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II.3 Métrologie

II.3.1 Mesure des conditions aux limites

La mesure des conditions aux limites est cruciale. En plus de permettre le contrôle des débits

massiques d’air et de CO

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sur la cellule test, elles permettent de fournir des valeurs servant à la

définition des conditions aux limites des simulations CFD. L’ensemble de l’instrumentation

employée pour la mesure des conditions aux limites est développé ci-dessous.

Débit d’air soufflé

Plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour la mesure des débits d’air soufflé et repris. Trois

principes de mesure sont présentés et évalués ci-dessous.

Capteur à moulinet

La technique de mesure du capteur à moulinet est basée sur une hélice dont la vitesse de rotation

est proportionnelle à la vitesse d’air dans la conduite (Figure II.9). Un des avantages de ce principe

de mesure est que la vitesse de rotation est pratiquement indépendante de la température, de la

pression et de la densité du fluide. L’échelle de mesure est également élevée, de l’ordre de 0,4 m/s

à 20 m/s. Cependant, l’incertitude de mesure relativement élevée à faible débit (1,5% pleine échelle

+ 0,15 m/s) fait que nous n’avons pas retenu ce capteur pour la mesure de débit d’air.

Capteur à effet vortex

Le principe de mesure du capteur à effet vortex est basé sur les tourbillons de Karman qui se

forment lorsqu’un écoulement d’air rencontre un obstacle. La fréquence de formation des

tourbillons est alors mesurée par ultrasons, et est proportionnelle à la vitesse de l’écoulement. Le

capteur à effet vortex présente également l’avantage d’être insensible aux variations de densité, de

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température et de pression. Son échelle de mesure couvre une large gamme de débits, de 0,5 m/s

à 40 m/s, et l’incertitude de mesure est réduite par rapport au capteur à moulinet : 1% de la mesure

+ 0,03 m/s.

Capteur thermique

Le principe de mesure des anémomètres thermiques est basé sur le transfert de chaleur d’un corps

chauffé électriquement dans l’air ambiant selon la vitesse relative entre ce corps et l’air. En

conséquence, la mesure de vitesse d’air est dépendante de la température de l’air et de la pression.

La valeur mesurée est donc une Normau Vitesse, c’est-à-dire une vitesse pour des conditions

normales de température et de pression. Il faut donc opérer une correction de la valeur mesurée.

Cependant, les capteurs thermiques présentent l’avantage de pouvoir mesurer de très faibles

vitesses. L’échelle de mesure est ainsi de 0,2 m/s à 30 m/s, avec une incertitude de mesure faible :

2% mesure + 0,02 m/s. La faible vitesse mesurable combinée à la précision élevée à faible débit

des capteurs thermiques a guidé le choix d’employer des anémomètres thermiques à film chaud

Hoentzsch TA-10 [Hoentzsch, 2005] pour les mesures des débits d’air soufflé et repris.

Figure II.9: Vue de différentes méthodes de mesure de débit d’air : capteur à moulinet, capteur à effet

vortex, capteur thermique [Hoentzsch, 2005]

Installation sur la cellule

Il a été choisi d’effectuer les mesures de débit d’air en amont du soufflage d’air et en aval de la

reprise d’air. Pour cela, des gaines circulaires droites ont été installées pour remplacer les gaines

flexibles initialement présentes. La section de ces gaines est faible (0,047 m de diamètre intérieur,

D

i

) de façon à augmenter la vitesse d’air et de réduire ainsi l’incertitude de mesure. Une longueur

de gaine de 3 m a été retenue. En effet, afin d’obtenir un profil de vitesse développé à

l’emplacement de la mesure dans la conduite, il est nécessaire d’effectuer la mesure à une certaine

distance des obstacles présents en amont et en aval de la mesure, soit au minimum 15 D

i

en amont

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et 5 D

i

en aval (Figure II.10). Dans notre cas, les distances sont de 20 D

i

en amont de la mesure et

10 D

i

en aval de la mesure. Un guide de sonde permet alors de positionner le capteur au centre de

la gaine. Pour relier la vitesse moyenne à la vitesse maximale mesurée, un coefficient de profil est à

prendre en compte, qui dépend de la section de la gaine. Dans notre cas, il est égal à 0,84

[Hoentzsch, 2005].

Figure II.10: Distance minimum recommandée en amont et en aval pour une mesure de débit

[Hoentzsch, 2005]

Température d’air soufflé et repris

Les températures d’air soufflé et repris sont mesurées au niveau du caisson de soufflage et au niveau

du caisson d’extraction à l’aide de thermocouples de type K (chromel-alumel) à soudure apparente,

d’échelle de mesure de 0°C à 250°C. Les thermocouples de type K présentent l’avantage d’être bon

marché, relativement précis une fois étalonnés (±0,3°C), et ne nécessitent pas d’alimentation

propre contrairement à des sondes à résistance platine.

