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Matrices remarquables

Dans le document Calcul matriciel (Page 28-33)

Il existe de nombreuses classes particulières de matrices. Nous en étudions ici quelques-unes.

Lorsque les matrices sont carrées, nous privilégions l’interprétation en termes de matrices d’endo-morphismes (§ 2.3. et 5).

6.1. Matrices diagonales.

Définition 1 : On nomme diagonales les matrices A = (αij)∈Mn(K) telles que αij = 0 pour i ≠ j.

Notation : Si αii = λi , Diag(λ1, ... , λn) =





λ

n

λ λ

...

0 0

...

...

...

...

0 ...

0

0 ...

0

2 1

.

Proposition 1 : Les matrices diagonales forment une sous-algèbre commutative de Mn(K), isomorphe à l’algèbre usuelle Kn. De plus, rg Diag(λ1, ... , λn) = card { i ; λi ≠ 0 }. Diag(λ1, ... , λn) est inversible ssi les λi sont tous non nuls, et alors : Diag(λ1, ... , λn)−1 = Diag(λ1−1 , ... , λn−1) . Interprétation vectorielle : Soient E un K-espace vectoriel de dim n, BBBB = (e1, ..., en) une base de E, u un endomorphisme de E. Pour que M(u ; BBBB) soit diagonale il faut et il suffit que pour tout i, u(ei) soit colinéaire à ei, ou encore que chacune des droites K.ei soit stable par u.

Définition 2 : Un endomorphisme de E est dit diagonalisable s’il existe une base BBBB tel que M(u, BBBB) soit diagonale.

Nous étudierons longuement ces endomorphismes dans le chapitre sur la réduction.

Exemples de matrices diagonales :

1) Les matrices scalaires λ.In, qui sont les matrices d’homothéties.

Elles forment le centre de Mn(K), c’est-à-dire les matrices qui commutent avec toutes les autres.

2) La matrice Pr = 

 O OO

Ir = Diag(1, ..., 1, 0, ... , 0) s’interprète comme matrice d’un projecteur de rang r dans une base convenable.

3) Di(α) = Diag(1, .., 1, α , 1, ... , 1) où α ≠ 0 est à la i-ème place, s’interprète comme matrice d’affinité ou dilatation, d’axe D = K.ei, de rapport α, relative à l’hyperplan H = Vect(ej, j ≠ i).

4) La matrice diagonale la plus générale Diag(λ1 , ... , λr , 0 , ... , 0) où les λi sont non nuls, s’interprète comme le produit commutatif : Pr.D11) ... Drr).

6.2. Matrices trigonales.

Définition 3 : Une matrice carrée A = (αij) ∈ Mn(K) est dite trigonale supérieure si αij = 0 pour i < j, trigonale inférieure si αij = 0 pour i > j .

Interprétation linéaire : Soient E un K-espace vectoriel de dim n, BBBB = (e1, ..., en) une base de E.

Appelons drapeau adapté à cette base la suite F0 = {0} ⊂ F1 ⊂ ... ⊂ Fn = E , où Fi = Vect(e1, ..., ei).

Soit u ∈LLLL(E). Pour que la matrice M(u ; BBBB) soit trigonale supérieure, il faut et il suffit que chacun des sev Fi soit u-stable.

Définition 4 : Un endomorphisme de E est dit trigonalisable s’il existe une base BBBB de E telle que la matrice de u soit trigonale supérieure.

Nous étudierons longuement ces endomorphismes dans le chapitre sur la réduction.

Proposition 2 : i) L’ensemble Tn(K) des matrices trigonales supérieures est une sous-algèbre de dimension n(n + 1)/2 de Mn(K). Si A = (αij) ∈ Tn(K) et B = (βij) ∈ Tn(K), AB a pour diagonale le produit des diagonales.

ii) A = (αij) ∈ Tn(K) est inversible ssi (∀i) αii ≠ 0, et alors A−1 est trigonale supérieure, de diagonale α11−1 , ... , αnn−1 .

Exemples de matrices trigonales :

1) Matrices trigonales supérieures nilpotentes. Une matrice N = (αij) ∈ Tn(K) est nilpotente ssi ses éléments diagonaux sont nuls.

