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M. Rioux: M. le Président, on propose le projet de loi n° 126 parce qu’on croit que nous avons atteint, au Québec, un stade de maturité, tant du côté syndical que patronal, et que cette maturité-là doit être reconnue une fois pour toutes.

Je rappelle aux membres de l’Assemblée que l'essentiel de ce projet de loi, c ’est de permettre à un plus grand nombre d ’associations d’employeurs et de travailleurs d’être représentées au sein du Conseil consultatif du travail et de la main-d’oeuvre.

Il s’agit d’un organisme consultatif d’une très grande importance qui a comme mission première de conseiller le ministre en matière de législation et dans tout secteur touchant l’organisation du travail et le déve­

loppement de la main-d’oeuvre. M. le Président, après bientôt 30 ans d ’existence, il convient à mon avis de reconnaître formellement que d ’autres groupes ont main­

tenant voix au chapitre dans le domaine des relations de travail. Ces groupes ont développé au cours des années une crédibilité certaine, et je dois dire qu'on ne peut plus exclure aujourd'hui des gens qui, par leur expertise, leur dévouement aussi, leur bénévolat, leur sens de l'entrepreneurship... on ne peut pas se priver de talents semblables. Et, au Québec, je trouve que, si on ne fait pas ça, on risque de compromettre l’esprit de concerta­

tion qui caractérise... cet esprit de concertation que nous

7266 Débats de l’Assemblée nationale 3 juin 1997 avons développé et dont nous sommes très fiers aujour­

d ’hui.

D’ailleurs, les sociétés industrielles avancées qui vivent à côté de nous nous envient d’avoir développé au Québec une façon exceptionnelle de concerter les parte­

naires que sont les syndicats, le patronat et le gouverne­

ment. C’est dans cet esprit que le Québec doit continuer d’évoluer. C’est dans cet esprit aussi que nous devons mettre à contribution les forces vives de la société qui sont désireuses de contribuer à l’établissement et au maintien de relations de travail plus harmonieuses chez nous.

M. le Président, ce lieu de concertation, c’est le Conseil consultatif du travail et de la main-d’oeuvre. Le projet de loi n° 126 vient consacrer la participation active des principaux acteurs en la matière. Et je trouve que cette institution, vieille de 30 ans, qui a fait ses preuves, qui mérite aujourd’hui d’avoir une plus large représentation, doit elle aussi faire son virage vers une plus grande représentativité. Il en a été ainsi, M le Président, de la révision. Je pense à des exemples concrets où, par exemple, la concertation s’est bien exprimée. À trois reprises, M. le Président, de mémoi­

re, à trois reprises le Conseil consultatif du travail et de la main-d’oeuvre a élargi la participation de groupes intéressés à se faire entendre.

Ils ont élargi dans des cas particuliers. Je pense notamment à la révision de la Loi sur les décrets. Vous vous souvenez de cette révision. C’était important, ça, dans la vie du Québec. Je pense aussi à la réduction du temps de travail et également à la révision de la législa­

tion sur les licenciements collectifs. Alors, qu’est-ce que le Conseil a fait dans de telles circonstances? Il a invité des groupes à venir se joindre à lui pour pousser plus loin l’analyse, pour pousser plus loin l’expenise.

(17 h 40) •

Alors, au fond si j ’évoque ces trois exemples, M. le Président, avec l’aide d'exemples concrets, c’est pour démontrer que les membres du CCTM sont appelés à donner leur avis, et aussi souvent que le ministre l’exige, sur des incidences importantes, sur la situation des personnes syndiquées et non syndiquées. Je veux vous assurer que cette dimension est largement prise en compte dans les travaux. Par ailleurs, dans la situation où le Conseil consultatif du travail et de la main- d’oeuvre aurait avantage à inclure des groupes spécifi­

ques pour l’étude de certains sujets, il y a déjà le devoir de promouvoir et de former des groupes spéciaux qui peuvent s’adjoindre aux membres sur une base temporai­

re. Autant l’expérience vécue jusqu’à maintenant a été concluante, autant, maintenant, il faut en tirer toutes les conclusions et amener des organismes qui, à ce jour, n’ont pas réussi à siéger au Conseil.