Un thermocouple consiste en deux métaux différents reliés entre eux par deux jonctions (Figure

II.11). Une différence de potentiel est alors générée au niveau du thermocouple, qui est

proportionnelle à la différence de température entre les jonctions (effet Seebeck). Ainsi, les

thermocouples ne mesurent pas une température, mais une différence de température. La jonction

placée à l’endroit de la température à mesurer est qualifiée de soudure chaude. Pour mesurer cette

température, l'une des deux jonctions doit être maintenue à une température connue (soudure

froide). Dans notre cas, la température de référence est mesurée au niveau de la station de

multiplexage de la centrale d’acquisition auquel est relié chaque thermocouple.

D’autres phénomènes physique interviennent au niveau des thermocouples qu’il s’agit de prendre

en compte [Awbi, 2003]. Il s’agit de l’effet Peltier, responsable de l’absorption ou de création de

chaleur au niveau d’une jonction où un courant électrique passe, et de l’effet Thompson,

responsable de génération de chaleur au niveau d’un matériau conducteur où le courant électrique

va dans le même sens que le flux de chaleur. Pour ces raisons, il est important d’étalonner les

thermocouples dans la gamme de mesure où ils sont utilisés. En effet, seule la tension totale est

mesurée lors de l’étalonnage, et les contributions des effets Peltier et Thomson sont regroupés à

l’effet Seebeck.

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Figure II.11: Principe de fonctionnement des thermocouples [Awbi, 2003]

Les thermocouples employés ont ainsi été étalonnés à l’aide d’un bain d’huile thermostaté. Une

sonde de platine Pt100 sert de référence, dont l’incertitude de mesure est donnée par le

constructeur : ±0,15°C. Les mesures sont effectuées par palier, pour des températures du bain

d’huile de 10°C, 20°C, 30°C, 40°C, 50°C et 60°C, durant 20 minutes par palier, et avec une

fréquence d’acquisition de 30 secondes. Le tracé de la courbe de mesure de température de la Pt100

en fonction de la température mesurée par les thermocouples permet alors de corriger la mesure

des thermocouples à l’aide d’une régression linéaire. La courbe de mesure du thermocouple

présentant l’écart le plus défavorable par rapport à la Pt100 parmi les thermocouples employés est

présentée sur la Figure II.12.

Figure II.12: Bain d’étalonnage des thermocouples et courbe de correction pour le thermocouple le moins

précis

Pour le cas présenté sur la Figure II.12, la correction est la suivante :

Tair = 1,005(Tmesurée) − 0,3005 (II.3)

y = 1,005x - 0,3005

R² = 0,9999

0

10

20

30

40

50

60

70

0 20 40 60 80

Tpt10

0

C)

Tthermocouple (°C)

Tair(20)

Linéaire (Tair(20))

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L’erreur est donc maximale pour les faibles températures d’air. Pour une température d’air de 14°C,

elle est de ±0,23°C. Pour une température d’air de 26°C, l’erreur de mesure est réduite à ±0,17°C.

Une fois la formule correctrice appliquée pour chaque thermocouple, l’incertitude est ramenée à

celle de la sonde platine (±0,15°C), à laquelle il faut ajouter l’incertitude de la chaîne de mesure et

d’acquisition, qui est de l’ordre de ±0,1°C [CampbellSc, 2006]. L’incertitude considérée est en

conséquence de ±0,3 °C.

Températures des parois

Des thermocouples de type K à soudure apparente sont de même employés pour la mesure des

températures de surface des parois. 5 thermocouples ont été placés par paroi, aux côtes indiquées

sur les Figure II.13, Figure II.14 et Figure II.15.

Figure II.13: Position des mesures de température de surface sur les parois Nord et Sud (en mètres)

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Figure II.15: Position des mesures de température de surface sur le plafond et le sol (en mètres)

Les thermocouples sont fixés à la paroi à l’aide d’un morceau de ruban adhésif en aluminium.

L’émissivité de ce dernier a été mesurée à 0,05 à l’aide d’un émissiomètre, et est donc proche de

l’émissivité des parois en acier inoxydable de la cellule test (mesurée à 0,15). La température

mesurée est donc représentative de celle de la paroi.

Par la suite, une valeur moyenne des cinq températures est considérée par paroi. C’est également

celle-ci qui est définie comme condition aux limites dans les simulations CFD. La distribution de

température est verticale dans la cellule test (stratification thermique). Ainsi, une moyenne

pondérée est considérée pour la température des parois verticales T

v

(parois Nord, Sud, Est et

Ouest). Celle-ci prend en compte la moyenne des températures des parois à chaque hauteur

(Equation (II.4). Au contraire, la température des parois horizontales T

h

(plafond et sol) est

pratiquement constante entre les différents thermocouples. Ils sont en effet tous situés à la même

hauteur. L’Equation (II.5) est alors employée (moyenne non pondérée).

Tv=(

Tv(1) + Tv(2)

2 + Tv(3) +Tv(4) + Tv(5)

2 )

3 (II.4)

Th= Th(1) + Th(2) + Th(3) + Th(4) + Th(5)

5 (II.5)