2) Matrices trigonales supérieures unipotentes. Ce sont les matrices U = (αij) ∈ Tn(K) dont les éléments diagonaux valent 1. C’est le cas des matrices de transvection : Tij(α) = I + α.Eij (i < j) . Exercice 1 : Montrer que les matrices trigonales supérieures unipotentes forment un sous-groupe multiplicatif de Tn*(K), engendré par les matrices de transvection Tij(α) (i < j).

Exercice 2 : Montrer que les matrices de la forme









0 1 0

2 1

0

1 2 1

0

0 ...

0 0

...

0

...

...

...

0 ...

...

0 ...

α α α

α α

α α α

α α

n n n

forment une sous-algèbre

commutative de Tn(K). Dimension, base, table ?

Exercice 3 : 1) Soit B ∈ Mn(K) triangulaire supérieure de diagonale (λ1, λ2, …, λn), où les λi sont deux à deux distincts. Montrer que si A commute à B, A est triangulaire supérieure.

2) En déduire que si A ∈ Mn(R) est telle que A2 soit triangulaire supérieure de diagonale (1, 2, …, n), A est triangulaire supérieure.

6.3. Matrices de permutation.

Les matrices considérées ici sont à coefficients dans le corps Q (mais on pourrait envisager d’autres corps).

Définition 5 : Par matrice 0-1 on entend une matrice dont les éléments valent 0 ou 1. Une matrice de Mn(Q) est dit de permutation si elle est 0-1 et comporte un seul 1 dans chaque ligne et chaque colonne.

Il y a 2np matrices 0-1 dans MQ(n, p), et n! matrices de permutation dans Mn(Q).

En effet, soit P une matrice de permutation.

Pour chaque indice j, soit σ(j) l’unique indice tel que pσ(j),j = 1.

L’application j →σ(j) est injective, donc bijective.

C’est une permutation σ de {1, 2, ..., n}, etpi,j = δi,σ(j).

Réciproquement, si σ ∈ SSSSn est une permutation de {1, 2, ..., n}, on appelle matrice de permuta-tion associée à σ, la matrice d’ordre n : Pσ = (δi,σ(j)).

On peut définir Pσ par son action sur la base canonique de Qn : Pσ(ej) = eσ(j) ,

ou par son action sur les vecteurs : x = t(x1, ..., xn) , Pσ(x) = t(xσ'(1) , ..., xσ'(n)) , où σ' = σ−1. Moins formellement, une matrice de permutation est une matrice ayant un et un seul élément non nul dans chaque ligne et chaque colonne, qui vaut 1.

Proposition 3 : L’application P : σ → Pσ est un morphisme injectif de groupes de SSSSn dans Gln(Q).

Son image est un sous-groupe de Gln(Q), engendré, notamment, par les matrices de transposition Pij (i < j). De plus (Pσ)1 = t Pσ et (en anticipant) det Pσ= ε(σ) .

Le programme Maple suivant affiche une permutation aléatoire s, et donne la matrice associée, sa trace (nombre de points fixes), son déterminant et (en anticipant) ses propriétés spectrales :

> with(combinat):with(linalg):

k:=proc(x,y) if x=y then 1 else 0 fi;end;

> s:=randperm(6);

:=

s [4 2 1 6 5 3, , , , , ]

> M:=matrix(6,6,(i,j)->k(i,s[j]));

det(M);factor(charpoly(M,x));factor(minpoly(M,x));

:=

M





















0 0 1 0 0 0

0 1 0 0 0 0

0 0 0 0 0 1

1 0 0 0 0 0

0 0 0 0 1 0

0 0 0 1 0 0

-1

(x + 1 () x2 + 1 () x − 1)3 (x − 1 () x + 1 () x2 + 1)

Exercice 4 : Montrer qu’une matrice de permutation P est une matrice à éléments dans {0, 1} telle que tP.P = In.

Exercice 5 : Soit Pσ une matrice de permutation. On lui fait subir autour de son « centre » O, les rotations d’angles

π4 , π2,

4

3π , et les symétries par rapport aux deux diagonales et aux deux axes vertical et horizontal passant par O, bref les 8 transformations du groupe diédral du carré. Démontrer qu’on obtient encore des matrices de permutation. Les reconnaître.

Exercice 6 : Montrer que si A ∈ MK(n, p) est échelonnée en lignes, il existe une permutation σ∈ S

S S

Sp telle que A.Pσ =



 O OX Ir .