Enfin, M. le Président, comme ministre du Travail, j ’ai aussi la responsabilité d’adapter les normes du travail à l’évolution des besoins des personnes, du marché du travail de même que de l’économie. Les nombreux projets de loi modifiant la Loi sur les normes du travail, les études en cours sur les travailleurs

autonomes attestent de l’exercice de cette responsabilité par le gouvernement du Québec. À cet égard, le Conseil consultatif s’est avéré un lieu de concertation efficace et ses avis ont éclairé la prise de décision gouvernemen­

tale.

M. le Président, c’est un projet de loi qui aujour­

d’hui vient consacrer ce que bien des gens attendent depuis très longtemps, c ’est qu’on l’élargisse, cette représentation-là, et qu’enfin entreront au Conseil des organismes syndicaux et des organismes patronaux qui, à mon avis, ont l’expertise, la compétence, la volonté et surtout le goût de s’impliquer dans la modernisation des relations du travail au Québec. Merci, M. le Président.

Le Vice-Président (M. Pinard): Alors, merci, M. le ministre du Travail. Nous allons maintenant céder la parole au député d’Argenteuil et critique officiel de l’opposition. Alors, M. le député.

M. Régent L. Beaudet

M. Beaudet: Merci, M. le Président. J ’ai écouté avec beaucoup d’attention le ministre du Travail nous faire part des raisons motivant le projet de loi n° 126.

Vous allez comprendre qu’avec les changements que le ministre nous propose, qui ne sont pas des changements énormes dîms le fonctionnement du CCTM, actuellement on accepte qu’une plus grande démocratisation puisse jouer son -61e, c’est-à-dire de se mettre à jour. Alors, on va accepter de nouveaux organismes à l’intérieur du CCTM qui vont pouvoir influencer les décisions et aussi peser le poids de tous les événements qui surviennent dans le cours du travail et de la main-d’oeuvre au Québec.

Mai; il y a un élément important, M. le Président, qui me frappe. Dans mes lectures sur le sujet, non seulement sur le CCTM mais sur tout l’emploi et le travail, il y a un élément qui me frappe, et qui me frappe vraiment de façon importante, c ’est que les struc­

tures sont îoujours en retard sur la culture. Les structu­

res, M. le Président, c ’est le CCTM. Le CCTM. on fait une mise à jour aujourd’hui. On veut introduire, faire rentrer au bercail les organismes qui ne siègent pas au sein du CCTM mais qui devraient siéger et qui sont présents dans le milieu depuis de nombreuses années, mais, en nême temps, M. le Président, on oublie un secteur important de tous les travailleurs et les travail­

leuses au Québec, qui sont les travailleurs et les travail­

leuses non syndiquées et les travailleurs et les travailleu­

ses autonomes. Alors, quand je dis que les structures sont en retird sur la culture, je transmets bien humble­

ment que es structures, qui sont le CCTM, que l’on essaie de mettre à jour* on les met à jour et déjà elles sont en retard. Déjà, elles sont en retard parce que justement on n’intègre pas 60 % des travailleurs, on n’intègre pas le grand nombre des nouveaux travailleurs, des nouveaux arrivants sur le marché du travail qui sont les travailleurs autonomes qui, eux, n’auront pas voix au chapitre au sein du CCTM.

