectres à 300 et 500 K sont presque identiques.

L'incertitude des températures vibrationnelles et des densités est estimée à partir des résul-tats de [12] qui utilise le même code d'ajustement des spectres et la méthode Bootstrap pour déterminer l'incertitude.