Exercice 7 : Si A ∈ Mn(K), reconnaître Pσ.A , A.Pσ et tPσ.A.Pσ .

Exercice 8 : On note Ωp la matrice d’ordre p définie par Ωp =





0 ...

...

1

1 ...

...

...

...

0 0

0 ...

1 0

. Démontrer que, pour toute permutation σ de {1, 2, …, n}, il existe une permutation ϕ telle que

Pϕ1.Pσ.Pϕ = diag( Ωp1 , Ωp2 , … , Ωpk ).

Exercice 9 : Si E est un espace vectoriel et G est un sous-groupe de Gl(E), un sous-espace F de E est dit G-stable si (∀g ∈ G) g(F) ⊂ F. Soit E = Rn et G le groupe des matrices de permutation.

Montrer que les seuls sous-espaces G-stables de E sont {0}, D, H et E, où D est la droite engendrée par le vecteur (1, 1, …, 1) et H l’hyperplan d’équation x1 + x2 + … + xn = 0.

[ Indication : Si un sous-espace G-stable F contient un vecteur x tel que xi≠ xj, on montrera que F contient (1, −1, 0, …, 0). ]

Exercice 10 : Matrices d’Hermite.

On appelle matrice d’Hermite d’ordre n toute matrice H trigonale supérieure vérifiant :

si la i-ème ligne de H est non nulle, alors hij = 1 et il n’y a sur la i-ème colonne de H aucun autre élément non nul.

1) Montrer qu’une matrice d’Hermite vérifie 6 : H2 = H.

2) Montrer que les vecteurs lignes non nuls de H sont indépendants, et que les vecteurs colonnes non nuls de I − H sont indépendants. En déduire n = rg(H) + rg( I − H ).

Exercice 11 : Matrices monomiales.

On nomme ainsi les matrices carrées ayant un et un seul élément non nul dans chaque ligne et chaque colonne.

1) Montrer qu’elles forment un groupe multiplicatif, dont on étudiera la structure.

2) Montrer que, pour tout nombre premier p et tout entier n > 0,

n!×(p − 1)n divise ( pn – 1 )( pn – p ) … ( pn – pn1 ) .

3) Soit A ∈ Gln(R). Montrer que A et A1 sont à coefficients ≥ 0 ssi A est à coefficients ≥ 0, et monomiale.

6.4. Matrices-blocs.

Dans ce § nous revenons à des matrices rectangulaires. Afin d’éviter la débauche de notations qui rend proprement illisibles trop de livres actuels (ceux d’Arnaudiès, pour ne pas le citer), nous convenons que chaque fois que nous effectuons une création ou une opération matricielles, le format s’y prête.

Proposition 4 : Opérations sur les matrices-blocs. Si les formats le permettent : 

 D C

B

A + 

 ' '

' '

D C

B

A = 



+

+ +

+

' '

' '

D D C C

B B A

A et 

 D C

B

A ×



 ' '

' '

D C

B

A = 



+

++ +

' . ' . ' . ' .

' . ' . ' . ' .

D D B C C D A C

D B B A C B A A

Attention à l’ordre dans la formule donnant le produit !

Preuve : calculatoire, ou utilisant une interprétation linéaire des matrices-blocs, reposant sur des décompositions des espaces vectoriels source et but en somme directe.

Remarque : Généralisation immédiate aux matrices partitionnées en n×p blocs au lieu de 4.

Proposition 5 : Matrices trigonales par blocs. Soit 1 ≤ p < n.

Les matrices de la forme M =



 D O

B

A , où A est carrée d’ordre p, et D carrée d’ordre n − p, forment une sous-algèbre de Mn(K).

De plus, M est inversible si et seulement si A et D le sont, et M1 = 



1

1 *

D O

A .

Exercice 12 : Soit A =





− 2 1 0 0 0

3 2 0 0 0

0 0 1 0 0

0 0 2 1 0

0 0 0 0 2

. Calculer A2 le plus simplement possible.

Exercice 13 : exemples de projecteurs.

1) Montrer que, dans Mn(K), P = 

 O O

B Ir

et Q = 

 O C

O Ir

sont des projecteurs de rang r.

6 Mon ami François G* objectera à juste titre qu’une matrice ne vérifie rien du tout, mais satisfait à telle ou telle condition. François, arrête d’enculer des mouches, euh, pardon !, de sodomiser des drosophiles…

2) En déduire que l’ensemble PPPPr des projecteurs de rang r contient deux sous-espace affines de dimension r.(n − r).