3 juin 1997 Débats de l'Assemblée nationale 7267 Je rejoins encore ce que je disais: Les structures

sont en retard sur la culture. Je voudrais que le ministre du Travail puisse saisir cette importance. Et ce n’est pas uniquement dans le projet de loi en présence de nous ce soir, c’est sur un ensemble de structures où nous ne pouvons pas suivre actuellement les développements technologiques, les développements qui surviennent aujourd’hui dans le monde économique, dans le monde du travail, sur la fiscalité, sur les aménagements que nous devons faire. Pour moi, on ne peut pas, et on l’a déjà dit, M. le Président, on ne veut pas et on ne peut pas aller à l’encontre de la démocratisation que le minis­

tre nous propose aujourd’hui; bien au contraire, on est tout à fait favorables à cette mesure, et c’est un signe d’ouverture de sa pan.

Mais je lui traduis encore son retard, retard qu’on aurait pu corriger si le ministre avait pu choisir en même temps, au lieu de l’augmenter de deux, de l’aug­

menter de quatre ou de six, de sorte qu’on aurait pu introduire à l’intérieur du CCTM des corps représentant les travailleurs non syndiqués et les travailleurs autono­

mes. Si nous croyons que le développement du travail aujourd’hui passe par les travailleurs autonomes et les travailleuses autonomes, alors on aurait dû aller de l’avant et se mettre à l’avant-garde et non pas être en­

core en retard, et se meure de l’avant pour... Vaut mieux toujours prévenir que guérir, M. le Président.

Alors, ç’aurait été une mesure où on aurait usé de pré­

vention plutôt que de guérison.

Alors là, nous sommes à la remorque. On essaie de corriger une situation qui, au fond, aurait dû être corrigée il y a déjà longtemps. Mais en même temps on en reconnaît une autre qui est existante, et le ministre l’a reconnu l’autre jour d’ailleurs en Chambre, que les travailleurs autonomes constituaient un élément impor­

tant et les travailleurs non syndiqués tout autant. Alors, au lieu de prévenir cette situation, on va encore attendre, puis, dans un certain temps, nous reviendrons à la charge pour corriger une situation au lieu de la prévenir.

J ’aurais souhaité que dans le projet de loi le ministre ait une ouverture à ces corps de travailleurs et de travailleuses qui représentent 60 % de la population des travailleurs et des travailleuses du Québec. Ce n’est pas banal, c’est la majorité des travailleurs. Mais, mal­

heureusement, dans les structures, on va encore être en retard, en réaction à une situation au lieu de prévenir.

Dans cette orientation, le ministre aurait très bien pu proposer d’inclure un nombre plus grand de représen­

tants au CCTM qui auraient couvert cette partie impor­

tante des travailleurs, d ’une pan, mais une panie en progression, parce que c’est la panie la plus importante actuellement de tous les nouveaux travailleurs. La majo­

rité s’en vont comme travailleurs autonomes. Et la pré­

vention aurait été, il me semble, de bon aloi dans cette démarche où on a complètement oublié et les travailleurs non syndiqués et les travailleurs autonomes, d’une pan et d’autre pan.

Et je dis au ministre de ne pas oublier ce groupe de travailleurs et que, comme le projet de loi est déjà

très avancé, il est difficile d’y mettre un papillon, au point où nous en sommes, puis de recommencer les argumentations pour un projet de loi, dans le fond, qui était banal. Ce n’était que de démocratiser la structure pour répondre à la culture. Alors, je dis au ministre: Ne l’oubliez pas, revenez avec un simple projet de loi aussi simple, aussi rapide, qu’on acceptera volontiers rapide­

ment. Et on va répondre à son désir lorsqu’il arrivera avec un projet de loi qui rétablira la culture avec la structure. Merci, M. le Président.

(17 h 50)

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le député d’Argenteuil. M. le ministre, vous avez un droit de réplique.

M. Matthias Rioux (réplique)

M. Rioux: Très brièvement, M. le Président, juste pour rappeler au député d’Argenteuil, et ça ne surprendra personne, que je partage largement les re­

marques qu’il vient de faire. Je lui souligne, par ailleurs, que nous avons la Loi sur les normes du travail qui protège dans une large mesure les personnes, les femmes et les hommes non syndiquées au Québec. 41 % des travailleurs et des travailleuses sont syndiqués au Québec, et la loi des normes minimales les protège. Est- ce que ça les protège suffisamment? Je reconnais volon­

tiers qu’on aurait peut-être un réexamen à faire là-dessus au cours des prochaines années.