Exercice 14 : matrices de rang r.

1) Soit A ∈ MK(n, p) une matrice de rang r. Montrer qu’il existe une sous-matrice carrée de format r×r inversible, et qu’il n’existe aucune sous-matrice carrée de format (r+1)×(r+1) inversible.

2) Montrer que les matrices A de rang r telles que la sous-matrice A[1,r]×[1,r] soit inversible, sont de la forme A =





Q RP R

Q P

1 , où P ∈ Glr(K), Q et R étant quelconques (de formats convenables).

Exercice 15 : Soient E un K-ev de dimension finie n , f ∈LLLL(E). Montrer l’équivalence : i) Im f = Ker f ;

ii) n est pair, n = 2m, et il existe une base BBBB de E telle que Mat( f , BBBB) =



 O O

I O m ; iii) f o f = 0 et il existe un endomorphisme h de E tel que idE = h o f + f o h.

Exercice 16 : algorithmes de multiplication matricielle.

1) Nombres d’opérations (multiplications, additions) nécessaires pour multiplier 2 matrices n×n?

2) Algorithme de Strassen (1969) : Vérifier que :





d c

b a .





D C

B A =





 + +− + + −+ + u q r p s q

t r v t s p

où : p = ( a + d ).( A + D ) q = ( c + d ).A r = a.( B − D ) s = d.( C − A ) t = ( a + b ).D u = ( c a ).( A + B ) v = ( b d ).( C + D ) Combien d’opérations comportent ces calculs ?

3) Algorithme de Winograd : Vérifier que : 

 d c

b

a . 

 D C

B

A = 



+ +

+ + +

+

z y u t y u

v z u C b x .

où : x = a.A , y = ( a c ).( D B ) , z = ( c + d ).( B − A ) ,

u = x − (a − c − d).(A + D − B) , v = (a + b − c − d).(A + D − B) , w = d.(A + D − B −C).

En déduire que ce calcul nécessite 7 multiplications et 15 additions.

4) Appliquant cette méthode de manière récursive, montrer qu’on peut multiplier deux matrices 2m×2m avec 7m multiplications et 5.(7m − 4m) additions, puis deux matrices n×n en O(nln7) opérations.7

Exercice 17 : produits tensoriels. Soient A, B, C et D quatre matrices. Reconnaître (A ⊗ B).(C ⊗ D).

Exercice 18 : matrices en damier.

Une matrice M = (mij) ∈ M2n(K) est dite « en damier » si mij = 0 pour i + j ≡ 1 (mod 2),

autrement dit si elle est de la forme M =













n nn n

n nn n

n n

n n

b b

b

a a

a

b b

b

a a

a

b b

b

a a

a

0 ...

0 0

0 ...

0 0

...

...

...

...

...

...

...

0 ...

0 0

0 ...

0 0

0 ...

0 0

0 ...

0 0

2 1

2 1

2 22

21

2 22

21

1 12

11

1 12

11

7

Montrer que les matrices en damier forment une sous-algèbre E de M2n(K), isomorphe à l’algèbre Mn(K)×Mn(K), et que l’inverse d’une matrice en damier est une matrice en damier.

Exercice 19 : matrices centrosymétriques.

Une matrice A = (aij) ∈ Mn(K) est dite « centrosymétrique » si (i, j) an+1i,n+1j = aij . 1) Montrer que ces matrices forment une sous-algèbre Cn(K) de Mn(K). Dimension ?

2) Soit J =





0 0 ...

0 1

0 ...

1 0

...

...

...

...

...

0 1 ...

0

1 0 ...

0 0

∈ Mn(K). Calculer J2. Trouver une matrice diagonale semblable à J.

3) Vérifier A ∈ Cn(K) ⇔ AJ = JA, et retrouver les résultats de 1). Si A est centrosymétrique et inversible, que dire de son inverse ?

4) On considère la matrice A = (i+j−1)1i,j10. Quelle est la somme de ses éléments ? Exercice 20 : quaternions.

Soit H l’ensemble des matrices A =





−−− − − a b c d

b a d c

c d a b

d c b a

, où (a, b, c, d) décrit R4. 1) Montrer que H est un sous-espace vectoriel de M4(R). Dimension et base ?

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