J ’aimerais juste dire au député que, lorsqu’il évoque le travail autonome, les emplois atypiques, les emplois précaires, ma collègue de la Main-d’oeuvre, de la Sécurité du revenu et de la Solidarité et moi, nous sommes en train de travailler ensemble, en collabora­

tion. à l’élaboration d’un document d’analyse sur la situation de l’emploi autonome et des emplois précaires au Québec. Ça va peut-être nous amener un jour à redé­

finir la notion de salarié et donner raison ou encore répondre aux attentes du député d ’Argenteuil.

J ’aimerais lui dire une dernière chose. Bien sûr, le Conseil va passer de 10 à 12 membres, le quorum, de sept qu’il est aujourd’hui, passera à neuf, etc., mais j ’aimerais qu’il retienne une chose. Il n’a pas, en ma personne, quelqu’un qui est marié avec les corporatis­

mes, quels qu’ils soient, qu’ils soient syndicaux ou patronaux; j ’aimerais qu’il retienne ça. Je sais que les gens qui siègent au Conseil consultatif du travail et de la main-d’oeuvre viennent d ’organisations structurées; c ’est vrai. Mais je dis à mon collègue que nous allons fran­

chir cette étape de démocratisation, d’élargissement. Ce n’est pas banal, je tiens à le lui souligner, mais, au cours des prochains mois, des prochaines années, je pense qu’il faudra se rendre un jour à la suggestion du député d’Argenteuil. Merci, M. le Président.

Mise aux voix

Le Vice-Président (M. Pinard): Merci, M. le ministre du Travail. Comme il n’y a plus d’interventions

7268 Débats de l’Assemblée nationale 3 juin 1997 sur le projet de loi n° 126, le projet de loi n° 126, Loi

modifiant la Loi sur le Conseil consultatif du travail et de la main-d’oeuvre, est-il adopté?

Des voix: Adopté.

Le Vice-Président (M. Pinard): Mme la leader adjointe du gouvernement.

Mme Caron: Oui, M le Président. Compte tenu de l’heure, je vous demande de suspendre nos travaux jusqu’à ce soir, 20 heures.

Le Vice-Président (M. Pinard): Alors, nous suspendons les travaux jusqu’à 20 heures.

(Suspension de la séance à 17 h 53)

(Reprise à 20 h 2)

Le Vice-Président (M. Brouillet): Veuillez vous asseoir, s’il vous plaît.

Nous reprenons nos travaux aux affaires du jour, et j ’inviterais M. le ministre d’État de l’Économie et des Finances à nous indiquer l’affaire à l’ordre du jour.

M. Landry (Verchères): Oui. Je n’ai jamais rêvé d’être leader, M. le Président, mais tout arrive dans ce métier-là. Alors, je vous demanderais — ha, ha.

ha! — comme font les leaders quand ils sont là, d’appe­

ler l’article 37 de notre feuilleton.

Projet de loi n° 95 Reprise du débat sur la prise en considération du rapport de la commission

qui en a fait l’étude détaillée

Le Vice-Président (M. Brouillet): Avec plaisir, M. le ministre. L ’Assemblée prend en considération le rapport de la commission des finances publiques sur le projet de loi n° 95, Loi instituant le Fonds de lutte contre la pauvreté par la réinsertion au travail. Alors, M. le...

M. Landry (Verchères): C ’est la poursuite.

Le Vice-Président (M. Brouillet): C ’est la pour­

suite. Alors, très bien. Nous sommes maintenant à l’in­

tervenant du groupe parlementaire de l’opposition. M le député de l’Acadie, je vous cède la parole.